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Théophile Gautier 1811 - 1872
17 - Théatre Théophile Gautier
Sacountala

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Théophile Gautier
Sacountala

Table des matières

Sacountala...................................................................................................1
PERSONNAGES.................................................................................2
ACTE PREMIER................................................................................6
SCÈNE PREMIÈRE............................................................................7
SCÈNE II.............................................................................................8
SCÈNE III............................................................................................9
SCÈNE IV.........................................................................................10
SCÈNE V...........................................................................................12
SCÈNE VI.........................................................................................13
SCÈNE VII........................................................................................14
SCÈNE VIII.......................................................................................15
SCÈNE IX.........................................................................................16
SCÈNE X...........................................................................................17
SCÈNE XI.........................................................................................19
ACTE SECOND................................................................................20
SCÈNE PREMIÈRE..........................................................................21
SCÈNE II...........................................................................................22
SCÈNE III..........................................................................................23
SCÈNE IV.........................................................................................25
SCÈNE V...........................................................................................26
SCÈNE VI.........................................................................................27
SCÈNE VII........................................................................................28
SCÈNE VIII.......................................................................................29



Sacountala


Auteur : Théophile Gautier
Catégorie : Théâtre

ballet-pantomime en deux actes / tiré du drame indien de Calidasâ

Licence : Domaine public


PERSONNAGES.

Douchmanta, roi de l'Inde
Madhavya, favori du Roi
Canoua, Brahme, père adoptif de Sacountalà
Darwasas, fakir
Bourreau
Pêcheur
Sarnagrava
Saradouata
Courtisan
MM. PETIPA.
MÉRANTE.
LENFANT.
CORALLI.
CORNET 1.
CORNET 2.
ESTIENNE.
MILLOT.
LEFEVRE.
Courtisans, Écuyers, Jongleurs, etc., etc.
Sacountalâ Hamsati, favorite du Koi
Gantami, gouvernante des jeunes Prêtresses
Priyamwada, amie de Sacountalâ
Anousouya, Id.
Parabbritica, Id.
Tchatourica, Id.
Mmes FERRARIS.
MARQUET.
ALINE.
SCHLOSSER.
POUSSIN.


PERSONNAGES.


Sacountala

CELLIER.
MAUPERIN.
Bayadères, Prêtresses, Nymphes, Déesses, Génies, Apsaras, etc., etc.
1er Acte.
2e Acte. Pas de Prêtresses : Mmes Ferraris, Schlosser, Poussin, Cellier,
Mauperin.
Pas de cinq : M. Bauchet, Mmes Villiers, Savel, Moncelet, Rousseau
Pas de deux : Mmes Couqui, Quéniaux.
Pas de deux : M. Mérante, Mme Ferraris.
Le pénitent Wisouamitrâ était parvenu, par ses austérités et ses prières, à
un tel degré de perfection, que les dieux en devinrent jaloux et chargèrent
la nymphe Menaca de le distraire de ses exercices ascétiques. Le saint ne
fut pas insensible à la tentation, et de son péché résulta une petite fille, qui
fut exposée sur les rives du Malini. Comme l'ardeur du soleil
l'incommodait, les oiseaux compatissants voltigeaient au-dessus d'elle et
lui faisaient de l'ombre ; d'où lui vint le nom de Sacountalâ (protégée des
oiseaux). Le sage Canoua recueillit l'enfant et l'éleva dans sa retraite,
sachant par son don prophétique qu'elle était réservée à de grandes
destinées. En effet, de l'union de Sacountalâ avec le roi Douchmanta naquit
le conquérant de l'Inde, le héros du Mahabhârata, ce poëme gigantesque
dont la lecture publique dure six mois.
Les amours de Douchmanta et de Sacountalâ en forment un épisode dont le
poète Calidasâ, contemporain de Virgile, fit un drame en sept actes,
considéré comme un des chefs-d'oeuvre de la poésie indienne.
C'est à ce drame qu'est empruntée la fable de ce ballet.
ACTE 1
HUIT FAKIRS.
MM. Estienne, Darcourt, François, Millot, Pissarello, Meunier, Fanger,
Galland.
HUIT SEIGNEURS.
MM. Lefèvre, Caré, Bion, Josset, Monfallet, Sciot, Carey, Pierre.
DIX RABATTEURS, SEPT ÉCUYERS, TRENTE-DEUX GARDES.
Comparses.
TRENTE-DEUX PRÊTRESSES.
CORYPHÉES.


