Avec
les romantiques, le thème de la Nature devient majeur.
Comme on l'a vu ailleurs
sur ce site, la Nature est, pour plusieurs poètes du début
du 19e siècle, l'incarnation la plus tangible de Dieu. C'est
par elle que, comme on le voit chez Hugo et Lamartine, le divin manifeste
le mieux sa grandeur.
Mais pour la plupart des
romantiques, le spectacle de la Nature ramène d'abord à
l'Homme lui-même: l'automne et les soleils couchants deviennent
dès lors des images du déclin de nos vies, alors que le
vent qui gémit et le roseau qui soupire symbolisent bien entendu
les émotions du poète lui-même.
Même
en musique, notamment dans la Pastorale de Beethoven, c'est bien moins
une description de paysages champêtres qu'il faut entendre que
l'écho de la sérénité ou de la colère
vécue par un homme.
La Nature, enfin, est un lieu de repos, de recueillement; en s'y arrêtant,
on oublie la société, les tracas de la vie mondaine. Il
est d'ailleurs conséquent à l'esprit romantique qu'on
se confie plus aisément à un lac qu'à un ami en
chair et en os. C'est bien là le signe, à la fois, du
dédain des romantiques pour l'univers social et du goût
de ces poètes pour la méditation, pour un retour sur soi
que la Nature, comme un miroir, ne fait que favoriser.

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