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Cabasse.
Franc-tireur des bois de Dieulet. Grand et sec, face noire, long
nez en lame de couteau, vivacité criarde de Provençal.
Il est né à Toulon; c'est un ancien garçon de café
venu de Marseille, échoué à Sedan comme placier
de produits du Midi, et qui a failli tâter de la police correctionnelle,
toute une histoire de vol restée obscure. Quoiqu'il sache a peine
lire, Cabasse est le compagnon préféré de Ducat,
un lettré qui cite du latin ; tous deux tout la paire, une paire
inquiétante de louches figures. Avec le sergent Guillaume Sambuc,
ils appartiennent à une de ces compagnies franches qui, pendant
la guerre franco-allemande, se peuplèrent de déclassés,
heureux d'échapper à la discipline, de battre les buissons
comme des bandits en goguette, dormant et godaillant au hasard des routes
[139]. Cabasse participe à l'exécution du Prussien Goliath
Steinberg, mais il blâme le simulacre de jugement imaginé
par Sambuc, car ça porte malheur de plaisanter avec les choses
de la justice [536]. (La Débâcle.)
Cabin (Madame).
Employée au Bonheur des Dames. Est chargée du nettoyage
des chambres et de la surveillance des vendeuses [106]. Les scrupules
ne la gênent pas. Avec un cadeau de cinq francs, ces demoiselles
obtiennent la permission de la nuit [154]. (Au Bonheur des Dames.)
Cabiroche (Simonne).
Petite femme des Variétés. Blonde toute
mignonne, toute délicate. C'est la tille d'un marchand 4e meubles
du faubourg Saint-Antoine, élevée dans un grand pensionnat
pour être institutrice [111]. Joue du piano, parle anglais. Bordenave
couche avec elle et la bouscule [402]. Simonne joue le rôle d'Isabelle
dans la Petite Duchesse [306]. Elle est lancée par Steiner [315].
(Nana.)
Cabuche.
Carrier à Bécourt. Un gaillard au cou puissant,
aux poings énormes, blond, très blanc de peau, la barbe
rare, à peine un duvet doré qui frise, soyeux. La face
massive, le front bas disent la violence de l'être borné,
tout à la sensation immédiate; mais il y a comme un besoin
de soumission tendre, dans sa bouche large et dans son nez carré
de bon chien [126]. Condamné à cinq ans de prison pour
avoir tué, dans un cabaret, un homme qui avait tapé le
premier, Cabuche n'a fait que quatre ans, à cause de sa bonne
conduite; quand il est revenu, tout le monde le fuyait, on lui aurait
jeté des pierres.
La petite Louisette,
cadette de madame Misard, avait alors quatorze ans, elle le rencontrait
toujours dans la forêt; seule de tout le pays, elle s'approchait,
causait et c'est ainsi qu'ils sont devenus bons amis, se tenant par
la main pour se promener, s'aimant très fort, sans que rien se
passe entre eux. La petite a été placée au château
de Doinville, chez madame Bonnehon, et un soir, en rentrant de la carrière,
Cabuche qui habitait une masure en pleine forêt, a trouvé
devant sa porte Louisette, à moitié folle, si abîmée
qu'elle brûlait de fièvre. L'auteur du viol était
le vieux président Grandmorin, et Cabuche, dans son effroyable
colère, a dit partout qu'il saignerait ce cochon. Tel est l'indice
qui va suffire au juge Denizet pour lui attribuer l'assassinat commis
par les Roubaud et comme, plus tard, le bon colosse, tout tremblant
d'adoration pour Séverine Aubry, sera trouvé aux pieds
de la jeune femme égorgée par Jacques Lantier, la justice
le condamnera sans hésitation aux travaux forcés à
perpétuité, pour deux crimes dont il est innocent [405].
(La Bête humaine.)
Cadine.
Enfant recueillie à deux ans, par la mère Chantemesse,
sur le trottoir de la rue Saint-Denis, au coin du marché des
Innocents. Est élevée rue au Lard, en plein ventre de
Paris [196]. Futée et mince, avec un drôle de museau, sous
la broussaille noire de ses cheveux crépus [28], Cadine est l'inséparable
amie de Marjolin et grandit avec lui dans les Halles, qu'ils emplissent
de leurs amours de moineaux insouciants [207]. Pleine d'ingéniosité,
à six ans elle était marchande an petit tas, à
huit ans elle vendait des citrons, l'année suivante des bonnets
à neuf sous, puis des gâteaux, puis du mouron. Cadine entre
chez une fleuriste où elle est comme un bouquet tiède
et vivant [202] et enfin, à treize ans, elle s'établit
à son compte, vendant des violettes sur un éventaire [205].
A seize ans, c'est une fille échappée, une bohémienne
noire du pavé, très gourmande, très sensuelle [207].
Elle reste pleine d'affection pour Marjolin, même lorsqu'une chute
sur la tète a rendu ce garçon tout à fait inconscient.
Ils se sont liés avec Léon, l'apprenti des Quenu, et c'est,
dans sa petite chambre, des bombances de charcuterie [221]. Claude Lantier,
qui admire Cadine et Marjolin, ces jeunes bêtes heureuses abandonnées
à l'instinct, les appelle « ses deux brutes ». (Le
Ventre de Paris.)
Caffin (Abbé).
Prédécesseur de l'abbé Mouret à la
cure des Artaud. Était originaire de Normandie; avait une grosse
figure qui semblait toujours rire [286]. N'a songé qu'à
bien vivre, dans ce coin desséché de Provence où
l'autorité ecclésiastique l'a envoyé en disgrâce,
à la suite d'une vilaine histoire [301]. (La Faute de l'abbé
Mouret.)
Campardon (Achille).
architecte. Il a vécu d'abord à Plassans, puis
à Paris et habite rue de Choiseul, dans l'immeuble Vabre, au
troisième sur la rue, une maison pleine de toutes les pourritures
bourgeoises. Gros monsieur blond, quarante-deux ans. Il s'est fait une
tête d'artiste, les cheveux en coup de vent, la barbe taillée
à la Henri IV, mais il a le crâne plat et la mâchoire
carrée d'un bourgeois d'esprit borné, aux appétits
voraces. Tout en affectant de se moquer de la morale, il s'est sournoisement
poussé par les prêtres, il a su se faire nommer architecte
diocésain à Evreux pour acquérir le titre d'architecte
du gouvernement et, finalement, a obtenu une grosse commande à
Saint-Roch. Il est décoré un peu plus tard, grâce
à la protection de l'abbé Mauduit.
Heureux et satisfait dans tous ses appétits,
Campardon a fort bien arrangé sa vie entre sa femme malade et
sa maîtresse Gasparine, les installant au même foyer. Mais
il blâme hypocritement l'inconduite des autres, défendant
toujours la respectabilité de la maison, avec une conviction
de locataire vaniteux, qui semble tirer de là toute une honnêteté
personnelle [77]. Autrefois libéral, il est devenu clérical
et autoritaire; la réussite fait de lui un réactionnaire
féroce [281]. (Pot-Bouille.)
Campardon (Madame
Achille). Voir DOMERGUE (Rose).
Campardon (Angèle).
Fille des Campardon. A quatorze ans, elle est longue et laide,
avec des cheveux d'un blond fade. Pour qu'elle n'apprenne pas de vilaines
choses dans les pensionnats, on l'élève à la maison,
on écarte d'elle jusqu'aux souffles de la rue ci, comme ses parents
tiennent à en faire une femme d'intérieur, elle vit beaucoup
avec les bonnes. C'est un produit de l'éducation dans la famille.
Quand elle se sent regardée, elle marche les yeux à terre;
elle a un air énigmatique de fille bien élevée,
instruite à ne rien dire et dont on ignare les pensées
vraies [229]. Pourtant, grâce à l'intimité de la
femme de chambre Lisa, Angèle sait beaucoup de choses, elle satisfait
aisément ses curiosités de fille maladive, troublée
par la crise de la puberté. (Pot-Bouille.)
Campenon.
Un imbécile à qui M. de Marsy accorde un poste
de préfet qu'Eugène Bougon avait promis à Du Poizat
[121]. (Son Excellence Eugène Rougon.)
Campion.
Chef du départ au Bonheur des Daines. Un ancien sergent
à figure maigre [49]. (Au Bonheur des Dames.)
Camy-Lamotte.
Secrétaire général du ministère de
la justice, personnage considérable, ayant la haute main sur
le personnel, chargé des nominations. C'est un bel homme, parti
de l'emploi de substitut, et que ses relations et sa femme ont fait
nommer député et grand officier de la Légion d'honneur
[101]. Il a une figure mince et sévère, que ses favoris
grisonnants élargissent un peu, une élégance d'ancien
beau, resté svelte, d'une distinction que l'on sent souriante,
sous la raideur voulue de la tenue officielle. Il habite rue du Rocher,
au coin de la rue de Naples. Familier des Tuileries, où sa fonction
le fait mander presque journellement, tout aussi puissant que le ministre,
employé à des besognes intimes, il a une insouciance expérimentée
de toutes choses et veille uniquement au décor du régime
qu'il sert [144].
En examinant les papiers du président
Grandmorin, M. CamyLamotte a découvert l'identité des
assassins, mais on s'irrite, on s'inquiète en haut lieu du scandale
mené par l'opposition autour des basses débauches de la
victime; le secrétaire général comprend que son
devoir de haut fonctionnaire dévoué aux institutions est
d'aplanir les difficultés politiques ; d'autre part, il a été
gagné par la bravoure et le charme de Séverine Roubaud;
la criminelle délicate, aux veux de pervenche, a plu à
ce désabusé pour qui rien ne vaut la fatigue d'être
juste. Aussi arrange-t-il l'affaire, achetant d'un ruban rouge et d'une,
promesse d'avancement l'intelligent concours du juge d'instruction Denizet
[397]. (La Bête humaine.)
Canivet.
Vieux paysan beauceron, dont Zéphyrin Lacour annonce la
mort à la cuisinière Rosalie Pichon [84]. (Une Page d'Amour.)
Carnavant (Marquis
de). Était vers 1790
un jeune noble du quartier Saint-Marc, à Plassans; il se trouvait
lié avec le ménage Puech et a été sans doute
le véritable père de Félicité. En 1818,
c'est un petit homme de soixante-quinze ans, maigre, actif [90]. Ruiné
par les femmes, il vit en parasite chez un parent, le comte de Valqueyras;
il est l'agent actif du parti légitimiste, mais sceptique et
sentant le vent, il favorise, tout en s'en moquant, les manuvres
bonapartistes des Rougon et, après le coup d'État va se
faire oublier quelque temps dans le domaine de Corbière [370].
(La Fortune des Rougon.)
Caroline.
Ouvrière fleuriste chez les Titreville, rue du Caire.
S'est mise avec un garçon qui venait l'attendre le soir, elle
est très mal heureuse en ménage [460]. (L'Assommoir.)
Caroline (Madame).
