CHAPITRE XV
PORTRAITS DE CES PERSONNAGES
- ORGIES D'UN GENRE NEUF
La première voiture était
une berline allemande, attelée de six chevaux, dans laquelle
se trouvaient monsieur et madame de Verneuil, Cécile et Victor,
leurs enfants ; la seconde était une grande calèche, occupée
par une très belle femme de quarante ans, la fille de cette femme,
superbe créature de vingt-deux, et deux enfants de cette jeune
femme, âgés de six et sept ans, tous deux nés de
Verneuil. Le petit garçon se nommait Lili ; la jeune fille, Rose
; il était impossible de voir rien de plus délicieux que
ce petit couple. Deux grands garçons, de vingt à vingt-deux
ans, faits comme Hercule, et beaux comme l'Amour, remplissaient les
deux autres places, sous le titre de valets de chambre de M. de Verneuil.
Les dames et les enfants, promptement installés dans leurs appartements
s'y retirèrent ; et Gernande conduisit Verneuil chez d'Esterval,
où Bressac s'était rendu pour recevoir cette visite.
- Voilà un charmant neveu que tu ne connais pas, dit Gernande
à son frère ; embrassez-vous, mes amis ; quand on se ressemble
aussi bien, on doit être dispensé de tout compliment. L'aimable
personnage que vous voyez là, poursuivit Gernande en montrant
d'Esterval est un ami de mon neveu, qui l'a accompagné chez moi...
C'est un homme dans la maison duquel je ne te conseillerais pas de coucher
; car il égorge tous ceux qu'il reçoit... Eh bien ! es-tu
content de la société que je te donne ?
- Enchanté, dit Verneuil en embrassant d'Esterval, qui, présentant
aussitôt lui-même sa femme à Verneuil, assura que
celle qui a l'honneur de le saluer est, quoique femme, en état
de figurer avec le plus scélérat des hommes.
- Voilà qui va le mieux du monde, mes amis, dit Verneuil ; le
vois qu'avec une aussi charmante société, nous passerons
ici quelques jours agréablement.
Quatre gitons entrèrent aussitôt pour savoir si M. de Verneuil
n'avait pas besoin de leurs services.
- Ah ! volontiers, dit Verneuil ; la voiture m'a échauffé
; il y a deux heures que je bande comme un diable ; voyez, dit-il, en
posant sur la table un outil d'une grosseur et d'une longueur effrayantes...
Allons, je vous suis, mes enfants. Ces messieurs trouveront bon que
je perde un peu de foutre avant que de faire une plus grande connaissance
avec eux.
- Permettez à ma femme de vous aider, monsieur, dit d'Esterval
; personne n'a plus d'art et de ressources dans l'esprit... son imagination
vous plaira.
- Volontiers, dit Verneuil ; je ne serais même pas fâché
d'y joindre la jeune fille qui nous a reçus... quelle est-elle
?
- C'est Justine, mon oncle, dit Bressac ; une héroïne de
vertu, un individu tout sentimental, et dont les murs et les infortunes
forment, avec nos principes, les plus singulières oppositions.
Gernande en a fait la demoiselle de compagnie de sa femme ; elles pleurent,
elles prient, elles se consolent ensemble, et nous molestons tout cela.
- Ah ! délicieux !... délicieux ! Parbleu, mon frère,
fais-moi monter cette fille, je m'en servirai.
- Mais, mon oncle, dit Bressac, si vous passiez chez madame de Gernande,
il me semble que cela vaudrait mieux ; tous les objets qui peuvent vous
flatter se trouveraient réunis là, et votre décharge
serait plus complète.
- Mon neveu a raison, dit Verneuil ; mais il ne sait pas que le plaisir
de faire connaissance avec lui me presse encore plus que tout.
Et, l'entraînant dans un cabinet, il le baise, il le déculotte,
il le caresse, lui manie le cul, lui branle le vit, le sodomise, s'en
fait foutre ; et tout cela sans perdre une goutte de sperme. Puis, revenant
dans la société, il y fait de son neveu les plus pompeux
éloges.
- Voyez comme il m'a mis, dit-il en menaçant le ciel d'un vit
énorme, qu'il branlottait tout en causant, je foutrais Dieu le
père à présent s'il se présentait devant
moi. Allons, mon frère, passons chez ta femme ; j'y conduirai
madame, dit-il en parlant de Dorothée, cette jeune fille, que
vous appelez Justine, et deux bardaches ; cela me suffira. Mon foutre
est là, vous le voyez, continua-t-il en montrant du doigt la
goutte exhalée de la tête ; je n'ai besoin que des plus
légers efforts pour le faire jaillir à dix pieds. Peu
s'en est fallu que je le laissasse dans le cul de mon neveu ; mais la
garce est si large...
- Déjeunes-tu avant ? dit Gernande.
- Non, nous sortions de table quand nous sommes arrivés ; j'ai
plus besoin de me salir l'imagination que de manger, nous réparerons,
après, ce que aurai perdu.
Justine, envoyée par son maître chez madame de Gernande,
vint avertir M. de Verneuil que, malgré l'état d'affaiblissement
dans lequel se trouvait sa maîtresse, qui venait de perdre six
palettes de sang, il n'y avait pas une heure, elle allait, soumise aux
volontés de son époux, recevoir la compagnie qu'on lui
annonçait.
- Ah, ah ! tu viens de la saigner ! dit Verneuil, tant mieux ; j'aime
infiniment à la voir dans cet état. Approchez, jeune fille,
poursuivit-il en troussant Justine, pour lui prendre les fesses, venez
; je serai fort aise aussi de voir votre cul ; je le crois joli. Messieurs,
continua-t-il en s'adressant à Gernande, à Bressac et
à d'Esterval, je vous invite, pendant ce temps, à passer
chez ma femme ; pardon, si je ne vous y présente pas ; mais soyez
sûrs de sa soumission ; je vous exhorte à ne pas plus vous
gêner chez moi que je ne vais le faire chez vous.
- Eh bien, dit Verneuil en entrant chez madame de Gernande, soutenu
par ses bardaches, suivi d'une vieillie, et dans l'état du monde
le plus immodeste, vous mécontentez donc toujours mon frère
? Il ne cesse de me porter des plaintes contre vous, et je n'arrive
jamais que pour l'aider à vous mettre à la raison. Voilà
madame, poursuivit-il en montrant Dorothée, qui, témoin
de votre mauvaise conduite, vient de me certifier des choses qui devraient
vous valoir les plus cruels tourments, si mon frère, moins livré
à sa bienfaisance, écoutait un peu plus sa justice ; allons,
déshabillez-vous.
Et Justine, exécutant l'ordre, offre, en un instant, sa pudique
maîtresse aux regards effrontés de ce scélérat.
- Mettez-vous toutes deux dans le même état, dit Verneuil
en s'adressant à Justine et à Dorothée, et, surtout,
déguisez les cons. Pour vous, mes beaux enfants, continua-t-il
en parlant aux bardaches, n'ôtez que vos culottes ; le reste de
vos habits vous parant au lieu de vous nuire, vous pouvez les garder
; j'aime tout ce qui me rappelle un sexe que j'idolâtre : si les
femmes avaient des habits d'homme, je ne les ferais peut-être
pas ôter.
Tout le monde obéissait ; Justine seule faisait quelque résistance,
mais un coup d'il effrayant de l'homme le plus terrible et le
plus rébarbatif qu'elle eût encore vu la détermina
promptement. Verneuil place Justine et madame de Gernande, agenouillées
toutes deux sur le bord du canapé, les fesses tournées
vers lui, et les laisse un moment là, pendant qu'il examine le
cul de Dorothée.
- Foutre ! madame, lui dit-il, vous êtes faite à peindre...
c'est le corps d'un bel homme ; j'aime à la folie ce poil qui
l'ombrage, je le baise avec un vrai plaisir... j'adore ce brun de l'orifice
de votre cul... il prouve de l'usage... écartez, que j'y mette
ma langue ; oh ! comme vous êtes large... que j'estime cette preuve
authentique de la dépravation de vos murs... vous aimez
quand on vous encule ? vous idolâtrez le vit au cul... il n'y
a que cela madame... il n'y a que cela ; voilà mon cul, que je
vous offre, il est de même... il est excessivement large...
Et Dorothée, baisant avec délices le cul de Verneuil,
lui rendait amplement les gamahuchades qu'elle en avait reçues.
- Vous me plaisez infiniment, madame, poursuivit Verneuil ; il ne vous
reste plus, pour achever de me tourner la tête, que d'accepter
la proposition que je vais vous faire, et sans l'accord de laquelle
tout votre art ne réussirait peut-être pas à faire
jaillir mon sperme. Vous êtes riche, dit-on, madame, eh bien,
en ce cas, il faut que je vous paie ; si vous étiez pauvre, je
vous volerais. Dans la circonstance contraire, il faut que vous ne vous
prostituiez à moi que pour une somme très forte. Il faut
que vous cachiez cette clause à votre mari, et que vous m'assuriez
que la somme que je vais vous donner ne sera employée par vous
qu'à des dépenses libertines, il faut que vous me juriez
surtout que pas un écu n'en sera destiné pour de bonnes
uvres... que vous n'en payerez, en un mot, que le crime... Que
dites-vous de ma passion ?
- Elle est singulière, monsieur ; mais croyez que j'ai assez
de philosophie pour ne me surprendre d'aucune. J'accepte vos propositions
; j'aurai de mon côté mille fois plus de plaisir à
m'amuser avec vous, et je vous fait le serment le plus sacré
de ne dépenser votre argent qu'en débauches.
- En infamies, madame, en infamies.
- En tout ce qu'il y aura de plus affreux, je vous le jure.
- Eh bien ! madame, voilà cinq cents louis, êtes-vous contente
?
- Non, monsieur, ce n'est pas payer.
- Ah ! délicieuse ! divine ! enchanteresse ! s'écria Verneuil
; en voilà mille de plus et vous êtes la plus aimable femme
que j'aie connue de mes jours ! Ah ! putain, je triomphe, et tu es à
moi maintenant... Gitons, branlez mon vit, pendant que je manie le cul
de cette garce, vous, victimes, restez sous mes yeux... Eh quoi ! madame,
quelque chose repousse ce mouchoir ; je n'ai cru déguiser qu'un
con, je découvre un vit. Foutre ! quel clitoris... Retirez, retirez
ce voile ; bien plus homme que femme, l'illusion m'est permise : vous
n'avez besoin de rien cacher.
Et le paillard branlait, suçait cette excroissance, assez majestueuse
pour mettre celle qui la possédait en état de remplir
avec succès tous les rôles d'un homme.
- Vous devez être libertine au dernier degré, madame, poursuivit
Verneuil ; vous devez avoir tous nos goûts.
Et il lui enfonçait, en disant cela, trois doigts dans le cul,
dont l'effet électrique fit aussitôt lever ce clitoris,
au point que Dorothée voulut foutre un giton. Verneuil aide à
l'entreprise, et claque vigoureusement les fesses de la Messaline au
moment qu'elle agit.