PERSONNAGES.


Sacountala

MMlles Simon, Cassegrain, Jousse, Chambrel, Mercier, Lefèvre,
Ducimetière, Fontaine 2, Pilvois, Danfeld, Giraud, Crétin, Gaugelin,
Chassagne, Danse, Lamy.
CORPS.
MMlles Gallois, Nairivau 1, Laurent, Cambelon, Brach 1, Andrieux,
Parent, Baratte, Vibon, Pottier, Porral, Tarlé, Devaux, Vidal, Marcus,
Fiocre 1.
VINGT-SIX RAKKASAS (mauvais génies).
MM. Lecerf, Duffort, Chenat, Rousseau, Michaux, Bertrand, Barbier,
Leroy, Desvignes, Gabiot 1, Perrot, Rieblink, Letourneur 2, Adam,
Salomon 1, Quentin, Salomon 2, Denogent, Gabiot 2, Bretonnot,
Papavoine, Auconte, Trimaut, Letourneur 1, Audoul, Devaux.
VINGT-DEUX PRÊTRESSES.
MMlles Letellier, Meurant, Decamps, Legendre, Rosetta, Ervens, Vimeux,
Perken, Malgorne, Gilbert, Godel, Fontaines, Busster, Favre, Masson,
Touzard, Lambert, Pulguy, Hautelière, Devillers, Thomas, Corinne.
FILLES CÉLESTES.
MMlles Montaubry, Letourneur, Savile.
QUARANTE-QUATRE APSARAS.
MMlles Touttain, Villeroy, Beaugrand, Poinet, Leroy, Nairivau 2, Desmet,
Pouilly, Fiocre 2, Dauwes l, Thybert, Millière, Rust, Rebart, Caron,
Gorion, Joussel, Brach 2, Georgeot, Hermann, Deliguy, Frimac, Simon,
Edline, Alexandre, Desvigne, Lesage, Trimaut 1, Trimaut 2, Roux,
Bulthiau, Laurency, Valette, Canet, Belissan, David, Marx, Dauwes 2,
Billard, Picard, Caré, Barboty, Delasse, Fatout.
QUATRE PORTE-PALANQUINS.
Comparses.
Acte II
TRENTE-DEUX FEMMES DU ZENAME
CORYPHÉES
MMlles Gangelin, Mercier, Lefèvre, Chassagne, Simon, Pilvois,
Cassegrain, Danfeld, Ducimetière, Danse, Lamy, Fontaine 2, Chambret,
Crétin, Jousse, Giraud.
CORPS.


PERSONNAGES.


Sacountala

MMlles Gallois, Andrieux, Parent, Baratte, Brach 1, Gambelon, Laurent,
Nairivau 1, Vibon, Pottier, Porral, Tarlé, Devaux, Vidal, Marcus, Fiocre 1.
HUIT NÈGRES.
MM. Salomon 2, Cabiot 2, Devaux, Adoul, Quentin, Denogent, Bretonnot,
Letourneur 2.
SEIZE SEIGNEURS.
MM. Lefèvre, Caré, Bion, Josset, Monfallet, Sciot, Fanget, Pissarello,
Estienne, Millot, Darcourt, François, Meunier, Pierre, Galland, Carey.
TRENTE-DEUX GARDES, DIX FAKIRS, QUATRE BOURREAUX,
HUIT PRÊTRESSES.
Comparses.
SEIZE FEMMES DE L'ANTA-POURAH (HAREM).
MMlles Letellier, Meurant, Legendre, Perken, Vimeux, Masson, Buhler,
Malgorne, Corinne, Decamps, Rosetta, Ewens, Favre, Touzard, Lambert,
Fontaine 1.
Pas de cinq.


