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Gustave Flaubert / 1821 - 1880
Oeuvres de jeunesse


Smarh
Vieux Mystère

(1)

Cette oeuvre, inédite jusqu'à ce jour, n'a pas obtenu le prix Montyon.
Le curieux, le malheureux, qui ouvrira ceci, pourra s'en étonner, car sa bêtise semblerait devoir le lui décerner de droit. Smarh vieux mystère.

La mère en permettra la lecture à sa fille. (L'auteur.)
Indigesta moles. (Ovide)


Smarh.

L'archange Michel avait vaincu Satan lors de la venue du Christ.
Le Christ était venu sur la terre, comme une oasis dans le désert, comme une lueur dans l'ombre, et l'oasis s'était tarie, et la lueur n'était plus, et tout n'était que ténèbres.
L'humanité, qui, un moment, avait levé la tête vers le ciel, l'avait reportée sur la terre ; elle avait recommencé sa vieille vie, et les empires allaient toujours, avec leurs ruines qui tombent, troublant le silence du temps, dans le calme du néant et de l'éternité.
Les races s'étaient prises d'une lèpre à l'âme, tout s'était fait vil.
On riait, mais ce rire avait de l'angoisse, les hommes étaient faibles et méchants, le monde était fou, il bavait, il écumait, il courait comme un enfant dans les champs, il suait de fatigue, il allait se mourir.
Mais avant de rentrer dans le vide, il voulait vivre bien sa dernière minute ; il fallait finir l'orgie et tomber ensuite ivre, ignoble, désespéré, l'estomac plein, le coeur vide.
Satan n'avait plus qu'à donner un dernier coup, et cette roue du mal qui broyait les hommes depuis la création allait s'arrêter enfin, usée comme sa pâture.
Et voilà qu'une fois on entendit dans les airs comme un cri de triomphe, la bouche rouge de l'enfer semblait s'ouvrir et chanter ses victoires.
Le ciel en tressaillit. La terre demandai-elle un nouveau messie ? Tournait-elle, dans ses agonies, ses dernières espérances vers le Christ ? Non, la voix répéta plusieurs fois : « Michel à moi ! Réponds ici ! » Cette voix était triomphante, pleine de colère et de joie.

La Voix.

Ton pied me terrassa jadis, et je sentis ton talon me broyer la poitrine, car alors le Christ avait affermi cette terre où tu me foulais, elle était jeune et pure ; maintenant elle est vieille, usée, ton pied y entrerait dans les cendres.
Mon orgueil me dévora le coeur, mais le sang de ce coeur ulcéré, je l'ai versé sur la terre, et cette rosée de malédiction a porté ses fruits.
Maintenant, pas une vertu que je n'aie sapée par le doute, pas une croyance que je n'aie terrassée par le rire, pas une idée usée qui ne soit un axiome, pas un fruit qui ne soit amer. La belle oeuvre !
Oh ! Cette terre, terre d'amour et de bonheur, faite pour la félicité de l'homme, comme je l'ai maniée et pétrie, comme je l'ai battue, fatiguée, comme j'ai remué dans sa bouche le mors des douleurs !
Tout le sang que j'ai fait répandre (si la terre ne l'avait pas bu) ferait un Océan plus large que toutes les mers du créateur. Toutes les malédictions sorties du coeur feraient un beau concert à la louange de Dieu.
Et puis je leur ai donné des chimères qu'ils n'avaient pas ; j'ai jeté en l'air des mots, ils ont pris cela pour des idées, ils ont couru, ils se sont évertués à les comprendre, ils ont creusé leurs petits cerveaux, ils ont voulu voir le fond de l'abîme sans fin, ils se sont approchés du bord et je les ai poussés dedans.
Merci, vous tous qui m'avez secondé ! Honneur à l'amitié qui s'appelle grandeur et qui m'a livré les poètes, les femmes, les rois ! Honneur à la colère ivre qui casse et qui tue ! Honneur à la jalousie, à la ruse, à la luxure qui s'appelle amour, à la chair qui s'appelle âme ! Honneur à cette belle chose qui tient un homme par ses organes et le fait pâmer d'aise, grandeur humaine !
Vive l'enfer ! A moi le monde jusqu'à sa dernière heure ! Je l'ai élevé, j'ai été sa nourrice et sa mère, je l'ai bercé dans ses jeunes ans ; j'ai été sa compagne et son épouse. Comme il m'a aimé ! Comme il m'a pris !
Et moi, de quel ardent amour je lui ai imposé mes baisers de feu !
Je veillerai jusqu'à sa dernière heure sur ses jours chéris, je lui fermerai les yeux, je me pencherai sur sa bouche pour recueillir son dernier râle et pour voir si sa dernière pensée te bénira, Créateur.
Et maintenant, Archange, je t'ai vaincu à mon tour, chaque jour je t'insulte, chaque jour je prends l'empire du Christ, chaque jour des âmes entières se donnent à moi.
Et je sais un homme saint entre les saints, qui vit comme une relique ; cet homme-là, tu verras comme je vais le plonger dans le mal en peu d'heures, et puis tu me diras si la vertu est encore sur la terre, et si mon enfer n'a pas fondu depuis longtemps ce vieux glaçon qui la refroidissait.
Tu verras que de telles oeuvres me rendraient bien digne de créer un monde et si elles ne me font pas l'égal de celui qui les enfante !