Sur de l'ingénieur Georges Hamelin. Orpheline à
dix-huit ans, elle a donné des leçons, soutenant son frère
entré à Polytechnique, l'adorant, faisant le rêve
de ne le quitter jamais. La bonne grâce et l'intelligence de la
jeune fille ont conquis Durieu, un brasseur millionnaire; il l'a épousée,
mais au bout de quelques années de mariage, elle a du exiger
une séparation pour ne pas être tuée par ce mari
qui buvait et la poursuivait, avec un couteau à la main, dans
des crises d'imbécile jalousie. Elle avait alors vingt-six ans
et s'est retrouvée pauvre, n'ayant voulu recevoir aucune pension
de l'homme qu'elle quittait. Rendue ainsi à son frère,
elle est partie avec lui pour l'Égypte, et a donné des
leçons à Alexandrie pendant qu'il parcourait la contrée;
ils sont allés de là en Syrie, ont visité les Lieux
Saints et sont enfin revenus en France, lui avec un portefeuille débordant
d'idées et de plans, elle avec des, aquarelles sans prétention
où elle avait fixé des vues de là-bas, tous deux
frémissants d'enthousiasme pour les pays traversés. Et
ils se débattent à Paris, victimes d'une malchance noire,
échoués dans un petit appartement de l'hôtel d'Orviedo,
où ils vont se lier avec Aristide Saccard.
Madame Caroline est une femme d'une taille
admirable. Grande, solide, la démarche franche et très
noble, elle a des cheveux blancs superbes, une royale couronne de cheveux
blancs, d'un singulier effet sur ce front de femme jeune encore, âgée
de trente-six ans. Dès vingt-cinq ans, elle est ainsi devenue
toute blanche. Ses sourcils, restés noirs et très fournis,
donnent une jeunesse, une étrangeté vive à son
visage encadré d'hermine; elle n'a jamais été jolie,
avec son menton et son nez trop forts, sa bouche large dont les grosses
lèvres expriment une bonté exquise. Mais certainement,
cette toison blanche, cette blanche envolée de fins cheveux de
soie, adoucit sa physionomie un peu dure, lui prête un charme
souriant de grand'mère, dans une fraîcheur et une force
de belle amoureuse. Madame Caroline a échappé à
sa première éducation catholique par une lecture immense,
par toute la vaste instruction qu'elle s'est donnée à
côté de son frère, resté profondément
religieux. Elle parle quatre langues, a lu les économistes, les
philosophes, et a rapporté de ses voyages, de son long séjour
parmi des civilisations lointaines, une grande tolérance, un
bel équilibre de sagesse. Elle est une intelligence, dans sa
simplicité et sa bonhomie [57]. C'est la femme vaillante qui
préfère l'action aux apitoiements bavards; dans ses plus
grandes infortunes, elle reste vibrante d'allégresse, gonflée
d'un espoir immense, rêvant des choses heureuses ; l'existence
la reprend toujours, il semble que son cas soit justement celui de l'humanité,
qui vit, certes, dans une misère affreuse, mais que regaillardit
la jeunesse de chaque génération. Elle est faite pour
les catastrophes, lui dit son frère ; elle est l'amour de la
vie [731. Quand elle aura touché le fond du désespoir,
l'espoir renaîtra de nouveau, brisé, ensanglanté,
mais vivace quand même, plus large de minute en minute [445].
Telle est la femme qui va entrer dans la vie
de Saccard. D'abord son intendante, aimant ce prodigue comme on aime
les enfants mauvais sujets [63], elle devient sa maîtresse par
une sorte de paralysie de sa volonté, un jour de gros chagrin
où elle a appris la défection de son ami Beaudoin [64];
c'est entre elle et Saccard un ménage de raison, où elle
est presque maternelle, d'une affection calmante [175], puis, quand
la douleur d'une trahison lui révèle qu'elle l'aime vraiment,
elle veut rester supérieure à l'angoisse du partage, dégagée
de l'égoïsme charnel de J'amour. Et si elle aime Saccard,
ce bandit du trottoir financier, c'est parce qu'elle le voit, actif
et brave, créer un monde, faire de la vie [9-149]. Son amour
traverse de longues crises. Elle ne veut plus juger Saccard, trouvant
qu'il y a en lui du pire et du meilleur [174]; des doutes l'assaillent,
elle maudit l'argent pourrisseur, empoisonneur, qui dessèche
les âmes, en chasse la bonté, la tendresse, l'amour des
autres [239], puis, elle comprend que cet argent abominable est le fumier
par lequel poussent les grandes entreprises vivantes et fécondes.
Saccard l'épouvante dans ses deux fils,
Victor tombé à la plus affreuse déchéance
[161] et le joli Maxime, d'un si froid égoïsme, qui l'initie
aux hontes du passé [238]. Elle est sans cesse torturée
dans ses instincts d'équité et de droiture. Plus tard,
devant les désastres accumulés par la Banque Universelle,
sa propre ruine, le déshonneur de son frère, tant de fortunes
effondrées, tant de victimes connues et inconnues tombées
au ruisseau ou réfugiées dans la mort, elle a un cri d'exécration
contre Saccard. Mais l'éternelle question se pose en elle: Est-ce
un coquin? Est-ce un héros? [498]. Sa croyance à l'utilité
de l'effort vaincra jusqu'au bout et elle oubliera les saletés
et les crimes dont l'argent est la cause ; elle en acceptera les hontes
inévitables, comme on accepte les souillures de l'amour, nécessaires
pour créer la vie. (L'Argent.)
Carouble.
Boulanger à Montsou. Son commerce périclite par
la concurrence de Maigrat [284]. (Germinal.)
Casimir.
Débit de boissons, sur la route de Montsou [169]. (Germinal.)
Cassoute.
Terrassier habitant Plassans, grand gaillard de peu de cervelle.
Il fait partie du groupe d'insurgés qui accompagne Antoine Macquart
chez les Rougon; on le laisse en faction pour signaler la rentrée
de Pierre [183] et, renvoyé par celui-ci à la mairie,
il s'y laisse arrêter comme un mouton. [281]. (La Fortune des
Rougon.)
Catherine.
Bonne de Granoux. Elle parlemente longtemps avant d'introduire
Pierre Bougon et Roudier, qui viennent chercher son maître pour
sauver Plassans [271]. (La Fortune des Rougon.)
Cauche.
Commissaire de surveillance administrative à la gare du
Havre. Un ancien officier qui considère son emploi comme une
retraite, ne paraît jamais à la gare avant dix heures,
y flâne un moment et retourne au café [88]. C'est un vieux
joueur, que son beau sang-froid rend redoutable. Il dit ne jouer que
pour son plaisir, il est tenu par ses fonctions de magistrat à
garder les apparences de l'ancien militaire, resté garçon
et vivant au café, en habitué tranquille; mais souvent
il bat les cartes la soirée entière et ramasse tout l'argent
des autres [273]. La petite salle du café du Commerce où
il se tient au premier étage est ainsi devenue une sorte de tripot
où l'on rencontre constamment le sous-chef de gare Roubaud, que
l'ami Cauche sera bientôt chargé d'emmener en prison sous
l'inculpation d'assassinat [382]. (La Bête humaine.)
Cazenove (Docteur).
Ancien chirurgien de marine. Sec et vigoureux, il clair.
Esprit scientifique. A servi trente ans [7] et s'est retiré à
Arromanches, où un oncle lui a laissé une maison. Ami
des Chanteau, depuis qu'il a guéri la femme d'une foulure inquiétante
[41]. Dîne chez eux tous les samedis avec l'abbé Horteur.
Dès le début, a pénétré le caractère
de Pauline, dont il du : « Voilà une gamine qui est née
pour les autres » [43]. Plus tard, il cherche à l'éclairer,
à la défendre contre l'exploitation dont elle est la victime,
volontaire [146]. Lorsque Pauline est émancipée, il est
nommé curateur et continue ses conseils impuissants. Resté
l'ami des Chanteau, il les soigne tous, même le vieux chien Mathieu,
abandonné par le vétérinaire. C'est lui qui opère
le laborieux accouchement de Louise Chanteau [383]. (La Joie de vivre.)
Cécile
(Mademoiselle). Fille d'un
boucher du quartier des Halles. Mademoiselle Saget dit que Cécile
est une enfant impossible à marier, parce qu'elle a des humeurs
froides [311]. (Le Ventre de Paris.)
Céleste.
Femme de chambre de Renée Saccard. Fille très économe,
très honnête et à laquelle on ne connaît pas
d'amant [220]. Elle assiste tranquillement à l'inceste de Maxime
et de Renée, allant et venant, avec sa figure calme servante
et son cur glacé [190]. Dès son entrée en
service, elle s'était promis de retourner au pays quand elle
aurait cinq mille francs; le jour où ce rêve est réalisé,
elle s'en retourne, dans un parfait détachement de tout, laissant
madame désemparée, ne pensant qu'aux deux vaches qu'elle
achètera [339]. (La Curée.)
Célestine.
Une amie de la grande Clémence. Une névrosée
Elle avait la folie des poils de chat, voyant des poils de chat partout,
tournant la langue parce qu'elle croyait avoir du poil de chat plein
la bouche [239]. (L'Assommoir.)
César.
Taureau de la ferme de la Borderie. Hollandais noir taché
de blanc [9]. Françoise Mouche lui amène une vache, la
Coliche, et elle aide à la saillie [40]. (La Terre.)
Chadeuil (Madame).
Modiste rue Sainte-Anne. Le Bonheur des Dames balayera avant
deux ans ses chapeaux, pour. tant connus [447]. (Au Bonheur des Dames.)
Chaîne.
Le compagnon du sculpteur Mahoudeau. C'est un gros garçon
égaré dans la peinture. On reconnaît un paysan à
ses allures lentes, à son cou de taureau, hâlé,
durci, en cuir; seul, le front se voit, bombé d'entêtement,
car son nez est si court qu'il disparaît entre les joues rouges,
et une barbe dure cache ses fortes mâchoires. Chaîne est
de Saint-Firmin, à deux lieues de Plassans, un village où
il a gardé les troupeaux jusqu'à son tirage au sort. Son
malheur est né de l'enthousiasme d'un bourgeois du voisinage,
pour les pommes de canne qu'il sculptait avec son couteau, dans les
racines; dès lors, devenu le pâtre de génie, le
grand homme en herbe du bourgeois amateur, adulé, détraqué
d'espérances, il a tout manqué successivement, les études,
les concours, la pension de la ville ; par une imbécillité
dernière, les conseils de son protecteur l'ont jeté dans
la peinture, malgré le goût véritable qu'il montrait
à tailler le bois.
Très sûr de sa valeur, confiant
dans le succès promis, il est parti pour Paris avec sa part anticipée
d'héritage, mille francs, qui doivent suffire à le faire
vivre un an, délai suffisant, croit-il, pour devenir un grand
homme. Les mille francs ont duré dix-huit mois, puis, à
ses derniers vingt francs, il s'est mis en ménage avec son compatriote
Mahoudeau, dormant tous les deux dans le même lit, au fond d'une
arrière-boutique sombre de la rue du Cherche-Midi, coupant l'un
après l'autre au même pain, du pain dont ils achètent
une provision quinze jours d'avance, pour qu'il soit plus dur et qu'on
n'en puisse manger beaucoup. Chaîne peint en maçon, gâchant
les couleurs, réussissant à rendre boueuses les plus claires
et les plus vibrantes; mais son triomphe est l'exactitude dans la gaucherie,
il a les minuties naïves d'un primitif, le souci du petit détail,
où se complaît l'enfance de son être, à peine
dégagé de la terre. Sa première uvre est
le poêle de Mahoudeau, un poêle sec et précis, d'un
ton lugubre de vase, avec une perspective de guingois [81]. Il expose
ensuite au Salon des Refusés un Christ pardonnant à la
femme adultère, de sèches figures qui paraissent en bois,
d'une charpente osseuse violaçant la peau, et peintes avec de
la boue [158]. Il fait pl as tard au Louvre la copie d'un Mantegna,
rendu avec une sécheresse d'exactitude extraordinaire [224].