M. Bauchet ; MMlles Villiers, Savel, Moncelet, Rousseau.
Pas de deux.
MMlles Couqui, Quéniaux.
HUIT CORYPHÉES.
MMlles Mercier, Chassagne, Pilvois, Gangelin, Simon, Lefèvre, Danfeld,
Cassegrain.
Pas de deux.
M. Mérante, Mme Ferraris.
Mlles Schlosser, Poussin, Cellier et Mauperin.
PERSONNAGES.


ACTE PREMIER


Le théâtre représente une forêt sacrée non loin de l'Himalaya, sur les bords
du Malini ; elle est formée d'arbres des Banians, d'amras, de malicas, de
madhavis que rejoignent des lianes. A droite, s'élève une petite pagode ; à
gauche, l'on aperçoit dans les feuillages les cabanes de roseaux des richis
(ermites) ; au fond, des marches de marbre descendent à un étang sacré
(Thirtà).

ACTE PREMIER


SCÈNE PREMIÈRE.

Canoua, chef des brahmes, assisté de brahmalcharis, est en prière devant le
temple. Une flamme brille sur l'autel, la fanfare et le bruit d'une chasse se
font entendre, des profanes ont pénétré dans la forêt. Canoua éteint la
flamme, et envoie un brahmatchari voir qui est assez hardi pour troubler la
retraite et les dévotions des saints ermites.

SCÈNE PREMIÈRE.


SCÈNE II.


Le roi Douchmanta, à cheval, un arc à la main, suivi de chasseurs, fait son
entrée ; il a été entraîné à la poursuite d'une antilope, et son intention n'est
pas de violer l'enceinte consacrée à Brahma. Il descend de sa monture,
relève avec bonté Canoua qui a fléchi le genou devant lui, et renvoie ses
courtisans ; lui-même, il veut prier devant l'autel, et dépouille ses
ornements royaux par humilité.

SCÈNE II.


SCÈNE III.


Douchmanta, resté seul, s'incline et offre des fleurs et des fruits sur l'autel ;
mais il se relève bientôt avec curiosité. Des sons harmonieux annoncent
l'arrivée de personnages plus aimables que les mounis et les richis
(ascètes). Pour les voir sans être vu, et ne pas les gêner de sa présence, il
cherche une cachette et la trouve dans le temple.

SCÈNE III.


SCÈNE IV.

Les jeunes filles qui desservent le temple et soignent les fleurs de la forêt
sacrée apparaissent portant des vases qu'elles vont remplir d'eau ;
Suconntalâ, fille de la nymphe Ménaca et de Wisaoumitra, élevée par les
soins de Canoua, le chef des brahmes, entre en dansant et reçoit les
salutations affectueuses de ses compagnes.
Elle va, penchant sur les fleurs des madhavis et des sirichâs les urnes que
lui présentent ses amies Priyamwada et Anousouya. Tout à coup, du calice
d'une malicâ s'élance une abeille qui voltige autour de la jeune fille, la
prenant pour une autre fleur. Sacountalâ, redoutant l'aiguillon de l'abeille,
cherche à l'éviter ou à la chasser.
Ses bonds effrayés la conduisent près du temple, d'où sort Douchmanta,
qui fait fuir l'abeille et retient sur son coeur Sacountalâ palpitante. De sa
retraite, le roi a observé les grâces de la jeune fille, et il sent l'amour
s'emparer de son âme.
La présence subite de Douchmanta étonne les jeunes filles, et rend
Sacountalâ confuse ; elle reste rougissante et les mains croisées sur sa
poitrine, mais déjà troublée par la beauté et l'air noble de l'étranger.
Sacountalâ, un peu remise de sa frayeur, interroge Douchmanta. Le roi lui
répond qu'il est un jeune brahmatchari (élève brahme), qui vient étudier les
védas (livres saints) dans la retraite des pieux solitaires. Comme il a
dépouillé les insignes de la royauté, cette réponse n'a rien que de plausible.
Dès cet instant, Douchmanta est admis comme un hôte dans la forêt sacrée.
Sur l'ordre de Sacountalâ, Priyamwada, Anousouya et leurs compagnes,
après avoir conduit le roi à un banc de mousse, lui présentent des corbeilles
de fleurs et de fruits ; Sacountalâ va elle-même puiser de l'eau, et l'offre à
Douchmanta, dans une écorce de grenade.
Pendant qu'on lui rend tous ces soins, le roi fixe sur la jeune fille des yeux
enflammés ; il se lève, se rapproche d'elle, et veut lui exprimer sa passion.
Sacountalâ l'évite, avec une coquetterie pudique, mais il finit par la
rejoindre, et danser avec elle un pas de deux qu'il termine en la pressant sur

SCÈNE IV.


