50 - Pan de mur
La mousse des vieux
jours qui brunit sa surface,
Et dhiver en hiver incrustée à ses flancs,
Donne en lettre vivante une date à ses ans.
Harmonies.
...Quil vienne à ma croisée.
PETRUS BOREL.
De la maison momie enterrée au Marais
Où, du monde cloîtré, jadis je demeurais,
Lon a pour perspective une muraille sombre
Où des pignons voisins tombe, à grands angles, lombre.
À ses flancs dégradés par la pluie et les
ans,
Pousse dans les gravois lortie aux feux cuisants,
Et sur ses pieds moisis, comme un tapis verdâtre,
La mousse se déploie et fait gercer le plâtre.
Une treille stérile avec ses bras grimpants
Jusquau premier étage en festonne les pans?;
Le bleu volubilis dans les fentes saccroche,
La capucine rouge épanouit sa cloche,
Et, mariant en lair leurs tranchantes couleurs,
À sa fenêtre font comme un cadre de fleurs?:
Car elle nen a quune, et sans cesse vous lorgne
De son regard unique ainsi que fait un borgne,
Allumant aux brasiers du soir, comme autant dyeux,
Dans leurs mailles de plomb ses carreaux chassieux.
Une caisse dillets, un pot de giroflée
Qui laisse choir au vent sa feuille étiolée
Et du soleil oblique implore le regard,
Une cage dosier où saute un geai criard,
Cest un tableau tout fait qui vaut quon létudie?;
Mais il faut pour le rendre une touche hardie,
Une palette riche où luise plus dun ton,
Celle de Boulanger ou bien de Bonnington.
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