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Alain
Fournier
1886 - 1914
Le Grand Meaulnes
-(1)
TROISIÈME PARTIE
CHAPITRE XI. Conversation sous la pluie..
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Le Grand Meaulnes. CHAPITRE XI. Conversation sous la pluie. J'arrivai avant la
nuit dans la cour déjà tapissée de feuilles jaunies. Je ne voulus pas m'y
introduire en intrus dès le premier soir de mon arrivée.
Cependant, plus hardi qu'en La nuit venait. Une
pluie fine commençait à tomber. La tête basse,
je regardais, sansy songer, mes C'est alors que, levant
la tête, je la vis à deux pas de moi. Ses souliers, dans
le sable, faisaient un bruit Yvonne de Galais me
tendit une main brûlante, et, renonçant à me faire
entrer aux Sablonnières, elle Elle me gronda d'abord amicalement pour avoir ainsi écourté mes vacances: "Il fallait bien, répondis-je, que je vinsse au plus tôt pour vout tenir compagnie. - Il est vrai, dit-elle presque tout bas avec un soupir, je suis seule encore. Augustin n'est pas revenu..." Prenant ce soupir pour un regret, un reproche étouffé, je commençais à dire lentement: "Tant de folies dans une si noble tête! Peut-être le goût des aventures plus fort que tout..." Mais le jeune femme
m'interrompit. Et ce fut en ce lieu, ce soir-là, que pour la
première et la dernière "Ne parlez pas
ainsi, dit-elle doucement, François Seurel, mon ami. Il n'y
a que nous - il n'y a que moi de "Nous lui avons
dit: "Voici le bonheur, voice ce que tu as cherché pendant
toute ta jeunesse, voici le < page
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