Devant les compliments obligeants de Claude Lantier et de Sandoz, il
a dans sa barbe un rire silencieux de gloire, qui lui éclaire
la face comme d'un coup de soleil; il a des : « Bien sûr!
» qui disent sa foi tranquille et sa vanité.
La commune possession de Mathilde Jabouille
amène un refroidissement entre Chaîne et Mahoudeau; les
deux hommes Couchent toujours ensemble, mais ils ont cessé de
se parler, n'échangeant que les mois indispensables, qu'ils écrivent
au fusain sur le mur de l'atelier: « Je vais acheter du tabac,
remets du charbon dans le Poêle », ou : « Donne-moi
le tabac que tu as fourré dans ta poche » Comme la fortune
se fait attendre, Chaîne se lance dans un petit négoce
qui doit lui permettre d'achever ses études ; il se, fait envoyer
de l'huile d'olive de son village, puis il
bat le pavé, Il place le produit dans les riches familles provençales
qui ont des positions à Paris ; mais, trop rustre, il finit par
se faire mettre à la porte de partout, et une jatte d'huile lui
reste, une jatte dont personne ne veut, qu'on laisse dans le coin de
la boutique, et où les deux hommes trempent leur pain, les jours
où ils en ont [224].
Plus tard, le désespoir de ne pas vivre
de ses pinceaux jette Chaîne dans une aventure commerciale; il
fait les foires de la banlieue de Paris, tenant un jeu de tournevire
pour le compte, d'une veuve [292]. Ou le retrouve longtemps après
à la porte de Clignancourt, où se tient une fête
perpétuelle ; il trône au milieu d'une vaste et riche baraque,
très ornée, où sont pendus comme en un tabernacle,
ses trois chefs-d'uvre d'autrefois: le poêle minutieux,
le Christ de pain d'épice, le Mantegna qui a l'air d'une image
d'Épinal décolorée, et le soir, aux lumières,
quand les tournevires ronflent et rayonnent comme des astres, rien n'est
plus beau que ces peintures, dans la pourpre saignaitte des étoffes.
Chaîne est là, Lès calme, sans orgueil ni honte
de sa boutique, n'ayant pas vieilli, niais malheureux au fond, car il
n'a jamais mis soit talent en doute, sa conviction est que, s'il avait
eu de l'argent, il serait arrivé comme les autres. Il a lâché
la partie, parce qu'elle ne nourrit pas son homme, mais Il reste absolument
persuadé que, pour faire les chefs-d'uvre du Louvre, on
n'a besoin que de temps [419]. (L'uvre.)
Chambouvard.
Sculpteur célèbre. Un gros homme obèse,
campé fortement sur ses grosses jambes. La tète dans les
épaules, il a une face épaisse et belle d'idole hindoue.
On le dit fils d'un vétérinaire des environs d'Amiens
; à quarante-cinq ans, il est déjà l'auteur de
vingt chefs-d'uvre de statues simples et vivantes, à la
chair bien moderne, pétrie par un ouvrier de génie, sans
raffinement; et cela au hasard de la production, donnant ses uvres
comme un champ donne son herbe, boit un jour, mauvais le lendemain,
dans l'ignorance absolue de ce qu'il crée ; il pousse le manque
de sens critique jusqu'à ne pas faire de distinction entre les
fils les plus glorieux de ses mains et les détestables magots
qu'il lui arrive de lâcher parfois. Saris fièvre nerveuse,
saris un doute, toujours solide et convaincu, il a un orgueil de dieu.
Au Salon, où Il expose un admirable
Semeur, il traîne une queue de jeunes disciples béants,
s'ébahit devant son uvre, semble la voir pour l'a première
fois et répète à dix reprises, en dodelinant de
la tète: « C'est comique... c'est comique... », ne
trouvant rien d'autre, pour dire l'adoration où il est de lui-même
[170]. Une autre année, il expose une Moissonneuse exécrable,
une figure stupidement ratée, et il n'en est pas moins rayonnant,
certain d'un chef-d'uvre de plus, promenant son infaillibilité
sereine, au milieu de la foule, qu'il n'entend pas rire [389]. (L'uvre.)
Champion.
Patron chapelier à Montrouge. Auguste Lantier prétend
l'avoir lâché parce qu'ils n'ont pas les mêmes idées
politiques [302]. (L'Assommoir.)
Chanteau père.
Venu du Midi. A battu la France comme simple ouvrier charpentier.
Son chef-d'uvre, un pont en charpente, orne la salle à
manger des Chanteau à Bonneville [ 131. A créé
jadis, à Caen, un. commerce de bois du Nord, qu'il menait avec
les coups d'audace d'une tète aventureuse, et il est mort laissant
la maison fort compromise [21]. (La Joie de vivre.)
Chanteau. Né à Caen.
Cousin de Quenu. Marié a Eugénie de La Vignière,
institutrice rencontrée dans une famille amie. Il a un fils unique,
Lazare. Chanteau a hérité du commerce de son père;
niais, étant, peu actif, d'une prudence routinière, il
vivote honnêtement sur des bénéfices certains et
oppose l'inertie de sa nature aux volontés dominatrices de sa
femme [11]. Il a souffert de la goutte dès l'âge de quarante
ans. A cinquante ans, il cède pour cent mille francs sa maison
au sieur Davoine, reçoit la moitié de, cette somme, reste
commanditaire pour l'autre moitié et se retire à Bonneville
; il y avait acheté une maison deux ans auparavant, occasion
pêchée dans la débâcle d'un débiteur
insolvable [22]. Chanteau devient maire du pays [291. Il est court et
ventru, teint coloré, gros yeux bleus à fleur de tète,
cheveux blancs coupés ras. A la mort du cousin Quenu, il est
désigné comme tuteur de la petite Pauline, qui possède
cent cinquante mille francs, et dont la fortune va peu à peu
s'émietter et s'engloutir, grâce aux manuvres de
madame Chanteau et aux folles entreprises de Lazare. Les ressources
du ménage, déjà limitées, ont été
fort diminuées par la déconfiture de Davoine [98]. Le
goutteux Chanteau, cloué dans son fauteuil, assiste indifférent
à la ruine de sa pupille. Gourmand, ne sachant résister
à une tentation de table, il paye ses excès par de terribles
crises qui révolutionnent la maison et ne trouvent de soulagement
que dans les tendres soins de Pauline. L'égoïsme, la jouissance
de vivre pour soi se développent chez Chanteau en même
temps que son mal. Si les choses vont pour son plaisir, il les trouve
bonnes [300]. Nul événement n'a de prise sur lui. Lorsque
sa femme meurt et qu'on le prépare doucement à la terrible
nouvelle, il se borne à se plaindre de ses jambes [240]. Dans
le drame qui l'entoure, il chante la gaudriole [263]. Tombé enfin
à l'ankylose complète, lamentable reste d'homme sans pieds
ni mains, qu'il faut coucher et faire manger comme un enfant, il se
révolte à la pensée d'un dîner compromis,
d'une joie perdue [447]. Le suicide de la vieille servante Véronique
lui inspire seulement ce cri exaspéré « Faut-il
être bête pour se tuer ! » (La Joie de -vivre.)
Jusqu'à la fin de sa vie, il est soigné
par Pauline [129]. (Le Docteur Pascal.)
Chanteau (Madame).
Voir LA VIGNIERE (Eugénie de).
Chanteau (Lazare).
Né à Caen. Fils des Chanteau. Filleul du banquier
Thibaudier, dont il épouse la fille. Père du petit Paul.
Avait quatorze ans lorsque ses parents ont quitté Caen pour se
retirer à Bonneville. Est resté au lycée, qu'il
quitte à dix-huit ans, avec son baccalauréat. Grand garçon,
à .front large, aux yeux très clairs, avec un fin duvet
de barbe châtaine, qui encadre sa face longue. Lors de l'arrivée
de sa cousine Pauline Quenu à Bonneville, il bat les falaises
depuis huit mois, ne se décidant pas à choisir une occupation
[7].
C'est un névrosé plein de J'ennui
sceptique de toute sa génération [345], incapable de s'intéresser
à la vie, se, laissant, au gré des suggestions extérieures,
emballer tour à tour sur la musique, la médecine, la chimie,
l'industrie et la littérature.
Plein d'enthousiasmes soudains, il se dégoûte
devant les réalisations; il voit trop grand mais il a, en même
temps, le mépris de l'argent [23]; hanté d'une peur maladive
de la mort, il est pourtant brave devant les agonies et se jette résolument
dans un incendie pour sauver l'enfant d'une paysanne [360] ; il a soigné
avec le plus complet dévouement Pauline en danger de mort [154]
et il est incapable de rendre le moindre service a sa mère moribonde,
quil aime tendrement [214]. Lazare est un malade en qui se heurtent
toutes les contradictions. Esprit fort, dégagé de toute
croyance, il subit des superstitions ridicules [266]; doué d'une
vive intelligence, il est inapte à toute décision, sa
volonté est toujours vacillante. Après avoir accepté
le mariage avec sa cousine, qu'il aime et qu'il a failli mettre à
mal [112], il se laisse circonvenir par Louise Thibaudier, accepte passivement
tous les sacrifices de Pauline, n'ayant que de courtes révoltes,
puis, finalement, épouse Louise, quil s'est mis à
désirer follement. Dix-huit mois après, encore une fois
désillusionné, il est repris d'une passion charnelle pour
sa cousine [361]. Au fond, derrière ses emballements de jeunesse
et la névrose dont il souffre, on retrouve, très vif,
le profond égoïsme des parents.
Lazare a gaspillé l'argent de Pauline
dans des tentatives industrielles, dans la construction d'une estacade
qui doit sauver Bonneville des fureurs de la mer ; marié, il
abandonne vite un emploi que son beau-père lui avait trouvé
dans une compagnie d'assurances, et c'est alors la dot de Louise qu'il
commence à éparpiller en des entreprises téméraires.
Tout ayant échoué, il revient à Bonneville, plus
impuissant que jamais, énervé par les récriminations
de sa femme, en proie à une effroyable peur de mourir, qui lui
enlève un peu plus chaque jour le goût et la force de vivre
[343]. (La Joie de vivre.)
Devenu veuf, il laisse son fils à Pauline
Quenu et part en Amérique pour faire fortune [129]. (Le Docteur
Pascal.)
Chanteau (Madame).
Voir LA VIGNIÈRE (Louise).
Chanteau (Paul).
Fils de Lazare et de Louise. Né à Bonneville, après
huit mois seulement de gestation [405]. Laissé pour mort après
un terrible accouchement, il a été ramené à
la vie par Pauline Quenu [408]. Il est son filleul [415]. D'abord chétif,
avant poussé comme à regret, I l tente vaillamment ses
premiers pas à dix-huit mois et Pauline se charge d'en faire
un homme [445]. Sacrifiant les deux tiers de ce qu'elle possédait
encore, elle a pris sur la tête de l'enfant une assurance qui
donnera à Paul cent mille francs le jour de sa majorité
[420]. (La Joie de vivre.)
Chantecaille.
