Nicolas Poussin

1595 - 1665

Biographie

« La nouveauté dans la peinture ne consiste pas dans un sujet encore non vu, mais dans la bonne et nouvelle disposition et expression, et ainsi de commun et de vieux, le sujet devient singulier et neuf. »
[ Nicolas Poussin ]


C'est en plein mois de juin 1594, que naquit, aux Andélys, près de Rouen en Normandie, Nicolas Poussin. Son père, Jean Poussin, venait de Soissons. Il fut ruiné par les guerres successives du royaume et prit par aux dernières campagnes militaires. C'est à la suite du siège de Vernon, auquel il assistait avec l'un de ses oncles, qu'il épousa Marie de Laisement, veuve du procureur de Vernon.

Enfant, Nicolas Poussin, dessinait pendant ses heures de leçons, sur ses livres et cahiers. C'est ainsi qu'un peintre d'Amiens, Quintin Varin, le remarqua et lui donna des leçons de peinture, tout en encourageant les parents de celui-ci, à le laisser persévérer dans cette voie. Comme il apprenait très vite, Quintin Varin n'eut bientôt plus rien à lui enseigner, alors Nicolas Poussin décida de tout quitter pour continuer son art. Son père n'étant pas d'accord avec sa décision, il dut partir sans son consentement.

En 1612, venant d'avoir dix-huit ans Nicolas Poussin arriva donc à Paris. Dès son arrivée, il fit la connaissance d'un jeune seigneur poitevin. Ce gentilhomme, aimant particulièrement les arts, devint son protecteur, lui donna un logement et l'aida également à faire ses premiers pas dans ce monde.

Il travailla comme peintre dans l'atelier de Ferdinand Elle de Malines et ensuite dans celui de Lallemand. Par l'entremise de son protecteur, Poussin rencontra le mathématicien du roi Louis XIII qui était attaché aux galeries du Louvre. Ainsi, il pu venir à loisir, examiner les tableaux et gravures des meilleurs peintres italiens, comme Raphaël, que le Louvre possédait déjà.

Pendant cette période, Poussin connu Philippe de Champaigne au collège de Laon. Par la suite, Marie de Médicis les employa tous deux pour la décoration du Palais du Luxembourg et ils furent sous les ordres du peintre Nicolas Duchesne.

Le protecteur de Nicolas Poussin devant rentrer au Poitou, il demanda à son protégé de bien vouloir le suivre. Ayant beaucoup de reconnaissance envers lui et pensant qu'il aurait toutes possibilités d'exprimer son art au château de celui-ci et ainsi améliorer sa technique, accepta sa demande. Mais sa déception fut grande, la mère de son protecteur le traita en véritable domestique, sans aucun égard pour lui.

Suite aux humiliations, il décida de quitter le Poitou pour revenir sur Paris. Faute d'argent, il était encore plus pauvre qu'à son départ des Andélys, il du prendre la route à pieds et faire quelques peintures tout au long du voyage pour pouvoir le continuer. C'est peut-être à cette période qu'il fit son tableau " Les Bacchanales ".

Son voyage fut long et pénible et il en tomba malade à son arrivée à Paris. Pour mieux se rétablir, il du repartir aux Andélys. Il y resta un an et revint ensuite sur Paris.

Vers 1622, il rencontra un poète italien, le Cavalier Marin (G. Marino), qui créait à ce moment-là, son poème " Adonis ". Marin fut très intéressé par les idées de Poussin et voulut l'emmener avec lui à Rome, mais Poussin ne pu le suivre.

En 1623, les jésuites, célébrant la canonisation de Saint Ignace et de Saint Xavier, invitèrent Poussin à concourir pour réaliser la peinture à la détrempe des tableaux représentant les miracles des deux saints. Il en fit six.

C'est à cette période qu'il commence à se faire une bonne réputation.

En 1624, en début d'année, Nicolas Poussin arriva à Rome. Son ami, le Cavalier Marin, qui était déjà sur place, le reçut et lui ouvrit les portes du palais Barberini en lui présentant le Cardinal de Barberini. Le Cardinal Barberini fut le premier à passer commande à Poussin et ce fut le tableau " la Mort de Germanicus ". Par la suite, il fit " La prise de Jérusalem par l'Empereur Turc ". Le Cavalier Marin partit pour Naples où il mourut peu de temps après.

Poussin était toujours aussi pauvre et devait vendre ses toiles pour survivre car n'ayant pas le succès escompté, il les vendait à petit prix. Il partageait son logement avec le sculpteur Duquesnoy, qui est aussi pauvre que lui. C'est auprès de lui qu'il apprit l'art de modeler les figurines, allant même jusqu'à mesurer avec lui les célèbres statues de Rome, et tout particulièrement l'Antinoüs. Il utilisa la technique des figurines miniatures en cire pour réaliser des scènes, afin d'y imiter les froissements des habits, et autres drapés et de voir les différents aspects sous divers éclairages. Il fit ainsi des croquis et des tableaux, de ses minis mises en scènes théâtrales.

Poussin améliora sans cesse sa technique, notant et dessinant les moindres mouvements et poses des passants et statues antiques, qu'il affectionnait tant.

