Victor
Hugo a été un
géant.
C'est Hugo qui, sans doute,
a le mieux incarné le romantisme: son goût pour la nature,
pour l'exotisme, ses postures orgueilleuses, son rôle d'exilé,
sa conception du poète comme prophète, tout cela fait
de l'auteur des Misérables l'un des romantiques les plus purs
et les plus puissants qui soient. La force de son inspiration s'est
exprimée par le vocabulaire le plus vaste de toute la littérature
française, et tant la richesse que la variété de
sa production ont de quoi étonner : Hugo a écrit de la
poésie, des romans, de nombreux drames, mais aussi des essais
littéraires et des pamphlets politiques, sans compter qu'il a
tour à tour été stimulé par l'Orient, le
Moyen Âge, les voix intérieures de la méditation,
les paysages les plus paisibles ou les plus grandioses, l'action sociale
et même les joies d'être grand-père. Il semble bien
que Dieu lui-même, comme Hugo d'ailleurs l'évoque dans
Ce siècle avait deux ans, plaça l'âme du poète
« au centre de tout comme un écho sonore »
.
Quant aux affaires politiques,
Hugo a longtemps été monarchiste: il a par exemple assisté
au sacre de Charles X en 1824 et il est devenu, au cours des années
1840, l'ami de Louis-Philippe qui, d'ailleurs, le nomma pair de France.
Ces sympathies monarchistes n'ont pourtant pas empêché
Hugo d'admirer Napoléon et de soutenir, en décembre 1848,
la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence
de la République française. Mais dès 1829, bien
avant qu'il ne devienne un symbole de la gauche, Hugo se battait contre
la peine de mort. Il s'est également toujours porté à
la défense de la liberté et des pauvres gens, surtout
à partir de 1848, ce qui lui valut d'ailleurs la désapprobation
de Lamartine qui le jugeait trop près des socialistes. Rappelons
aussi les virulentes critiques du poète envers Napoléon
III, celui-là même qu'il avait encouragé aux élections
de 1848, ce qui l'obligea à s'exiler à Jersey, puis à
Guernesey. De retour en France, nommé sénateur, il est
significatif que son combat le plus constant ait été mené
en faveur d'une amnistie pour tous les communards avec lesquels, pourtant,
il ne partageait rien hormis les idéaux.
Victor Hugo a été
un géant. Et même sa mort, et même ses funérailles,
suivies par des centaines de milliers de Français, des plus importants
aux plus humbles, ont été à l'image de l'un des
écrivains les plus immenses de tous les temps.
|