Théophile
Gautier 1811 - 1872
Le Chevalier double
Certaines Oeuvres
ont été mises par mes soins en RTF ( word )
afin de les visualiser - télécharger gratuitement la visionneuse
Word ICI
Qui rend donc la blonde Edwige si triste??
que fait-elle assise à lécart, le menton dans sa
main et le coude au genou, plus morne que le désespoir, plus
pâle que la statue dalbâtre qui pleure sur un tombeau??
Edwige, blonde Edwige, ne croyez-vous plus à Jésus-Christ le doux Sauveur?? doutez-vous de lindulgence de la très sainte Vierge Marie?? Pourquoi portez-vous sans cesse à votre flanc vos petites mains diaphanes, amaigries et fluettes comme celles des Elfes et des Willis?? Vous allez être mère?; cétait votre plus cher vu?; votre noble époux, le comte Lodbrog, a promis un autel dargent massif, un ciboire dor fin à léglise de Saint-Euthbert si vous lui donniez un fils. Hélas?! hélas?! la pauvre Edwige a le cur percé des sept glaives de la douleur?; un terrible secret pèse sur son âme. Il y a quelque mois, un étranger est venu au château?; il faisait un terrible temps cette nuit-là : les tours tremblaient dans leur charpente, les girouettes piaulaient, le feu rampait dans la cheminée, et le vent frappait à la vitre comme un importun qui veut entrer. Létranger était beau comme un ange, mais comme un ange tombé?; il souriait doucement et regardait doucement, et pourtant ce regard et ce sourire vous glaçaient de terreur et vous inspiraient leffroi quon éprouve en se penchant sur un abîme. Une grâce scélérate, une langueur perfide comme celle du tigre qui guette sa proie, accompagnaient tous ses mouvements?; il charmait à la façon du serpent qui fascine loiseau. Cet étranger était un maître chanteur?; son teint bruni montrait quil avait vu dautres cieux?; il disait venir du fond de la Bohême, et demandait lhospitalité pour cette nuit-là seulement. Il resta cette nuit, et encore dautres jours et encore dautres nuits, car la tempête ne pouvait sapaiser, et le vieux château sagitait sur ses fondements comme si la rafale eût voulu le déraciner et faire tomber sa couronne de créneaux dans les eaux écumeuses du torrent. Pour charmer le temps, il chantait détranges poésies qui troublaient le cur et donnaient des idées furieuses?; tout le temps quil chantait, un corbeau noir vernissé, luisant comme le jais, se tenait sur son épaule?; il battait la mesure avec son bec débène, et semblait applaudir en secouant ses ailes. Edwige pâlissait, pâlissait comme les lis du clair de lune?; Edwige rougissait, rougissait comme les roses de laurore, et se laissait aller en arrière dans son grand fauteuil, languissante, à demi morte, enivrée comme si elle avait respiré le parfum fatal de ces fleurs qui font mourir. Enfin le maître chanteur put partir?; un petit sourire bleu venait de dérider la face du ciel. Depuis ce jour, Edwige, la blonde Edwige ne fait que pleurer dans langle de la fenêtre. Edwige est mère?; elle a un bel enfant tout blanc et tout vermeil. Le vieux comte Lodbrog a commandé au fondeur lautel dargent massif, et il a donné mille pièces dor à lorfèvre dans une bourse de peau de renne pour fabriquer le ciboire?; il sera large et lourd, et tiendra une grande mesure de vin. Le prêtre qui le videra pourra dire quil est un bon buveur. Lenfant est tout blanc et tout vermeil, mais il a le regard noir de létranger : sa mère la bien vu. Ah?! pauvre Edwige?! pourquoi avez-vous tant regardé létranger avec sa harpe et son corbeau?? Le chapelain ondoie lenfant?; on lui donne le nom dOluf, un bien beau nom?! Le mire monte sur la plus haute tour pour lui tirer lhoroscope. Le temps était clair et froid : comme une mâchoire de loup cervier aux dents aiguës et blanches, une découpure de montagnes couvertes de neiges mordait le bord de la robe du ciel?; les étoiles larges et pâles brillaient dans la crudité bleue de la nuit comme des soleils dargent. Le mire