Numérisation : Jean
Franval
Mise en forme HTML : T. Selva
Le marquis De Sade
1740 - 1814
Les 120 jours de Sodome
ou
L''ecole du Libertinage
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Voici un livre nauséabond,
à tel point qu'il semble voué à finir comme il fut écrit,
sous forme de feuilles volantes clouées au mur d'un cabinet d'aisances,
et qui ne seront lues qu'avant un usage plus définitif. Un livre à
peine ébauché, dont seul le squelette, fossilisé sous des
boisseaux d'excréments, nous est parvenu. Un livre criminel, et pourtant
empreint de la plus froide raison. Un livre commis par un captif dans le but de
se masturber, mais qui ne saurait être qualifié d'érotique.
Un livre, enfin, sans lequel une bibliothèque, privée ou publique,
ne saurait se dire complète, et qui pour toutes ces raisons est un irréfutable
témoignage de la force irrésistible, au siècle du multimédia,
de l'écrit. La langue de Sade est ici brute, jamais relue, semée de fautes, et d'autant plus drue et élégante. Elle est pleinement accessible au lecteur moderne, qui doit simplement être averti que des "carreaux" désignent des "coussins", et des "camions" des "épingles". Homo sum, et nihil humanum a me alienum puto" (Terence) |
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Rouleau manuscrit des 120 journées Écrit
à la Bastille à la fin de 1785, Sade croyait l'avoir irrémédiablement
perdu (il ne le reverra en effet jamais) lors de l'incendie de la forteresse,
le 14 juillet 1789, et le pleura « en larmes de sang ». Il fut en
fait récupéré durant le sac par un certain Arnoux Saint-Maximim,
puis offert au marquis de Villeneuve-Trans. Vendu par ses descendants en 1900
à un amateur allemand, il est édité pour la première
fois en 1904 par le psychiatre allemand Iwan Bloch sous le pseudonyme d'Eugen
Dürhen. Racheté en 1929 par Maurice Heine pour le compte du vicomte
de Noailles, édité enfin avec un soin particulier, il est à
présent chez un collectionneur privé genevois. |