A
ÉMILE ZOLA
[1881.]
Cher
Maître et ami,
Merci mille fois, mais je ne quitte plus la chambre et je ne sais
quand je pourrai sortir ; je ne souffre plus du tout à la tête,
seulement j'ai un engorgement du foie qui me fait passer toutes les
nuits en d'atroces douleurs.
Voilà pourquoi vous ne m'avez pas vu depuis si longtemps et
je ne sais quand je pourrai sortir de nouveau, mais ce sera long,
paraît-il, très long même : aussi je n'aurai point
le plaisir d'aller dîner avec vous jeudi.
Est-ce qu'il serait possible d'avoir de temps en temps des places
pour Nana ? On m'embête pour ça tous les jours. Je réponds
: flûte, mais on revient m'embêter. Enfin si vous en avez,
pensez à moi, n'est-ce pas ?
Croyez, cher Maître et ami, à mes sentiments les plus
affectueux et les plus dévoués et présentez,
je vous prie, mes compliments respectueux à Madame Zola.
GUY
DE MAUPASSANT