Sacountala

son coeur, comme ivre d'amour.


SCÈNE IV.


SCÈNE V.


Un des chasseurs, portant l'arc du roi, entre sur la scène ; il s'incline devant
Douchmanta, et lui dit qu'un éléphant furieux ravage la forêt. Les flèches
du roi, qui n'ont jamais manqué leur but, peuvent seules en avoir raison. A
lui appartient l'honneur d'abattre le monstre. Douchmanta saisit l'arc, et
s'éloigne en faisant signe à Sacountalâ et aux jeunes filles qu'il reviendra
bientôt.

SCÈNE V.


SCÈNE VI.


Le roi parti, Sacountalâ redescend la scène, toute pensive. Elle porte la
main à son coeur comme pour en comprimer les battements. L'amour qui
l'agite lui fait peur : celui qu'elle prenait pour un simple brahmatchari est
un roi puissant. Du retour à son palais, sans doute il oubliera bientôt
l'humble fille rencontrée dans la forêt des ermites. Accablée par cette idée
douloureuse, elle se laisse tomber sur un banc de gazon : ses compagnes
l'entourent et tâchent de la rassurer ; elles la complimentent sur l'amour
qu'elle a inspiré au roi ; mais Sacountalâ, oppressée et brûlante, cache sa
tête dans ses mains. Pour calmer la fièvre laquelle elle est en proie, ses
amies l'éventent doucement, lui jettent des fleurs fraîches, et, voyant le
sommeil descendre sur ses yeux, s'éloignent avec précaution sur la pointe
du pied.

SCÈNE VI.


SCÈNE VII.

Après avoir tué l'éléphant, le roi revient ; inquiet de ne pas voir Sacountalâ,
il parcourt la scène à grands pas. Il aperçoit à la fin celle qu'il aime,
endormie sur les fleurs. Il se rapproche, s'agenouille, l'admire dans une
contemplation passionnée, tend les mains vers elle et lui envoie des
baisers ; à travers son sommeil, Sacountalâ semble avoir conscience du
retour de son royal amant : elle soupire, elle tressaille et se lève comme en
extase, se rapprochant toujours de Douchmanta qui l'attire ; au bout de
quelques pas, elle finit par se trouver entre les bras du roi et se réveille
avec un mouvement d'effroi et de pudeur. On pourrait les voir. Les jeunes
brahmes errent dans la forêt.
Douchmanta, sans l'écouter, lui dit qu'il l'aime éperdûment ; mais
Sacountalâ ne veut pas croire à ses protestations. Un trop grand intervalle
les sépare, toute union est impossible entre eux ; elle essaye de se dégager
des étreintes du roi, lui échappe, et va se réfugier dans le temple.
Douchmanta la détache de l'autel, la ramène près du banc de mousse, se
jette à ses pieds, l'entoure de ses bras et lui promet de l'épouser. Elle sera
reine dans le beau palais d'Hastinapourou, la ville sainte. La jeune fille,
comme enivrée, penche sa tête sur l'épaule du roi, qui lui met un baiser au
front ; en même temps, il lui passe au doigt son anneau qui lui ouvrira les
portes du palais et la fera reconnaître pour une fiancée royale.

SCÈNE VII.


SCÈNE VIII.

