Stéphane Mallarmé

Pour Mallarmé, la poésie est une religion et le poète, son prêtre. Loin au-dessus des contingences de la vie ordinaire, tout comme Baudelaire qui cherchait l'Idéal dans l'élévation le portant au-delà des miasmes morbides,

Mallarmé a voulu créer une langue sacrée, inaccessible au commun des mortels, et qui ne dirait que l'Essentiel.
Les mots ont été salis par les usages quotidiens qui en ont été faits, et Mallarmé comptait leur redonner la pureté de leur origine. En défaisant la syntaxe de la phrase française (À la nue), en jouant sur des sonorités rares, étranges (Ses purs ongles...) ou savamment balancées (les i dans Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui...), en œuvrant sur les blancs typographiques (Un coup de dés...), le poète, par l'hermétisme, a créé un art à portée mystique, religieuse.


D
ès lors, l'expérience poétique acquiert une exigence de plus en plus haute, de plus en plus ardue aussi. Pour le poète d'abord, qui doit se montrer digne de sa vocation : ainsi, chez Mallarmé, l'angoisse de la feuille blanche, c'est d'abord la crainte de la salir par une inspiration trop banale, incapable d'atteindre l'Azur. Poésie d'exigence pour le lecteur aussi, toujours sur le point de comprendre l'Idée, presque capable de remonter à la source où la pensée a jailli, mais qui, en définitive, perd pied encore et encore.