Numérisation : Jean
Franval
Mise en forme HTML : T. Selva
Les 120 jours
de Sodome
ou
L''ecole
du Libertinage
Ving deuxième journée
(XXVI) Vingt-deuxième journée Il résulta de ces bacchanales nocturnes que l'on fit très peu de choses ce jour-là; on oublia la moitié des cérémonies, on dîna en l'air, et ce ne fut guère qu'au café que l'on commença à se reconnaître. Il était servi par Rosette et Sophie, Zélamir et Giton. Curval, pour se remettre, fit chier Giton, et le duc avala l'étron de Rosette; l'évêque se fit sucer par Sophie et Durcet par Zélamir; mais personne ne déchargea. On passa au salon; la belle Duclos, très malade des excès de la veille, ne s'y offrit qu'en battant l'oeil, et ses récits furent si courts, elle y mêla si peu d'épisodes, que nous avons pris le parti de la suppléer et d'extraire au lecteur ce qu'elle dit aux amis. Suivant l'usage, elle raconta cinq passions. La
première fut celle d'un homme qui se faisait branler le cul
avec un godemiché d'étain que l'on remplissait d'eau
chaude, et qu'on lui seringuait dans le fondement à l'instant
de son éjaculation, à laquelle il procédait de
lui-même et sans qu'on le touchât. L'historienne, véritablement excédée après sa tâche remplie, demanda permission de se retirer; elle lui fut accordée. On polissonna quelques instants, après quoi on fut se mettre à table, mais tout se sentait encore du désordre de nos deux acteurs principaux. On fut également aussi sage aux orgies qu'il était possible que de tels libertins le fussent, et tout le monde fut au lit assez tranquille. |