prend la hauteur, remarque lannée, le jour et la minute?; il fait de longs calculs en encre rouge sur un long parchemin tout constellé de signes cabalistiques?; il rentre dans son cabinet, et remonte sur la plate-forme, il ne sest pourtant pas trompé dans ses supputations, son thème de nativité est juste comme un trébuchet à peser les pierres fines?; cependant il recommence : il na pas fait derreur. Le petit comte Oluf a une étoile double, une verte et une rouge, verte comme lespérance, rouge comme lenfer?; lune favorable, lautre désastreuse. Cela sest-il jamais vu quun enfant ait une étoile double?? Avec un air grave et compassé le mire rentre dans la chambre de laccouchée et dit, en passant sa main osseuse dans les flots de sa grande barbe de mage : « Comtesse Edwige, et vous, comte Lodbrog, deux influences ont présidé à la naissance dOluf, votre précieux fils : lune bonne, lautre mauvaise?; cest pourquoi il a une étoile verte et une étoile rouge. Il est soumis à un double ascendant?; il sera très heureux ou très malheureux, je ne sais lequel?; peut-être tous les deux à la fois. » Le comte Lodbrog répondit au mire : « Létoile verte lemportera. » Mais Edwige craignait dans son cur de mère que ce ne fût la rouge. Elle remit son menton dans sa main, son coude sur son genou, et recommença à pleurer dans le coin de la fenêtre. Après avoir allaité son enfant, son unique occupation était de regarder à travers la vitre la neige descendre en flocons drus et pressés, comme si lon eût plumé là-haut les ailes blanches de tous les anges et de tous les chérubins. De temps en temps un corbeau passait devant la vitre, croassant et secouant cette poussière argentée. Cela faisait penser Edwige au corbeau singulier qui se tenait toujours sur lépaule de létranger au doux regard de tigre, au charmant sourire de vipère. Et ses larmes tombaient plus vite de ses yeux sur son cur, sur son cur percé à jour. Le jeune Oluf est un enfant bien étrange : on dirait quil y a dans sa petite peau blanche et vermeille deux enfants dun caractère différent?; un jour il est bon comme un ange, un autre jour il est méchant comme un diable, il mord le sein de sa mère, et déchire à coup dongles le visage de sa gouvernante. Le vieux comte Lodbrog, souriant dans sa moustache grise, dit quOluf fera un bon soldat et quil a lhumeur belliqueuse. Le fait est quOluf est un petit drôle insupportable : tantôt il pleure, tantôt il rit?; il est capricieux comme la lune, fantasque comme une femme?; il va, vient, sarrête tout à coup sans motif apparent, abandonne ce quil avait entrepris et fait succéder à la turbulence la plus inquiète limmobilité la plus absolue?; quoiquil soit seul, il paraît converser avec un interlocuteur invisible?! Quand on lui demande la cause de toutes ces agitations, il dit que létoile rouge le tourmente. Oluf a bientôt quinze ans. Son caractère devient de plus en plus inexplicable?; sa physionomie, quoique parfaitement belle, est dune expression embarrassante?; il est blond comme sa mère, avec tous les traits de la race du Nord?; mais sous son front blanc comme la neige que na rayée encore ni le patin du chasseur ni maculée le pied de lours, et qui est bien le front de la race antique des Lodbrog, scintille entre deux paupières orangées un il aux longs cils noirs, un il de jais illuminé des fauves ardeurs de la passion italienne, un regard velouté, cruel et doucereux comme celui du maître chanteur de Bohême. Comme les mois senvolent, et plus vite encore les années?! Edwige repose maintenant sous les arches ténébreuses du caveau des Lodbrog, à côté du vieux comte, souriant, dans son cercueil, de ne pas voir son nom périr. Elle était déjà si pâle que la mort ne la pas beaucoup changée. Sur son tombeau il y a une belle statue couchée, les mains jointes, et les pieds sur une levrette de marbre, fidèle compagnie des trépassés. Ce qua dit Edwige