25 - Élégie
II
Élégie. « Je voudrais loublier »
Ingrate
,
pour tavoir bien servie
,
Adorant ta beauté,
Je vois bien quà la fin tu mosteras la vie
Après la liberté.
DE LINGENDES.
Je
ladore et meurs de trop aimer.
PHILIPPE
DESPORTES.
Je voudrais loublier, ou ne pas la connaître
Oh, si javais pensé que dans mon cur dût naître
Ce feu qui le dévore et qui ne séteint pas,
Loin delle encore à temps jaurais porté mes
pas
Mais non, il le fallait ; cétait ma destinée !
Contre elle vainement dans mon âme indignée
Je crie et me révolte ; il le fallait. Le soir,
À lombre des tilleuls elle venait sasseoir,
Je la voyais. Son front candide où ses pensées
Dune rougeur pudique arrivent nuancées,
Sous larc dun sourcil brun son il étincelant,
Par un éclair rapide en silence parlant,
Et ses propos naïfs, et sa grâce enfantine,
Et parfois dans nos jeux sa colère mutine,
Tout en elle damour et despoir menivrait.
À des songes dorés mon âme se livrait,
Elle était tout pour moi qui ne suis rien pour elle !
De ses affections ombre et miroir fidèle,
Je riais, je pleurais, à son rire, à ses pleurs,
Lorsquelle me contait sa joie ou ses douleurs.
Sa vie était la mienne ; une espérance folle
Me flattait de toucher un jour ce cur frivole.
Mais elle, à tant damour quelle na pas compris,
Na jamais répondu que par le froid mépris,
La vague indifférence, et la haine peut-être !
Je voudrais loublier, ou ne pas la connaître.
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