- Voulez-vous que je vous moleste ? lui dit-il ; je ne le demande point
aux victimes, mais à vous...
- Faites ce qu'il vous plaira de mon cul, dit Dorothée ; il ne
vous est offert que pour tout endurer.
Verneuil lui pince alors les fesses d'une si cruelle force, que la putain
décharge à l'instant.
- Eh bien ! poursuit-il en la voyant pâmer, convenez qu'il n'y
a que le supplice pour hâter l'éjaculation. Sacrificateur
ou victime, je ne connais que cela pour arriver au but.
- Et ces culs, dit Dorothée, ces culs que vous avez mis là,
vous ne vous en occupez donc point ?
- L'état où je vais les mettre vous prouvera bientôt
le contraire, dit Verneuil. Et, s'approchant d'eux : Voyons, dit-il,
laquelle de ces deux femmes sera la plus courageuse.
Il pince en même temps, à la fois et d'une manière
cruelle, le téton droit de madame de Gernande et la fesse gauche
de Justine. Quoique les ongles se fussent imprimés dans les chairs
de celle-ci, elle tint ferme. Il n'en fut pas de même de madame
de Gernande. Le traître lui avait tellement froissé le
bout du téton, elle se trouvait d'ailleurs si faible qu'elle
tomba presque évanouie.
- Oh ! c'est divin ! dit-il à Dorothée en lui suçant
le clitoris ou la bouche, et toujours en lui branlant le trou du cul,
c'est délicieux ! voilà de ces hauts-le-corps que j'aime
à la folie... Et vous, madame, bandez-vous en voyant souffrir
?
- Vous le voyez, monsieur, répondit la tribade en montrant le
bout de ses doigts inondés du foutre de son con ; vous voyez
que nous agissons je le crois, à peu près dans les mêmes
principes.
- Je le répète, madame, il n'y a que la douleur pour faire
décharger.
Et le paillard, entre les bardaches et Dorothée, s'irritait,
s'enflammait, comme le taureau prés de la génisse.
- Sotte créature ! s'écria-t-il en saisissant sa belle-sur
d'une main, et s'emparant de l'autre d'une discipline à cordelettes
de boyaux très noueux, qu'il avait toujours dans sa poche, femme
pusillanime, tu ne sais donc rien souffrir ? et bien ! tu seras punie
de ta faiblesse.
Et plaçant son vit furieux entre les mains de Justine, il lui
ordonne de le branler, pendant que Dorothée, qu'il arme d'une
seconde discipline, va rendre à son cul ce qu'il est prêt
à entreprendre sur celui de sa belle-sur, et que les ganymèdes
exposeront leurs fesses à ses regards. L'opération commence.
Le fouet, activement et passivement distribué, était une
des plus vives passions de Verneuil ; vingt-trois minutes de suite son
bras vigoureux se déploie sur le beau cul de la Gernande ; elle
est déchirée depuis le milieu des reins jusqu'aux talons
; on le lui rend avec usure ! le sang jaillit de toutes parts : rien
n'était aussi singulier comme ce mélange d'invectives
d'un côté, de plaintes et de cris de l'autre. Trop occupée
de sa besogne pour écouter la voix de son cur, la malheureuse
Justine secouait, tant qu'elle le pouvait, l'énorme instrument,
dont on lui avait confié le soin, sans oser demander la grâce
de sa maîtresse. Ce n'est pas qu'elle n'eût détourné
ces coups terribles, si elle eût cru pouvoir le faire ; mais l'inflexibilité
de l'âme des scélérats commençait à
lui être trop connue pour qu'elle entreprit de fléchir
celui-ci. Verneuil s'aperçoit pourtant de la maladresse de sa
branleuse.
- Qu'est-ce donc que cette petite putain-là ? dit-il en s'emparant
d'elle ; ah ! garce, je vais t'apprendre si c'est ainsi qu'on branle
un vit comme le mien.
Et le remettant aux mains de Dorothée, ce n'est qu'à elle
qu'il s'en rapporte sur la manière dont il faut doubler ou diminuer
à propos les titillations du plaisir, pendant qu'à grands
coups de martinet, le scélérat maltraite à outrance
les douces et délicates fesses de notre intéressante Justine.
Aucun des instruments dont elle avait été flagellée
dans son cours de libertinage, ne l'avait molestée comme celui-là
; chaque cinglon, s'imprimant d'une ligne au moins dans les chairs,
y laissait, avec une épouvantable douleur, des traces aussi sanglantes,
que si l'on se fût servi d'un canif. En un instant, elle est toute
meurtrie. Verneuil alors fixe ses deux victimes l'une à l'autre,
en les attachant ventre contre ventre ; et, toujours branlé par
Dorothée, il leur applique une seconde flagellation, en frappant
tant qu'il a de forces, tantôt sur l'une, et tantôt sur
l'autre. Ici la Gernande, affaiblie de ses trois saignées du
matin, chancelle, perd connaissance, tombe en entraînant Justine
avec elle ; et les voilà toutes deux à terre, nageant
dans les flots du sang que leur bourreau vient de faire jaillir. Verneuil
coupe aussitôt les liens, et, se précipitant sur sa belle-sur,
il a l'art de la rendre à la vie, au moyen du nouveau tourment
d'une jouissance, qui toute naturelle qu'elle est, n'en déchire
pas moins cette malheureuse femme, par l'étonnante disproportion
qui se trouve entre elle et son agresseur.
- Fouettez-moi ! fouettez-moi ! madame, s'écrie Verneuil à
Dorothée ; campez Justine sur mes reins, et déchirez-nous
tous les deux.
Parfaitement servi par Dorothée, et bien mieux peut-être
encore par la monstruosité de ses opérations, le vilain
faune écume... blasphème, et décharge en jetant
les hauts cris... en prouvant enfin à tout ce qui l'entoure,
que, si la nature l'a mieux membré que son frère, elle
lui a départi de même, et la quantité du sperme,
et les crises de volupté dans un degré bien supérieur.
- Eh bien ! madame, dit-il à Dorothée, comment me trouvez-vous
dans le libertinage ?
- Superbe, monsieur, répondit celle-ci ; mais je ne croyais pas
que vous foutiez des cons.
- Je fous tout, mon ange, je fous tout ; et pourvu que mon vit monstrueux
blesse ou déchire, ce qu'il pourfend me devient égal.
- Mais, vous préférez le cul cependant ?
- Me feriez-vous l'injure d'en douter ? Faut-il, pour vous convaincre,
enculer un bardache ?
- Non, répond Dorothée, c'est mon cul qu'il faut foutre,
si vous voulez me persuader ; le voilà, monsieur, foutez-le.
Et le paillard, toujours en rut, est bientôt au fond de l'anus.
- Vexez donc ces deux femmes pendant que je vous sodomise, madame, je
vous en supplie, dit Verneuil.
Et la putain, sans le faire répéter, plante à plaisir,
pendant qu'on l'encule, ses ongles crochus dans les chairs et de Gernande
et de Justine. Tous deux déchargent pendant que les victimes
pleurent ; et chacun d'eux, en perdant son foutre, a mordu jusqu'au
sang la langue du giton qu'il caressait pour s'exciter.
- En voilà assez, madame, dit Verneuil à Dorothée,
vous êtes une créature charmante ; je veux que nous renouvelions
nos plaisirs.
- Je vous en ferai goûter de toutes les espèces, monsieur,
répondit Dorothée ; plus nous nous connaîtrons,
mieux nous nous conviendrons, je m'en flatte.
Tous deux furent rejoindre la société. Justine seule resta
chez sa maîtresse.
Les autres acteurs n'étaient point restés dans l'inaction
pendant la scène qui venait de se passer ; mais, moins lestes
que le frère de Gernande, moins pressés du besoin de perdre,
ils n'en étaient encore qu'aux préliminaires, quand ils
furent rejoints par Verneuil et par Dorothée. D'Esterval, Bressac
et Gernande étaient chez madame de Verneuil. Les trois scélérats
avaient fait déshabiller cette pauvre femme, sans lui donner
le temps de se reposer du voyage. Le féroce Gernande persuadait
à sa belle-sur, qu'une saignée lui serait fort nécessaire,
et servirait à la rafraîchir. On y allait procéder,
quand les acteurs dont nous venons de peindre les ébats entrèrent
chez madame de Verneuil. Cette belle femme, déjà nue,
convainquit ceux d'entre les hommes qui ne la connaissaient pas, qu'il
n'existait effectivement pas sur la terre une plus sublime créature.
Pas un défaut dans les proportions ; et toute la fraîcheur,
toutes les grâces de la déesse même de la beauté.
Tant de droits à l'indulgence, à l'admiration générale,
ne valurent pourtant à la belle-sur de Gernande qu'un peu
plus d'insultes et de mépris de la part de ces libertins et principalement
de son frère. Après l'examen le plus complet des beautés
de cette femme superbe, les insultes et les mauvais traitements commencèrent.
Bressac et d'Esterval ne la ménageant pas plus que Gernande,
la misérable victime fut tour à tour pincée, mordue,
souffletée ; les belles chairs de sa gorge et de ses fesses furent
meurtries en plus de vingt endroits ; elle fut obligée de présenter
alternativement la bouche, le con, le cul. Gernande s'empare de la bouche
; Bressac enfile le cul, et d'Esterval le con ; Verneuil rencule Dorothée,
et décharge une troisième fois, en maniant les fesses
de son neveu qu'il ne cesse d'exalter et d'élever aux nues.
- Dînons maintenant, mon ami, dit Verneuil à son frère
; il est temps de réparer nos forces. Les ivrognes, dit-on, ne
font connaissance que le verre à la main ; il faut que les paillards
ne la fassent que le vit au cul : le destin est rempli, ne nous en plaignons
pas.
Après le meilleur et le plus ample des repas, des promenades
séparèrent toute la compagnie ; et M. de Gernande, ordonnant
à Justine de le suivre eut avec elle, dans un cabinet du jardin,
la conversation dont nous allons rendre compte.
Il lui demande d'abord un récit circonstancié de tout
ce que son frère avait fait à sa femme ; et comme Justine
indiquait sans approfondir, il lui ordonna de dévoiler le tout
avec la plus scrupuleuse attention. Justine détailla donc. Elle
se plaignit d'avoir été traitée avec autant de
rigueur que madame de Gernande.
- Voyons, lui dit son maître...
Et le paillard s'amusa longtemps de ce coupable et féroce examen.
- Mais ma femme, dit le méchant homme, n'est pas au moins si
maltraitée ?
- Tout autant, monsieur.
- Ah ! bon, c'est que je serais fâché que mon frère
eût épargné cette putain.
- Vous la détestez donc bien, monsieur ?
- Infiniment, Justine. Je ne la garderai pas encore longtemps ; je ne
vis de mes jours une femme qui m'inspirât plus de dégoût.
Mais, sais-tu bien, ma fille, que Verneuil est beaucoup plus libertin
que moi ?
- Cela est bien difficile, monsieur.
