Poésies nouvelles
et inédites
LOndine et le Pêcheur 1841
Tous les jours, écartant les roseaux
et les branches,
Près du fleuve où jhabite un pêcheur vient
sasseoir
Car sous londe il a vu glisser des formes blanches
Et reste là, rêveur, du matin jusquau soir.
Lair frémit, leau soupire
et semble avoir une âme,
Un il bleu souvre et brille au cur des nénufars,
Un poisson se transforme et prend un corps de femme,
Et des bras amoureux, et de charmants regards.
« Pêcheur, suis-moi ; je
taime.
Tu seras roi des eaux,
Avec un diadème
Diris et de roseaux !
« Perçant, sous leau
dormante,
Des joncs la verte mante,
Auprès de ton amante
Plonge sans teffrayer :
« À lautel de rocailles,
Prêt pour nos fiançailles,
Un prêtre à mains décailles
Viendra nous marier.
« Pêcheur, suis-moi ; je
taime.
Tu seras roi des eaux,
Avec un diadème
Diris et de roseaux ! »
Et déjà le pêcheur a mis
le pied dans londe
Pour suivre le fantôme au regard fascinant :
Leau murmure, bouillonne et devient plus profonde,
Et sur lui se ferme en tournant...
« De ma bouche bleuâtre,
Viens, je veux tembrasser,
Et de mes bras dalbâtre
Tenlacer,
Te bercer,
Te presser !
« Sous les eaux, de sa flamme
Lamour sait membraser.
Je veux, buvant ton âme,
Dun baiser
Mapaiser,
Tépuiser !... »
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