Un pion du collège de Plassans, si bon enfant qu'il laissé
fumer en promenade [37]. (L'uvre.)
Chantegreil.
Père de Marie Chantegreil, dite Miette. C'était
un braconnier de Chavanoz, il a été envoyé au bagne
en 1846 pour avoir tué d'un coup de feu un gendarme, alors que
ce dernier te tenait lui-même au bout de son fusil. Il subit sa
peine à Toulon [207]. (La Fortune des Rougon.)
Chantegreil (Marie).
Voir MIETTE.
Chantegreil (Eulalie).
Sur de Chantegreil, tante de Miette. Mariée à
Rébufat, méger du Jas-Meffren. Mère de Justin Rébufat.
C'est une grande diablesse noire et volontaire, vigoureuse, sobre et
économe. Malgré les grognements de Rébufat, elle
recueille Miette, âgée de neuf ans, et l'aime comme sa
propre fille. Elle meurt subitement deux ans après [209]. (La
Fortune des Rougon.)
Chantemesse (La Mère).
Vendeuse au tas [13]. Digne femme, très bourrue, dépassant
soixante-dix ans, veuve d'un ancien cocher de fiacre [202], adore les
enfants, a perdu trois garçons au berceau [196]. Elle habite
depuis quarante-trois ans un grand galetas délabré de
la rue au Lard [198]. Gagne encore ses quarante sous par jour Vers la
soixantaine, elle avait fait la trouvaille de la petite Cadine, prés
du marché des Innocents, puis elle avait recueilli Marjolin et
les avait élevés ensemble. Plus tard, furieuse des polissonneries
des deux enfant [220], elle reste impuissante à les corriger.
(Le Ventre de Paris.)
Chantereau (Madame).
Femme d'un maître de forges, un peu cousine des Fougeray [80].
C'est une amie des Muffat, un legs de la belle-maman; avec madame Du
Joncquoy et madame Hugon, elle donne au salon de la comtesse Sabine
un aspect collet-monté. Elle sera plus tard choquée des
nouvelles murs de ta maison [445]. Son mari possède une
usine en Alsace, on y craint la guerre et madame Chantereau fait beaucoup
rire ses amies, lorsqu'elle assure que M. de Bismarck nous fera la guerre
et nous battra [95]. (Nana.)
Charbonnel.
Ancien marchand d'huile à Plassans. Il dispute aux surs
de la Sainte-Famille cinq cent mille francs, provenant de la succession
d'un petit-cousin, le sieur Chevassu. Protégés par madame
Félicité Rougon. la mère du ministre, les Charbonnel
sont venus à Paris et se sont installés à l'hôtel
du Périgord, rue Jacob, pour suivre de près l'affaire,
qui est au Conseil d'Etat. Ils font ainsi partie de la bande d'Eugène
Rougon, attentifs aux changements politiques, poussant leur protecteur
à reprendre le pouvoir et, lorsqu'ils ont enfin gagné
leur procès, criant au pillage, excitant le ministre à
ordonner une visite domiciliaire dans le couvent des surs [401].
Pris de peur devant les conséquences de cet acte qu'ils ont provoqué,
ils s'empressent de le désavouer hautement [405]. (Son Excellence
Eugène Rougon.)
Chartonnel (Madame).
A accompagné son mari à Paris, pour suivre l'affaire
Chevassu. Elle étale au ministère, à la Chambre,
un châle jaune extravagant. Sa fureur devant la prétendue
captation est telle que, quoique dévote, elle va jusqu'à
conter une histoire abominable : le petit-cousin Chevassu sciait mort
de peur, après avoir écrit son testament sous la dictée
d'un prêtre, qui lui avait montré le diable, au pied de
son lit [239] (Son Excellence Eugène Rougon.)
Charbotel (Isidore).
Artiste peintre. Son nom se trouve sur les licites du vieux Vabre[238].
(Pot-Bouille.)
Chardon (Abbé).
Candidat du grand vicaire Fenil à la cure de Saint-Saturnin,
cathédrale de Plassans [152]. (La Conquête de Plassans.)
Chardon (Madame).
Protégée de madame Mélanie Correur. L'Etat
se refusait à accepter des fournitures soumissionnées
par elle le ministre Rougon arrange l'affaire [280]. (Son Excellence
Eugène Rougon.)
Charles.
Garçon du café Riche. Air digne. C'est lui qui sert le
souper de Maxime Saccard et de Renée, dans le salon blanc [162].
(La Curée.)
Charles.
Garçon du lavoir de la rue Neuve de la Goutte-d'Or [20]. Grand
gaillard à cou énorme [33] Refuse de séparer les
laveuses qui se battent. (L'Assommoir.)
Charles.
Boucher de la rue Polonceau. Fournisseur des Coupeau [203]. (L'Assommoir.)
Charles.
Cocher de Nana. C'est un grand gaillard qui sort de chez te duc de Corbreuse
[343]. Il quitte le service de Nana, après une affreuse scène
où il l'a traitée de salope [479]. (Nana.)
Charles.
Cousin du petit soldat Jules, de Plogoff [431]. (Germinal.)
Charles.
Cocher de Saccard, à qui il a été recommandé
par sa bonne amie Clarisse, femme de chambre de la baronne Sandorff.
Grand, beau garçon, avec la face et le cou rasés, il se
dandine de l'air assuré et fat des hommes que les femmes paient.
Surpris volant sur l'avoine, il est congédié par Saccard
et dévoile à madame Caroline les rendez-vous du financier
avec la baronne [227]. (L'Argent.)
Charles (Monsieur et
Madame). Voir BADEUIL.
Charpier.
Marchand de grains à Vendôme. Prête à la petite
semaine. Il a fait faillite, ses papiers ont été rachetés
par Fayeux pour le compte de Busch et celui-ci trouve, dans l'amas des
dossiers, une reconnaissance signée par le comte de Beauvilliers
en faveur de Léonie Cron [29]. (L'Argent).
Charrier.
Gros entrepreneur, associé de Mignon. Venus tous deux de Langres.
Ce sont de rusés compères, à cerveau étroit,
à conceptions prudentes; mais, doués d'une invincible
ténacité, ils savent tirer sagement une énorme
fortune des affaires lancées par l'aventureux Saccard [126].
(La Curée.)
Charvet.
Professeur libre. Grand garçon osseux, soigneusement rasé,
nez maigre, lèvres minces, cheveux longs et arrondis, les revers
de sa redingote râpée extrêmement rabattus. Fait
partie du groupe Gavard. Est hébertiste, joue au conventionnel
avec un flot de paroles aigres, une érudition si étrangement
hautaine qu'il bat d'ordinaire ses adversaires [131]. Oracle du groupe
jusqu'à l'arrivée de Florent. Il habite rue Vavin, derrière
le Luxembourg, et vit maritalement avec Clémence, sur des bases
débattues, ne réglant que ses propres dépenses,
vexé que sa maîtresse gagne plus que lui [133] et, plus
tard, la blaguant d'avoir perdu sa place [299]. Par jalousie sourde,
il devient l'adversaire systématique de Florent [176], raille
l'exil, nie Cayenne, est pris d'une rage froide contre son rival et,
quand le complot s'affirme, rompt brusquement [300]. Toujours accompagné
de sa maîtresse, il va dés lors fréquenter une brasserie
de la rue Serpente, où il trouve un auditoire attentif de très
jeunes gens [301]. (Le Ventre de Paris.)
Chassagne (Docteur).
Directeur de l'Asile des Moulineaux [176]. On lui a confié
à deux reprises Saturnin Josserand. (Pot-Bouille.)
Chaumette.
Conseiller à la cour de Rouen; à cause de son fils, il
est comblé d'invitations et de prévenances par madame
Bonnehon [114]. Lors du procès Roubaud, le conseiller est assesseur
aux Assises [400]. (La Bête humaine.)
Chaumette fils.
Substitut à Rouen. Il est la dernière affection
de la belle madame Bonnehon, qui travaille à son avancement [114]
et le fait môme protéger plus tard par sa rivale, madame
Leboucq [400]. (La Bête humaine.)
Chavaille (Rosalie)
(1). Mère de Victor Saccard. Petite-cousine de madame
Méchain. Habitait à seize ans, avec sa mère, un
petit logement au sixième, dans une maison de la rue de la Harpe.
Consentante, elle a été culbutée par un voisin,
sur les marches de l'escalier, et le monsieur s'est montré si
amoureux que la pauvre Rosalie, renversée d'une main trop prompte
contre l'angle d'une marche, a eu l'épaule démise. La
mère a exigé, pour étouffer l'affaire, une somme
de six cents francs, répartie en douze billets, cinquante francs
par mois, que l'homme, disparu peu après, a signé Sicardot,
du nom. de sa femme. Mal soignée, les muscles du bras rétractés,
devenue infirme, Rosalie est accouchée d'un garçon. Elle
a perdu sa mère, est tombée à une sale vie, à
une misère noire, puis, ayant traîné les rues jusqu'à
vingt-six ans, échouée à la cité de Naples
chez sa petite-cousine, elle a fini par mourir des suites d'une bordée
plus aventureuse que les autres. La Méchain a hérité
du petit Victor et des douze billets impayés [31]. (L'Argent
)
(l) Rosalie Chavaille, ouvrière; compte
des phtisiques et des épileptiques dans son ascendance ; maîtresse
d'Aristide Rougon, dit Saccard. (Arbre généalogique des
Rougon-Macquart.)
Chaval.
Haveur au Voreux. Est venu il y a six mois du Pas-de-Calais et habite
Montsou, à l'estaminet Piquette. C'est un grand maigre de vingt-cinq
ans, osseux, aux traits forts, avec un nez en bec d'aigle, des moustaches
et une barbiche rouges. Dés la première rencontre, une
haine d'instinct a flambé entre lui et Étienne Lantier
[39]. Pour empêcher celui-ci d'être l'amant de Catherine
Maheu, il a voulu posséder cette fille non encore nubile et il
ne tient à la garder, elle ne lui est chère que par hostilité
jalouse contre l'autre. Quand Etienne devient l'un des maîtres
du coron, Chaval est mordu d'envie ; pendant, la grève, la rage
de triompher l'amène à surenchérir en demandant
du sang, mais, surtout vaniteux, il abandonne la cause des camarades,
il sent une chaleur d'orgueil lui monter à la Face, lorsque Deneulin
lui fait entrevoir un avancement rapide [338]. Sa lâcheté
le perdrait, si Catherine ne lui épargnait la mort, en se jetant
au-devant des grévistes furieux [381]. Il se venge d'ailleurs
en dénonçant l'émeute aux gendarmes et en acceptant
de diriger une équipe de Borains, appelés de Belgique
par la Compagnie des mines de Montsou [454] Battu par son rival sous
les yeux de Catherine, il a chassé celle-ci, mais il restera
entre eux jusqu'au bout. Une dernière bataille le jette contre
Etienne au fond de la mine, dans un coin de galerie où tous trois
sont cernés par l'inondation; il est tué dans la lutte,
on jette son cadavre au puits, mais la crue le pousse peu à peu
vers les douloureux amants, il revient entêté dans sa jalousie,
empoisonnant l'air, s'acharnant jusque dans la mort à les empêcher
d'être ensemble [572]. (Germinal.)
Chave (capitaine).