- Cela est : les plaisirs divins de l'inceste, améliorés
par tous ceux de la cruauté, sont les plus chers à son
âme corrompue. Tu n'imagines pas, Justine, qu'elle est sa volupté
de choix ?
- Des enfants, le fouet... des horreurs.
- Tout cela ne sont que des épisodes ; l'inceste, je te le dis,
ma fille, est le plus doux des plaisirs de mon frère. Tu le verras
demain se vautrer dans ce crime de cinq ou six façons différentes.
Cette belle créature que tu prends pour la femme de chambre de
madame de Verneuil, dont l'âge est à peu près de
quarante ans... eh bien ! Justine, c'est une de nos surs, une
tante de Bressac, la sur de sa mère dont tu pleuras si
longtemps la mort occasionnée par son propre fils. C'est la famille
d'dipe que la nôtre, ma chère Justine ; il n'y a
pas un seul genre de crime dont on n'y aperçoive un exemple.
Nous perdîmes nos parents fort jeunes ; des méchants prétendirent
même que ce n'était pas sans que nous y eussions contribué
: en vérité cela pourrait bien être ; nous nous
permettions tant d'espiègleries... que celle-là pourrait
bien être du nombre. Nous avions trois surs : l'une, établie
avant la mort des auteurs de nos jours, est celle que moissonna Bressac
; la seconde périt victime de nos forfaits ; la troisième
est celle que tu vois ; nous lui dérobâmes sa naissance.
Élevée comme une fille destinée à servir,
mon frère, en se mariant, la mit près de sa femme ; on
la nomme Marceline. La jeune personne que tu prends de même pour
une femme attachée à madame de Verneuil, est fille de
Marceline et de mon frère, ce qui la rend à la fois et
sa nièce et sa fille. Elle est la mère des deux petits
enfants que tu as admirés, qui doivent également le jour
à mon frère. Tous deux, comme tu le crois, ont encore
leur pucelage ; et c'est ici où Verneuil a voulu qu'ils le perdissent
; de manière qu'en jouissant de la petite fille, il aura dans
elle à la fois une fille, une petite-fille et une nièce.
Rien ne l'amuse comme le brisement, le renversement de tous ces liens
chimériques ; leur rupture est pour lui le plus grand des plaisirs
: ne se contentant point de les heurter dans ses fruits naturels, il
les brise de même dans ses enfants légitimes.
- Je le savais, monsieur.
- Mais il faut voir, Justine, comme il élève son fils,
comme il lui fait bouleverser, à son exemple, toutes nos institutions
sociales... Tu verras comme cet enfant traite sa mère, comme
il a déjà foulé aux pieds tous les préjugés
religieux et moraux. C'est un sujet délicieux, je l'adore ; je
voulais coucher avec lui ce soir, mais son père veut qu'il se
repose pour demain.
- Pour demain, monsieur ?
- Oui, demain nous célébrons une grande fête, c'est
l'anniversaire de la naissance de ma femme ; peut-être voudrons-nous
que les Parques coupent le fil au bout du fuseau... Qui sait ? Dieu
lui-même, ce Dieu dont tu crois la fabuleuse existence, ne démêlerait
pas... ne devinerait pas la fantaisie des scélérats qui
nous ressemblent.
- Oh ! monsieur, dit Justine avec inquiétude si j'étais
assez heureuse pour que vous puissiez vous passer de moi dans les orgies
que vous projetez ! N'aurez-vous pas assez de monde, et ne vous suis-je
pas parfaitement inutile ?
- Non, non, ta douce vertu nous est essentielle ; ce n'est que du mélange
de cette qualité charmante et des vices que nous lui opposerons,
que doit naître pour nous la plus sensuelle volupté. Ta
tendre et chère maîtresse d'ailleurs aura besoin de ton
secours... Il faut que tu t'y trouves, Justine... il le faut indispensablement.
- Oh ! quelle corvée, monsieur... participer à tant d'infamies
!... Savez-vous bien qu'il n'en est pas de plus affreuses que celles
où se livre M. de Verneuil ?... corrompre ainsi sa propre famille
!
- Pourrais-je te demander, Justine, ce que c'est qu'une famille ; ce
que l'on entend par ces nuds sacrés, que les sots appellent
les liens du sang ?
- Est-il besoin d'une réponse à pareille demande, monsieur
? et peut-il exister un seul être au monde qui ne connaisse et
ne respecte ces liens ?
- Cet être existe, mon enfant, et je le suis. Persuade-toi bien,
je t'en conjure, que rien n'est absurde comme ces prétendus liens
; convaincs-toi que nous ne devons pas plus à ceux de qui nous
tenons le jour, que ceux-là ne peuvent nous devoir.
- Monsieur, répondit vivement Justine, épargnez-moi tout
ce que vous pourriez me dire sur cette matière ; j'ai été
bercée de ces sophismes, et pas un ne m'a convaincue. Si l'inceste,
l'un des plus grands crimes que l'homme puisse commettre, fait la base
des voluptés de votre frère, il est, et sera toujours,
sous ce rapport, l'être le plus atroce et le plus coupable à
mes yeux.
- L'inceste, un crime ! Ah ! mon enfant, dis-moi, je te prie, comment
une action qui fait loi sur la moitié de notre globe, pourrait
se trouver criminelle dans l'autre moitié ? Presque dans toute
l'Asie, dans la plus grande partie de l'Afrique et de l'Amérique,
on épouse publiquement son père, son fils, sa sur,
sa mère, etc. ; et quelle plus douce alliance que celle-là,
Justine ? en peut-il exister qui resserre mieux les liens de l'amour
et de la nature ? Ce fut dans la crainte que les familles, en s'unissant
ainsi, ne devinssent trop puissantes, que nos lois en France ont érigé
l'inceste en crime ; mais gardons-nous bien de confondre, et ne prenons
jamais pour lois de la nature, ce qui n'est que le fruit de la politique.
En adoptant même une minute tes systèmes sociaux, je te
le demande, Justine, comment serait-il possible que la nature s'opposât
à de telles alliances ? Ne resserre-t-elle pas les premiers nuds
qu'elle nous impose selon toi ? Peut-il être à ses yeux
rien de plus sacré que le mélange du sang ? Ah ! prenons-y
bien garde, Justine ; nous nous aveuglons sur ce que la nature nous
dicte à cet égard ; et ces sentiments d'amour, fraternels
ou filiaux, lorsqu'ils s'exercent d'un sexe à l'autre, ne sont
jamais que des désirs lubriques. Qu'un père, qu'un frère,
idolâtrant sa fille ou sa sur, descende au fond de son âme,
et s'interroge scrupuleusement sur ce qu'il éprouve, il verra
si cette pieuse tendresse est autre que le désir de foutre ;
qu'il y cède donc sans contrainte, et il sentira bientôt
de quelles délices la volupté le couronnera. Or, quelles
mains, je lui demande, quelles mains lui préparent cette surabondance
de volupté ? si ce ne sont celles de la nature. Et si ce sont
les siennes, est-il raisonnable de dire que ces actions puissent l'irriter
? Doublons, triplons donc ces incestes tant que nous pourrons, sans
rien craindre ; et plus l'objet de nos désirs nous appartiendra
de près, plus nous aurons de charmes à en jouir.
- Voilà comme vous légitimez tout, vous autres gens d'esprit,
répondit Justine ; mais si votre malheureux génie excuse
vos passions dans ce monde, elles n'auront plus, en ce jour terrible
où il vous faudra paraître devant le maître suprême
de l'univers, un avocat si plein d'indulgence !
- Tu prêches dans le désert, Justine, répondit Gernande,
et tu n'opposes que des lieux communs à des vérités
sans réplique. Va voir si mes gitons sont prêts ; conduis-les
dans mon appartement ; je vais me retirer bientôt ; va, et prépare
ta petite conscience et tes grands principes à voir exécuter
demain d'étonnantes luxures.
Madame de Gernande inquiète, épuisée, attendait
Justine, à dessein de lui demander quelques détails sur
ce qui se préparait pour le jour suivant. Notre héroïne
crut devoir ne lui rien cacher.
- Ah ! dit cette malheureuse épouse en versant un torrent de
larmes, ce sera peut-être demain le dernier jour de ma vie ; il
faut que je m'attende à tout, quand ces barbares se trouvent
réunis. Ô Justine, Justine ! que ces gens sans murs,
sans délicatesse, sans principes, sont des êtres dangereux
sur la terre !
Cependant, chacun s'arrange pour la nuit, et croit trouver au sein de
la plus insigne débauche, les forces nécessaires à
en commettre de bien plus horribles le lendemain. Verneuil coucha avec
Dorothée, Gernande entre deux mignons, d'Esterval avec madame
de Verneuil, et Bressac avec un des valets de chambre de son oncle.
Dès le matin, les vieilles avaient préparé le plus
beau salon du château ; on en avait garni le parquet d'un vaste
matelas piqué à six pouces d'épaisseur, formant
un tapis sur lequel se jetèrent deux ou trois douzaines de carreaux.
Une large ottomane fut placée dans le fond de la pièce
qu'entouraient tant de glaces, qu'il devenait impossible que les scènes
qu'on allait exécuter dans ce superbe local ne s'y multipliassent
pas sous mille et mille formes. Sur des tables roulantes d'ébène
et de porphyre répandues ça et là, s'apercevaient
tous les meubles nécessaires au libertinage et à la férocité
: verges, martinets, nerfs de buf, lardoires, liens de cordes
et de fer, godemichés, condoms, seringues, aiguilles, pommades,
essences, tenailles, pinces, férules, ciseaux, poignards, pistolets,
coupes de poisons, stimulants de toute espèce, et autres divers
instruments de supplices ou de mort ; tout s'y voyait avec profusion.
Sur un buffet énorme, en face de l'ottomane, à l'autre
extrémité du salon, étaient symétriquement
et abondamment disposés les mets les plus succulents et les plus
délicats ; la plupart pouvaient se maintenir chauds sans qu'on
s'en aperçût. Des carafes de cristal de roche, se mêlant
aux porcelaines de Saxe et de Japon qui contenaient ces mets, renfermaient
avec profusion les vins les plus exquis... les plus rares liqueurs.
Une immensité de roses, d'illets, de lilas, de jasmin,
de muguet, et d'autres fleurs plus précieuses encore, achevaient
d'orner et de parfumer ce temple des plaisirs, où se trouvait
réuni pour le jour entier tout ce qui, sans avoir besoin de sortir,
pouvait satisfaire à la fois et la luxure et la sensualité.
Au fond de la salle, artistement placée dans une nue, se voyait
l'effigie du prétendu Dieu de l'univers, sous la figure d'un
vieillard. Une seconde ottomane régnait au bas de ce nuage ;
et l'on y voyait différents attributs de toutes les religions
de la terre, des bibles, des alcorans, des crucifix, des hosties consacrées,
des reliques et autres imbécillités de cette espèces.
