Lautréamont
(1846-1870)

Biographie

BIOGRAPHIE DE LAUTRÉAMONT (1846-1870)

. Un destin hors du commun qui se termine à 24 ans



Son oeuvre :

- L'Azur (1864)

- Brise marine (1865)

- Hérodiade (1871)

- l'Après-Midi d'un faune (1876), précédé de Igitur ou la Folie d'Elbehnon

- Vers et prose (1893)

- Divagations (1897)


Isidore Ducasse, dit comte de Lautréamont
(1846-1870)
Ecrivain français qui fut considéré par les surréalistes comme un précurseur de la révolution littéraire du XXe siècle.

Fils d’un chancelier du consulat de France de Montevideo, Lautréamont, de son vrai nom Isidore Ducasse, commença ses études chez les jésuites, avant d’être envoyé en France pour préparer le concours d’entrée à l’École polytechnique, d’abord au lycée de Tarbes (1859), puis à celui de Pau (1863). Renonçant au concours pour des raisons mystérieuses, il vint se fixer définitivement à Paris en 1867. L’année suivante, il fit paraître à compte d’auteur et sous l’anonymat le premier des six Chants de Maldoror. Le recueil complet, signé cette fois du comte de Lautréamont, fut publié en 1869 et passa totalement inaperçu. Le même accueil fut réservé à ses fragments en prose (Poésies, 1870), rédigés peu de temps avant sa mort, dont les circonstances exactes ne furent jamais élucidées. Réédités en 1874 puis en 1890, les Chants de Maldoror donnèrent prise aux jugements les plus arbitraires (on prétendit notamment que Ducasse était atteint de folie), avant d’être remarqués par les symbolistes puis exaltés par les surréalistes. Louant cette littérature de la révolte, Breton écrivit : «!C’est au comte de Lautréamont qu’incombe peut-être la plus grande part de l’état de choses poétique actuel : entendez la révolution surréaliste!.» De son côté, Gracq voyait dans les Chants de Maldoror un «!torrent d’aveux corrosifs alimenté par trois siècles de mauvaise conscience littéraire!», estimant que cette œuvre était venue «!à point nommé pour corriger dans notre littérature un déséquilibre des plus graves!». De fait, on y trouve, pour la première fois dans la littérature française, une critique lucide du langage poétique. Célébré dès le premier chant, le thème du «!mal!» libère d’étranges forces obscures et salvatrices (celles de l’inconscient) que les chants!II et IV amplifient de résonances ténébreuses.





Or, parallèlement à cette glorification du mal, Lautréamont déploie un art de l’ironie sans précédent dans l’histoire des lettres, se livrant à un détournement en règle des traditions du récit populaire français et du roman noir gothique, apparu en Angleterre à la fin du XVIIIe siècle. Cette révolte blasphématoire se traduit sur le plan poétique par une sacralisation des fantasmes (spécialement perceptible dans le bestiaire du chant V). Quant aux Poésies, elles proposent une nouvelle manière de traiter la forme littéraire, renouvelant notamment le genre de la maxime, sous l’apparence d’un style désinvolte. Emporté par le flot quasi «!automatique!» de son débit verbal, Lautréamont s’y révèle un exceptionnel créateur de métaphores. L’exemple le plus caractéristique de cette capacité à concevoir de nouvelles images se trouve dans la série des «!Beau comme!…!» des chants V et VI, où l’auteur supprime un des deux termes de la comparaison, atteignant à la quintessence de l’effet poétique recherché par les surréalistes. Ici comme dans les Chants de Maldoror, le lecteur, sollicité par l’apostrophe et l’incantation, est prié d’accompagner l’écrivain jusqu’aux limites extrêmes de sa création : ainsi peut-il s’effacer («!La poésie personnelle a fait son temps!») et, à l’instar de son héros Maldoror, échapper à l’humanité pour servir «!les délires de la cruauté!».

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Autres

1809 : le 12 mars, naissance à Bazet, près de Tarbes, du père d’Isidore, François Ducasse, quatrième des huit enfants de Bernard-Louis Ducasse, surnommé « Le professeur », cultivateur.

1821 : le 19 mai, naissance à Sarniguet, près de Tarbes, de la mère d’Isidore, Jacquette-Célestine Davezac, fille de Dominique Davezac, cultivateur.

1828 : François Ducasse passe le brevet d’enseignement primaire et entre comme clerc dans une étude d’avoué, où il rencontre Jean Dazet, futur tuteur d’Isidore à Tarbes et père de Georges Dazet.

1830 : le 30 août, mort de Bernard-Louis Ducasse, grand-père d’Isidore.