Officier en retraite. Frère de madame Maugeudre. Figure
apoplectique, au cou raidi par l'usage du col de crin, un de ces types
de petits joueurs au comptant qu'on est certain de rencontrer tous les
jours, d'une heure à trois, autour de la Bourse, se livrant à
un jeu de gagne-petit, emportant chaque fois un gain de quinze à
vingt francs. Il ne joue point par goût, mais la pension du gouvernement
le laisserait crever de faim [19] et, de plus, il a des vices. Le capitaine
Chave habite, rue Nollet, une seule pièce au fond d'un jardin,
où se glissent des jupes, et les petits gains de Bourse passent
en bonbons et en gâteaux pour ses bonnes amies [202]. Pendant
toute la période où la Banque Universelle affolait Paris,
faisant et défaisant en deux heures des fortunes géantes,
l'or pleuvant à pleins seaux parmi les coups de foudre, Chave
a échappé à la fièvre générale.
Alors que son beau-frère Maugendre courait à la ruine,
il n'a pas une seule fois cessé de jouer un maigre jeu, satisfait
d'emporter son petit bénéfice chaque soir, ainsi qu'un
bon employé qui a bravement rempli sa journée [387]. Et,
au jour de la débâcle, avec une cruauté de joueur
intime, il se réjouit de voir les gros spéculateurs se
casser les reins [367]. (L'Argent.)
Chavignat.
Employé au ministère de l'instruction publique. Un gros
dont la femme est laide. Au dire des Pichon, le ménage Chavignat
a beaucoup trop d'enfants [144]. (Pot-Bouille.)
Chédeville (de).
Député d'Eure-et-Loir sous l'Empire. C'est un vieux
beau, la fleur du règne de Louis-Philippe. Grand, élégant
encore, le buste sanglé et les cheveux teints, il se range, malgré
ses yeux de braise au passage du dernier des jupons [l 42]. S'est ruiné
avec les femmes et ne possède plus que la ferme de la Chamade,
près d'Orgères, où il ne met les pieds qu'en temps
d'élections. Il a gardé au fond du cur des tendresses
orléanistes, mais on le dit ami de l'empereur et cela suffit
pour assurer son succès. Dans ses tournées électorales,
il sourit, fait le débonnaire, promet toujours [159]. Mais, après
une première législature, sa carrière politique
est arrêtée; il a déplu en haut lieu, on croit qu'il
a scandalisé les Tuileries par une histoire gaillarde, la jeune
femme d'un huissier de la Chambre, folle de lui malgré son âge.
Il cesse d'être candidat officiel et, malgré ses opinions
protectionnistes, se fait battre par le libre-échangiste Rochefontaine,
candidat du préfet, les campagnards tenant avant tout à
rester du côté du gouvernement [360]. (La Terre.)
Chermette (Famille de).
Amis des Deberle. Une fille, Valentine, toujours costumée
en Espagnole dans les bais d'enfants; est mariée à seize
ans avec un amant de sa mère, un grand blond avec qui celle-ci
était depuis dix-huit mois [250]. (Une Page d'Amour.)
Chevassu.
Avoué à Faverolles. Est mort en laissant une fortune de
cinq cent mille francs aux surs de la Sainte-Famille. Son testament
est attaqué par des petits-cousins, les Charbonnel, devenus les
seuls parents de Chevassu par le décès récent de
son frère [54]. (Son Excellence Eugène Rougon.)
Chezelles (Madame Léonide
de). Une amie de couvent de la comtesse Muffat, plus jeune
que celle-ci de cinq ans [69]. Mince et hardie comme un garçon
[80]. Femme d'un magistrat à l'air grave, elle le trompe sans
se cacher, mais on lui pardonne, on la reçoit quand même,
parce que, dit-on, elle est folle 169]. Des aventures hardies lui sont
attribuées. Amoureuse d'un ténor, elle l'a fait venir
à Montauban; elle habitait le château de Beaurecueil, deux
lieues plus loin, et elle arrivait tous les jours dans une calèche
attelée de deux chevaux, pour le voir au Lion d'Or, où
il était descendu; la voiture attendait à la porte. Léonide
restait des heures, pendant que le monde se rassemblait et regardait
les chevaux [81]. (Nana.)
Chibray (Comte de).
Aide de camp de l'empereur, bel homme vaniteux. A été
le troisième amant de Renée Saccard et l'a quittée
avec scandale, aux yeux de tout Paris; pour se mettre avec la duchesse
de Sternich [115]. (La Curée.)
Chouard (Marquis de).
Père de la comtesse Sabine Muffat de Beuville. Conseiller
d'Etat. Il a une haute taille de vieillard, une face molle et blanche,
des épaules maigres sur lesquelles tombe une couronne de rares
cheveux blancs [59]. Quoique rallié à l'Empire, le marquis
a conservé des relations dans le parti légitimiste; il
est connu pour sa haute piété, affecte d'avoir des murs,
car les hautes classes doivent donner l'exemple, et s'indigne de l'inconduite
de son gendre. Mais d'étranges histoires courent sur son compte.
Autrefois, il vivait séparé de la marquise; dès
que celle-ci a été morte, il a marié sa fille,
qui le gênait [75]. C'est un vieux à passions. Sous l'excitation
de la femme, ses yeux troubles deviennent deux yeux de chat, phosphorescents,
pailletés d'or; son nez, très gros dans sa face rasée,
semble la boursouflure d'un mal blanc, sa lèvre inférieure
pend [90]. Chez Satin, il renifle dans tous les endroits pas propres,
jusque dans les pantoufles [296]. Il achète à Gaga sa
fille Amélie pour trente mille francs [402]. Enfin, après
une nuit chez Nana, dans un lit magnifique où fleurissent les
roses et se penchent les amours, le marquis de Chouard est soudain frappé
d'imbécillité, il tombe en enfance, jeté là
comme une loque humaine, gâtée et dissoute par soixante
ans de débauche [494]. (Nana.)
Chouard (Sabine de).
Fille du marquis. Mariée à dix-sept ans avec le
comte Muffat de Beuville, elle a mené une existence cloîtrée
entre un mari pieux et une belle-mère autoritaire. Les uns la
disent d'une froideur de dévote, les autres la plaignent, se
rappelant ses beaux rires, ses grands yeux de flamme, avant qu'on l'enfermât
au fond du vieil hôtel de la rue Miromesnil. Elle jouit d'une
réputation parfaite; Fauchery n'a que le vague souvenir d'une
confidence reçue d'un officier de ses amis, mort récemment
au Mexique, une de ces confidences brutales que les hommes les plus
discrets laissent échapper à de certains moments [73].
Sabine n'a rien mis d'elle dans l'ancienne demeure, noire d'humidité;
c'est Muffat qui s'impose, qui domine, avec son éducation religieuse,
ses pénitences et ses jeûnes [76]. Toutefois, une grande
chaise de soie rouge capitonnée, introduite après la mort
de la maman Muffat, détonne dans ce milieu enfumé; c'est
le commencement d'un désir et d'une jouissance [79].
A trente-quatre ans, la comtesse a un fin
profil de brune potelée où la bouche seule, un peu épaisse,
met une sorte de sensualité impérieuse; elle ne paraît
pas son âge, elle semble être la sur aînée
de sa fille Estelle, on lui donnerait au plus vingt-huit ans; ses yeux
noirs gardent une flamme de jeunesse, que de longues paupières
noient d'une ombre bleue. A la joue gauche, elle a un signe près
de la bouche, absolument le même signe que Nana, avec de petits
poils frisés [75]. Dans son salon collet monté, refroidi
par la continuelle présence d'un saint homme, Théophile
Venot, elle semble une chatte qui dort, les griffes rentrées,
les pattes agitées d'un frisson nerveux [92]. Elle s'éveille
soudain, lorsque le comte Muffat, pris par Nana, se dérangé
et néglige le foyer. Sabine accepte alors les assiduités
de Fauchery, elle devient sa maîtresse, puis c'est un gâchis
de dépenses extraordinaires. La comtesse a brusquement montré
un goût de luxe, un appétit de jouissances mondaines qui
achèvent de compromettre la fortune des Muffat. Ce sont des caprices
ruineux, tout un nouveau train de maison, cinq cent mille francs gaspillés
à transformer le vieil hôtel, des toilettes excessives,
des sommes considérables disparues, fondues, données peut-être
sans que Sabine se soucie d'en rendre compte. Après Fauchery,
elle s'étourdit à d'autres amours, dans le coup de fièvre
inquiet de la quarantaine [476]. Enfin, c'est le détraquement
suprême, elle s'enfuit avec un chef de rayon d'un grand magasin
de nouveautés, puis, après des aventures, elle revient,
pardonnée par le comte qui a perdu toute sa dignité d'homme.
La comtesse mange à présent les restes dédaignés
de Nana. Gâtée par la promiscuité de cette fille,
poussée à tout, elle est devenue l'effondrement final,
fa moisissure même du foyer [497]. (Nana.)
Chouteau (Les).
Vieillards de quatre-vingt-dix ans, l'homme et la femme. Habitent
Beaumont, où ils occupent une cave de la rue Magloire. Ils sont
secourus par Angélique Marie et par Félicien de Hautecur
[119]. (Le Rêve.)
Chouteau.
Soldat au 106º de ligne (colonel de Vineuil). Appartient à
l'escouade du caporal Jean Macquart. C'est un peintre en bâtiments
de Montmartre, furieux d'avoir été rappelé pour
la guerre, son temps fini. Bel homme et révolutionnaire, flâneur
et noceur, ayant mal digéré les bouts de discours entendus
dans les réunions publiques, mêlant des âneries révoltantes
aux grands principes d'égalité et de liberté, il
endoctrine les camarades [461, les pousse à l'indiscipline, au
mépris des chefs, et serait le maître indiscuté,
si la crânerie de Jean ne le rendait sourdement respectueux [76].
Ce fainéant qui aime ses aises, donne
le signal de l'abandon du sac et du fusil [30]; pendant la marche, il
jette les vivres de l'escouade par paresse de les porter [86]; sur le
plateau de Floing, devant l'ennemi, il déclare que lorsqu'on
ne mange pas, on ne se bat pas [228]. Le sergent Sapin ayant été
grièvement blessé, il s'offre avec Loubet pour le transportera
l'ambulance volante et les deux hommes disparaissent du champ de bataille;
on ne les revoit que le soir, dans une auberge du Fond de Givonne, ivres
et goguenards [364]. Prisonnier à Iges, Chouleau trouve agréable
de ne plus obéir à personne, de flâner à
sa fantaisie; dans la disette dont souffre le camp, il est d'un égoïsme
sournois, volant ce qu'il peut, ne partageant pas avec ses camarades,
et les poussant aux pires excès; c'est lui qui passe un couteau
à cette pauvre brute de Lapoulle, pour saigner Pache, coupable
d'avoir dissimulé quelques provisions [460]. Emmené en
captivité, il s'évade de la colonne, près de Mouzon,
et, sur le point d'être pris, se débarrasse des Prussiens
qui la poursuivent, en leur jetant traîtreusement son camarade
Loubet, entraîné par lui dans la bagarre [472].
Pendant la Commune, attaché à
l'état-major d'un général fédéré
qui ne se battait pas, Chouteau s'est installé an palais de la
Légion d'honneur; il y vil dans une bombance continuelle, s'allongeant
avec ses boîtes au milieu des grands lits somptueux, cassant les
glaces à coups de revolver, pour rire, pendant que, chaque malin,
sa maîtresse déménage, en voiture de gala, des objets
volés. Le 23 mai, il préside à la destruction du
palais et à l'incendie des maisons de la rue de Lille [597].