Six cabinets voluptueux attenaient le salon, et présentaient,
à ceux qui voudraient les occuper, de secrets réduits
pour des plaisirs particuliers, et près d'eux de jolies garde-robes
garnies de bidets et de fauteuils percés. Une belle terrasse
d'orangers, couverte d'une tente, et environnée de jalousies,
donnait les moyens de prendre l'air par ses adhérentes au salon
; une large banquette de terre l'entourait, et pouvait, par sa profondeur,
voiler à jamais les masses que la scélératesse
de ces monstres désorganiserait vraisemblablement dans l'affreux
cours de ces orgies... précaution qui prouve à quel point
ces libertins aiment le crime, et comme ils consentaient tacitement
à le commettre tous de sang-froid.
A dix heures précises du matin, la société se rendit
au local préparé, chacun vêtu d'un costume différent,
que nous allons tracer en nommant chaque acteur.
Madame de Verneuil y parut vêtue à la manière des
sultanes de Constantinople. Aucune parure sans doute n'eût autant
servi sa beauté.
Cécile, sa charmante fille, était en brun, sous le costume
exact des marmottes de la vallée de Barcelonnette. On n'imagine
pas les désirs qu'elle inspirait sous cet habit.
Les attributs de l'Amour embellissaient le jeune Victor.
Marceline était en sauvage.
Sa jeune fille Laurette s'y voyait sous une simple simarre de gaze écrue,
agréablement renouée sur les hanches et sur le sein gauche,
avec de gros flots de rubans lilas ; un des tétons et la moitié
de ses fesses, s'apercevaient par ce moyen. Conduisant par la main ses
deux jolis enfants, presque nus, elle ressemblait à la déesse
de la jeunesse, entourée des Jeux et des Ris.
Madame de Gernande y vint sous le costume intéressant des victimes
qu'on immolait au temple de Diane ; on l'eût prise pour Iphigénie.
Justine était en soubrette, les bras nus ; agréablement
couronnée de roses, et sa jolie taille bien développée.
Dorothée se voyait sous l'habit dont les peintres caractérisent
Proserpine. Ce vêtement, analogue à son caractère,
était de satin couleur de feu.
Les six plus jolis gitons de Gernande y furent introduits sous le costume
de Ganymède.
Sous celui d'Hercule et de Mars, parurent John et Constant, les deux
valets de chambre de Verneuil.
Lui, d'Esterval, Bressac et Gernande s'y montrèrent revêtus
de pantalons de soie rouge, qui leur collaient exactement sur la peau,
et qui les enfermaient scrupuleusement depuis la nuque du cou jusqu'aux
pieds. Une ouverture ronde, artistement pratiquée par devant
et par derrière, laissait à nu les fesses et leurs vits.
Ils avaient beaucoup de rouge, et sur la tête un léger
turban ponceau. Ils ressemblaient à des furies.
Quatre vieilles, de soixante ans, sous l'emblème de matrones
espagnoles, furent admises pour le service intérieur. Et la séance
commença.
Tout était debout, formant un demi-cercle, lorsque les maîtres
parurent dans la salle. On s'agenouille dès qu'on les voit. Dorothée
s'avance à eux, et leur dit :
- Illustres et magnifiques seigneurs, tous les sujets que vous voyez
ici ne s'y réunissent que pour obéir à vos ordres.
La soumission la plus profonde, la résignation la plus complète,
la prévenance la plus entière ; voilà ce que vous
allez trouver dans tous. Ordonnez donc à vos esclaves, souverains
maîtres de ces lieux ; commandez-leur, et vous les verrez aussitôt
se courber dans la poussière, pour y attendre vos volontés,
ou voler pour les prévenir. Multipliez vos goûts, exaltez
vos penchants, ne donnez nulles bornes à vos passions : nos facultés,
nos existences, nos moyens, nos vies, tout vous appartient ; vous pouvez
disposer de tout. Pénétrez-vous bien de l'idée
du calme dont vous allez jouir ici. Il n'est aucun mortel au monde qui
osât troubler vos plaisirs, et tout ce qui vous entoure va ne
s'occuper qu'à les rendre plus vifs. Franchissez donc toutes
les digues ; ne respectez aucun frein. Ce ne sont pas des êtres
aussi puissants que vous que de tristes préjugés populaires
peuvent ou doivent enchaîner ; il n'y a de lois dans l'univers
que les vôtres ; vous êtes les seuls dieux que l'on doive
adorer. D'un seul mot vous pouvez nous confondre ; d'un geste, nous
pulvériser ; et, le fissiez-vous même, notre dernier soupir
serait encore pour vous exalter, vous chérir et vous respecter.
Dorothée se courbe à ces mots, suce les quatre vits demande
la permission de gamahucher les quatre culs ; puis, elle se retire en
silence, pour attendre les ordres qui lui seront donnés.
- Mon ami, dit Gernande à son frère, c'est pour toi que
cette fête se célèbre, c'est donc à toi de
commander ici ; mon neveu, sans doute, y consent ; et notre ami d'Esterval,
à qui nous confierons un autre jour les rênes du gouvernement,
voudra bien te les céder aujourd'hui.
Tout le monde applaudit ; et Verneuil, revêtu de l'autorité
suprême, se place en conséquence dans une espèce
de trône, posé sur une estrade recouverte d'un tapis de
velours cramoisi, bordé de franges d'or. Aussitôt qu'il
y est, les femmes, les filles, les enfants, les garçons et les
vieilles viennent humblement lui présenter leurs fesses à
baiser, après trois génuflexions préalables. En
sortant des mains de Verneuil, on passait successivement dans celles
des trois autres amis, placés sur les fauteuils environnant le
trône ; et là chacun faisait à peu près ce
qu'il voulait à l'objet qui s'approchait de lui.
- Si pendant cette première tournée, dit Verneuil, il
vous prend fantaisie de soumettre à des choses plus énergiques
quelques-uns des objets qui vont s'offrir à vous, pour ne pas
troubler l'ordre, vous irez à l'instant vous enfermer dans un
cabinet ; et, votre passion une fois apaisée, vous ramènerez
l'objet dans le cercle.
Bressac est le premier qui profite de l'avertissement ; il ne peut voir
à découvert les fesses charmantes de Victor, son petit-neveu,
sans désirer d'aller plus loin ; il l'entraîne dans un
de ces boudoirs, pendant que d'Esterval, enthousiasmé de Cécile,
va lui faire subir également les premiers feux de sa passion.
Gernande en fait autant avec Laurette. Verneuil passe avec Marceline,
suivie de ses deux petits enfants ; et Dorothée, à laquelle
on avait accordé tous les privilèges des hommes, va s'enfermer
avec Constant.
- Mes amis, dit Verneuil en se replaçant, comme l'aveu public
des voluptés où l'on s'est livré ne peut que disposer
à l'embrasement général des désirs, j'exige
que chacun rende compte à haute voix, et le plus en détail
possible, de toutes les luxures dans lesquelles il vient de se plonger.
Parlez, Gernande ; vos amis vous suivront. Souvenez-vous surtout d'écarter
les gazes, de peindre à nu, et d'employer tous les mots techniques
: gazons la vertu, si l'on veut, mais que le crime marche toujours à
découvert.
Gernande se lève.
- Je me suis enfermé, dit-il, avec Laurette ; je lui ai sucé
la bouche et le trou du cul ; elle a tété mon vit pendant
que je lui léchais les aisselles ; j'ai sucé ses bras
aux saignées ; je lui ai donné six claques sur le ventre,
dont vous voyez, je crois, les empreintes ; elle a baisé mes
fesses, et je l'ai forcée à gamahucher mon derrière.
- Avez-vous bandé ?
- Non.
- Les titillations du plaisir ont-elles été vives ?
- Médiocres.
- Votre imagination s'est-elle échauffée sur des choses
plus fortes ?
- Oh ! j'en désirais d'affreuses.
- Pourquoi ne vous y êtes-vous pas livré ?
- Elles eussent ravi le sujet à la société ; j'ai
voulu l'en laisser jouir.
- Jetez-vous aux pieds de Gernande, Laurette, et remerciez-le de ses
bontés...
Laurette exécute ; et c'est à Bressac à répondre.
- Je me suis enfermé avec Victor, dit-il ; je l'ai foutu en bouche
; j'ai sucé la langue au moment où mon vit quittait ses
lèvres ; j'ai gamahuché son cul, et je l'ai sodomisé.
- Avez-vous travaillé le moral ?
- Infiniment ; il n'y a point de vertus que je n'aie détruites,
point de vices que je ne lui aie fait chérir.
- Quelle a été, dans vous, la dose de volupté ?
- Très violente.
- Avez-vous perdu du foutre ?
- Non.
- Avez-vous désiré de faire pis ?
- Assurément.
- Avez-vous beaucoup blasphémé en agissant ?
- Beaucoup.
- Votre vit est-il sorti pur ou immonde de l'anus du jeune homme ?
- Il en est sorti plein de merde.
- Pourquoi ne le lui avez-vous pas fait sucer ?
- Je l'ai fait.
- Avez-vous sucé sa bouche après ?
- Oui.
- En quel état est votre vit ?
- Vous le voyez, il bande.
- Faites entretenir cela par un giton. A vous, d'Estreval.
- J'ai gamahuché le con de Cécile, j'y ai plongé
mon vit, et suis revenu pomper le foutre que cette attaque a fait exhaler
; j'ai sucé sa bouche ; j'ai baisé ses fesses, sur lesquelles
vous voyez les marques de six claques bien appuyées.
- Avez-vous enculé ?
- Non, je la ménageais.
- Avez-vous désiré le cul ?
- Oui.
- Votre foutre a-t-il coulé ?
- Non.
- Votre tête s'est-elle échauffée sur cette jeune
fille ?
- Étonnamment.
- A-t-elle baisé votre cul ?
- Elle y a mis la langue.
- Lui avez-vous mit le vit dans la bouche ?
- A plusieurs reprises.
- Quel est l'état de votre vit ?
- Il bandaille.
- Choisissez quelqu'un pour vous maintenir. C'est votre tour, Dorothée.
- Je me suis fait foutre par Constant.
- Vous l'a-t-il posé dans le cul ?
- Oui.
- Bandait-il bien ?
- A merveille.
- A-t-il déchargé ?
- Non.
- Où donc a-t-il perdu son foutre ?
- Je l'ai avalé.
- Avez-vous baisé son cul ?
- Oui.
- A-t-il sucé votre clitoris ?
- Je le lui ai mis dans le derrière.
-Vous avez désiré pis ?
- Oh ! cent fois.
- A mon tour maintenant, mes amis, dit Verneuil en se levant. Vous m'avez
vu passer avec ma sur Marceline, escortée de ses deux petits-enfants,
fruits de mon inceste avec l'enfant de ma sur, eh bien ! Marceline
m'a fouetté, j'ai baisé le cul de mes petits-enfants,
j'ai mis mon vit entre leurs cuisses, et j'ai sodomisé ma sur.
- Avez-vous déchargé ? dit Gernande.
- Non.
- Avez-vous fait baiser votre cul ?
- Oui.
- A-t-on sucé votre engin ?
- Oui.
- Votre sperme a-t-il été répandu ?