Pendant la fin de cette scène, le mouni (ermite) Durwasas, personnage
très-orgueilleux de sa science, et connu dans les poëmes de l'Inde pour son
extrème irascibilité, traverse la forêt sacrée avec un air de fatigue et
d'accablement ; il est las, il a faim, il a soif, et demande l'hospitalité. Il
s'incline à plusieurs reprises auprès du groupe amoureux, qui ne prend pas
garde à lui et reste comme perdu dans son extase. Durwasas, déjà
mécontent qu'on ne lui rende pas les hommages voulus, est en outre
choqué de voir profaner de la sorte par un amour coupable la retraite des
dieux et des sages, et adresse des reproches aux deux amants qui se
réveillent comme d'un songe. Sacountalâ se précipite aux pieds de
Durwasas et tâche de le fléchir, mais en vain. Le roi joint ses prières à
celles de Sacountalâ ; mais le courroux du farouche personnage ne s'apaise
pas. Se laissant aller à un mouvement de colère, Douchmanta menace
l'ermite, qui se redresse de toute sa hauteur et prononce avec des gestes
magiques une terrible formule d'imprécation.
Sous le coup de cette malédiction, la tête du roi paraît se troubler, ses yeux
deviennent hagards ; il repousse Sacountalâ. La puissance de Durwasas
bouleverse la nature : le ciel se couvre, des lueurs rouges brillent, les
feuillages de la forêt sacrée s'agitent, et à travers les branches on voit se
dessiner les formes monstrueuses de rakkasâs (mauvais génies) qui
grimacent, ricanent et désignent du doigt comme maudits le roi et
Sacountalâ.

SCÈNE VIII.


SCÈNE IX.


Douchmanta a perdu la raison et la mémoire. Il ne reconnaît plus celle à
qui tout à l'heure il offrait la couronne. C'est ainsi que Durwasas se venge
de ceux qui le dédaignent ou qui le bravent.
Les courtisans à la recherche du roi entrent et le trouvent en proie au délire.
Il se débat entre leurs mains et ils l'emmènent en donnant des signes de
respect et de douleur. Sacountalâ est tombée évanouie au pied d'un arbre.


SCÈNE IX.


SCÈNE X.

Durwasas, satisfait de son commencement de vengeance, s'approche de
Sacountalâ ; profitant de son évanouissement, il retire du doigt de la jeune
fille l'anneau que le roi lui a remis et va le jeter au loin dans l'étang sacré ;
les jeunes filles, les brahmatcharis, les gourous rentrent ayant en tête le
sage Canoua. Ils aperçoivent Sacountalâ évanouie, la relèvent et la font
revenir à elle. Du doigt elle désigne l'ermite dont la physionomie exprime
toujours le courroux, et raconte à Canoua, son père adoptif, qu'elle est
aimée du roi, qu'elle l'aime et qu'il lui a juré de l'épouser ; mais Durwasas,
offensé involontairement, a, par ses maléfices, fait perdre la raison et le
souvenir au roi Douchmanta.—Durwasas, qui a écouté ce récit, se
rapproche du groupe et dit :—Jamais ta fille ne sera la femme du roi.—Et
qui l'empêcherait ? répond Canoua.—Moi, réplique Durwasas, les yeux
brillants de haine, sans se laisser attendrir par les supplications de
Sacountalâ tombée à ses genoux.
Ces menaces répandent la consternation parmi les jeunes filles et les
brahmatcharis, qui connaissent la rancune et le pouvoir de Durwasas.
Canoua d'un air calme rassure sa fille et dit qu'il va faire ses efforts pour
conjurer le sort. Si Durwasas est puissant pour le mal, lui est puissant pour
le bien. Il s'approche du temple, récite une formule et jette sur l'autel une
poignée de l'herbe cousâ. Le feu brille, et, dans la fumée qui s'élève et se
sépare, se dessine un groupe représentant Douchmanta posant une
couronne sur la tête de Sacountalâ. Une lueur d'un bleu céleste éclaire ce
tableau. Les malédictions du méchant Durwasas seront neutralisées par les
prières du pieux Canoua. Ce présage heureux rassure la jeune fille et ses
compagnes.
Mais l'irascible ermite, qui a regardé cette scène d'un air méprisant,
s'approche de l'autel, invoque Shiva, dieu de la destruction, répand de
l'herbe sacrée sur le feu et fait apparaître dans la fumée un tableau où l'on
voit Sacountalâ agenouillée sur un bûcher en flamme. Une lueur rouge
jette son reflet sinistre sur cette scène.

SCÈNE X.