Et pendant la sanglante répression, on le voit, place du Théâtre-Français,
derrière les soldats du Versailles, sous l'honnête blouse
blanche d'un ouvrier, assistant au massacre, avec des gestes approbateurs
[628]. (La Débâcle.)
Chuchu (Mademoiselle).
Figurante des Variétés. Une maigre sauterelle du
pavé parisien, la fille ensauvée d'une concierge de Montmartre,
amusante avec sa figure de papier mâché, où luisent
de grands yeux bruns admirables. Sa liaison avec l'employé Flory
a commencé par quelques parties fines à bon marché
[85], puis on s'est mis en ménage, rue Condorcet et Chuchu est
devenue capricieuse et dévorante [335], poussant Flory a la dépense,
l'acculant au jeu de Bourse. (L'Argent.)
Clarisse.
Femme de chambre de la baronne Sandorff. Chargée du petit rez-de-chaussée
de la rue Caumartin. C'est une maigre fille blonde qui a épousé
la rancune de son bon ami Charles, le cocher renvoyé par Saccard,
et qui dénonce à Delcambre les infidélités
de sa maîtresse [228]. Elle lui fait constater, moyennant salaire
de deux cents francs, un flagrant délit anormal entre Saccard
et la baronne [231]. (L'Argent.)
Clémence.
Grande fille brune, trente ans, gros yeux noirs, l'air très
posé. Tablettière à la criée aux poissons,
où elle écrit les doigts allongés, en demoiselle
qui a reçu de l'instruction [121]. Vit maritalement avec Charvet,
chacun réglant ses propres dépenses. Vient tous les soirs
chez Lebigre, aux réunions du groupe Gavard, où elle se
fabrique des grogs pendant que son amant moins fortuné prend
une chope. A une façon professorale d'écouler parler politique;
au fond, se croit beaucoup plus forte que tous ces messieurs. Elle lance
parfois une phrase, conciliant d'un mot, rivant son clou à Charvet
lui-même. N'a de respect que pour le silencieux Robine [178].
Elle est congédiée par Manoury, le facteur aux Halles,
parce qu'elle s'est amusée à mettre sur les tableaux de
vente, en face des limandes, des raies et des maquereaux adjugés,
les noms des dames et des messieurs de la Cour [298]; elle vit alors
d'une leçon de français, doit renoncer aux grogs et se
bornera une simple chope qu'elle boit en toute philosophie [299]. Rompt
en même temps que Charvet avec le groupe Gavard et va fréquenter,
en compagnie de son amant, une brasserie de la rue Serpente [301]. (Le
Ventre de Paris.)
Clémence (Mademoiselle).
Ouvrière repasseuse, voisine des Lorilleux. Travaille
chez Gervaise. C'est une belle fille à gorge puissante, qui adore
les animaux et va avec tous les hommes [71]. Pas une ouvrière
ne repasse les chemises d'homme aussi bien qu'elle. Les lendemains de
noce, elle attriste toujours les gens par ses idées de mort [232].
(L'Assommoir.)
Clémence.
Femme de chambre de madame Duveyrier, qui tient beaucoup à
elle parce qu'elle habille très bien. Fille très propre,
très vive, membres menus, bouche pincée. Clémence
est la maîtresse du valet de chambre Hippolyte [112]. (Pot-Bouille.)
Clorinde.
Fille de la comtesse Balbi. Née en 1835 à Florence. Elle
habite avec sa mère un petit hôtel de l'avenue des Champs-Elysées,
à deux pas de la rue Marbeuf. C'est une grande fille d'une admirable
beauté, s'habillant étrangement de robes mal faites [7].
Elle a un mélange de murs libres et de dévotion
outrée [91], et vit dans un incroyable gâchis d'argent,
avec des accès brusques d'avarice honteuse [174]. Très
intelligente, très séduisante, très ambitieuse,
elle aide aux intrigues internationales de sa mère, vivant dans
le monde politique l'oreille tendue, se montrant très curieuse
de la vie des autres, usant de sa beauté pour pénétrer
partout, achetant des amitiés par le don de ses faveurs.
Malgré l'étrangeté de
sa vie, elle se pousse hardiment vers an grand mariage capable de satisfaire
son orgueil ; elle jette son dévolu sur le ministre Rougon. Mais
c'est en vain qu'elle l'enveloppe d'une séduction savante et
qu'elle l'excite jusqu'au coup de sang [95]. Rougon se dérobe,
faisant à cette dangereuse aventurière l'offense de la
considérer comme inférieure à lui et de la marier
avec son ami Delestang, un imbécile solennel. Clorinde rêvera
dès lors une vengeance digne d'elle et ses efforts vont tendre
à l'écroulement de Rougon. Comme celui-ci n'est plus aux
affaires, elle emploie tout son génie de l'intrigue à
lui faire rendre le pouvoir, puis, quand il est à l'apogée
de sa puissance, elle travaille à le culbuter, ameutant Paris
contre lui, détachant du grand homme les familiers qui le soutiennent,
faisant la conquête de l'impératrice [338], allumant l'empereur
dont elle devient la maîtresse, provoquant enfin le brusque renvoi
du ministre et raffinant sa vengeance jusqu'à obtenir pour l'incapable
Delestang, son mari, le portefeuille enlevé à Rougon.
Elle continue ses hautes intrigues, fait vigoureusement
le jeu de Cavour en vue d'une alliance contre l'Autriche [370] et contribue
à préparer la guerre d'Italie qui modifiera la politique
intérieure de l'Empire et, conséquence imprévue,
ramènera triomphalement Rougon au pouvoir, après une éclipse
de trois ans. La belle Clorinde s'inclinera alors devant l'incontestable
force de ce Rougon qu'elle avait cru abattre [462]. (Son Excellence
Eugène Rougon.)
Clou.
Conseiller municipal et maréchal ferrant à Rognes. Grand,
sec et noir [154]. Il joue du trombone aux offices chantés. (La
Terre.)
Cur (Germaine).
superbe fille de vingt-cinq ans, un peu indolente et molle, dans
l'opulence de sa gorge. A toujours été avec des boursiers,
et toujours au mois, ce qui est commode pour des hommes très
occupés, la tête embarrassée de chiffres, payant
l'amour comme le reste, sans trouver le temps d'une vraie passion. Elle
habite un petit appartement de la rue de la Michodière, agitée
d'un souci unique, celui d'éviter des rencontres entre les messieurs
qui peuvent se connaître [85]. Un des meilleurs amis de Germaine
Cur est Gustave Sédille, qui finit par s'emballer sur elle
et par l'enlever à l'agent de change Jacoby [346]. (L'Argent.)
Cognet.
Cantonnier de Rognes. Vieil ivrogne qui rouait sa fille de coups et
qu'on voit depuis vingt ans casser des cailloux sur les roules [89].
(La Terre.)
Cognet (Jacqueline),
dite La Lognette.Fille du cantonnier. Est entrée à
la Borderie à l'âge de douze ans, pour laver la vaisselle.
Etait si desséchée, si minable, qu'on lui voyait les os
du corps, au travers de ses guenilles. Elle s'est vite décrassée,
tous les valets l'ont culbutée sur la paille, depuis le père
Mathias, un vieux bossu, jusqu'au petit porcher Guillaume ; Buteau,
Jean Macquart, tous l'ont eue. Mais elle a su faire sa fortune en résistant
au maître, Alexandre Hourdequin, en le laissant désirer
ses faveurs pendant six mois. Cette habileté l'a transformée
en servante maîtresse, la Goguette a maintenant une bonne qui
la sert et, quand le maître devient veuf, elle finit par obtenir
d'entrer triomphante dans l'ancien lit de Madame Hourdequin [101].
De petite taille, très brune, l'air
effronté et joli, la gorge dure, les membres élastiques
et forts des fausses maigres, d'une coquetterie dépensière,
se trempant de parfums tout en gardant un fond de malpropreté,
elle excite la colère des paysans qui ne savent pas comprendre
que cette catin est leur vengeance, la revanche du misérable
ouvrier de la glèbe contre le bourgeois enrichi [89]. La Cognette
rationne Hourdequin, elle le fouette d'abstinences et le trompe avec
un tranquille cynisme, provoquant sa jalousie, l'affolant chaque jour
davantage, manuvrant pour éliminer le fils et se faire
avantager sur le testament. Mais un drame soudain anéantit toute
son uvre.
Le vieux berger Soûlas a, par vengeance,
dénoncé ses amours avec Tron ; celui-ci, chassé,
tue Hourdequin et brûle la ferme, et la Cognette, poursuivie par
les flammes, se sauve dans la campagne, sortant de la ferme comme elle
y était entrée, avec une chemise sur le cul [510]. (La
Terre.)
Coliche (La).
Grande vache rousse et blanche que la petite Françoise
Mouche mène au taureau [3]. Beaucoup gâtée depuis
dix ans qu'elle est dans la maison, a fini par être une personne
de la famille. Les Buteau se réfugient prés d'elle, l'hiver;
ils n'ont pas d'autre chauffage que l'exhalaison chaude de ses flancs.
Et elle-même se montre très affectueuse, surtout à
l'égard de Françoise. Elle la lèche de sa langue
rude, à la faire saigner, elle lui prend, du bout des dents,
des morceaux de sa jupe, pour l'attirer et la garder toute à
elle [249]. Un jour, la Coliche fait deux veaux, dont le premier, mal
placé, est sacrifié par le vétérinaire [258].
(La Terre.)
Colin.
Notaire au Havre. C'est en son étude que les Roubaud se font
une donation au dernier vivant, après être entrés
en possession de la maison de la Croix-de-Maufras [390]. (La Bête
humaine.)
Colomban père.
Un vétérinaire connu de tout Seine-et-Oise, artiste dans
sa partie, mais tellement porté sur sa bouche, qu'il mange tout
[15]. Il court la gueuse et finit par en mourir [439]. (Au Bonheur des
Dames.)
Colomban.
Premier commis du Vieil Elbeuf, originaire de Rambouillet, comme les
Hauchecorne, avec qui il a un cousinage éloigné. C'est
un gros garçon de vingt-cinq ans, lourd et madré; sa face
honnête, à la grande bouche molle, a des yeux de ruse.
Depuis dix ans, il trime dans la boutique et a gagné ses grades
rondement, passant par les différentes étapes, petit commis,
vendeur appointé, admis enfin aux continences et aux plaisirs
de la famille, le tout patiemment, dans une vie d'horloge. Baudu l'a
élevé à la bonne école du commerce, il sait
de quelle façon lente et sûre on arrive aux finesses. aux
roueries du métier; fart n'est pas de vendre beaucoup, mais de
vendre cher [26].
Dès son entrée dans la maison,
Colomban a compté sur son mariage avec Geneviève Baudu;
il la regarde comme une affaire excellente et honnête; la certitude
de l'avoir l'empêche de la désirer [16]. Et, fixé
à son comptoir obscur, il vit en extase devant un rayon du Bonheur
des Dames, il brûle d'amour pour Clara Prunaire, ne se doutant
même pas de la torture que subit Geneviève. A mesure que
le Vieil Elbeuf sombre dans la faillite, la passion de Colomban s'exaspère,
muette et sournoise, le détachant chaque jour de sa fiancée,
de Baudu, de tout le vieux commerce, où on l'a élevé.
