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Alain
Fournier
1886 - 1914
Le Grand Meaulnes
-(1)
PREMIÈRE PARTIE
CHAPITRE XII.
La chambre de Wellington.
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Le Grand Meaulnes
Le vent fit battre la fenêtre ouverte. "Tiens, dit le
premier, tu n'as pas même fermé la fenêtre. Le
vent a déjà éteint une des lanternes. Il va - Bah! répondit
l'autre, pris d'une paresse et d'un découragement soudain.
A quoi bon ces illuminations - Personne? Mais il
arrivera encore des gens pendant une partie de la nuit. Là-bas,
sur la route, dans leurs Meaulnes entendit
craquer une allumette. Celui qui avait parlé le dernier, et
qui paraissait être le chef, "Tu mets des
lanternes vertes à la chambre de Wellington. T'en mettrais
aussi bien des rouges... Tu ne t'y Un silence. "... Wellington,
c'était un Américain? Eh bien, c'est-il une couleur
américaine, le vert? Toi, le comédien - O! là là!
répondit le "comédien", voyagé? Oui,
j'ai voyagé! Mais je n'ai rien vu! Que veux-tu voir dans Meaulnes avec précaution regarda entre les rideaux. Celui qui commandait
la manoeuvre était un gros homme nu-tête, enfoncé
dans un énorme paletot. Il Quant au comédien,
c'était le corps le plus lamentable qu'on puisse imaginer.
Grand, maigre, grelottant, Après un moment
de réflexion amère et risible à la fois, il s'approcha
de son partenaire et lui confia, les "Veux-tu que
je te dise?... Je ne peux pas comprendre qu'on soit allé chercher
des dégoûtants comme Mais sans prendre
garde à ce grand élan du coeur, le gros homme continua
de regarder son travail, les "Allons, en route! Il est temps de s'habiller pour le dîner". Le bohémien le suivit, mais, en passant devant l'alcôve: "Monsieur l'Endormi, fit-il avec des révérences et des inflexions de voix gouailleuses, vous n'avez plus < page
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