1837-39 : François Ducasse est instituteur et secrétaire de mairie à Sarniguet, où il rencontre probablement Jacquette Davezac, sa future femme.

vers 1840 : François Ducasse émigre à Montevideo, en Uruguay. Il entre comme commis-chancelier au Consulat-général de France.

1846 : Le 1er février, mariage à Montevideo de François Ducasse et de Jacquette Davezac. Celle-ci est déjà enceinte d’Isidore.
Le 4 avril, naissance à Montevideo d’Isidore Lucien Ducasse.
Le 3 août, naissance à Bayonne de Paul Lespès, futur condisciple de Ducasse et dédicataire de Poésies.
Le 15 octobre, naissance à Pau de Georges Minvielle, futur condisciple de Ducasse et dédicataire de Poésies.

1847 : Le 16 novembre, Isidore est baptisé à la cathédrale de Montevideo.
9 décembre : Mort de sa mère. On a supposé qu’elle s’était suicidée.

1849 : Le 15 avril, naissance à Saint-Denis de Henri-Maximin Mue, futur condisciple de Ducasse et dédicataire des Poésies.

1851 : Le 8 octobre, fin de la guerre entre l’Uruguay et l’Argentine. Le siège de Montevideo est levé.

1852 : Le 2 avril, naissance à Tarbes de Georges Dazet, futur ami de Ducasse et premier dédicataire de Poésies.

1856 : Le 28 juin, François Ducasse est nommé chancelier de première classe au consulat de Montevideo.

1857 : En mars-avril, épidémie de fièvre jaune, dont François Ducasse manque mourir

1858 : Le 29 septembre, Gustave Hinstin, futur professeur de Lettres d’Isidore, est nommé professeur de troisième au lycée impérial de Saint-Étienne.

1859 : En octobre, Isidore entre comme interne en classe de sixième au lycée impérial de Tarbes. Jean Dazet, le père de Georges, est l’un de ses tuteurs. François l’avait rencontré alors qu’ils étaient tous deux clercs d’une étude d’avoué. Henri Mue est dans la même classe. Gustave Hinstin est professeur à Bar-le-Duc.

1861 : Isidore est en cinquième.
Le 18 août, Gustave Hinstin prononce le discours de distribution des prix au lycée de Bar-le-Duc.
Le 2 octobre, Gustave Hinstin est professeur au lycée impérial de Lille.

1862 : Isidore est en quatrième. Il obtient un premier accessit d’excellence.
Le 13 août, Gustave Hinstin prononce le discours de distribution des prix au Lycée de Lille.

1863 : On perd la trace d’Isidore Ducasse pour cette année scolaire. On suppose qu’il a suivi des études dans un collège privé pour rattraper son retard scolaire.
Le 16 avril, il écrit sur un exemplaire de l’lliade d’Homère traduit en espagnol par José Gomez Hermosilla : Propriedad del señor Isidoro Ducasse nacido en Montevideo (Uruguay)—Tengo también « Arte de hablar » del mismo autor.
En septembre, Gustave Hinstin est nommé professeur de rhétorique au Lycée impérial de Pau.
Le 17 octobre, Isidore entre au lycée de Pau, comme interne, en classe de Rhétorique.

1864 : Année de Rhétorique. Paul Lespès et Georges Minvielle sont prix d’honneur. Les résultats de Ducasse sont très modestes. Gustave Hinstin est leur professeur de Lettres.
Le 20 août, Gustave Hinstin prononce le discours de distribution des prix du lycée de Pau.
En octobre, Isidore entre en classe de philosophie.

1865 : Classe de philosophie. Paul Lespès est prix d’honneur de philosophie.

1866 : Isidore obtient son baccalauréat ès sciences.

1866 : En mars, Gustave Hinstin épouse, à Genève, Mlle Jeanne Grunfelder, de Lausanne. Il est muté en septembre à Lyon comme professeur divisionnaire de seconde, ce qui semble correspondre à une rétrogradation. Paul Lespès entre à la faculté de droit à Paris, place du Panthéon.
Le 7 juin, mort de Jean Dazet, père de Georges Dazet.

1867 : Le 21 mai, la préfecture de Tarbes délivre un passeport pour Montevideo à Ducasse, « sans profession ». Il s’embarque le 25 mai à Bordeaux sur le Harrick. J.-J. Lefrère suggère qu’il est rentré pour passer devant le conseil de révision. Il est en France à la fin de l’année. Selon Genonceaux, il s’installe dans un hôtel parisien, 23, rue NotreDame-des-Victoires.