à sa dernière heure, nul ne le sait, mais le prêtre qui la confessait est devenu plus pâle encore que la mourante. Oluf, le fils brun et blond dEdwige la désolée, a vingt ans aujourdhui. Il est très adroit à tous les exercices?; nul ne tire mieux larc que lui?; il refend la flèche qui vient de se planter en tremblant dans le cur du but?; sans mors ni éperon il dompte les chevaux les plus sauvages. Il na jamais impunément regardé une femme ou une jeune fille?; mais aucune de celles qui lont aimé na été heureuse. Linégalité fatale de son caractère soppose à toute réalisation de bonheur entre une femme et lui. Une seule de ses moitiés ressent de la passion, lautre éprouve de la haine?; tantôt létoile verte lemporte, tantôt létoile rouge. Un jour il vous dit : « Ô blanches vierges du Nord, étincelantes et pures comme les glaces du pôle?; prunelles de clair de lune?; joues nuancées des fraîcheurs de laurore boréale?! » Et lautre jour il sécriait : « Ô filles dItalie, dorées par le soleil et blondes comme lorange?! curs de flamme dans des poitrines de bronze?! » Ce quil y a de plus triste, cest quil est sincère dans les deux exclamations. Hélas?! pauvres désolées, tristes ombres plaintives, vous ne laccusez même pas, car vous savez quil est plus malheureux que vous?; son cur est un terrain sans cesse foulé par les pieds de deux lutteurs inconnus, dont chacun, comme dans le combat de Jacob et de lAnge, cherche à dessécher le jarret de son adversaire. Si lon allait au cimetière, sous les larges feuilles veloutées du verbascum aux profondes découpures, sous lasphodèle aux rameaux dun vert malsain, dans la folle avoine et les orties, lon trouverait plus dune pierre abandonnée où la rosée du matin répand seule ses larmes. Mina, Dora, Thécla?! la terre est-elle bien lourde à vos seins délicats et à vos corps charmants?? Un jour Oluf appelle Dietrich, son fidèle écuyer?; il lui dit de seller son cheval. « Maître, regardez comme la neige tombe, comme le vent siffle et fait ployer jusquà terre la cime des sapins?; nentendez-vous pas dans le lointain hurler les loups maigres et bramer ainsi que des âmes en peine les rennes à lagonie?? Dietrich, mon fidèle écuyer, je secouerai la neige comme on fait dun duvet qui sattache au manteau, je passerai sous larceau des sapins en inclinant un peu laigrette de mon casque. Quant aux loups, leurs griffes sémousseront sur cette bonne armure, et du bout de mon épée fouillant la glace, je découvrirai au pauvre renne, qui geint et pleure à chaudes larmes, la mousse fraîche et fleurie quil ne peut atteindre. » Le comte Oluf de Lodbrog, car tel est son titre depuis que le vieux comte est mort, part sur son bon cheval, accompagné de ses deux chiens géants, Murg et Fenris, car le jeune seigneur aux paupières couleur dorange a un rendez-vous, et déjà peut-être, du haut de la petite tourelle aiguë en forme de poivrière, se penche sur le balcon sculpté, malgré le froid et la bise, la jeune fille inquiète, cherchant à démêler dans la blancheur de la plaine le panache du chevalier. Oluf, sur son grand cheval à formes déléphant, dont il laboure les flancs à coups déperon, savance dans la campagne?; il traverse le lac, dont le froid na fait quun seul bloc de glace, où les poissons sont enchâssés, les nageoires étendues, comme des pétrifications dans la pâte du marbre?; les quatre fers du cheval, armés de crochets, mordent solidement la dure surface?; un brouillard, produit par sa sueur et sa respiration, lenveloppe et le suit?; on dirait quil galope dans un nuage?; les deux chiens, Murg et Fenris, soufflent, de chaque côté de leur maître, par leurs naseaux sanglants, de longs jets de fumée comme des animaux fabuleux. Voici le bois de sapins?; pareils à des spectres, ils étendent leurs bras appesantis chargés de nappes blanches?; le poids de la neige courbe les plus jeunes et les plus flexibles : on dirait