Théophile
Gautier 1811 - 1872
36 - Théophile Gautier, sa famille
et la musique.
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Ce poète et littérateur français, en dehors de son Capitaine Fracasse, nest plus guère lu de nos jours. Cependant les spécialistes savent bien quil a joué un rôle de tout premier plan dans lhistoire des courants littéraires du XIXe siècle. Parti du romantisme, il évolua vers une vision aiguë du monde et une description parfaite des sensations pour devenir le modèle dune nouvelle génération de poètes qui se réclamèrent bientôt de lui : Baudelaire, Banville, Flaubert, Leconte de Lisle. Il est alors le maître de la poésie nouvelle qui saffirme dans le Parnasse contemporain (1866) avec, en plus de ceux déjà nommés, José-Maria de Heredia, Sully Prudhomme, François Coppée, Léon Dierx, Catulle Mendès... Les parnassiens réagissent contre le romantisme sentimental symbolisé par Musset. Ils ont le culte de la perfection formelle : lart doit être cultivé pour lui-même, lart est désintéressé, il est doit être indépendant de la morale et de la politique. Lartiste ne doit connaître quun culte, celui de la beauté. Cest Théophile Gautier qui écrit dailleurs dans la préface de Mademoiselle de Maupin " Il ny a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid ".... Dans son recueil de poésies, le plus célèbre dailleurs, Emaux et Camées (1852) il exprime avec délicatesse, sous une forme cristalline, les divers aspects du monde extérieur. Parmi la cinquantaine de pièces, il en consacre quatre à des Variations sur le Carnaval de Venise, qui sont de véritables variations musicales par leur rythme, leur mélodie, leurs accords et leur construction. On trouve également dans ce même recueil une Symphonie en blanc majeur, qui est une transposition dart tentée par lauteur, une variation musicale sur toutes les nuances, tous les reflets du blanc, un essai de correspondance entre sensations, impressions et sentiments. Visiblement Théophile Gautier, qui a choisi lart pour lart, nest pas insensible à la musique. Dans ses poèmes il soigne la rime et sefforce dadopter des sonorités évocatrices. Tout comme un Messiaen, il transpose des sensations visuelles en impressions musicales. Théo, ainsi appelé familièrement par ses amis, et qui dans sa jeunesse était persuadé quil était né pour être peintre1, fréquentait assidûment le monde musical. Dans les années 1850-1860, il recevait dans son appartement de la rue Rougemont toute une pléiade dartistes parmi lesquels figuraient notamment le corniste virtuose Eugène Vivier2 et le compositeur Ernest Reyer3. Il écrivit plusieurs livrets, dont la Péri (1843), Gemma (1854), Saccountalâ (1858) ... et Giselle (1841) que mettra en musique la même année Adolphe Adam4 . Ce ballet romantique, quoique souvent critiqué par certains pour sa musique un peu trop populaire, mais qui contient cependant quelques idées de choix comme le thème de Giselle effeuillant la marguerite, est toujours régulièrement joué par toutes les grandes compagnies. Le 22 juin 1841, jour de son vingt-deuxième anniversaire, la danseuse italienne Carlotta Grisi5 , qui à lâge de cinq ans dansait déjà au théâtre de la Scala de Milan, connut un véritable triomphe sur les scènes parisiennes avec la création de Giselle. Théophile Gautier, dont la liaison avec Eugènie Fort6 était terminée depuis peu, en tomba amoureux mais cet amour restera toujours platonique, bien quil confessa un jour quelle avait été le véritable et le seul amour de sa vie ! Carlotta avait deux soeurs : Marina Grisi, également danseuse, qui après son mariage se retira de la scène, et Ernesta Grisi cantatrice, sa sur aînée. Cest ainsi que notre poète, à lhiver 1844, devint lamant de cette dernière qui resta sa fidèle compagne durant une vingtaine dannées. Sans doute avait-il été séduit par sa voix chaude de contralto, ses grands yeux et son allure distinguée. Peut-être est-ce aussi sa ressemblance avec Carlotta qui lattira ?7 |
La famille
Grisi, de Milan, comptait encore parmi les siens dautres musiciennes
de grand talent : Giuditta (1805-1840), mezzo-soprano acclamée
sous le règne de Louis-Philippe, qui épousa le Comte Barni.