1868 : Le 22 juillet, Évariste Carrance publie le premier volume de sa série, Les Voix poétiques.
En août, le premier des Chants de Maldoror est imprimé par Balitout, Questroy et Cie. La plaquette semble n’avoir été commercialisée que début novembre.
Le 1er septembre, la Revue populaire de Paris de Louise Bader diffuse une publicité pour le second concours poétique d’Évariste Carrance.
Le 5 septembre, la plaquette est annoncée
1er-15 septembre, La Jeunesse, dans son n°5, publie une critique signée Épistemon (pseudonyme d’Alfred Sircos) sur Les Chants de Maldoror.
Le 9 novembre, Ducasse écrit à un critique en lui envoyant le Chant premier.
Le 10 novembre, il écrit à Victor Hugo en lui adressant sa plaquette. Ducasse relève quelques coquilles.
Georges Minvielle est étudiant en droit à la faculté de Paris (1868-1869).

1869 : En janvier, la Revue populaire de Paris de Louise Bader publie une publicité pour Les Chants de Maldoror
Fin janvier, seconde édition, à Bordeaux, du premier chant des Chants de Maldoror dans le recueil collectif d’Évariste Carrance, Parfums de l’âme.
Durant l’été, le manuscrit des Chants de Maldoror est envoyé à Bruxelles pour être composé et imprimé. Il envoie un des exemplaires à Victor Hugo.
En octobre, il habite 32, rue du Faubourg-Montmartre.

1870 : En mars, Ducasse habite 15, rue Vivienne.
Le 9 avril, dépôt légal de Poésies I.
Le 14 juin, dépôt de Poésies 11.
En juillet-août, la Revue populaire de Paris publie une publicité pour Poésies.
Le 24 novembre, Ducasse meurt au 7, rue du Faubourg-Montmartre. ll est enterré le lendemain au cimetière du Nord, après un service religieux à l’église Notre-Dame-de-Lorette.

1873 : François Ducasse fait un voyage en France.

1874 : Lacroix vend tous les exemplaires de l’édition originale des Chants de Maldoror au libraire Jean-Baptiste Rozez de Bruxelles, qui la commercialise après en avoir fait changer la couverture.

1885 : En octobre, La Jeune Belgique publie un extrait de Maldoror (I, 11).

1886 : Dans Le Désespéré (I, « Le Départ »), Léon Bloy évoque « la récente intrusion en France d’un monstre de livre, presque inconnu encore, quoique publié en Belgique depuis dix ans ».

1887 : Mort, à Montevideo, de François Ducasse.

1890 : Bloy publie dans La Plume « Le cabanon de Prométhée ». Il y présente « ce livre incohérent et merveilleux » comme l’œuvre d’un fou, mais aussi d’un grand poète, « Cher grand homme avorté !Pauvre rastaquouère sublime !»
L. Genonceaux réédite Les Chants de Maldoror à Paris avec une préface qui contient quelques renseignements sur la vie de Ducasse et reproduit une lettre en fac-similé (12 mars 1870) ainsi que des passages de la lettre du 22 mai 1869, découvertes dans les papiers du banquier Darasse.

1891 : Remy de Gourmont découvre un exemplaire de Poésies I et II et relève les principales variantes entre le Chant I des Chants de Maldoror dans l’édition intégrale et la version publiée par Balitout, Questroy et Cie en 1868.

1914 : Le 20 février, dans La Phalange, Valery Larbaud évoque les deux plaquettes de Poésies conservées à la Bibliothèque nationale.

1919 : André Breton publie le texte des deux plaquettes dans Littérature (n° 2, avril; n° 3, mai).

1925 : Numéro spécial du Disque vert : « Le cas Lautréamont ».

1928 : François Alicot publie dans le Mercure de France le témoignage de Paul Lespès.

1939 : Gaston Bachelard publie son Lautréamont.

1949 : Publication de Lautréamont et Sade, de Maurice Blanchot.

1950 : Thèse de Pierre Capretz sur Quelques sources de Lautréamont.

1952 : Maurice Viroux relève dans le Mercure de France plusieurs plagiats de Lautréamont (emprunts au Dr Chenu, notamment).

1970 : Hubert Juin publie les Œuvres complètes, en fac-similé.
Publication dans la Bibliothèque de la Pléiade (édition Pierre-Olivier Walzer).
François Caradec, Isidore Ducasse, comte de Lautréamont.

1977 : Jean-Jacques Lefrère, dans Le Visage de Lautréamont, publie une photographie qu’il affirme être celle d’lsidore Ducasse.

1980 : Jacqueline Lafargue et François Chapon publient le texte d’une lettre inédite de Ducasse à Victor Hugo.

1987 : Premier numéro des Cahiers Lautréamont, « Bulletin de l’Association des Amis passés, présents et futurs d’lsidore Ducasse ».