une suite darceaux dargent. La noire terreur habite dans cette forêt, où les rochers affectent des formes monstrueuses, où chaque arbre, avec ses racines, semble couver à ses pieds un nid de dragons engourdis. Mais Oluf ne connaît pas la terreur. Le chemin se resserre de plus en plus, les sapins croisent inextricablement leurs branches lamentables?; à peine de rares éclaircies permettent-elles de voir la chaîne de collines neigeuses qui se détachent en blanches ondulations sur le ciel noir et terne. Heureusement Mopse est un vigoureux coursier qui porterait sans plier Odin le gigantesque?; nul obstacle ne larrête?; il saute par-dessus les rochers, il enjambe les fondrières, et de temps en temps il arrache aux cailloux que son sabot heurte sous la neige une aigrette détincelles aussitôt éteintes. « Allons, Mopse, courage?! tu nas plus à traverser que la petite plaine et le bois de bouleaux?; une jolie main caressera ton col satiné, et dans une écurie bien chaude tu mangeras de lorge mondée et de lavoine à pleine mesure. » Quel charmant spectacle que le bois de bouleaux?! toutes les branches sont ouatées dune peluche de givre, les plus petites brindilles se dessinent en blanc sur lobscurité de latmosphère : on dirait une immense corbeille de filigrane, un madrépore dargent, une grotte avec tous ses stalactites?; les ramifications et les fleurs bizarres dont la gelée étame les vitres noffrent pas des dessins plus compliqués et plus variés. « Seigneur Oluf, que vous avez tardé?! javais peur que lours de la montagne vous eût barré le chemin ou que les elfes vous eussent invité à danser, dit la jeune châtelaine en faisant asseoir Oluf sur le fauteuil de chêne dans lintérieur de la cheminée. Mais pourquoi êtes-vous venu au rendez-vous damour avec un compagnon?? Aviez-vous donc peur de passer tout seul par la forêt?? De quel compagnon voulez-vous parler, fleur de mon âme?? dit Oluf très surpris à la jeune châtelaine. Du chevalier à létoile rouge que vous menez toujours avec vous. Celui qui est né dun regard du chanteur bohémien, lesprit funeste qui vous possède?; défaites-vous du chevalier à létoile rouge, ou je nécouterai jamais vos propos damour?; je ne puis être la femme de deux hommes à la fois. » Oluf eut beau faire et beau dire, il ne put seulement parvenir à baiser le petit doigt rose de la main de Brenda?; il sen alla fort mécontent et résolu à combattre le chevalier à létoile rouge sil pouvait le rencontrer. Malgré laccueil sévère de Brenda, Oluf reprit le lendemain la route du château à tourelles en forme de poivrière : les amoureux ne se rebutent pas aisément. Tout en cheminant il se disait : « Brenda sans doute est folle?; et que veut-elle dire avec son chevalier à létoile rouge?? » La tempête était des plus violentes?; la neige tourbillonnait et permettait à peine de distinguer la terre du ciel. Une spirale de corbeaux, malgré les abois de Fenris et de Murg, qui sautaient en lair pour les saisir, tournoyait sinistrement au-dessus du panache dOluf. À leur tête était le corbeau luisant comme le jais qui battait la mesure sur lépaule du chanteur bohémien. Fenris et Murg sarrêtent subitement : leurs naseaux mobiles hument lair avec inquiétude?; ils subodorent la présence dun ennemi. Ce nest point un loup ni un renard?; un loup et un renard ne seraient quune bouchée pour ces braves chiens. Un bruit de pas se fait entendre, et bientôt paraît au détour du chemin un chevalier monté sur un cheval de grande taille et suivi de deux chiens énormes. Vous lauriez pris pour Oluf. Il était armé exactement de même, avec un surcot historié du même blason?; seulement il portait sur son casque une plume rouge au lieu dune verte. La route était si étroite quil fallait que lun des deux chevaliers reculât. « Seigneur Oluf, reculez-vous pour que je passe, dit le chevalier à la visière baissée. Le voyage que je fais est un long