14 - Les Deux Âges
La petite fille est devenue
jeune fille.
VICTOR HUGO.
Ce nétait, lan passé, quune enfant blanche
et blonde
Dont lil bleu, transparent et calme comme londe
Du lac qui réfléchit le ciel riant dété,
Nexprimait que bonheur et naïve gaîté.
Que jaimais dans le parc la voir sur
la pelouse
Parmi ses jeunes surs courir, voler, jalouse
Darriver la première ! Avec grâce les vents
Berçaient de ses cheveux les longs anneaux mouvants ;
Son écharpe dazur se jouait autour delle
Par la course agitée, et, souvent infidèle,
Trahissait une épaule au contour gracieux,
Un sein déjà gonflé, trésor mystérieux,
Un col éblouissant de fraîcheur, dont lalbâtre
Sous la peau laisse voir une veine bleuâtre.
Dans son petit jardin que jaimais à la voir
À grandpeine portant un léger arrosoir,
Distribuer en pluie, à ses fleurs desséchées
Par la chaleur du jour, et vers le sol penchées,
Une eau douce et limpide ; à ses oiseaux ravis,
Des tiges de plantain, des grains de chènevis !
Cest une jeune fille à présent
blanche et blonde,
La même ; mais lil bleu, jadis pur comme londe
Du lac qui réfléchit le ciel riant dété,
Nexprime plus bonheur et naïve gaîté
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