Le marquis De Sade
1740 - 1814
Biographie du marquis de Sade
Donatien
Alphonse François, Biographie
du Marquis de Sade : Après une seconde incarcération de six mois en 1768 pour flagellation, il est accusé en 1772 d'empoisonnement pour avoir rendu malade une prostituée à qui il avait fait prendre des dragées aphrodisiaques. Il est condamné à mort par contumace. Arrêté, puis évadé, il est finalement repris et, sous le coup d'une lettre de cachet, incarcéré successivement à Vincennes, à la Bastille et à Charenton. C'est pendant cette longue période d'emprisonnement que Donatien Alphonse François de Sade commence à écrire pour dissiper son ennui. Il est libéré en 1790 par la Révolution comme toutes les victimes de lettres de cachet. Pendant la Révolution, ses deux fils émigrent, sa femme obtient la séparation du fait de ses violences conjugales. Ses biens en Provence ayant été pillés, sans ressources, le Marquis de Sade essaie de faire jouer ses pièces de théâtre pour pouvoir survivre. Bien qu'ayant milité dans une section révolutionnaire de quartier, il est condamné à mort en 1793. Il échappe à la guillotine à cause d'une erreur administrative. Il vit alors modestement de ses publications. Il est arrêté en 1801 à cause de ses écrits outrageux et de leur violence pornographique et interné par décision administrative à l'asile de fous de Charenton. Bien que totalement lucide et malgré ses protestations, il va y rester jusqu'à sa mort. Il aura passé 30 années en prison. Maîtrisant
parfaitement la langue française, le Marquis de Sade alterne dans ses ouvrages
les scènes pornographiques souvent extrêmes et les dissertations
philosophiques. Dans "Dialogue entre un prêtre et un moribond"
(1782), il affirme un athéisme absolu et ne laissera plus passer une occasion
de l'afficher dans ses écrits. Ce n'est qu'à partir du milieu de
XXe siècle que son oeuvre, longtemps interdite et diabolisée, sera
redécouverte et réhabilitée. Elle n'est plus lue sous le
seul angle superficiel du "sadisme" et de la pornographie, mais sous
sa fonction libératrice en s'attaquant aux hypocrisies de la société
et à la pensée dominante. Le marquis de Sade défend les vices
au nom de la nature, en en faisant apparaître les contradictions. Son imagination
souvent outrancière est perçue comme le désir de libérer
l'homme de ses contraintes. Il peut être considéré comme l'un
des grands écrivains français et un philosophe qui va jusqu'au bout
de ses pensées et aux limites de leurs conséquences logiques.
Citations : "Dialogue entre un Prêtre et un Moribond" (1782) "Le
nom de Dieu ne sera jamais prononcé qu'accompagné d'invectives et
d'imprécations et on le répètera le plus souvent possible." "La
prière est la plus douce consolation du malheureux ; il devient plus fort
quand il a rempli ce devoir." "Le
système de l'amour du prochain est une chimère que nous devons au
christianisme et non pas à la nature." "L'homme
serait le plus heureux des êtres si du seul besoin qu'il a d'une illusion
quelconque ne naissait aussitôt la réalité." "Un
de mes plus grands plaisirs est de jurer Dieu quand je bande; il me semble que
mon esprit, alors mille fois plus exalté, abhorre et méprise bien
mieux cette dégoûtante chimère." "Dès
l'instant où il n'y a plus de Dieu, à quoi sert d'insulter son nom
? Mais c'est qu'il est essentiel de prononcer des mots forts ou sales dans l'ivresse
du plaisir, et que ceux du blasphème servent bien l'imagination ; il faut
orner ces mots du plus grand luxe d'expression ; il faut qu'ils scandalisent le
plus possible ; car il est très doux de scandaliser ; il existe là
un petit triomphe pour l'orgueil qui n'est nullement à dédaigner." "Un
Dieu suppose une création, c'est-à-dire un instant où il
n'y eut rien, ou bien un instant où tout fut dans le chaos. Si l'un ou
l'autre de ces états était un mal, pourquoi votre Dieu le laissait-il
subsister ? Etait-il un bien, pourquoi le change-t-il ? Mais si tout est bien
maintenant, votre Dieu n'a plus rien à faire: or, s'il est inutile, peut-il
être puissant, et s'il n'est pas puissant peut-il être Dieu; si la
nature se meut elle-même enfin, à quoi sert le moteur ?" "L'idée
de dieu est, je l'avoue, le seul tort que je ne puisse pardonner à l'homme." "Mon
plus grand chagrin est qu'il n'existe réellement pas de Dieu et de me voir
privé, par là, du plaisir de l'insulter plus positivement." "Si
ce Dieu, centre du mal et de la férocité, tourmente et fait tourmenter
l'homme par la nature, et par d'autres hommes pendant tout le temps de son existence,
comment douter qu'il n'agisse de même, et peut-être involontairement,
sur ce souffle qui lui servit, et qui [...] n'est autre que le mal lui-même." "Le
prétendu Dieu des hommes n'est que l'assemblage de tous les êtres,
de toutes les propriétés, de toutes les puissances ; il est la cause
immanente et non distincte de tous les effets de la nature ; c'est parce qu'on
s'est abusé sur les qualités de cet être chimérique,
c'est parce qu'on l'a vu tour à tour bon, méchant, jaloux, vindicatif,
qu'on a supposé de là qu'il devait punir ou récompenser.
Mais Dieu n'est que la nature et tout égal à la nature : tous les
êtres qu'elle produit sont indifférents à ses yeux, puisqu'il
ne lui coûte pas plus à créer l'un que l'autre." "Dieu
est absolument pour l'homme ce que sont les couleurs pour un aveugle de naissance,
il lui est impossible de se les figurer." "Tout
le bonheur des hommes est dans l'imagination." |