Sacountala

Un sentiment d'angoisse s'empare de tous les coeurs. Lequel de ces deux
présages faut-il croire ? Sacountalâ d'abord laisse pendre ses bras avec
abattement ; mais bientôt elle relève la tête. La courageuse jeune fille
bravera les malédictions et les présages funestes ; elle ira malgré tout
retrouver au palais d'Hastinapourou l'infortuné Douchmanta, qui peut avoir
besoin de son dévouement.—Le sage Canoua l'approuve et la bénit.
Elle va partir, mais ses vêtements sont trop simples pour se présenter à la
cour. Comment faire ? les brahmes vivent dans la pauvreté, et la sainte
solitude n'a pas de bazar où l'on puisse acheter de riches habits.
Canoua répond qu'il ne faut pas s'en inquiéter, et que le ciel y pourvoira.
On commence la toilette de Sacountalâ, ses compagnes la dépouillent de
ses voiles.
Tout à coup la jeune fille s'aperçoit avec terreur qu'elle n'a plus son
anneau.
Comment désormais pénétrer dans le palais d'Hastinapourou, et se faire
reconnaître comme fiancée du roi ?
—Reste avec nous, dit Priyamwada.—Non, je braverai tout, répond la
jeune femme.—N'as-tu pas l'amour du roi ! dit Anousouya, il te
reconnaîtra à ta beauté ; qu'as-tu besoin de l'anneau ?

SCÈNE X.


SCÈNE XI.

Sacountalâ, on ne l'a pas oublié, est par sa mère d'origine céleste. La
nymphe Ménaca, dont elle est fille, vient à son secours dans ce moment
suprême ; les cimes des arbres s'écartent laissant passer des flots de
lumière. Les apsaras descendent du ciel apportant des étoffes en toile de
soleil et en gaze de lune ; des têtes de nymphes apparaissent à travers les
interstices du feuillage. Les arbustes allongent leurs branches fleuries
comme de petites mains portant des bijoux, des colliers d'or, des fils de
perles.
Sa toilette finie, Sacountalâ se prosterne devant les déesses, les génies et
les apsaras, qui remontent au ciel.
Anousouya, Priyamwada et les autres jeunes filles l'entourent et l'admirent
en la voyant si belle ; certes, le roi Douchmanta ne peut manquer de la bien
accueillir, malgré le sort jeté par l'ermite : n'est-elle pas d'ailleurs sous la
protection des apsaras ?
Il est temps de partir. Sacountalâ fait ses adieux à ses compagnes, son
antilope, à ses plantes chéries, qu'elle embrasse tour à tour comme si
c'étaient des êtres doués d'une âme.
Le sage Canoua, avec quelques brahmatcharis et Gautami, la gouvernante
des jeunes prêtresses, accompagne Sacountalâ, qui avant de s'éloigner se
retourne plusieurs fois et jette des baisers à ses amies.
Durwasas, qui veut contrarier l'influence salutaire de Canoua, son rival en
sainteté, laisse prendre un peu d'avance au cortège, se revêt d'une robe de
brahme, et sort à grands pas du même côté. Les jeunes filles, qui regrettent
Sacountalâ, se groupent dans des poses abattues et mélancoliques.

FIN DU PREMIER ACTE.

SCÈNE XI.


ACTE SECOND


Le théâtre représente la façade du palais de Douchmanta, dans la ville
d'Hastinapourou, du côté des jardins. Architecture singulière et
gigantesque, superposition de terrasses, grands escaliers monumentaux
descendant par des degrés de marbre du terre-plein sur lequel s'élève le
palais. Dans le jardin, masses de fleurs et de végétation exotique, plantes à
larges feuilles, fleurs à calices énormes. Au fond, au-dessus de la ligne
tracée par le couronnement du palais, apparaît la tour de Megatchanna.

ACTE SECOND


SCÈNE PREMIÈRE.


Au lever du rideau, le roi Douchmanta est assis sur un divan en forme de
trône ; la reine Hamsati est à côté de lui. Les bayadères sont rangées de
chaque côte du trône, plongées dans la tristesse. Ne sachant comment
distraire le roi, le favori Madhavya prend sa guitare ; aux premiers accords,
les femmes se lèvent lentement et exécutent les danses favorites du roi.
Mais celui-ci ne prête à ces divertissements qu'une attention machinale,
comme celle d'un fou regardant un spectacle dont il ne comprend plus le
sens.

