Poésies nouvelles
et inédites
Les Joyeusetés du Trépas 1857
De son destrier qui se cabre
Il jette à bas le chevalier,
Quil pousse à la danse macabre
En retournant le sablier ;
Avec un crâne joue aux quilles
Aux tonnelles des cabarets ;
Du boîteux casse les béquilles,
Du coureur coupe les jarrets ;
Pour modèle offrant son squelette,
Pose en Vénus[1] dans latelier ;
Arrache au peintre sa palette,
Fier comme Job sur son fumier !
Pousse une botte au maître darmes,
Botte secrète et bien à fond ;
Prend lenfant à la mère en larmes,
Ôte sa marotte au bouffon ;
Avec le camail du chanoine
Encadre son masque camus,
Sassoit dans la stalle du moine
Dont il interrompt lOremus ;
Pour sy mettre, il chasse du trône
Lempereur tout pâle deffroi,
Et pose sur son crâne jaune
La couronne arraché au roi ;
Malgré les clefs et la tiare
Il prend le pape au Vatican,
Et, railleur, au ballet bizarre
Il lui fait danser la cancan !
? Le vicomte de Spoelberch de Lovenjoul,
dans lHistoire des uvres de Théophile Gautier,
dit que ce mot est une faute dimpression, et quon
devrait lire « pose en vernis ».
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