Un esprit qui marche de lueur en lueur
et qui s'arrête éperdu - au bord de l'infini

Victor Hugo

1802 - 1885

<< Les Châtiments >>

livre 2 et 3
II

L'homme a ri

II- L'homme a ri

« M. Victor Hugo vient de publier à Bruxelles un livre qui a pour titre :
Napoléon le Petit, et qui renferme les calomnies les plus odieuses contre le prince-président.
» On raconte qu'un des jours de la semaine dernière un fonctionnaire apporte ce libellé à Saint-Cloud. Lorsque Louis-Napoléon le vit, il le prit, l'examina un instant avec le sourire du mépris sur les lèvres,
puis s'adressant aux personnes qui l'entouraient, il dit, en leur montrant le pamphlet :
« Voyez, messieurs, voici Napoléon le Petit, par Victor Hugo le Grand. »

(JOURNAUX ÉLYSÉENS, AOUT 1852.)

Ah ! tu finiras bien par hurler, misérable !
Encor tout haletant de ton crime exécrable,
Dans ton triomphe abject, si lugubre et si prompt,
Je t'ai saisi. J'ai mis l'écriteau sur ton front ;
Et maintenant la foule accourt, et te bafoue.
Toi, tandis qu'au poteau le châtiment te cloue,
Que le carcan te force à lever le menton,
Tandis que, de ta veste arrachant le bouton,
L'histoire à mes côtés met à nu ton épaule,
Tu dis : je ne sens rien ! et tu nous railles, drôle !
Ton rire sur mon nom gaîment vient écumer ;
Mais je tiens le fer rouge et vois ta chair fumer.

Jersey. 30 octobre 1852.