Bellini a écrit pour elle le rôle de Roméo dans I
Capuleti ed i Montecchi (Venise, mars 1830). Et Giulia, sa sur,
(1811-1869), soprano, surnommée " la jolie Grisi " qui
fut adulée par le public parisien à légal de
la Malibran. Cousines de Carlotta, Ernesta et Marina, elles étaient
arrivées à Paris en 1832 pour être engagées
au Théâtre-Italien. Le 16 octobre de cette année Giulia
débutait dans Sémiramide de Rossini. Quatre années
plus tard, elle épousait Gérard de Melcy, mais ce mariage
fut rompu et elle se liait alors avec le ténor Giovanni Mario (1810-1883)
avec lequel elle partait en tournée aux USA en 1844. Elle terminait
ses jours à Londres, après avoir quitté la scène
en 1861... Il ne faut oublier également de citer la célèbre
contralto italienne Josephina Grassini (1773-1850), tante de Giuditta
et de Giulia, qui, après avoir chanté à Milan devant
Bonaparte, en 1800, devint sa maîtresse.
Théophile Gautier eut deux filles de sa liaison avec Ernesta Grisi. Laînée, Judith, est née le 24 août 1845 dans le neuvième arrondissement parisien. A cette époque, son père était en Algérie où il se livrait à sa passion pour les voyages. Filleule de Maxime du Camp, elle grandit dans un monde artistique des plus bouillant en cette seconde moitié du XIXe siècle. Elle fréquenta ainsi Gérard de Nerval, Flaubert, Baudelaire, les deux Dumas, les Goncourt... Devenue femme de lettres, dans sa maison de Neuilly, elle accueillait sans cesse des peintres, gens de lettres, journalistes, musiciens, sculpteurs. Tout ce petit monde dartistes bigarrés linfluença sans aucun doute dans ses goûts littéraires, notamment après sa rencontre avec un mandarin chinois. Cest ainsi quelle publiait en 1867 le Livre de Jade, qui est un recueil de poésies inspirées ou traduites doriginaux chinois, lannée suivante un roman Le Dragon impérial, pittoresque tableau des agitations intérieures de la Chine, et quelle devint une révélatrice du monde oriental avec tous ses mystères et ses fascinations. Admiratrice de Wagner, elle lui inspira dailleurs une passion enflammée et lutta fougueusement pour lintroduction de son uvre dans notre pays. |
Giulia et Giuditta Grisi, cousines de Carlotta, Ernesta et Marina (Musica, avril 1905) |
Judith, fille aînée de Théophile Gautier |
Membre de lacadémie Goncourt,
elle épousa, le 17 avril 18668 à Neuilly-sur-Seine lécrivain
et poète parnassien Catulle Mendès (1841-1909), à
propos duquel Guy de Maupassant écrira : " Poète
aux intentions mystérieuses, frère dEdgar Poe et
de Marivaux, compliqué comme personne, et dont la plume, soit
quil fasse des vers, soit quil écrive en prose, est
souple et changeante à linfini. " On relève
plus particulièrement dans son uvre deux essais : Richard
Wagner (1866) et Luvre wagnérienne en France (1899),
ainsi que les livrets dopéra Gwendoline (1886), mis en
musique par Emmanuel Chabrier, et Isoline (1888) mis en musique par
André Messager
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Cette
union ne dura guère et dès 1874 le couple se séparait.