Le soir, en Orient, dans l'Asie Mineure, un vallon avec une cabane d'ermite ; non loin, une petite chapelle.

Un Ermite.

Allez, mes chers enfants, rentrez chez vous avec la paix du Seigneur ; l'homme de Dieu vient de vous bénir et de vous purifier, puisse sa bénédiction être éternelle et sa purification ne jamais s'effacer ! Allez, ne m'oubliez pas dans vos prières, je penserai à vous dans les miennes.
(Après avoir congédié ses fidèles.)
Je les aime tous, ces hommes, et mon coeur s'épanouit quand je leur parle de Dieu ; ces femmes me semblent des soeurs et des anges, et ces petits enfants, comme je les embrasse avec plaisir !
Oh ! Merci, mon Dieu, de m'avoir fait une âme douce comme la vôtre et capable d'aimer ! Heureux ceux qui aiment ! Quand j'ai jeûné longtemps, quand j'ai orné de fleurs cueillies sur les vallées ton autel, quand j'ai longtemps prié à genoux, longtemps regardé le ciel en pensant au paradis, que j'ai consolé ceux qui viennent à moi, il me semble que mon coeur est large, que cet amour est une force et qu'il créerait quelque chose.
Je suis content dans cette retraite, j'aime à voir la rivière serpenter au bas de la vallée, à voir l'oiseau étendre ses ailes et le soleil se coucher lentement avec ses teintes roses. Cette nuit sera belle, les étoiles sont de diamant, la lune resplendit sur l'azur ; j'admire cela avec amour, et quand je pense aux biens de l'autre vie, mon âme se fond en extases et en rêveries.
Merci, merci mon Dieu ! Je suis heureux, vous m'avez donné l'amour, que faut-il de plus ? Quand vous m'appellerez à vous, je mourrai en vous bénissant et je passerai de ce monde dans un autre meilleur encore. Bonheur, joie, amour, extases, tout est en vous !
(Il s'agenouille et prie.)

Satan, en costume de docteur.

Pardon, maître, de vous interrompre dans vos pieuses pensées.

Smarh.

L'homme de Dieu se doit à tous.

Satan.

Maître, je suis un docteur grec, qui ai traversé les déserts pour venir recueillir les paroles de votre bouche et converser avec vous sur nos hautes destinées. Un homme comme vous en sait long ; nous sommes savants, nous autres, n'est-ce pas ?

Smarh.

Quelle est cette science ?

Satan.

Plus grande que vous ne croyez. Cependant, frère, à force d'avoir réfléchi et creusé en nous-mêmes, nous sommes arrivés à résoudre d'étranges problèmes ; pour moi, rien n'est obscur. (A part.) Tout est noir.

Une femme mariée entre pour parler à Smarh.