- Non.
- Sur quoi votre tête s'est-elle égarée ?
- Sur des horreurs.
- Nous promettez-vous de les exécuter ?
- Certainement.
- Allons, dit Verneuil, occupons-nous de choses plus sérieuses.
Il faut que chacun de nous... (Dorothée, vous serez toujours
comprise parmi les hommes, vous en êtes digne), il faut, dis-je,
que chacun de nous aille écrire sur cette table le désir
qu'il a d'une lubricité quelconque, et qu'il le signe. Ces cinq
billets seront ballottés dans un calice que présentera
l'une des vieilles. Dix individus que je vais désigner tireront,
deux par deux, chacun de ces billets. Chaque couple échoira au
signataire du billet qu'aura tiré ce couple, et satisfera la
passion énoncée dans ce billet. Le hasard seul déterminera
le traitement que devra subir ce couple, lequel devra toujours être
assez violent, pour faire jeter des cris à l'être qui le
subira.
Madame de Gernande et sa fidèle Justine tireront le premier billet.
Madame de Verneuil et Laurette, le second.
Marceline et Lili, le troisième.
Cécile et Rose, le quatrième.
Une des vieilles, et le plus joli des gitons, tireront le cinquième.
Vous voyez que j'excepte Victor ; les dispositions que vous lui reconnaîtrez
incessamment le rendent plutôt digne d'être au nombre des
agents, que dans la classe des patients.
Les cinq billets s'écrivent ; une vieille les ballotte dans un
calice, et, se plaçant sur l'ottomane, au bas du symbole de l'Être
suprême, chaque couple vient tirer tour à tour, et est
obligé de lire à haute voix le sort qui lui est échu.
D'Esterval a manifesté le vu de pincer fortement les fesses,
de mordre les trous du cul et les clitoris. Madame de Verneuil et Laurette
lui échoient.
Bressac déclare qu'il enculera... qu'il pincera les tétons,
et qu'il donnera de vigoureux soufflets. Madame de Gernande et Justine
lui sont aussitôt livrées.
Dorothée piquera avec une épingle les parties du corps
les plus sensibles, et chiera sur les deux visages. La vieille et le
giton lui sont décernés.
Gernande déclare qu'il fera, sur chaque individu, six légères
piqûres avec ses lancettes, et qu'on le sucera. Cécile
et Rose forment son lot.
Verneuil annonce qu'il fustigera jusqu'au sang. Marceline et Lili lui
appartiennent.
C'est au pied du sofa, placé près de l'emblème
de Dieu, que les destins ont été consultés ; c'est
sur ce même sofa que vont s'accomplir les sorts. Ils s'exécutent
; et Bressac est le seul qui ne peut les accomplir sans perdre son foutre
; c'est au fond du cul de Justine qu'il l'exhale, pendant qu'il soufflette
si cruellement la pauvre madame de Gernande, que les larmes coulent
de ses yeux.
Ces différentes scènes avaient déjà, comme
on le croit bien, fait disparaître tous les vêtements, et
l'on ne voyait plus que des nudités.
- C'est sur ma femme, maintenant, s'écria M. de Verneuil, oui,
mes amis, c'est sur elle que doivent tomber les vexations. John, et
vous, Constant, étendez cette malheureuse à terre sur
ces piles de carreaux, et que chacun aille aussitôt lui imposer
un genre de supplice au gré de sa perfide imagination. Vous,
Cécile, ma fille et la sienne, placez-vous sur l'ottomane sacrée
(c'est ainsi que se nommait celle qui se voyait aux pieds de la représentation
du Bon Dieu) ; les plaisirs que vos charmes vont procurer serviront
de récompense aux bourreaux de votre mère. Je réglerai
les prix, et les distribuerai en raison de l'énergie avec laquelle
on aura molesté ma femme. Victor, placez-vous près de
Cécile, afin d'offrir de plus délicats plaisirs à
ceux qui préféreront votre sexe.
Puis, montrant sa femme d'un côté, et ses deux enfants
de l'autre :
- Courage, mes amis, s'écrie-t-il ; voilà la victime,
et voici la récompense.
Marceline est après de lui, elle le branle ; deux gitons lui
prêtent leurs fesses. On part.
Gernande impose le premier ; et sa perfide lancette incise en quinze
endroits, mais légèrement, les belles chairs de l'infortunée
offertes à ses fureurs ; il se jette sur Victor, et s'en fait
sucer.
Dorothée suit, et comprime si fort les seins de madame de Verneuil,
qu'elle lui occasionne d'affreuses convulsions ; elle se rue sur Cécile,
et la tribade lui décharge au nez.
D'Esterval suit sa femme ; il épile madame de Verneuil, et lui
pique au sang les babines du con ; l'anus de Victor le console ; il
y vient faire sa décharge.
Bressac caresse sa tante à grands coups de poing dans le nez
; elle en saigne ; il la sodomise... lui tire les oreilles jusqu'à
lui fendre la peau, et revient, comme d'Esterval, enculer le charmant
Victor.
Verneuil s'approche. On croit sans peine qu'il ne ménagea pas
sa femme ; il la bat, la pince, la moleste ; et c'est dans le beau cul
de Cécile qu'il apaise aussitôt son ardeur.
- A toi, Victor, dit-il à son fils ; voyons comme tu traiteras
ta mère : admire sous tes yeux un parent qui ne marchanda pas
si longtemps la sienne ; ô Bressac ! encouragez votre neveu à
vous imiter un jour !
Le jeune Victor se présente. C'est sa mère qu'un père
féroce et brutal lui ordonne d'insulter ; et c'est sa sur
qui va lui servir de récompense. Hélas ! le jeune enfant
ne se prête qu'avec trop de complaisance aux infamies qu'on ose
exiger, il n'est pas besoin de lui rien prescrire.
- Belle maman, dit le petit libertin, je sais ce qui vous désespère
; trouvez bon que je l'entreprenne. Tournez-moi ce beau cul, pour que
j'en jouisse de toutes les manières qui vous vexent le mieux.
Il n'y avait pas à résister. Les vieilles, entourant la
victime, l'eussent à l'instant contenue, si elle se fût
avisé d'opposer la moindre contrariété. Victor,
armé d'une poignée de verges, osa porter une main parricide
sur celle dont il reçut le jour. Encouragé par Gernande,
Bressac, d'Esterval, et par Dorothée même, le monstre,
à l'instar de Bressac, fouette sa mère à tour de
bras. Le croira-ton ? Verneuil, pour mieux exciter son fils, lui branle
le vit en dessous, pendant qu'il contient sa femme. Le petit libertin,
tout ému, plus beau que l'Amour même, malgré les
horreurs qui le dégradent, s'écrie :
- Mon père ! ah ! oui, oui, tiens-la moi ; tiens-la moi bien,
pendant que je l'encule.
Et le complaisant Verneuil, fixant les reins de son épouse, place
soigneusement le vit de son fils au cul de sa tendre moitié.
Voilà Victor au fond, l'inceste se consomme, pendant que ce père
coupable excite, sert lui-même, en mille voluptueuses manières,
les impudiques plaisirs de ce fils criminel.
- Comment cueillir maintenant le prix offert ? dit Verneuil à
Victor ; ton épuisement te le permettra-t-il ?...
- Épuisé ?... moi ? dit le fripon en faisant voir que
l'assaut qu'il vient de livrer n'a fait qu'aiguiser ses armes, voyez,
sacredieu, ce vit-là ; voyez s'il n'est pas en état de
faire à ma sur ce qu'il vient d'entreprendre avec ma mère.
J'insinuerai dans le cul de la fille la merde que je viens de pêcher
dans celui de la maman ; rien de plus délicieux au monde !
Et se jetant sur Cécile, il la met dans la même attitude
où il vient de placer sa mère. Le fripon s'apprête
à la traiter également, lorsque Verneuil suspendant les
fureurs de son fils, le prie d'en retarder un moment le cours, pour
mettre plus d'ordre à ses voluptés. Cécile, agenouillée
sur le saint sofa, présente en plein la double route des plaisirs
: Verneuil prépare les voies ; il introduit son fils dans celle
de Sodome. A cheval sur les reins de Cécile, est, avec soin,
placée Laurette, qui présente aux baisers du jeune homme,
à l'endroit, le temple le plus frais et le plus mignon qu'ait
encore eu l'Amour sur terre. De droite et de gauche, mesdames de Gernande
et de Verneuil offrent leurs culs à patiner. Verneuil encule
son fils ; John le lui rend. Bressac, d'Esterval, Gernande et Dorothée,
ivres de ce spectacle, l'entourent... le premier en sodomisant un giton,
le second pollué par Marceline dont il pince les fesses, le troisième
sucé par Lili, et la quatrième enconnée par Constant.
Au bout d'une courte carrière, tout le monde atteignant le but,
des flots de foutre impurs, sodomites, incestueux, s'élancent
de toutes parts aux yeux de l'Éternel, mis là pour être
insulté ; et, en épuisant ceux qui les perdent, les contraignent
à d'indispensables réparations.
On s'approche du buffet. Les pâtés, les jambons, les volailles,
les perdrix se taillent, se découpent, les flacons se débouchent,
tout s'avale ; mais, peu d'instants après, l'exigeante déesse
de Cythère rappelle à ses autels déserts tous ces
sectateurs de Comus.
- Mes amis, dit Verneuil en reprenant poste, nous avons tout à
l'heure consulté le sort sur nos plaisirs : je suis d'avis maintenant
d'interroger l'Être éternel sur le même objet. Le
voilà sous vos yeux, ce Dieu suprême qui connaît
l'avenir ; j'ordonne donc à chacun d'aller se placer debout devant
lui, le vit à la main, et de le consulter par la formule que
vous allez trouver au pied de son trône. Le grand Être dont
je suis ici le ministre, et dont j'ai reçu les ordres ce matin,
vous répondra par un billet ; vous en exécuterez le contenu.
Vous vous ressouviendrez que le style des décrets d'un Dieu est
toujours un peu louche ; vous aiderez à la lettre ; vous devinerez
l'intention, et vous agirez. La manière dont vous venez de vous
conduire, Victor, assure, plus que jamais, votre rang parmi nous ; vous
ne vous prêterez donc plus comme patient, qu'autant que le jeu
vous plaira. Commencez Gernande ; allez consulter Dieu.
Gernande, dans l'attitude prescrite, prononce à haute voix les
paroles qu'il trouve, et que nous allons transcrire mot à mot.
« Méprisable image du plus ridicule fantôme, toi
qui n'es bien placé que dans un bordel, toi qui n'es bon qu'à
régler les plaisirs du cul, que faut-il que je fasse pour rebander
? Fais-le moi connaître ; j'exécuterai ce que tu me prescriras
; mais en te protestant que c'est la seule chose sur laquelle je veuille
t'obéir ; mon mépris et ma haine sont trop constatés,
trop certains, pour que je doive jamais me soumettre à toi sur
d'autres objets. »
A peine Gernande a-t-il prononcé, qu'un rouleau de satin blanc,
lancé par la bouche de l'Éternel, tombe à ses genoux.
