36 - Maria
meae puellae
Flendo turgiduli rubent ocelli.
V. CATULLUS.
Ne pleure pas
DOVALLE.
De tes longs cils de jais que ta main blanche essuie,
Comme des gouttes deau dun arbre après la pluie,
Ou comme la rosée, au point du jour, des fleurs
Quun pied inattentif froisse, jai vu des pleurs
Tomber et ruisseler en perles sur ta joue :
En vain de la gaîté léclair à présent
joue
Dans tes yeux bruns, en vain ta bouche me sourit,
Dinquiètes terreurs agitent mon esprit.
Quavais-tu, Maria, toi, rieuse et folâtre,
Toi, de plaisirs bruyants et de danse idolâtre,
Le soir, quand le soleil incline à lhorizon,
La première à fouler lémail vert du gazon,
La première à poursuivre en sa rapide course
La demoiselle bleue aux bords frais de la source,
À chanter des chansons, à reprendre un refrain??
Toi qui nas jamais su ce quétait un chagrin,
À lécart tu pleurais. Réponds-moi?! quel
orage
Avait terni léclat de ton ciel sans nuage??
Ton passereau chéri bat de laile, joyeux,
Les barreaux de sa cage, et sur son lit soyeux
Ton jeune épagneul dort, tout va bien, et tes rosés
Répandent leurs parfums, heureusement écloses.
Quavais-tu donc, enfant?? quel malheur imprévu
Te faisait triste?? Hier je ne tavais pas vu.
|