Catulle Mendès poursuivit alors sa liaison avec Augusta Holmès,
débutée dailleurs durant son mariage. Celle-ci, élève
préférée de César Franck, admirée par
Wagner, Gounod, Liszt et Saint-Saëns, courtisée par Rodin,
Frédéric Mistral, Pierre Loti et Stéphane Mallarmé
passait pour être la fille dAlfred de Vigny9. Elle avait déjà
donné à Catulle deux enfants : Raphaël, né en
mai 1870 et Hughette10, née le 1er mars 1872. Plus tard naîtront
en juin 1876 Claudine11, le 12 septembre 1879 Hélyonne12 et un
fils Marthian mort en bas âge. Seule Claudine avait des prédispositions
pour la musique. Elle apprit le piano et le violon au Conservatoire et
sessaya même à la composition13... Catulle Mendès,
après sa liaison avec Augusta Holmès, épousa en secondes
noces la poétesse Jeanne Mette14 (1867-1955), conférencière
et critique dramatique de La Presse, de laquelle il eut un autre fils
Jean, tué sur le front le 23 avril 1917, à lâge
de vingt ans. Enfin, il eut encore un fils avec la comédienne et actrice Marguerite Moreno (1871-1948). Judith mourut le 26 décembre 1917 en son domicile la villa " Le Pré des Oiseaux " à Dinard, sans laisser de postérité. Estelle Gautier, la seconde fille de Théophile
et dErnesta Grisi, naquit le 27 novembre 1848 également
dans le neuvième arrondissement parisien au domicile de ses parents,
rue Rougemont. Autant sa sur Judith avait le caractère
turbulent et bohème des Grisi, autant celui dEstelle ressemblait
à celui de sa famille paternelle issue de la bourgeoisie. Elle
était calme et menait une petite vie tranquille dépouse
dévouée et de mère attentive. Bien quen bons
termes, les deux soeurs ne se fréquentaient guère... |
Le 15 mai 1872 à Neuilly-sur-Seine
Estelle épousa Emile Bergerat (1845-1923). Romancier, poète
et journaliste, il fut chroniqueur du Voltaire et du Figaro, et plus
tard membre de lacadémie Goncourt. Cétait
lopposé de Catulle Mendès : doté dune
grande autorité morale, il nappartenait à aucune
tendance littéraire alors en vogue et vivait en bon bourgeois
réfléchi. Sans doute est-ce ce côté trop
prudent et pondéré qui ne plaisait guère aux
frères Goncourt qui relatent dans leur Journal15, à
la date du dimanche 2 juin 1872 :
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Jeanne Mette, seconde épouse de Catulle Mendès |
" Rien ne me donne lidée
de linfériorité de la femme comme laveuglement
bête et bas de ses coups de cur. Comment une créature
belle comme la fille de Gautier, et avec une intelligence dans cette beauté,
peut-elle séprendre dun goujat comme Bergerat ? La
crapulerie du nouveau marié est telle que la sur de Théo,
qui a vu dans la maison la fine fleur des bohèmes et des gens mal
élevés, dit quelle na jamais rencontré
"une âme aussi peu monsieur ". Théo lui-même
est assez choqué pour ne vouloir le laisser sortir, le laisser
se produire dans la société quil voit, avant de lavoir
fait passer, dans le huit-clos, à un cours déducation
et de bonnes manières. "