Il le développe, il y lit ces mots :
« Prends ta belle-sur et Marceline ta sur ; passe
avec elles dans un boudoir ; là, tu mêleras le sang, et
tu boiras le foutre. »
Gernande s'enferme aussitôt. Nous ne répéterons
plus que tous en firent de même, dès qu'ils eurent reçu
leur décret.
Bressac succède ; il lit la même formule ; le rouleau tombe.
On y disait : « Prends deux gitons, et marque-les. »
Dorothée suit ; le rouleau dit : « Que la Gernande et Constant
te suivent ; deviens à la fois le bourreau de l'une, la putain
de l'autre. »
D'Esterval paraît : « Prends Cécile et Lili lui dit
le rouleau ; et ne ménage celui-ci que pour accabler la première.
»
Verneuil arrive : « Justine et John t'appartiennent, exprime le
rouleau ; hasarde ton secret avec la première, que le second
te venge si l'on te refuse. »
Victor termine : « Prends deux gitons, dit l'oracle, et rends-toi
digne de ton père. »
L'impossibilité où nous voici maintenant de suivre chacun
des acteurs dans son cabinet de retraite, est cause que nous ne nous
attacherons, avec la permission de nos lecteurs, qu'à celui d'entre
eux qui met notre héroïne en scène.
- Justine, dit Verneuil dès qu'il est enfermé avec elle,
faisons passer un moment ce garçon dans la garde-robe, et écoutez-moi
avec attention. La voix du Dieu de l'univers vient de m'apprendre que
je pouvais t'initier dans mon secret ; je vais le faire ; n'en abuse
pas, et tâche surtout que je n'aie pas à me repentir de
ma confiance.
Il m'est impossible de te cacher, ma chère, que tu as quelque
chose en toi qui me plaît excessivement. Mon frère te trouve
de l'esprit, mais trop de pruderie ; écarte ce nuage qui nuit
à tes attraits ; renonce à tes sottes pratiques de religion,
de vertu, et parcours avec moi la route la plus épineuse du crime.
Consens à venir dans mes terres, et ta fortune est faite ; mais
il faut, si tu acceptes, avec un courage infini... un abandon... une
résignation totale...
- Oh ! monsieur, de quoi s'agit-il ?
- D'une horreur. Persuade-toi d'abord, mon enfant, qu'il n'existe pas
dans le monde un mortel plus scélérat que moi ; il n'en
est aucun qui porte aussi loin le goût du crime et de l'atrocité.
Pour satisfaire mes intentions perverses sans autant de risques que
les malfaiteurs ordinaires, et pour multiplier mes victimes, par une
insigne trahison qui met tous mes sens en feu, dans un embrasement indicible,
je me sers d'une poudre qui porte aussitôt la mort dans le sein
de ceux qui la respirent ou qui l'avalent. Cette poudre est tirée
de la racine d'addad, qui croît dans l'Afrique1, mais dont les
curieux peuvent élever des plantes. Le poison qui s'en extrait
est si violent, qu'une très petite dose suffit à donner
la mort la plus prompte et la plus douloureuse. Tu n'imaginerais pas,
ma chère fille, l'innombrable quantité de victimes qui
périssent ainsi traîtreusement sous mes coups. Mais comme
celui qui se livre au crime désire toujours au delà de
ce qu'il exécute, peu satisfait encore de la multiplicité
d'individus qui tombent près de moi, je m'occupe d'un moyen d'étendre
ces actions. Pour y réussir, j'ai besoin d'une aide... J'ai jeté
les yeux sur toi ; munie de ma poudre infernale, c'est le nom que je
lui ai donné, tu parcourrais les villes, tu distribuerais ce
venin ; et je goûterais le bonheur sans égal d'ajouter
tes crimes aux miens, et de les regarder comme personnels, puisqu'ils
deviendront mon ouvrage.
- Quoi ! monsieur, de telles horreurs ?...
- Me composent les plus doux plaisirs que je puisse goûter dans
le monde : l'action, quand je m'y livre, irrite d'abord incroyablement
mes esprits ; en apprends-je ou en vois-je la consommation, mon foutre
échappe aussitôt, sans que j'aie besoin d'autres secours.
- Oh ! monsieur, que je plains ceux qui vous entourent !
- Non ; ma femme, mes enfants, mes domestiques, ne courent aucun risque
; ils me procurent d'autres plaisirs, dont je serais obligé de
me passer sans eux ; mais tout le reste, Justine, oh ! tout le reste
m'échauffe... m'excite... me met aux nues. Plus ambitieux qu'Alexandre,
je voudrais dévaster toute la terre, la voir jonchée de
mes cadavres.
- Vous êtes un monstre ; votre perversité doublera en raison
de ce que vous lui donnerez de l'essor, et les êtres sacrés
que vous voulez bien ménager aujourd'hui seront bientôt
sacrifiés à leur tour.
- Tu crois, Justine, dit Verneuil en maniant les fesses de celle qu'il
cherche à séduire, et lui faisant empoigner son vit très
irrité de ces propos ?
- J'en suis sûre.
- Et quand cela serait, mon ange, commettrai-je donc un si grand mal
?
- Affreux, monsieur, exécrable... Et moi-même ne deviendrais-je
pas aussi votre victime ?
- Jamais, tu me serais trop précieuse... trop nécessaire
pour cela.
- Ah ! je n'en serais que plus tôt sacrifiée, si j'avais
le malheur d'accepter vos offres. Ce qu'un criminel fait de plus sage
est d'anéantir ses complices ; et de toutes les horreurs où
il se livre, celle-là, sans doute, est la plus convenable.
- Je n'ai qu'un mot à répondre à tes objections,
Justine. Tu serais maîtresse de la poudre, tu aurais dès
lors sur mon existence les mêmes droits que je pourrais acquérir
sur la tienne.
- Oh ! Verneuil, il n'y a de dangereux que les armes qui se trouvent
dans la main du crime ; si la vertu les possède un instant, elle
ne s'en sert que pour les ravir à ceux qui peuvent en abuser.
- Mais tu crois donc, ma fille, qu'il y a un grand mal à me satisfaire
ainsi ?
- C'est la plus abominable de toutes les horreurs, parce qu'elle est,
de toutes les manières de commettre le meurtre, la plus traîtresse
et la plus dangereuse... celle dont on peut le moins se défendre.
- Instruite par mon frère, répondit Verneuil, je ne te
répèterai point ce que lui, ou les autres philosophes
avec lesquels tu as passé ta vie, ont pu te dire pour te prouver
la nullité du prétendu crime appelé meurtre ; je
ne m'attacherai qu'à te faire comprendre que de toutes les façons
d'y procéder, celle qui ne fait point couler de sang est la moins
affreuse sans doute. Et, en effet, tu m'avoueras, Justine, que si quelque
chose répugne dans l'action de détruire son semblable,
c'est la violence qu'on exerce sur lui, c'est le sang qu'on fait jaillir
de ses veines ; c'est, en un mot, le spectacle de ses meurtrissures
et de ses plaies. Rien de tout cela dans le poison : aucun acte violent
; la mort frappe sous vos yeux la personne condamnée, sans bruit,
sans scandale, à peine vous en doutez-vous. Ô Justine,
Justine, c'est une délicieuse chose que le poison ! que de services
il a rendus !... que de gens il sut enrichir !... de combien d'êtres
inutiles il a purgé le monde !... de combien de tyrans il a déchargé
la terre !... Dans le cas, par exemple, où il s'agit de briser
les fers du despotisme, la tyrannie d'un père, d'un époux...
d'un maître injuste, y réussit-on autrement et plus sûrement
que par le poison ? Ah ! si ce suc précieux n'était pas
nécessaire à l'homme, la nature nous l'eût-elle
donné ? Y a-t-il une seule plante sur la terre qui nous soit
inutile, une seule dont elle ne nous accorde la permission d'user à
notre gré ? Employons-les donc toutes sans choix aux besoins
que cette même nature nous inspire ; que les unes nous substantent
et corroborent nos forces ; que celles-ci nous dégagent des humeurs
dont la trop grande abondance nuirait à notre santé ;
que celle-là nous délivrent des individus qui nous sont
à charge ; tout cela est à sa place, tout cela est dans
l'ordre. La nature l'offre et le prescrit à la fois ; il n'y
a que les sots qui, ne voulant pas l'entendre, ou la repoussent ou l'interprètent
mal.
- Mais, monsieur, dit Justine, jamais votre frère ne m'a parlé
de semblables horreurs.
- Ce ne sont pas ses fantaisies, dit Verneuil ; il a une autre manière
de faire le mal ; il s'en tient là. Chacun outrage les lois,
la religion et les conventions sociales à sa guise, et l'on ne
doit pas discuter des goûts.
- Eh bien ! monsieur, je vous plains d'en avoir de pareils, et vous
proteste en même temps que je ne les servirai jamais.
Malheureuse fille, tu ne savais pas à quel point tes refus enflammaient
cet insigne libertin !
Verneuil passe promptement de la luxure à la rage :
- Allons, dit-il, puisque la séduction ne produit rien, il faut
au moins que la force me satisfasse ; tourne-moi ce cul qui m'enflamme.
Le vilain le claque, le baise, le mord et ordonne à Justine de
chier... La tremblante victime obéit ; au fait de toutes ces
paillardises, elle croit apaiser son persécuteur, en le satisfaisant.
Verneuil analyse l'étron, il le respire et l'avale...
- Charmante fille, dit-il en se relevant, vous venez de me faire goûter
un plaisir délicieux pour moi ; il en est peu qui me flattent
davantage. Je l'avoue, j'aime la merde à la folie. Mais je me
croirais redevable envers vous, si j'avais reçu sans rendre ;
ayez donc la bonté de prendre ma place, je vais m'établir
à celle que vous quittez ; ce que vous m'avez donné, Justine,
vous le recevrez de moi ; vous mangerez ma merde comme j'ai mangé
la vôtre.
- Grand Dieu ! mon cur se soulève.
- Oh ! foutre, cela m'est bien égal ; résigne-toi sur-le-champ,
coquine, ou je te fais tenir par l'homme qui attend près d'ici
mes ordres ; et si tu m'y forces, putain, attends-toi à la plus
extrême rigueur.
- Faites ce que vous voudrez, monsieur ; il m'est impossible de me prêter
à une telle infamie.
John paraît aussitôt ; il était muni de deux pistolets
; il en remet un à Verneuil ; et tous deux appliquent le bout
de l'arme qu'ils ont en main, sur une des tempes de Justine. La malheureuse,
effrayée, se place.
- Contiens l'attitude, dit Verneuil au valet, en se mettant à
cheval sur le sein de notre héroïne, et fais-lui ouvrir
la bouche avec le canon de ton pistolet : si elle refuse de bonne grâce
: point de pitié pour une fille désobéissante.