Yuk.

Que voulez-vous, douce mie ?

La Femme.

Consulter notre père en religion.


Yuk.

Il est maintenant occupé à réfléchir, à causer, à disserter, à savantiser avec ce saint homme que vous voyez là, en habit de docteur, et on ne peut l'approcher.

La Femme.

Un docteur ! Est-ce un nonce du pape ? Ou quelque théologien de Grèce ?

Yuk.

C'est l'un et l'autre ; il est fort lié avec la papauté et les moines, auxquels il a conseillé d'excellents tours pour se divertir. Pour la théologie, il la connaît. Vous connaissez votre ménage, et, comme vous, il y jette de l'eau trouble et y fait pousser des cornes.

La Femme.

Que voulez-vous dire là ?

Yuk.

Que vous êtes bien gentille, ravissante, avec une gorgette à faire pâmer toute une classe d'écoliers.

La Femme.

Fi ! Les propos déshonnêtes ! Laissez-moi, je veux parler à l'ermite.

Yuk.

Ne craignez rien, vous dis-je, je suis un vieux sans vigueur dans les reins. Autrefois j'étais bon et j'aurais peuplé tout un désert, maintenant je me suis consacré au service de la religion et je suis en tout lieu mon saint maître, qui me laisse faire le gros de la besogne, comme d'allumer les cierges, d'apprêter le dîner, de confesser, de préparer les hosties, de nettoyer, de gratter, d'écurer ; je suis, en un mot, son serviteur indigne, vous voyez qu'il ne faut pas avoir peur de moi, je suis bien diable et gai en mes discours, mais sage comme une pierre en mes actions. Et vous, qui êtes-vous, la mère ? Vous m'avez l'air d'une bonne femme. Vous êtes mariée, j'en suis sûr, je vois ça à certaines choses, mariée à un brave homme. Oh ! Un bon, excellent homme, mais un peu benêt, entre nous soit dit ; je le connais, et la nuit de vos noces vous fûtes même obligée de lui apprendre certaines choses que les femmes ordinairement savent trop bien, mais qu'elles font semblant d'ignorer ; j'en ai connu qui se pâmaient ainsi de pudeur, et qui, tout en disant : " que faites-vous là ? " , connaissaient le métier depuis l'âge de neuf ans. Mais vous, tout en étant mariée, vous êtes demeurée sage comme la vierge ; vous avez des enfants... charmants, qui ressemblent à leur mère.

La Femme.

Vous êtes donc du pays pour savoir cela ? Oui, je les aime bien, ces pauvres enfants !

Yuk.

Et vous êtes heureuse ainsi ?

La Femme.

Bien heureuse, mon seigneur, que me faut-il de plus ?

Smarh, répond au docteur.

A vous dire vrai, je n'ai jamais cherché le bonheur dans la science, je n'ai point travaillé, lu, compulsé.

Satan.

Ni moi non plus, il y a là dedans plus de vanité que d'autre chose ; mais ce n'est point la science des livres dont je parle, maître, c'est celle du coeur et de la nature.

Smarh.

Sans doute ! Alors j'ai mûrement réfléchi, et bien des ans de ma vie.

Satan.

J'avais donc raison de dire que vous étiez savant. Ce mot-là doit-il s'appliquer à un homme qui possède beaucoup de livres, comme à une bibliothèque, plutôt qu'à un autre qui est saint, qui possède Dieu, car la vraie science, c'est Dieu.

Smarh.

Oui, Dieu est l'unique objet de mon étude.

Satan.

Vous êtes donc plus que savant, vous êtes un saint. Heureuse vie ! Etre ainsi au milieu de cette belle nature, prier Dieu tout le jour, être entouré du respect de la contrée, car à toute heure on vient vous consulter sur toute matière, sur la religion et sur la vie, sur la mort et l'éternité ; hommes, femmes, enfants, tout le monde accourt à vous ; vous êtes comme le bon ange du pays, pas une larme que vous n'essuyiez, pas une peine, pas un chagrin qui ne soit soulagé ; vous raccommodez les familles, vous mettez la paix dans les ménages, saint homme !

