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Gustave Flaubert / 1821 - 1880
Oeuvres de jeunesse


Smarh

Smarh

« Voici en deux mots ce que c'est : Satan conduit un homme (Smarh) dans l'infini, ils s'élèvent tous deux dans les airs à des distances immenses. Alors en découvrant tant de choses Smarh est plein d'orgueil. Il croit que tous les mystères de la création et de l'infini lui sont révélés mais Satan le conduit encore plus haut. Alors il a peur, il tremble, tout cet abîme semble le dévorer. Il est faible dans ce vide, ils redescendent sur la terre. Là c'est son sol, il dit qu'il est fait pour y vivre et que tout lui est soumis dans la nature. Alors survient une tempête, la mer va l'engloutir, il avoue encore sa faiblesse et son néant. Satan va le mener parmi les hommes : 1° le sauvage chante son bonheur, sa vie nomade mais tout à coup un désir d'aller vers la cité le prend, il ne peut pas y résister, il part. Voilà donc les races barbares qui se civilisent ; 2° ils entrent dans la ville, chez le roi accablé de douleurs en proie aux sept péchés capitaux, chez le pauvre, chez les gens mariés, dans l'église qui est déserte. Toutes les parties de l'édifice prennent une voix pour se plaindre, depuis la nef jusqu'aux dalles tout parle et maudit Dieu. Alors l'église devenue impie s'écroule. Il y a dans tout cela un personnage qui prend part à tous les événements et les tourne en charge. C'est Yuk le dieu du grotesque. Ainsi à la première scène pendant que Satan débauchait Smarh par l'orgueil, Yuk engageait une femme mariée à se livrer à tous les hommes venus sans distinction. C'est le rire à côté des pleurs et des angoisses, la boue à côté du sang. Voilà donc Smarh dégoûté du monde. Il voudrait que tout fût fini là mais Satan va au contraire lui faire éprouver toutes les passions et toutes les misères qu'il a vues. Il le mène sur des chevaux ailés sur les bords du Gange. Là, orgies monstrueuses et fantastiques. La volupté tant que je pourrai le concevoir, mais la volupté le lasse. Il éprouve donc encore l'ambition. Il devient poète, après ses illusions perdues son désespoir devient immense, la cause du ciel va être perdue. Smarh n'a point encore éprouvé d'amour. Se présente une femme... une femme... il l'aime. Il est redevenu beau et sain, mais Satan en devient amoureux aussi, alors ils la séduisent chacun de leur côté. A qui sera la victoire ? A Satan comme tu le penses ? - Non, à Yuk le grotesque, cette femme c'est la Vérité et le tout finit par un accouplement monstrueux. Voilllà un plan chouette et quelque peu rocailleux.»

A Ernest Chevalier. 18 Mars 1839.

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Novembre

« Au mois d'avril, je compte vous montrer quelque chose. C'est cette ratatouille sentimentale et amoureuse dont je vous ai parlé. L'action y est nulle. Je ne saurais vous en donner une analyse, puisque ce ne sont qu'analyses et dissections psychologiques. C'est peut-être très beau ; mais j'ai peur que ce ne soit très faux et passablement prétentieux et guindé. »

A Gourgaud-Dugazon. 22 janvier 1842.

« J'ai relu Novembre , mercredi par curiosité. J'étais bien le même particulier il y a onze ans qu'aujourd'hui ! (à peu de choses près du moins ; ainsi j'en excepte, d'abord, une grande admiration pour les putains, que je n'ai plus que théorique et qui jadis était pratique). Cela m'a paru tout nouveau, tant je l'avais oublié. Mais ce n'est pas bon. Il y a des monstruosités de mauvais goût, et en somme l'ensemble n'est pas satisfaisant. Je ne vois aucun moyen de le récrire, il faudrait tout refaire. - Par-ci, par-là une bonne phrase, une belle comparaison. Mais pas de tissu de style. Conclusion : Novembre suivra le chemin de l'Education sentimentale, et restera avec elle dans mon carton indéfiniment. Ah ! quel nez fin j'ai eu dans ma jeunesse de ne pas publier ! Comme j'en rougirais maintenant !

A Louise Colet. 28 octobre 1853.

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Extraits des oeuvres de jeunesse :

Voyage en enfer
La femme du monde
Agonies
Mémoires d'un fou (texte intégral)
Bibliomanie

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