Hélas ! tout ne s'arrange que trop suivant les désirs
de cet homme infâme. Il tâte avec son cul s'il est perpendiculairement
placé sur le visage de Justine ; s'y voyant d'aplomb, il lâche
sa bordée, et remplit la bouche de cette pauvre fille de la plus
infecte et de la plus dégoûtante matière.
- Ce n'est pas tout, dit-il en se relevant pour contempler son odieux
ouvrage, il faut qu'elle avale.
Justine est menacée de nouveau. Que ne fait pas faire la frayeur
? La malheureuse obéit, mais son estomac se renversant aussitôt,
on voit qu'elle va rendre avec usure ce qu'on vient de la contraindre
à prendre. Le croira-t-on ? pourra-t-on se faire une assez juste
idée de la passion effrénée de cet impudique, pour
comprendre les saletés auxquelles il se livre ? Verneuil qui,
pendant cette dernière opération, n'avait cessé
de se faire polluer par John, et de le polluer également, l'infâme
Verneuil colle sa bouche sur celle de Justine à l'instant où
il la voit rendre gorge, et reçoit dans ses entrailles le dégoûtant
superflu de celles de la victime de sa lubricité.
- Voilà ce qu'il me fallait pour en venir au fait, dit-il à
John. Allons, putain, ton derrière ; tu sais que je n'ai pas
encore sondé ce beau cul ; je veux le foutre.
Facilitée par John et par l'état de souffrance dans lequel
est Justine, l'entreprise réussit aisément. Quelque prodigieux
que soit le membre de Verneuil au moyen de la violence avec laquelle
il s'y prend, et de l'impossibilité où est Justine de
se défendre, l'outil disparaît bientôt.
- Bon, je la tiens, dit-il ; viens m'enculer maintenant, mon cher John
; viens me rendre ce que je fais à cette garce.
Les deux opérations s'enclavent, se marient ; mais notre triste
aventurière est loin de prévoir le dénouement que
lui prépare la férocité de ce monstre. Appuyée
sur le canapé qui la soutenait, tout son corps y pèse
avec force : Verneuil, maître d'un ressort, le lâche ; le
canapé s'enfonce ; et Justine, entraînée, quitte
la cheville par laquelle elle est fixée, et tombe, à plus
de vingt pieds de profondeur, dans un vaste bassin d'eau à la
glace, préparé pour la recevoir. Tel est le moment de
l'éjaculation de Verneuil ; sa main achève la besogne.
- Oh foutu bougre de dieu, s'écrie-t-il, elle m'échappe.
Et le sperme, dont il aurait arrosé sans cela le cul de la victime,
coule à gros bouillons sur les flots où se débat
cette malheureuse. Ordonne qu'on la pêche, dit flegmatiquement
Verneuil à John qui venait de lui décharger dans le cul
; va, car la gueuse pourrait bien se noyer, et nous en avons encore
besoin : je l'y laisserais, ma foi, sans cela.
Notre homme revient au salon après ce bel exploit. Gernande,
Bressac, d'Esterval, Victor et Dorothée, y rentraient presque
en même temps. Chacun se rendit compte avec intérêt
des plaisirs solitaires dont il venait de jouir. Il n'y avait pas eu
un seul cabinet où quelques semblables espiègleries n'eussent
été mises en exécution ; et, comme tous avaient
également des trappes, chacun de ces scélérats
prévenus s'en était servi de même. Mais les embûches
étaient différentes. Un des mignons de Bressac, celui
qu'il enculait, était tombé dans les commodités,
et l'on ne savait comment faire pour l'en sortir. Dorothée avait
précipité la Gernande sur des fagots de ronces. La jolie
Cécile, plus jeune et plus ménagée, jetée
sur des matelas par d'Esterval, en avait été quitte pour
la peur. Victor avait laissé tomber l'un des gitons qui lui avait
été confié, dans les flammes d'esprit-de-vin, ce
qui avait fait croire à ce malheureux jeune homme qu'il allait
périr par le feu. Et Gernande, enculant la Verneuil, l'avait
laissée couler sur trente bougies allumées qu'elle avait
éteint de son corps. Les victimes, baignées, rafraîchies,
reparurent ; et l'on s'occupa d'un plan général.
- Je me sens mieux en train que jamais, dit Verneuil, plus j'avance
dans la carrière de la luxure, et mieux je bande. La perte de
la semence fatigue... absorbe les hommes ordinaires ; elle m'irrite,
moi, elle me prépare à de nouveaux actes libidineux ;
plus je décharge, et plus je suis libertin. Placez-vous tout
le long de ce vaste canapé, les genoux sur le bord ; et exposez-moi
vos fesses indistinctement. Filles, garçons, femmes, vieilles,
il faut, sacrenom d'un dieu, que tout y passe, excepté ces deux
jeunes enfants, poursuit-il en montrant Rose et Lili ; je les réserve
pour une autre occasion.
On s'arrange, en observant d'entremêler les sexes. Bressac est
le premier qui fait voir les fesses à son oncle. Marceline venait
ensuite ; sitôt qu'elle a reçu son offrande, elle s'empare
d'une poignée de verges, et suit son frère en le flagellant.
L'infernal Verneuil ne fait grâce à pas un. Il sodomise
les hommes et les vieilles avec la même ardeur que les filles
et les garçons. Il parvient enfin à Gernande, sans avoir
couronné son extase ; il encule son frère. « Vieux
bougre, lui dit-il, si j'avais à décharger, ce serait
bien sûrement dans ton cul libertin ; car il y a longtemps qu'il
me fait bander ; mais de nouveaux plaisirs m'appellent, et je me réserve.
»
La chaîne se rompt. « A toi, mon fils, dit Verneuil à
Victor ; tiens, vois ta mère et tes surs ; ne les vexeras-tu
pas un peu ? Imite-moi donc avec elles ; sodomise-les toutes les trois.
» L'immoral enfant, conduit par son père, encule les trois
individus désignés, pendant que Verneuil le fout lui-même.
Le paillard, égaré de nouveau, se fait donner des verges
; et tombant sur les trois putains de son fils, il les met en sang toutes
trois. Remettant l'arme à son écolier :
- Fouette ta mère, étrille tes surs, lui dit-il
; ne les ménage pas, ne crains pas surtout d'outrager la nature.
Ce n'est jamais qu'au delà des bornes connues, que la bougresse
a fixé le plaisir ; on ne le saisit bien qu'en dépassant
les limites que les sots prétendent qu'elle nous prescrit. Point
de voluptés sans crime. Ah ! comme ils travaillaient pour nos
plaisirs, ces législateurs imbéciles qui prétendaient
donner des lois à l'homme : s'en foutre, et les toutes enfreindre,
mon ami, voilà le seul art de jouir. Connais cet art, et brise
tous les freins.
- Papa, dit le petit fripon en étrillant sa mère de toutes
ses forces, tu sais qu'il y a longtemps que je te demande la permission
de fouetter maman sur la gorge ; accorde-moi donc cette faveur, et tu
vas voir mon vit comme il écumera.
Une telle effervescence enflamme tout le monde. Bressac baise mille
fois un enfant si semblable à lui ; Gernande veut que sa femme
se réunisse à madame de Verneuil. Comme tante, dit ce
libertin, elle a, ce me semble, des droits à l'intempérance
de ce cher neveu. Les deux victimes sont placées à genoux,
le dos appuyé contre le sofa sacré ; et le barbare enfant,
que chacun contemple à plaisir, sans calculer les suites funestes
d'un caprice aussi dangereux, frappe indifféremment de ses verges
les belles gorges exposées à ses cruautés. Un tel
spectacle échauffe l'assemblée. Bressac encule d'Esterval
qui lui-même sodomise un giton ; Gernande suce les vits de John
et de Constant, pendant que Marceline le fouette ; et Dorothée,
s'emparant de Justine, lui enfonce son clitoris dans le cul. Cependant
madame de Verneuil, sur laquelle la rage de ce petit scélérat
semble s'exercer avec le plus de plaisir, s'évanouit sous les
coups qui lui sont portés ; et le monstre, oubliant, profanant
la plus sainte loi de la nature, ose arroser de foutre le sein ensanglanté
qui lui donna la vie.
Le jour avançait, et les forces commençant à s'épuiser,
on imagina, pour les réparer, d'ouvrir encore quelques pâtés,
de faire sauter quelques bouteilles de vin de Champagne, et d'interroger
ensuite l'image de Dieu, à dessein de savoir l'art auquel on
aurait recours pour retrouver une énergie dont on avait besoin
au dénouement.
Les estomacs remplis, et les têtes allumées, Verneuil après
avoir fait baiser trois fois son cul à l'Éternel, lui
demande par quel procédé il croit qu'on peut reprendre
un peu de vigueur.
- Par des supplices particuliers, répond l'image divine. Que
chacun repasse dans ses cabinets, et qu il se serve de l'instrument
qu'il y trouvera établi. Vous, Gernande, emparez-vous de madame
de Verneuil ; vous Verneuil, prenez votre fille Cécile ; que
d'Esterval prenne madame de Gernande ; Dorothée passera avec
Laurette et Marceline ; Victor, aidé de Constant, s'enfermera
avec Justine.
Seulement, obligés de suivre ici notre héroïne, nous
ignorons quels furent les supplices où les autres furent condamnés.
Nous dirons simplement que notre malheureuse aventurière trouva,
dans le cabinet qui lui était destiné un meuble de torture,
en usage parmi les bourreaux d'Italie. Fixée sur le croupion
au haut de cette infernale machine, ses quatre membres étaient
attachés en l'air, et son corps pesant sur cette partie chatouilleuse
et faible que soutenait le fatal instrument, lui occasionnait, au moyen
de ce poids, une douleur si violente, qu'il en résultait un rire
sardonique, extrêmement curieux à examiner. On n'imagine
pas le plaisir qu'eut Victor de faire établir là, par
celui qui l'aidait, la triste et malheureuse Justine. Le petit scélérat
l'y contint près d'une demi-heure, en se faisant branler par
Constant ; puis, courant chercher son père :
- Oh ! mon ami, lui dit-il, j'ignore à quel supplice tu condamnes
ta fille Cécile ; mais je te jure qu'il ne peut d'imposer être
de plus délicieux que celui que je viens d imposer à Justine
; viens-y placer ma sur, je te le demande avec instance.
Verneuil, que rien ne satisfaisait, et qui ne se trouvait pas assez
délecté des affreuses douleurs qu'arrachait à Cécile
un horrible chevalet sur lequel il l'avait posée, la détache
et la conduit sur la manivelle italienne. « Il faut les foutre
au sortir de là, dit Verneuil à son fils. » Tous
deux consomment ce dernier crime, se nichent ensemble, l'un au con de
sa fille, l'autre au cul de Justine, et déchargent à la
fois, en molestant les charmes de l'une et de l'autre victime... déjà
rompues de la séance questionnaire où ces scélérats
viennent de les soumettre.