SCÈNE PREMIÈRE.


SCÈNE II.

La danse finie, le roi quitte son divan, et se promène d'un air distrait au
milieu de ses femmes. En vain Madhavya, son favori, lui fait remarquer
leur beauté. La reine, à son tour, reproche au roi son indifférence et sa
froideur ; ce dernier ne paraît pas entendre Hamsati. Le favori essaye de
calmer la reine, en lui assurant que ce n'est pas l'amour qui a ainsi frappé le
roi, mais une profonde mélancolie, et qu'il faut le distraire et non pas le
quereller.
Hamsati se rend à ces conseils, et se montre aussi aimable qu'elle était
hautaine et impérieuse tout à l'heure. Elle invite ses femmes danser.

DIVERTISSEMENT.

SCÈNE II.


SCÈNE III.

Après la danse, on vient annoncer au roi que des étrangers demandent à
être introduits auprès de lui.
Le roi fait signe qu'on les laisse entrer.
Sacountalâ, accompagnée de Canoua, le vertueux ermite, des
brahmatcharis, de Gautami, de Pryamwada, d'Anousouya, de Parabhritica
et de Tchatourica, ses amies, s'avance modestement jusqu'aux pieds du
trône.
La reine s'inquiète de l'arrivée de cette jeune femme. Madhavya conduit
Sacountalâ devant le roi, qui paraît surpris en la voyant.
Mais Durwasas, qui est entré avec les autres ermites, se place à côté du
trône, et par des gestes conjurateurs augmente la folie du roi et l'empêche
de reconnaître Sacountalâ.
La pauvre jeune femme se prosterne devant le monarque, puis se relève
lentement, lui pose les mains sur les genoux et lui offre sa figure en pleine
lumière. Le roi s'incline, regarde attentivement, et fait signe que cette
femme lui est inconnue.
Marques de joie de la reine Hamsati, qui s'alarmait de la beauté
surhumaine de Sacountalâ, et qui craignait en elle une rivale venant faire
valoir des droits à l'amour du roi.
Sacountalâ, confuse, se relève et va se réfugier dans les bras de sa
gouvernante, qui lui murmure un conseil à l'oreille.
La reine cherche à persuader au roi qu'il faut chasser cette femme.
Sacountalâ, d'après le conseil que vient de lui donner Gautami, essuie ses
larmes, et répète la scène du bois sacré. Elle veut lui montrer la bague qu'il
lui a donnée ; mais la bague est perdue. Désespoir de Sacountalâ.
Au même instant, Durwasas fait un nouveau geste de conjuration, afin de
neutraliser l'effet que peut produire cette scène sur la mémoire du roi.
Décidément, Douchmanta ne connaît pas Sacountalâ. Hamsati triomphe et
veut renvoyer cette intrigante, cette femme qui vient poursuivre, jusque sur
le trône, un prétendu amant.

SCÈNE III.


Sacountala

Sacountalâ lève fièrement la tête, et fait comprendre à Hamsati que c'est
elle qui est la reine, mais que, puisque le sort est contre elle, elle va
s'éloigner.
Mais, avant de partir, elle veut se jeter encore aux pieds de Douchmanta,
qui détourne la tête.
Sacountalâ se retire tout éplorée ; le favori Madhavya, qui s'intéresse à elle,
lui fait signe de se cacher dans quelque endroit voisin.


SCÈNE III.


SCÈNE IV.

La reine, satisfaite, donne à ses femmes le signal de la danse ; le roi, pensif
et agité, fait bientôt comprendre qu'il désire être seul.

SCÈNE IV.


SCÈNE V.


Le roi, accablé, s'est endormi sur son divan. A ce moment, Madhavya,
jugeant l'occasion favorable, se dirige vers une porte dérobée et ramène
Sacountalâ. Il lui montre le roi qui est seul, et sur la raison duquel elle peut
tenter un effort suprême ; puis il se retire. Sacountalâ essaye de nouveau,
par différentes poses, de rappeler à la mémoire du roi des souvenirs qui
paraissent lui avoir complètement échappé.

