Poésies nouvelles
et inédites
Ghazel 1845
Dans le bain, sur les dalles,
À mon pied négligent
Jaime à voir des sandales
De cuir jaune et dargent.
En quittant ma baignoire,
Il me plaît quune noire
Fasse mordre à livoire
Mes cheveux, manteau brun,
Et, versant leau de rose
Sur mon sein quelle arrose,
Comme laube et la rose,
Mêle perle et parfum.
Jaime aussi lodeur fine
De la fleur des Houris,
Sur un plat de la Chine
Des sorbets dambre gris,
Lopium, ciel liquide,
Poison doux et perfide,
Qui remplit lâme vide
Dun bonheur étoilé ;
Et, sur leau qui réplique,
Un doux bruit de musique
Séchappant dun caïque
De falots constellé.
Jaime un fez écarlate
De sequins bruissant,
Où partout lor éclate,
Où reluit le croissant.
Larbre en fleur où se pose
Loiseau cher à la rose,
La fontaine où leau cause,
Tout me plaît tour à tour ;
Mais, au ciel et sur terre,
Le trésor que préfère
Mon cur jeune et sincère,
Cest amour pour amour !
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