C'est l'instant de frapper les grands coups. Jusqu'alors les deux enfants
de Verneuil et de Laurette sa fille, étaient, pour ainsi dire,
restés dans l'inaction. A la flétrissure des prémices
de ces deux beaux enfants, consistaient les grands projets de ces jours
de fête. Tout, dans ce délicieux sacrifice, flattait excessivement
Verneuil : ces individus étaient du plus bas âge, et voilà
comme il lui fallait des victimes ; ils étaient à la fois
ses enfants et ses petits-enfants. Quelle délicieuse recherche
pour un homme dont tous les plaisirs gisaient dans l'inceste ! On les
présente donc l'un et l'autre à ses luxurieuses entreprises
: Laurette, leur mère, et madame de Verneuil, devaient contenir
les holocaustes. Victor était chargé d'humecter les voies,
et de guider le dard de son père dans les routes voluptueuses
qu'allaient présenter son frère et sa sur. En attendant
que tout se prépare, Verneuil, pour se ranimer, jouit des plaisirs
passifs de Sodome. John et Constant l'enculent tout à tour ;
il veut que Justine lui suce la bouche et lui branle le vit pendant
ce temps-là. En peu de minutes notre complaisante héroïne
rend à la vie ce triste invalide de Cythère ; et les deux
meilleurs soufflets qu'elle ait reçus de ses jours, deviennent
les gages de la reconnaissance qui lui est due. Parfaitement excité,
le drôle s'élance du même bond sur la petite fille
de sept ans. Les prémices du cul sont ceux qui s'offrent les
premiers. Victor guide, avec une incroyable adresse, le membre effrayant
de son père au trou mignon qu'on lui fait voir ; mais quelles
que soient l'adresse de l'un et l'agilité de l'autre, l'attaque
paraît impossible. Cependant la victime, parfaitement contenue,
ne peut offrir aucune résistance ; sa défaite devient
donc certaine ; elle l'est effectivement ; et le monstre, à force
de pommade, disparaît en trois tours de reins dans l'antre étroit
des plaisirs de Gomorrhe. Marceline remplace aussitôt Laurette
dans l'emploi de contenir le sujet. Pour mieux exciter son père
dans les plaisirs qu'il goûte à jouir de sa fille, elle
lui fait baiser les superbes fesses d'un enfant plus rapproché
de lui d'un degré que celle qu'il sodomise. Victor, qui n'a plus
besoin là, vient, en enculant son père, placer Verneuil
entre les deux résultats de sa couille. Mais la férocité
de cet incestueux, qui ne peut-être une minute sans aliment, exige
que Gernande fouette devant lui Marceline, c'est-à-dire, la grand-mère
de celle dont il travaille l'anus ; et Gernande, dont on connaît
les goûts sanguinaires, veut, pour faire couler plus tôt
le sang, n'employer sur le gros cul de cette femme, qu'un martinet à
pointes de fer.
- Je voudrais bien, dit Verneuil, toujours en foutant, que d'Esterval,
pour achever de m'irriter, saisît le cul de ma femme dans la posture
où la voilà, et qu'il l'étrillât d'importance.
- Ne pourrais-je pas, dit Bressac, rendre le même service à
Laurette ? son attitude étant semblable, je puis la saisir de
même.
- Assurément, répond Verneuil ; mais il faudra donc que
Dorothée vienne foutre Victor de son délicieux clitoris.
- Bon, dit John ; et moi, j'enculerai Dorothée.
- En face de vous tous, dit Constant, je vais, si cela plaît,
sodomiser Justine.
- Sous les conditions, dit Verneuil, que tu t'environneras de bardaches,
qui, par leur attitude, m'offrirons leurs fesses à baiser.
- Bien de plus aisé, dit une des vieilles en disposant tout ;
et nous, ajouta-t-elle en parlant de ses trois compagnes, nous allons
parcourir les rangs, les verges à la main, pour vous exciter
davantage.
- Non, non, dit Verneuil ; j'aime mieux qu'elles se troussent au-dessus
de moi ; je veux que les rides de leurs vieux culs forment, avec les
beautés que j'ai sous les yeux, le contraste le plus agréable
à la véritable luxure. Vous chierez, garces, entendez-vous
; vous vesserez, vous péterez, pendant que mon foutre coulera.
Et tout étant ainsi disposé, le coquin, bandant à
merveille, veut cueillir du même coup l'une et l'autre fleur.
Les cruels projets de cet ours s'accomplissent bientôt ; et la
pauvre petite Rose, flétrie de toutes parts dans un même
instant, va porter au sein de sa mère et son déshonneur
et ses larmes.
Lili remplace. Toutes les postures varient ; mais la même lubricité
les dessine, d'égales infamies les assaisonnent. La crise approche
à la fin ; d'étonnants blasphèmes la préparent.
Verneuil décharge comme un taureau, et veut qu'au sortir du cul
de son petit-fils, ce soit la bouche de Justine qui purifie son engin
merdeux. « Remplace-moi », dit-il à Victor, «
mon fils, fous mes deux enfants ; je me sens encore la force de t'enculer
pendant ce temps-là, pourvu que ma femme gamahuche le trou de
mon cul, et que je lèche celui de ma sur. » De nouveaux
groupes entourent ces derniers écarts de luxure ; et, après
quelques instants de calme et de rafraîchissements, on procède
au dernier acte de ces délicieuses orgies.
Oh ! juste ciel ! par quelles horreurs elles vont se terminer.
Un vaste fauteuil à cinq places, construit de manière
que ceux qui y sont placés se trouvent dos à dos, est
élevé au milieu du salon. Bressac, Gernande, Verneuil,
d'Esterval et Dorothée s'asseyent dans ce siège. Chacun
de ces individus place un giton entre ses jambes ; John, Constant et
Victor papillonnent autour. Un cercle environne ce large fauteuil, en
ne laissant qu'un pied d'intervalle entre ce siège et lui. Ceux
qui forment ce cercle sont mesdames de Verneuil et de Gernande, Justine,
Laurette, Marceline, Cécile, Lili, Rose, et les quatre vieilles,
qu'on fait mettre nues ; tous ces malheureux êtres se tiennent
par la main. Tel est l'état dans lequel Gernande veut qu'ils
soient pour être saignés tous les douze à la fois
des deux bras ; ce qui va former vingt-quatre fontaines, dont les flots
rejailliront sur les scélérats placés dans le fauteuil.
Les deux tristes épouses veulent se récrier sur l'atrocité
de ces excès ; on rit de leurs remontrances ; et la scène
ne s'en prépare pas moins. Verneuil y désire du raffinement.
- Je veux, dit-il, que mon fils Victor saigne lui-même sa mère
et ses surs.
- De ses jours il n'a touché de lancettes, s'écrie madame
de Verneuil.
- Tant mieux, répond méchamment Gernande ; c'est là
précisément ce qu'il nous faut.
Le jeune Victor, empressé de concourir à cette scélératesse,
assure qu'il s'en tirera tout aussi bien que son oncle. L'opération
commence ; M. de Gernande se lève, et la dirige. Victor débute
sous les yeux de son maître, qui, méchamment, lui branle
le vit, pendant qu'il opère, afin que la luxure, agitant ses
nerfs, le contraigne à trembler et à estropier quelqu'un.
Gernande achève ; les jets partent presque à la fois de
tous les bras. Le phlébotomiseur revient se placer ; et voilà
nos cinq libertins, couverts de sang, qui s'excitent à ce spectacle,
pendant que leurs gitons les sucent, et que Victor, les verges à
la main, parcourt le cercle à revers, pour empêcher, à
force de coups, que les victimes ne perdent connaissance. Rien n'égale
l'audace dont cet énergumène frappe indistinctement tous
les culs ; frère, mère, sur, rien n'est épargné
par son bras vigoureux. Cependant nos libertins de l'intérieur
du cercle sont absolument inondés de sang, ainsi que les gitons
qui les amusent ; John et Constant, dont ils branlent les vits, en sont
également couverts ; on ne l'a jamais vu couler avec tant d'abondance.
En ce moment, Cécile chancelle, elle tombe, malgré tous
les efforts de ceux qui sont auprès d'elle pour la retenir.
- Ah ! dit Verneuil, qui bandait ferme à ce spectacle, ah ! sacredieu,
je gage que ma fille est perdue ; ce petit étourdi l'aura manquée
; le voilà fratricide, pour son coup d'essai.
- Rien n'est plus certain, dit Gernande.
- Ah ! double foutu dieu, dit le jeune homme, en couvrant de foutre
le visage de sa sur expirante, sacré bougre de Dieu dont
je me fous, jamais je n'eus tant de plaisir.
Ici tous les bras se rebandèrent en hâte. Madame de Verneuil
absorbée sur le corps de sa fille, le couvre de larmes et de
baisers. On essaie quelques remèdes, et leur parfaite inutilité
les fait abandonner aussitôt. Verneuil, très consolé
de cette perte, parce que personne ne tenait moins que lui à
un objet... surtout quand il en était rassasié, Verneuil
demande à son fils s'il l'a fait exprès.
- Non vraiment, dit l'insigne coquin ; je vous prie, cher père,
d'être bien persuadé que, si j'avais eu une victime à
choisir, c'eût été madame votre épouse...
Tout le monde éclate de rire... Et voilà comme on élevait
ce jeune scélérat ; voilà comme on l'apprivoisait
insensiblement aux plus exécrables forfaits.
- Sacredieu, dit d'Esterval, je suis désolé que cette
jolie fille crève si tôt ; j'avais dessein de l'enculer.
- N'es-tu donc pas encore à temps ? dit Bressac.
- Pardieu, tu as raison, dit l'aubergiste ; qu'on me la tienne, et je
l'y fais passer.
- C'est moi, mon ami, dit Verneuil, c'est moi qui vous rendrai ce service,
en reconnaissance de tous ceux que m'a rendus votre aimable femme. Et,
saisissant sa fille moribonde, il la présente à d'Esterval,
qui la sodomise aussitôt. Chacun de ces scélérats
veut, dans son genre et suivant ses goûts, se permettre d'égales
atrocités ; et l'on n'a pas idée des exécrations
où se livrent ces monstres, jusqu'au dernier moment, avec cette
malheureuse petite fille. Jamais les peuples les plus cruels, jamais
les plus féroces anthropophages n'atteignirent à ce degré
d'horreur, de cruauté. Elle expire à la fin et les banquettes
de la terrasse, dont nous avons précédemment parlé,
ensevelissent à jamais le crime épouvantable qui vient
de se commettre avec autant d'audace que de frénésie.
Oh ! quelle passion que la luxure ! Si elle est la plus délicieuse
de toutes celles dont la nature nous inspire le goût, on peut
bien assurer qu'elle est en même temps la plus forte et la plus
dangereuse.
Excédés de fatigues, on fut à la fin se coucher.
Et Verneuil, auquel une nouvelle idée luxurieuse rendait aussitôt
toutes ses forces, ainsi que nous l'avons déjà dit, voulut
absolument passer la nuit avec sa fille Laurette, qui, de tout ce qui
est là, est celle qui possède le mieux l'art de l'électriser.
Chacun s'arrange à peu près de même ; et Justine
a l'honneur de partager la couche de Dorothée, qui ne peut se
rassasier d'elle.
En Numidie.
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