Estelle, morte au cours de lété 1914 à Saint-Lunaire (Ille-et-Vilaine) et Emile Bergerat laissèrent deux enfants : Théo et Herminie. Celle-ci en épousant, au début de notre siècle, le célèbre ténor David Devriès rentrait ainsi dans une famille où la musique était vénérée et pratiquée au même degré que létait la poésie chez les Gautier. Rosa Devriès, la première musicienne connue de cette famille dartistes lyriques était une chanteuse hollandaise fort distinguée, née à Deventer le 25 février 1828, morte en 1889. Fétis16 raconte quelle commença par chanter dans les cafés, avant de devenir choriste au Théâtre-Royal de la Haye, puis de parfaire son éducation musicale à Paris aux frais du roi Guillaume II. Elle partit ensuite pour les Etats-Unis, où elle resta plusieurs années, sinstalla à Londres en 1856, et enfin effectua dimportantes tournées à Turin, Milan, Barcelone, Naples et en Allemagne. Douée dune voix admirable, doublée dun talent dramatique incontestable, cette artiste a laissé cinq enfants, dont quatre firent à leur tour une carrière dramatique de tout premier ordre : Marcel Devriès : né en 1849 à Bruxelles et rentier de son état, il épousa Cécile Dardignac. Ce sont les parents de David, lépoux dHerminie Bergerat. Jeanne Devriès17. Née en 1850 et morte en 1924, elle obtint de vifs succès au Théâtre-Lyrique de Paris, puis au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles. Elle se maria en 1876 au ténor Etienne Dereims (1845-1904), qui débutait à lOpéra-comique en 1877, dans le Cinq-Mars de Gounod.. Fides Devriès. Née le 22 avril 1852 à la Nouvelle-Orléans, élève de Duprez, elle débuta au Théâtre-Lyrique en 1869, avant de séjourner à la Monnaie de Bruxelles, puis dentrer à lOpéra de Paris en 1871. En 1874 elle renonçait pour quelque temps au théâtre, à la suite de son mariage avec un dentiste, M. Adler, pour réapparaître au Nouveau Théâtre Italien et chanter à lOpéra la 200e dHamlet en 1883. Mais quatre ans plus tard elle se retirait définitivement de la scène après avoir joué le rôle dElsa dans lunique représentation de Lohengrin donnée le 3 mai 1887 à lEden-Théâtre. Sa beauté, sa distinction naturelle et le charme de sa voix contribuèrent grandement à son énorme succès surtout dans les rôles de Marguerirte de Faust et dOphélie dHamlet. Maurice Devriès, né en 1854 à New-York et décédé en 1919 à Chicago, fut lui aussi un chanteur renommé, en débutant sa carrière dans le rôle de Marcellus dHamlet, en mai 1889 à lOpéra, avant de se produire à Liège, Bruxelles, Chicago et New-York. Interprétant les plus grands rôles du répertoire classique, il a également créé Salammbô, Thaïs, Frédégonde... Enfin Hermann Devriès, autre frère de Marcel, Jeanne, Fidès et Maurice fit aussi une brillante carrière de chanteur. Né à New-York, comme Maurice, le 25 décembre 1858, mort à Chicago le 28 avril 1949, il fut en effet une célèbre basse américaine. Après avoir travaillé à Paris avec Jean-Baptiste Faure, il débuta à lOpéra, puis chanta à lOpéra-Comique, à Bruxelles, Marseille et Aix-les-Bains, avant de se produire au Metropolitan Opera en décembre 1858 puis de créer son propre studio à Chicago en 1900... |
La belle-mère
dHerminie Bergerat, Cécile Dardignac, avant dépouser
Marcel Devriès, avait été mariée en premières
noces à Fritz Busser. Celui-ci fut quelque temps suppléant
dIgnace Leybach18 aux grandes orgues de la cathédrale Saint-Etienne
de Toulouse. Un enfant vint de cette union : Henri Busser19, futur membre
de lInstitut, élu au fauteuil de Gounod et de Pierné
en 1938, président de lAcadémie des Beaux Arts en
1947 et en 1956, auteur notamment dune Messe de Saint Etienne composée
à la mémoire de son père et dont la 1re audition
eut lieu le 25 novembre 1936 en léglise Saint-François-de-Sales.
Ami de Verdi, Gounod, Delibes, Debussy, Widor, dIndy et Chabrier,
il est sans aucun doute un " musicien français " caractérisé
par un style souple, aérien, délicat, qui nexclut
pas le charme et lhumour.
