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Roses de Noêl
1843-1878

Roses de Noêl

16 - Les Oiseaux
O mère, que toujours adore mon orgueil!
Ma pensée en rêvant s'envole jusqu'au seuil
De la maison riante où la nuit tu reposes.
Là je te vois, devant le mur vêtu de roses,
Ou sous les arbres dont le feuillage mouvant
Pleure, et dans le matin frissonnant et vivant
Tu vas, animant tout de ta grâce infinie.
Ma nourrice au beau front, mon âme, sois bénie!
Ce n'est qu'un songe, hélas! Entre nous, ô tourment!
Sont les villes sans nombre et leur bourdonnement,
Le temps, les nuits, les jours, le silence, l'espace,
Les collines, les bois, les cieux, le vent qui passe.
Mais les oiseaux légers, voyant que je suis loin
De mon nid, les oiseaux rapides auront soin
De saluer, fuyant vers la lumière, celle
Dont la vaillance dans mes yeux d'or étincelle.
Ils diront: Comme nous, l'humble poëte obscur
Est un esprit ailé qui s'en va dans l'azur.
Prêtons à ce rimeur nos chansons fraternelles.
Pour l'an qui vient, il nous en fera de plus belles,
Car les abeilles d'or voltigent sur son front
Et sur sa bouche. Puis, mère, ils regarderont
L'aurore qui se lève et le jour qui va naître,
Et, joyeux, ils viendront voler sur ta fenêtre.

18 novembre 1862.

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