Lorsque la malfaisante Clara s'amuse à satisfaire son amour,
il ne dit rien aux Baudu, devient le chien obéissant de cette
fille et, après une lettre d'adieu, faite avec des phrases soignées
d'homme qui se suicide, il disparaît, mêlant son amour d'un
calcul avisé, ravi au fond de renoncer à un mariage désastreux
[435]. (Au Bonheur des Dames.)
Colombe (Le Père).
Patron de l'Assommoir de la rue des Poissonniers, au coin du
boulevard Rochechouart [39]. C'est un gros homme de quarante ans, à
gilet à manches, à bras énormes, qui verse tranquillement
les tournées d'alcool, du malin jusqu'au soir et, l'heure de
la fermeture arrivée, flanque la société dehors,
sans se gêner, en un tour de main [448]. (L'Assommoir.)
Combelot (de).
Mari d'Henriette Delestang. Grand bel homme, très blanc
de peau, avec une barbe d'un noir d'encre qui lui vaut de vifs succès
parmi les femmes. C'est un chambellan que le département des
Landes a nommé député, sur un désir formel
exprimé par l'empereur [11]. Il n'a pas son pareil pour tourner
la manivelle du piano, dans les soirées intimes de Compiègne
[211]. (Son Excellence Eugène Rougon.)
Combelot (Madame de).
Voir DELESTANG (Henriette).
Combette.
Pharmacien au Chêne-Populeux. Adjoint au maire. C'est un petit
homme sec et remuant. Les réquisitions qu'il reçoit à
la mairie, dans la nuit du 27 au 28 août 1870, lui révèlent
l'irrémédiable malheur de l'armée de Châlons,
condamnée par l'intérêt dynastique à reprendre
sa marche vers le gouffre [119]. (La Débâcle.)
Combette (Madame).
Femme du pharmacien [114]. C'est elle qui, le soir du 27 août,
offre l'hospitalité au soldat Maurice Levasseur, brisé
de fatigue et blessé au pied par la marche. (La Débâcle.)
Combeville (Duchesse
de). Mère de la princesse d'Orviedo [47]. (L'Argent.)
Comborel et Cie.
Maison de transports maritimes pour l'Algérie et la Tunisie.
Entre dans le syndicat de la Compagnie générale des Paquebots
réunis, fondée par Aristide Saccard [179]. (L'Argent.)
Compan (Abbé).
Curé de Saint-Saturnin. En guerre depuis trente ans avec
l'abbé Fenil, vicaire général du diocèse
de Plassans. Meurt comme un pestiféré, aucun prêtre,
sauf son ami d'enfance Bourrette qui en tremble, n'osant aller le voir
et braver ainsi la colère de Fenil [148]. (La Conquête
de Plassans.)
Condamin (de).
Conservateur des eaux et forêts, à Plassans. Bel
homme de soixante ans, à l'air conservé, fort de teint.
Toujours à cheval, ganté, les culottes collantes [45].
Originaire de Bourgogne, il a fait un mariage équivoque et a
été nommé à Plassans à la veille
de l'Empire ; il laisse toute liberté d'allures à sa femme
et se distrait dans de vilaines aventures de fillettes [292]. Son régal
est de raconter les histoires scandaleuses de la ville, se moquant du
monde, mentant, traversant toutes les intrigues avec un bel air cynique,
rappelé parfois à tordre par madame de Condamin, qui se
sert habilement de ce dangereux et perfide bavard [293]. (La Conquête
de Plassans)
Condamin (Madame Octavie
de). Plus jeune de trente ans que son mari, amenée
un jour à Plassans on no sait trop d'où [78], madame de
Condamin, très élégante, très aimable, pleine
de bonne grâce, est aimée de toute la ville, où
elle devient bientôt toute-puissante. Elle a vécu autrefois
rue du Helder, d'une existence louche, ayant entre autres amis un puissant
personnage qui l'a mariée et qui lui envoie du ruban rouge autant
qu'elle en demande [314]. Agent occulte du ministre, marchant d'accord
avec Félicité Rougon qui s'efface habilement, elle devient
l'alliée la plus active de l'abbé Faujas, partant en campagne
chaque matin, agissant sur ses amis et les amis de ses amis, distribuant
des places, apprivoisant même les Paloque, apportant à
la conquête de la ville tout son charme de jolie femme. (La Conquête
de Plassans.)
Conin.
Papetier au coin de la rue Feydeau. Fournit de carnets toute la Bourse,
depuis qu'il est aidé par la petite madame Conin. C'est un gros
homme qui ne sort jamais de son arriére-boutique, s'occupant
de la fabrication [25]. (L'Argent.)
Conin (Madame).
Femme du papetier. Elle sert au comptoir et fait les courses
au dehors. Grasse, blonde, rose, un vrai petit mouton frisé,
avec des cheveux de soie pâle, très gracieuse, très
câline, et d'une continuelle gaieté. Bile aime bien son
mari, dit-on, ce qui ne l'empêche pas, quand un boursier de la
clientèle lui plaît, d'être tendre, mais pas pour
de l'argent, uniquement pour le plaisir, et une seule fois, dans une
maison amie du voisinage, passage des Panoramas. Les heureux qu'elle
fait doivent se montrer discrets et reconnaissants, car elle reste adorée,
fêtée, sans un vilain bruit autour d'elle [26]. Saccard
lente inutilement de l'avoir [283]. (L'Argent.)
Coquart (Les).
Propriétaires de la ferme de Saint-Juste, le père,
la mère, trois fils et deux filles. Cultivent eux-mêmes
leur ferme, mais réussissent mal, tant la terre rapporte peu
[100]. ils sont forcés de vendre [473]. (La Terre.)
Coquet (Le Ménage).
Voisins des Lorilleux, rue de la Goutte-d'Or. S'entêtent
à allumer leur fourneau sur le carré, doivent trois termes
et se font donner congé [71]. (L'Assommoir.)
Corbière (Comte
de). Propriétaire du Paradou. Quand il est mort,
on a confié à Jeanbernat, son frère de lait, la
garde de cette sorte de parc de la Belle au Bois dormant [52]. (La Faute
de l'abbé Mouret.).
Corbreuse (Duc de).
Propriétaire d'une écurie de courses [384]. (Nana.)
Cornaille.
Le premier marchand de nouveautés de Valognes. C'est chez lui
que Denise Baudu a appris le commerce [2]. (Au Bonheur des Dames.)
Cornemuse.
Cheval de courses. Gagne le prix de la Ville de Paris [398]. (Nana.)
Cornille.
De la société Cornille et Jenard, qui exploitait au dix-huitième
siècle la concession minière de Joiselle, réunie
en 1760 à deux concessions voisines, celles du comte de Cougny
et du baron Desrumaux, pour former la Compagnie des mines de Montsou
[83]. (Germinal.)
Cornille (Abbé).
Prêtre de la cathédrale de Beaumont [169]. Un bon
abbé aimé des fidèles, il marie Félicien
de Hautecur et Angélique Marie. (Le Rêve.)
Correur (Madame Mélanie).
Une des plus .vieilles amies du ministre Rougon. Dame fort respectable,
face trop rose, front couvert de petits frisons de poupée blonde,
cou gras encore très beau, malgré ses quarante-huit ans
[7]. C'est une demoiselle Martineau, d'une bonne famille de Coulonges,
en Vendée, et elle ne s'explique jamais sur son nom de Correur.
A vingt-quatre ans, elle s'est enfuie avec un garçon boucher;
depuis ce temps, elle est morte pour sa famille [58]. On la retrouve
tenant l'hôtel Vaneau, rue Vaneau [33], où elle a eu des
faiblesses pour Eugène Rougon, alors à ses débuts.
Depuis que le grand homme est arrivé aux honneurs, elle fait
partie de, sa bande, poussant une foule de protégés, obtenant
des bureaux de tabac, des pensions, des faveurs de toute nature, faisant
d'ailleurs plusieurs métiers lucratifs, avec deux appartements,
un rue Blanche, l'autre rue Mazarine, où les fonctionnaires influents
trouvent des femmes aimables [228]. Cette vieille aventurière
qui a été toute la jeunesse du chaste Bougon compromet
à plaisir cet homme arrivé, et, pour hériter plus
vite d'un frère qui ne se dévide pas à mourir,
elle finit par enlizer le ministre dans la sale affaire Martineau, une
abominable arrestation qui ressemble à un assassinat [360]. Madame
Correur réalisera bientôt une de ses idées fixes,
qui est de se montrer à Coulonges, en femme cossue et respectée.
(Son Excellence Eugène Rougon.)
Cosinus.
Cheval de courses. Engagé dans le Grand-Prix de Paris [384].
(Nana.)
Cossard (Le Père).
souffleur aux Variétés. Un petit bossu [306]. (Nana.)
Coudeloup (Madame).
Boulangère rue des Poissonniers [203]. Fournit les Coupeau
jusqu'au jour où Lantier décide qu'on achètera
du pain riche à lu boulangerie viennoise [316]. (L'Assommoir.)
Couillot (Les).
Paysans de Rognes. Leur fils a le numéro 206 au tirage
au son [458]. (La Terre.)
Cougny (Comte de). Possédait
au dix-huitième siècle la concession de Cougny, réunie
en 1760 à celle de Joiselle (Cornille et Jenard) et à
celle de Montsou (Desrumaux, Fauquenoix et Cie), pour former la Compagnie
des mines de Montsou [83]. (Germinal.)
Coupeau (Maman).
Mère de madame Lerat, de madame Lorilleux et de Coupeau.
Ancienne giletière, fait des ménages à cause de
ses yeux qui s'en vont [52]. C'est une grosse femme dont les enfants
s'entendent mat et qui cherche à raccommoder tout le monde, heureuse
de trouver cent sous chez les uns et chez les antres [138]. A soixante-sept
ans, ses yeux sont complètement perdus. Gervaise la recueille
[202]. Elle aime les bons morceaux, boit la goutte en compagnie de sa
belle-fille, s'entend bien avec elle, puis, hostile au fond, elle en
dit pis que pendre, se plaint constamment aux Lorilleux. parvient à
faire battre toute la famille [353], assiste à la déchéance
du ménage Coupeau et se charge de tout porter au clou, où
les employés la connaissent sous le nom de la mère Quatre-Francs
[364]. Un asthme qui la met au lit pendant deux ou trois semaines tous
les ans finit par remporter; elle meurt une nuit où sou fils
est rentré ivre mort et elle est ensevelie par Gervaise et Lantier
[377]. (L'Assommoir.)
Coupeau (l). Né en 1824 à
Paris, 22, rue de la Goutte-d'Or [53]. Fils de maman Coupeau, frère
de madame Lerat et de madame Lorilleux. Mari de Gervaise Macquart. Père
d'Anna Coupeau, dite Nana. Ouvrier zingueur. A vingt-six ans, c'est
un garçon très propre, à la mâchoire inférieure
saillante, au nez légèrement écrasé, il
a de beaux yeux marrons, la face d'un chien joyeux et bon enfant. Sa
grosse chevelure frisée se tient tout. debout. [40]. De caractère
faible, tremblant devant les Lorilleux, il vit sans se soucier de l'avenir,
il a une drôlerie gouailleuse d'ouvrier parisien, c'est un bon
sujet, très sobre, on le surnomme Cadet-Cassis parce qu'il prend
généralement du cassis, quand les camarades le mènent
de force chez le marchand de vin [52]. Son père, ouvrier zingueur
comme lui, s'est écrabouillé la tête un jour de
ribotte en tombant de la gouttière du n° 25 de la rue
Coquenard et ce souvenir rend sage toute la famille [48].