Ainsi, Herminie Bergerat, petite-fille de Théophile Gautier et de la cantatrice Ernesta Grisi, fille et nièce décrivains et poètes (Emile Bergerat, Judith Gautier, Catulle Mendès) par son mariage avec David Devriès élargissait davantage son horizon en devenant la femme dun chanteur, la cousine dun compositeur de grand renom (Henri Busser) et la nièce par alliance de toute une dynastie de célèbres cantatrices et chanteurs, les Devriès ! |
Henri BUSSER en habit d'Académicien ( 1935 ) |
David-Etienne-Joseph
Devriès, naquit le 14 février 1882 à Bagnères-de-Luchon
(Haute-Garonne). Décédé en 1936, il fut tout dabord
élève de lEcole Niedermeyer, de 1894 à 1897,
où il reçut notamment les précieuses leçons
de Gustave Lefèvre. Lun de ses frères, Paul, sera
également élève dans cette école de musique
en 1896. Leur demi-frère Henri Busser les avait précédé
de deux années. David poursuivit ensuite ses études musicales
au CNSM de Paris, dans les classes de Lhérie et de Duvernoy et
fit ses débuts lors de la création dAstarté
de Xavier Leroux, en février 1901, au Palais Garnier. Mais cest
surtout à lOpéra-Comique quil mena une carrière
jalonnée de succès à partir de 1904. Parmi tous les
rôles interprétés citons ceux de Gérald dans
Lakmé, Don José dans Carmen, Wilhelm dans Mignon, Rodolphe
dans La Bohême, le rôle titre dans Les Contes dHoffmann...
Il sest produit également au Manhattan Opera House de New-York,
au Covent Garden de Londres, au Théâtre de la Monnaie de
Bruxelles, ainsi quà Monte-Carlo...
Daniel, dit Ivan Devriès20, fils de David et dHerminie, décédé le 17 janvier 1997, fut à son tour musicien. Né le 17 septembre 1909 à Saint-Lunaire (Ille-et-Vilaine), il avait commencé par étudier le chant avec son père, et le piano avec R. Lortat, puis lharmonie avec Samuel-Rousseau et Aimé Steck, la fugue et le contrepoint avec Georges Caussade au CNSM de Paris, tout en poursuivant ses études classiques au Lycée Pasteur... Cest Ivan Devriès qui fonda la profession de metteur en ondes en rentrant à lORTF en 1936. Pendant près de 40 ans, jusque 1976 il assura ainsi la mise en ondes des principales émissions musicales, comme le festival dAix-en-Provence notamment. Grand Prix musical de la Ville de Paris (1961), admirateur de Debussy et de Bartok, il est considéré comme un musicien " indépendant ", affilié à aucune école, bien quil flirte parfois avec un langage atonal. On lui doit de la musique instrumentale (un Concerto pour petit orchestre et percussion, des Variations sur une danse de Slavonie, Trois mouvements symphoniques, un Concerto pour violon...), de la musique vocale (Trois poèmes de Paul Eluard pour chant et piano, Cinq Rondeaux de Ch. dOrléans pour baryton et orchestre de chambre...) et de la musique pour le théâtre : Le clou aux maris (daprès Eugène Labiche) pour 12 musiciens (1re version, 1961), puis pour grand orchestre (2e version, 1963), un ballet-cantate Feu secret (daprès Erromango de P. Benoît) et de nombreuses partitions de musique de scène pour lORTF. Ivan Devries avait épousé en premières noces en premières noces la violoniste Eliane-Elise Martel, née le 5 octobre 1918 à Hérépian (Hérault), décédée le 7 juin 1982 à Genève, puis en deuxième noces Gabrielle Rossi, également violoniste, née le 19 octobre 1915 à Nice, morte le 4 novembre 2001 à Colombes (Hauts-de-Seine). A la cinquième génération depuis