A
GUSTAVE FLAUBERT
Paris,
ce 20 novembre 1878.
Mon
bien cher Maître,
Je devais, d'après la promesse de M. Bardoux, attendre tranquillement
au ministère qu'il m'avisât de ma nomination à
l'Instruction Publique. J'attends, mais j'ai peur d'avoir été
encore, sinon oublié, du moins négligé. Ne savez-vous
rien ? M. Charme qui devait vous répondre vous a-t-il écrit
? Je vis dans l'anxiété. Mon bureau ici est un enfer.
Je n'ai pas été voir M. d'Osmoy ; d'abord parce qu'on
ne me laisse pas sortir, et ensuite parce que M. Bardoux m'ayant formellement
promis que la chose allait se faire, d'ici à quelques jours,
j'ai pensé qu'il fallait se garder de l'importuner inutilement.
Ma mère est ici, fort malade, et nous n'avons pu encore obtenir
une visite ni de Potain ni de Charcot que nous avons demandés.
Je vous embrasse.
GUY
DE MAUPASSANT