SCÈNE V.


SCÈNE VI.

Tout à coup, Durwasas paraît. Il fait un geste de vengeance, et appelle la
reine.
Celle-ci, surprenant Sacountalâ seule avec le roi, s'abandonne toute sa
colère. Les autres femmes se joignent à elle comme un choeur irrité.
Hamsati injurie et maltraite Sacountalâ, qui résiste et tombe à genoux ;
mais la reine la repousse violemment ; et Durwasas qui se trouve devant
elle, la fait reculer épouvantée : «Je t'avais prédit le bûcher,» lui dit-il. Sur
un geste de la reine, le bourreau paraît avec ses aides, et elle ordonne qu'on
inflige à Sacountalâ les supplices les plus affreux. Ils seront encore trop
doux pour cette malheureuse qui a tenté d'abuser la bonne foi royale.
Sacountalâ la supplie d'avoir pitié ; la reine est inflexible. Elle cherche en
vain le roi ; elle ne rencontre que l'implacable figure de Durwasas.
Les aides s'emparent d'elle, et le bourreau lui jette un voile noir sur la tête.
Sacountalâ, saisie d'une angoisse mortelle, tombe : on l'entraîne au
supplice.
Tout le monde sort.
Hamsati, rayonnante et désormais sans rivale, s'asseoit sur le trône, à côté
de Douchmanta, promenant fièrement ses regards autour d'elle. Quant au
roi, il est resté pensif, et il cherche à son doigt l'anneau royal dont il
aperçoit l'absence pour la première fois.

SCÈNE VI.


SCÈNE VII.

Un tumulte se fait entendre. Les officiers barrent le passage à un pêcheur
qui essaye de pénétrer jusqu'au roi. On le repousse ; mais le roi, désirant
savoir la cause de cette altercation, fait venir le pêcheur au pied de son
trône.
Le pauvre homme raconte qu'il a trouvé l'anneau dans le ventre d'un
poisson, péché par lui, et qu'il dépeçait pour la vente.
Le roi reconnaît aussitôt son anneau, et récompense richement le pêcheur.
Plus Douchmanta examine l'anneau, plus il sent sa raison s'éclaircir. Il se
rappelle maintenant tout ce qui s'est passé dans le bois.
Un rayon soudain a traversé le cerveau du roi ; l'obscurité qui l'environnait
se dissipe, car le vindicatif ermite s'est retiré, sachant que l'anneau retrouvé
suspend son influence sur Douchmanta.
Ainsi, cette femme qu'il a repoussée tout à l'heure, c'était Sacountalâ ! Il l'a
livrée au bourreau !
Éperdu, il interroge tout le monde : pour toute réponse, on détourne
tristement la tête. La reine s'avance, et annonce, avec une satisfaction
cruelle, que Sacountalâ a subi sa punition.
Douchmanta, irrité, la secoue avec violence, et fait un geste de menace
terrible ; les femmes de la reine se précipitent éplorées, et entourent
Douchmanta, qui ordonne aux bourreaux qui ont emmené Sacountalâ
d'entraîner à son tour la perfide Hamsati.

SCÈNE VII.


SCÈNE VIII.

En ce moment une musique céleste se fait entendre. L'apsara Misrakési
descend du ciel, et au fond du théâtre on aperçoit Sacountalâ sur son
bûcher, dont les flammes se changent en fleurs sous la puissante influence
de l'apsara protectrice.
En même temps, des torrents de lumière, où tourbillonnent des génies
bienfaisants, inondent le fond du théâtre ; des foules d'apsaras et de filles
célestes apparaissent sur les terrasses les plus élevées du palais.
Sacountalâ radieuse se jette dans les bras du roi, qui tombe à ses pieds et
implore une grâce déjà accordée.
Hamsati, se dégageant des mains de ses gardiens, s'incline devant
Sacountalâ, et vient baiser humblement le bord de son voile. Sacountalâ lui
pardonne.
Douchmanta remet au doigt de Sacountalâ l'anneau royal, qu'elle ne perdra
pas cette fois, et se prosterne devant l'apsara Misrakési, qui remonte au
ciel.
Pas de deux.

DIVERTISSEMENT.

FIN.