Rosa Devriès, Anik Devriès, la fille dIvan née du premier mariage, exerce à son tour une profession musicale, puisquelle est musicologue. Elle est notamment lauteur, avec son mari, du Dictionnaire des éditeurs de musique française (Genève, 1979-1988) et a épousé François Lesure21, également musicologue, conservateur en chef du département de la musique à la Bibliothèque Nationale, de 1970 à 1988, directeur de la collection de musique ancienne Le Pupitre, ancien président de la Société française de musicologie, directeur de la collection Patrimoine (Costallat) et éditeur entre autres des oeuvres complètes de Debussy et d'une biographie critique de ce compositeur (Fayard)... Sans doute y aura-t-il encore des musiciens dans les générations suivantes et cest tant mieux, car ces dynasties dartistes sont de véritables trésors pour le patrimoine culturel de notre pays. Denis HAVARD DE LA MONTAGNE ____________ 2) Eugène-Léon Vivier (1821-1900), élève de Gallay, parvenait à produire 2 ou 3 sons simultanés sur son cor. Cette extraordinaire manière de jouer est toujours restée inexpliquée ! Il est probable qu'il chantait un son en jouant l'autre et que le 3e son était un son résultant. (Hugo Riemann, Dictionnaire de Musique, 2e édition française, remaniée et augmentée par Georges Humbert, Lausanne, librairie Payot et Cie, 1913, p.1076). [ Retour ] 3) Ernest Reyer (1823-1909), compositeur distingué et critique musical de talent, membre de l'Institut, bibliothécaire de l'Opéra, est l'auteur d'opéras, de mélodies et d'oeuvres chorales. Il débuta en 1850 avec une ode-symphonie, Le Sélam, sur un texte de Théophile Gautier et collabora de nouveau avec ce dernier pour son ballet Saccountalâ représenté en 1858. (Pour plus de détails voir les dictionnaires de Riemann, Honegger, Baker, Vapereau...) [ Retour ] 4) Peu de gens savent qu'Adolphe Adam (1803-1856) est également l'auteur du célèbre noël Minuit, chrétiens. [ Retour ] 5) Carlotta Grisi (1819-1899), danseuse, chanteuse, reçut notamment des conseils de la Malibran et les leçons du chorégraphe Jules Perrot qui lui donna une fille, Marie-Julie. Elle parut d'ailleurs sous le nom de Madame Perrot, au théâtre de la Rennaissance à Paris dans le ballet-mélodrame des Zingari en 1841 où elle dansait et chantait à la fois. Plus tard, elle fréquenta le danseur Lucien Petipa, puis Léon Radziwill, un prince polonais qui lui donna à son tour un enfant et l'accueillit sur les rives du lac Léman. [ Retour ] 6) Théophile Gautier et Eugénie Fort eurent un fils, Théophile, né le 24 avril 1836. Littérateur, il fut successivement sous-préfet d'Ambert (Puy-de-Dôme), chef du bureau de la Presse au Ministère de l'Intérieur (1868), puis secrétaire particulier de l'ancien Ministre de Napoléon III, Eugène Rouher. Il a plusieurs fois suppléé son père au feuilleton du Moniteur. [ Retour ] 7) Certains détails sur les relations de Théophile Gautier et la famille Grisi sont empruntés au remarquable ouvrage, que nous recommandons chaudement à nos lecteurs, de Joanna Richardson, Judith Gautier, traduit de l'anglais par Sara Oudin (Paris, Seghers, 1989, 321 pages). Nous remercions à cette occasion M. Philippe Havard de la Montagne, spécialiste de Balzac et de Rétif de la Bretonne, de nous avoir signalé l'existence de ce livre. [ Retour ] 8) Témoins de la mariée, Flaubert et le publiciste Julien Turgan ; du marié, Villiers de l'Isle Adam et Leconte de Lisle. [ Retour ] 9) Tryphina-Anna-Constance Shearer, épouse de Charles-Dalkeith Holmes, officier de cavalerie, rencontra Vigny pour la première fois en 1827 à Dieppe. Bertrand de la Salle dans son Alfred de Vigny (Paris, Fayard, 1963) avance que ce n'est cependant pas avant 1840 que l'on peut supposer l'existence d'une liaison entre l'Anglaise et le poète. [ Retour ] 10) Hughette (1872-1964), l'aînée des filles, épousa à la fin de 1896 l'écrivain Gabriel Caillard-Belle (1870-1949), bien que Catulle Mendès eut souhaité la voir mariée avec son grand ami Georges Courteline. [ Retour ] 11) Claudine (1876-1937) se maria peu de temps après sa sur Hughette avec le poète Mario de La Tour Saint Ygest. [ Retour ] 12) Hélyonne (1879-1955), la cadette, a épousé en 1898 le romancier Henri Barbusse (1873-1935) auteur du Feu, uvre réaliste sur la vie des combattants de la Première Guerre mondiale et d'ouvrages militant en faveur du communisme. [ Retour ] 13) Sur Augusta Holmès se reporter au livre de Gérard Gefen Augusta Holmès l'outrancière (Paris, Pierre Belfond, 1987, 277 pages). [ Retour ] 14) Primitive-Jeanne Mette, divorcée en premières noces de Marcel Boussac, marchand de draps, est la mère du célèbre industriel Marcel Boussac 1889-1980. [ Retour ] 15) Edmond et Jules de Goncourt, Journal, Paris, Robert Laffont, 1956, 3 vol., collection Bouquins. [ Retour ] 16) Voir le supplément (tome I, page 267) de la Biographie universelle des musiciens de François-Joseph Fétis. [ Retour ] 17) Sur les Devriès voir également les deux ouvrages de Jean Gourret, quoique non exempts d'erreurs : Nouveau dictionnaire des chanteurs de l'Opéra de Paris, du 17e siècle à nos jours, Paris, éditions Albatros, 1989 ; et Dictionnaire des cantatrices de l'Opéra de Paris, idem, 1987. [ Retour ] 18) Ignace-Xavier-Joseph Leybach (1817-1891), pianiste, organiste et compositeur, élève d'orgue de Wachenthaler, organiste de la cathédrale de Strasbourg, puis de Pixis, Kalbrenner et Chopin à Paris, succéda à Justin Cadaux aux claviers des orgues de la métropole de Toulouse en 1844. Pianiste renommé, il a publié un grand nombre de morceaux de salon et de fantaisies pour piano, très en vogue à l'époque. On lui doit également une volumineuse méthode d'orgue en 3 volumes. [ Retour ] 19) Henri-Paul Busser, né le 16.1.1872 à Toulouse, décédé le 30.12.1973 à Paris, dans sa cent-deuxième année, Grand Prix de Rome en 1893, fut chef d'orchestre à l'Opéra-Comique, puis à l'Opéra avant de devenir le directeur de l'Opéra-comique. Professeur de contrepoint, puis de composition au CNSM de Paris, il était également organiste et exerça à Sainte-Marie-des-Batignolles, à Saint-Cloud, où il succédait à Gounod en 1892, et à Notre-Dame, où il suppléa Vierne durant la Première Guerre mondiale. Il avait épousé la cantatrice et professeur de chant au CNSM Yvonne Gall (1885-1972). [ Retour ] 20) Courtes notices biographiques sur le compositeur Ivan Devriès in Marc Honegger, Dictionnaire de la musique, Paris, Bordas, 1970 (tome I, p.273) et Théodore Baker - Nicolas Slonimsky, Dictionnaire biographique des musiciens, traduit de l'américain par Marie-Stella Pâris, Paris, Robert Laffont, 1995 (tome I, p.1009). [ Retour ] 21) Voir notice in Honegger , op. cit., tome II, p. 632 et in Théodore Baker..., op. cit., tome II, p.2393 |