Smarh, humilié.

Oh ! Vous me flattez, frère !

Satan.

Non, non, je me complais dans ce ravissant tableau. Vous dites aux femmes libertines : « allez, rentrez dans vos ménages, aimez Dieu et vos enfants » ; aux enfants, de pratiquer la religion ; aux valets : « aimez, servez vos maîtres » ; aux voleurs : « soyez honnêtes gens » ; quand un pauvre vient vous demander l'aumône, vous dites pour lui des prières.

Smarh, étonné.

Qu'ai-je donc ?

Satan.

Et jamais, car vous êtes trop saint pour cela, en confessant dans votre cellule des jeunes femmes, quand vous êtes là seuls, enfermés tous les deux, et qu'on ne pourrait pas vous voir, jamais il ne vous est venu à l'idée de soulever un peu le voile qui cache des contours indécis et de retrousser doucement avec la main ce jupon qui cache un bas de jambe sur lequel la pensée monte toujours ? ... et quand vous dites à ces femmes d'aimer leurs maris, ne pensez-vous point qu'elles en aiment d'autres et que leurs maris vont forniquer avec les filles du démon ? Quand vous dites à ces hommes d'aimer leurs enfants, il ne vous vient pas à la pensée que ces enfants ne sont pas à eux, et que, lorsqu'ils voudront se coucher dans leur lit, la place sera prise et le trou bouché ?

Smarh.

Non, jamais ! Mais qui même vous a appris de telles choses ? Il me semble que ce n'est point ainsi que je pensais ; vous m'ouvrez un monde nouveau.

Satan.

Vous ne pensez pas encore (car à quoi pensez-vous ? ) que le voleur à qui vous conseillez l'honnêteté, perdrait son état en devenant honnête homme ; que les femmes perdues se sécheraient sur pied avec la vertu ; qu'un valet qui ne haïrait point son maître ne serait plus un valet, et que le maître qui ne battrait plus un valet ne serait plus son maître.
Il est des choses plus surprenantes encore, car chaque jour vous dites sans scrupule : « faites le bien, évitez le mal, aimez Dieu, nous avons une âme immortelle » sans savoir ce que c'est que le bien et le mal, sans jamais avoir vu Dieu, sans savoir s'il existe, et vous en rapportant à la foi d'un vieux prêtre radoteur qui, comme vous, n'en savait rien ; pour l'âme, vous en êtes sûr, convaincu, persuadé, vous donneriez votre sang pour elle, et qui vous l'a démontrée ? Est-ce que vous sentez votre âme, comme votre estomac qui crie : j'ai faim, comme vos yeux qui, fatigués, demandent à être fermés, comme votre ventre qui vous chante : accouve-toi ou bien je vais faire quelque saleté ? Dis, ton âme a-t-elle faim, dort-elle, marche-t-elle, la sens-tu en toi ?

Smarh.

Questions embarrassantes ! Je n'y avais jamais songé.

Satan.

Embarrassé pour si peu de chose ! Cela est clair comme le jour, car tu dépeins à tout le monde la nature de cette âme, ses besoins, ses douleurs, ses destinées, ses châtiments ; et tu te sens embarrassé pour si peu de choses ! Comment ? Mon ami, je te croyais plus d'intelligence pour un homme du Seigneur. Heureux homme ! Tu es donc sans conscience, puisque tu enseignes et démontres des choses que tu ne sais pas.

Yuk, à la femme.

Heureuse avec un pareil homme ?

La Femme.

Mon dieu, oui, il le faut bien.

Yuk.