Coupeau habite à l'hôtel Boncur.
II y rencontre Gervaise Macquart, qui vient d'être abandonnée
par Lantier; il en ferait bien sa maîtresse, mais comme elle refuse,
il l'épouse. Le ménage travaille courageusement pendant
quatre ans, le mari ne se dérangeant pas, rapportant ses quinzaines
[140]; une fille est venue, Anna ; on a mis six cents francs de côté,
Gervaise va s'établir, lorsqu'un malheur survient [146] : Coupeau
tombe du toit d'une maison de trois étages, rue de la Nation.
Sa convalescence dure quatre longs mois ; la paresse l'a envahi, il
a même refusé d'apprendre à lire pendant les interminables
journées où il restait étendu, à ne rien
faire. Très vexé de sa chute, il s'indigne contre cet
accident qui n'aurait pas dû arriver à un homme à
jeun [153], il a une rancune sourde contre le travail, trouve une joie
à ne rien faire, va blaguer les camarades au chantier et se met
à boire.
Gervaise a pu s'établir en empruntant
de l'argent. Coupeau ne travaille plus que par à-coups; il a
commencé par ne prendre que du vin, il rentre éméché,
puis les cuites s'accentuent, il vil dans un perpétuel mal de
cheveux qui lui enlève toute énergie et le lient altéré,
rôdant chez tous les marchands de vin du quartier [192]. Les Lorilleux
ont repris sur lui leur ancienne influence et désunissent sournoisement
le ménage. Coupeau ne se gêne plus ; du vin il passe à
l'eau-de-vie, il devient un fidèle client du père Colombe;
ce sont maintenant des ivresses blanches. La boisson l'a rendu tout
à fait coulant sur le chapitre de la fidélité conjugale;
il a ramené Lantier chez lui, l'a réconcilié avec
Gervaise et ce sont des noces à tout casser entre les deux hommes,
une promiscuité où Coupeau achève de perdre toute
dignité. Il ne touche plus aux outils, mange beaucoup, prospère
dans l'alcool, il a engraissé, sa face d'ivrogne se culotte,
ses cheveux maintenant poivre et sel, en coup de vent, flambent en brûlot,
il lui faut sa pâtée matin et soir, il ne s'inquiète
pas d'où elle lui tombe.
Coupeau assiste indifférent à
la lente déchéance de sa femme; il a pleuré comme
un veau devant sa mère morte [378], mais rien ne peut plus le
corriger, les ravages de l'alcool s'accentuent, il lui faut une chopine
d'eau-de-vie par jour, son teint se plombe, ses mains se mettent à
trembler. On l'a transporté à Lariboisière, pour
une fluxion de poitrine ; on est obligé de l'envoyer à
Sainte-Anne, il a le délire. Sept fois en trois ans, il subit
cet internement chez les fous, ne sortant que pour voir Gervaise de
plus en plus avachie, l'habituant à boire, la poussant à
la prostitution, provoquant par ses grossièretés la fuite
de Nana. C'est le relâchement complet, l'anéantissement
de la famille. A cette époque, le poison achève son uvre.
Le corps du malheureux, imbibé d'alcool, commence à se
ratatiner. Les joues creuses, les yeux dégoûtants, l'ancien
zingueur passe courbé, vacillant, vieux comme les rues. Il est
devenu sourd d'une oreille en quelques jours, sa vue baisse, puis ce
sont des paralysies partielles [500]. Agé de quarante-quatre
ans, Coupeau finit par mourir à l'asile Sainte-Anne, dans un
dernier accès de folie alcoolique [566].
(l) Coupeau, ouvrier, de famille alcoolique,
marié en 1852 à Gervaise Macquart. (Arbre généalogique
des Rougon-Macquart.)
Coupeau (Madame). Voir MACQUART (Gervaise).
Coupeau (Anna).
Voir NANA.
Coupeau (Louis).
Voir LOUISET.
Courajod.
Maître paysagiste, l'auteur de la Mare de Gagny, un tableau du
Luxembourg [175]. C'est un vieil artiste disparu avant sa mort, et qui
se survit, retiré dans une petite maison de la rue de l'Abreuvoir,
derrière Montmartre, au milieu de poules, de canards et de chiens.
Ce maître, qui a inventé le paysage moderne, vit là,
inconnu, fini, terré comme une taupe; ses quatre-vingts ans l'ont
rapetissé à la taille d'un gamin, il a tout oublié,
l'évocation de sa gloire par Claude Lantier lui fait peur, il
la repousse par des paroles sans suite, mâchonnées entre
ses gencives, un zézaiement de vieillard retombé en enfance
[349]. (L'uvre.)
Coutard.
Soldat d'infanterie. Appartient à la deuxième division
du ler corps, battue le 4 août 1870 à Wissembourg. 11 lavait
sa chemise, ses camarades faisaient la soupe, quand les obus se sont
mis à pleuvoir sur les marmites. Jusqu'à onze heures,
on s'est cru vainqueur, mais les cinq mille hommes d'Abel Douay ont
été assaillis par de vraies fourmilières de soldais
ennemis, des files de fourmis qui submergeaient tout. On s'est retranché
sur le Geissberg, on a tué beaucoup de Prussiens ; ils sautaient
en l'air, ça faisait plaisir de les voir retomber sur le nez,
mais il en arrivait toujours, dix hommes contre un, du canon tant qu'on
en demandait. Il a bien fallu déguerpir [62]. Puis, après
la surprise imbécile de Wissembourg, c'est l'écrasement
de Frschwiller, l'effroyable déroute, et l'on retrouve
quinze jours plus tard, près de Reims, le soldat Coutard et son
camarade Picot, du 7e corps, tous deux en loques, couverts de boue,
pareils à des bandits las de rouler les routes. Ils rallient
leur régiment le 22 août. (La Débâcle.)
Grasse (La).
Surnom d'un professeur du collège de Plassans. Les élèves
l'ont appelé ainsi parce qu'il teignait les chaires en noir,
du continuel frottement de sa tête [37]. (L'uvre.)
Crèvecur.
Marchand de dentelles, rue du Mail Henri Deloche quitte sa maison
et entre au Bonheur des Dames, le même jour que Denise Baudu [69].
(Au Bonheur des Dames.)
Cron.
Charretier à Vendôme. Père de Léonie Cron.
On l'appelle Cron le cocu [411]. (L'Argent.)
Cron (Léonie).
Une fille de Vendôme, séduite par un noble
ruiné, le comte de Beauvilliers. Est restée sans un sou
à la mort du comte, avec un chiffon de papier inutile, une reconnaissance
de dix mille francs, payable à sa majorité, mais légalement
sans valeur. Dévorée du désir de venir à
Paris, elle a, moyennant une somme infime, cédé à
l'usurier Charpier cette reconnaissance nui tombera plus tard aux mains
de Busch. Celui-ci fait rechercher Léonie, successivement bonne
à tout faire chez un huissier, un boucher, une daine galante,
un dentiste, chassée de partout pour inconduite notoire, complètement
disparue [155], puis enfin, après dix ans de prostitution, retrouvée
dans une maison publique de la rue Feydeau, où elle porte le
nom de Léonide. C'est une grosse fille, aux durs cheveux noirs
tombant sur les sourcils, à fa face plaie et molle, d'une bassesse
immonde [318]. Et, moyennant la promesse d'un don de mille francs, elle
consent à être l'instrument de Busch dans le chantage qu'il
prépare contre la comtesse de Beauvilliers [411]. (L'Argent.)
Cuche (Famille).
Pêcheurs habitant Bonneville et ruinés par une tempête
qui a détruit leur maison. Cuche s'est réfugié
chez ses cousins Gonin où il sera bientôt maître
de la maison, la paralysie du mari lui livrant la femme et la barque
[128]. Il vit maritalement avec sa cousine, la femme Gonin, rouant de
coups le mari infirme, provoquant sans doute sa mort [428].
La femme Cuche est allée s'installer
au fond d'un poste de douaniers tombé en ruine et, malgré
sa laideur repoussante, elle couche avec tout le pays. L'enfant, âge
de trois ans, a suivi sa mère et vit avec elle dans une affreuse
promiscuité. A douze ans, c'est un galopin efflanqué,
maigre de vices précoces [127], secouru par Pauline Quenu qui
fait beaucoup de bien dans le pays. A dix-sept ans, il est devenu robuste,
mais refuse absolument de travailler, par haine de la servitude. Sa
mère, aujourd'hui contrefaite et boitant affreusement, se prostitue
à tous les hommes pour trois sous ou pour un reste de lard [272].
Plus tard, enfin, comme elle est trop vieille et que les hommes n'en
veulent plus, le jeune Cuche bat le pays pour lui amener du monde. Il
porte pour tout vêtement une vieille culotte et un morceau de
chemise déloquetée. Pauline lui a trouvé une place
d'homme d'équipe sur la ligne de Cherbourg, mais le petit sauvage
préfère ne pas manger et rester libre [426], vivant de
rapines comme un loup. (La Joie de vivre.)
Cudorge (Mesdames).
La mère et la fille. Marchandes de parapluies rue Neuve
de la Goutte-d'Or, voisines de Gervaise. Ne se montrent jamais [171].
(L'Assommoir.)
Cugnot.
Meunier de Chartres. Ruiné par un procès, il a envoyé
sa fille faire fortune a Paris, avec vingt francs dans la poche [154].
(Au Bonheur des Dames.)
Cugnot (Pauline).
Fille du meunier. A débuté à Paris comme
vendeuse, d'abord au fond d'un magasin des Batignolles, puis au Bonheur
des Dames; de terribles débuts, toutes les blessures et toutes
les privations. C'est une fille a figure large, l'air agréable.
Vendeuse du rayon de la lingerie, elle gagne deux cents francs par mois,
prend des plaisirs, laisse couler ses journées dans l'insouciance.
Son premier amant fut un clerc d'avoué, qu'elle connut dans une
partie, à Meudon; elle s'est mise ensuite avec un employé
des postes et maintenant, elle fréquente un vendeur du Bon Marché,
Baugé, chez qui elle passe toutes ses heures libres. Pauline
n'a jamais qu'un amant à la fois, sa conviction est que les femmes
vivant de leur travail ne peuvent se suffire, mais comme elle est honnête,
elle s'indigne lorsqu'on parle de ces filles qui se donnent au premier
venu [157]. Se rappelant ce qu'elle a souffert, les premiers mois, dans
son rayon, elle est secourable à Denise Baudu, sans rien comprendre
pourtant aux idées de la jeune fille, qui résiste à
ses conseils pratiques avec un incroyable entêtement. Pauline
finit par se marier avec Bauge, compromettant ainsi sa position au Bonheur
des Dames, où l'on n'aime guère les ménages, où
l'on traite les vendeuses mariées en sabots, en femmes perdues
pour le commerce [397]. Devenue enceinte, elle passerait sans pitié
à la caisse, si Denise, devenue toute-puissante, ne la sauvait
du terrible Bourdoncle [431]. (Au Bonheur des Dames.)
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