voyage?; on mattend, il faut que jarrive. Par la moustache de mon père, cest vous qui reculerez. Je vais à un rendez-vous damour, et les amoureux sont pressés, » répondit Oluf en portant la main sur la garde de son épée. Linconnu tira la sienne, et le combat commença. Les épées, en tombant sur les mailles dacier, en faisaient jaillir des gerbes détincelles pétillantes?; bientôt, quoique dune trempe supérieure, elles furent ébréchées comme des scies. On eût pris les combattants, à travers la fumée de leurs chevaux et la brume de leur respiration haletante, pour deux noirs forgerons acharnés sur un fer rouge. Les chevaux, animés de la même rage que leurs maîtres, mordaient à belles dents leurs cous veineux, et senlevaient des lambeaux de poitrail?; ils sagitaient avec des soubresauts furieux, se dressaient sur leurs pieds de derrière, et se servant de leurs sabots comme de poings fermés, ils se portaient des coups terribles pendant que leurs cavaliers se martelaient affreusement par-dessus leurs têtes?; les chiens nétaient quune morsure et quun hurlement. Les gouttes de sang, suintant à travers les écailles imbriquées des armures et tombant toutes tièdes sur la neige, y faisaient de petits trous roses. Au bout de peu dinstants lon aurait dit un crible, tant les gouttes tombaient fréquentes et pressées. Les deux chevaliers étaient blessés. Chose étrange, Oluf sentait les coups quil portait au chevalier inconnu?; il souffrait des blessures quil faisait et de celles quil recevait : il avait éprouvé un grand froid dans la poitrine, comme dun fer qui entrerait et chercherait le cur, et pourtant sa cuirasse nétait pas faussée à lendroit du cur : sa seule blessure était un coup dans les chairs au bras droit. Singulier duel, où le vainqueur souffrait autant que le vaincu, où donner et recevoir était une chose indifférente. Ramassant ses forces, Oluf fit voler dun revers le terrible heaume de son adversaire. Ô terreur?! que vit le fils dEdwige et de Lodbrog?? il se vit lui-même devant lui : un miroir eût été moins exact. Il sétait battu avec son propre spectre, avec le chevalier à létoile rouge?; le spectre jeta un grand cri et disparut. La spirale de corbeaux remonta dans le ciel et le brave Oluf continua son chemin?; en revenant le soir à son château, il portait en croupe la jeune châtelaine, qui cette fois avait bien voulu lécouter. Le chevalier à létoile rouge nétant plus là, elle sétait décidée à laisser tomber de ses lèvres de rose, sur le cur dOluf, cet aveu qui coûte tant à la pudeur. La nuit était claire et bleue, Oluf leva la tête pour chercher sa double étoile et la faire voir à sa fiancée : il ny avait plus que la verte, la rouge avait disparu. En entrant, Brenda, tout heureuse de ce prodige quelle attribuait à lamour, fit remarquer au jeune Oluf que le jais de ses yeux sétait changé en azur, signe de réconciliation céleste. Le vieux Lodbrog en sourit daise sous sa moustache blanche au fond de son tombeau?; car, à vrai dire, quoiquil nen eût rien témoigné, les yeux dOluf lavaient quelquefois fait réfléchir. Lombre dEdwige est toute joyeuse, car lenfant du noble seigneur Lodbrog a enfin vaincu linfluence maligne de lil orange, du corbeau noir et de létoile rouge : lhomme a terrassé lincube. Cette histoire montre comme un seul moment doubli, un regard même innocent, peuvent avoir dinfluence. Jeunes femmes, ne jetez jamais les yeux sur les maîtres chanteurs de Bohême, qui récitent des poésies enivrantes et diaboliques. Vous, jeunes filles, ne vous fiez quà létoile verte?; et vous qui avez le malheur dêtre double, combattez bravement, quand même vous devriez frapper sur vous et vous blesser de votre propre épée, ladversaire intérieur, le méchant chevalier. Si vous demandez qui nous a apporté cette légende de Norwège, cest un cygne?; un bel oiseau au bec jaune, qui a traversé le Fiord, moitié nageant, moitié volant. |