Oui, il faut bien se résigner, n'est-ce pas ? Mais pour cela le coeur est lourd, tout en faisant le ménage on est triste, et de grosses larmes vous remplissent les yeux : « si le sort avait voulu pourtant, je serais autre, mon mari serait beau, grand, joli cavalier, aux sourcils noirs et aux dents blanches, à la bouche fraîche ; pourquoi donc n'ai-je pas eu ce bonheur ? », et l'on rêve longtemps, on s'ennuie, le mari revient, il sent le vin, l'ivrogne ! Quel homme !
Vous vous demandez si cela sera toujours ainsi, on se sent seule, isolée dans le monde, sans amour ; il fait bon en avoir pour vivre ! Jadis vous avez vu un beau jeune homme qui vous baisait la main, et souvent les soldats passent sous vos fenêtres ; aux bains vous avez aperçu (et vous avez rougi aussitôt) des hommes nus, la drôle de chose ! Et vous rêvez de tout cela, ma petite. Le soir, en vous couchant, vous vous trouvez bien malheureuse et vous vous endormez en pensant aux hommes des bains publics, à votre jeune amant, aux soldats, que sais-je ? Vous avez un bataillon de cuisses charnues dans la tête : « si j'en avais seulement deux sur les miennes » , dites-vous, et vous faites les plus beaux rêves du monde.

La Femme.

Oh ! Le méchant homme !

Yuk.

Longtemps vous vous êtes bornée aux rêveries, aux rêves, aux démangeaisons, mais l'aiguillon de la chair vous tient depuis longtemps, et chaque jour vous dites : « quand cela arrivera-t-il ? Est-ce bientôt ? »

La Femme.

Hélas ! Il faut bien vous le dire ; mais je résiste, je combats, et je venais consulter même...

Yuk.

Que vous êtes simple ! Avez-vous besoin d'un ermite pour vous enseigner ce que vous avez à faire ? Si la vertu existe, chaque créature doit pouvoir d'elle-même la discerner et la mettre en pratique.

La Femme, à part.

Je n'y avais point songé. (haut.) Oui, vous avez raison, je résisterai bien seule, d'ailleurs, je chasserai bien seule ces idées qui m'obsèdent.

Yuk

Vous obsèdent, dites-vous ? Au contraire, elles vous sont agréables. Qu'il est doux de penser à cela tout le jour, de se figurer ainsi quelque chose de beau qui vous accompagne et vous entoure de ses deux bras !

La Femme.

Chaque jour je me reproche ces pensées comme un crime, j'embrasse mes enfants pour me ramener à quelque chose de plus saint, mais hélas ! Je vois toujours passer devant moi cette image tendre, confuse, voilée.

Yuk.

Et lorsque le soir vient, n'est-ce pas ? Et que les rayons du soleil meurent sur les dalles, que les fleurs d'oranger laissent passer leurs parfums, que les roses se referment, que tout s'endort, que la lune se lève dans ses nuages blancs, alors cette forme revient, elle entre, et cette bouche dit : « Aime-moi ! Aime-moi ! Viens ! Si tu savais toutes les délices d'une nuit d'amour ! Si tu savais comme l'âme s'y élargit, comme au grand jour heureux, nos deux corps nus sur un tapis, nous embrassant, si tu savais comme je prendrai tes hanches, comme j'embrasserai tes seins, comme je reposerai ma tête sur ton coeur et comme nous serons heureux, comme nous nous étendrons dans nos voluptés ! » n'est-ce pas ? C'est à cela qu'on pense, c'est cela qu'on souhaite, c'est pour cela qu'on brûle de désir ?

La Femme.

Assez ! Vous me rappelez tout ce que je sens en traits de feu, ces pensées-là me font rougir, j'en ai honte.

Yuk.

Pourquoi ? Ne sont-elles pas belles et douces et riantes comme les roses ? C'est une soif qu'on a, n'est-ce pas ? On a quelque chose au fond du coeur de vif et d'impétueux comme une force qui vous pousse ?

La Femme.

Je ne sais comment résister à cette force.

Yuk.

Souvent, n'est-ce pas ? Vous aimez à vous regarder nue, vous vous trouvez jolie ? « quelle jolie cuisse ! Quel beau corps ! Quelle gorge ronde ! Et quel dommage ! » dites-vous.

La Femme.

Oh ! Oui, souvent j'ai vu des yeux d'hommes s'arrêter longtemps sur les miens ; il y en a qui semblaient lancer des jets de flamme, d'autres laissaient découler une douceur amoureuse qui m'entrait jusqu'au coeur.

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