" La Destruction du Temple de Jérusalem "
peint entre 1525 - 1526 (Jérusalem - Musée d'Israël)

 

A partir de 1628-1629, il vécut chez Jean Dughet. Il y rencontra les filles de celui-ci et l'une d'elle, Anna-Maria, le soigna pendant sa maladie avec un dévouement tout particulier. Ils se marièrent en 1629. À partir de ce moment, il ne connut plus de problèmes financiers. Avec sa dot, il acheta une maison sur le mont Pincio, juste à côté de celle de Salvador Rosa, vis-à-vis de celle de Claude Lorrain. Même si Poussin était un solitaire, il se lia d'amitié avec Claude Lorrain, et se promenèrent régulièrement dans les rues de Rome pour parler de leur technique de peinture.

" Apollon et Daphné "
peint vers 1634 (Musée Alte Pinakothek de Münich

 

" Les Bergers d'Arcadie"
peint vers 1637 - 1638 (Musée du Louvre)

 

Poussin fut rappelé en France, et Louis XIII lui-même, lui écrivit dans ce sens. Il le nomma un de ses peintres ordinaires. Son voyage lui était offert et il était logé soit au Louvre soit à Fontainebleau près de Louis XIII. Mais Poussin fut fort hésitant et accepta tout en essayant de reculer la date, en s'excusant de diverses façons, soit une peinture inachevée, soit sa maladie, la maladie cruelle, qui l'importuna durant la majeure partie de sa vie, soit de nouveaux projets. Mais Paris, s'impatientait et suite au dernier courrier de Poussin, indiquant son désir de se dégager de ses nouvelles responsabilités sur Paris, M. de Chanteloup, s'étant trop engagé vis-à-vis du Roi, Louis XIII, décida de partir pour Rome et de le ramener. Laissant sa femme à Rome, Poussin le suivit en se faisant accompagner par un des frères de celle-ci.

Dès son arrivée à Paris, à la fin de l'année 1640, il fut accueilli par M. de Noyers, secrétaire d'État et surintendant des Bâtiments du Roi qui le présenta aussitôt au Cardinal de Richelieu. Il fut accueilli à bras ouverts par tous, sauf par le peintre Simon Vouet, qui, par jalousie, commença une guerre de chicanes contre lui. Il retrouva son ami de jeunesse, le peintre Philippe de Champaigne et fit la connaissance d'un jeune artiste Eustache Le Sueur, disciple de Simon Vouet, qui, par la suite, quitta celui-ci pour devenir un de ses fidèles élèves.

Le 2 mars 1641, Poussin fut nommé premier peintre du Roi. Il obtint de cette manière la direction générale de tous les ouvrages de peinture et ornements des maisons royales.

En 1641, Poussin prépara les dessins pour la décoration de la grande galerie du Louvre. Il y représenta la vie d'Hercule. Trouvant trop massives pour ses peintures les constructions réalisées par Le Mercier, architecte du Roi, il décida de les abattre et se fit de cet homme, un ennemi puissant. Le Mercier s'allia à Simon Vouet et tous deux commencèrent à calomnier sérieusement Nicolas Poussin. Ces diffamations prirent une telle ampleur qu'elles finirent par monter jusqu'au Roi. Poussin du faire un mémoire pour démontrer point par point son innocence et défaire ainsi les accusations qu'on lui portait. Mais ses détracteurs ne furent pas calmés pour autant, ce qui découragea sérieusement Poussin et l'inspira aussi pour faire son tableau au titre bien évocateur " Le temps emportant la vérité pour la soustraire à l'Envie et à la Calomnie ". Pendant son séjour à paris, il peignit aussi de grands oeuvres comme " Le Baptême ", " La Cène " et " Le Miracle de Saint Xavier ".

Il voulut tout quitter mais demanda seulement un congé pour revoir sa femme à Rome et la ramener à Paris. Il partit à la fin du mois de septembre 1641 et arriva chez lui dans sa petite maison du mont Pincio, le 6 novembre 1642.

En 1643, Poussin commença une nouvelle toile " Le Ravissement de Saint Paul " à la demande de M. de Chanteloup.

Eustache Le Sueur voulut suivre son maître à Rome mais étant très pauvre, il ne pu se résoudre à le faire. Poussin ne l'oublia pas pour autant et ils entretinrent une correspondance assidue. Ainsi, il continua à lui donner des conseils et lui envoyer des dessins.

Nicolas Poussin apprit les morts successives du Roi, Louis XIII et du Cardinal de Richelieu ce qui amena la destitution de M. de Noyers, mais le Cardinal Mazarin, arrivant au pouvoir, remit M. de Noyers à son poste. La grande galerie du Louvre n'étant toujours pas finie, M. de Noyers demanda à Poussin de revenir sur Paris comme c'était prévu, ce qui n'enchantait pas du tout Nicolas Poussin. Il répondit qu'il voulait bien rentrer à Paris aux mêmes conditions que lors de son premier voyage mais pas pour finir la galerie. Il pouvait envoyer les dessins pour la galerie par correspondance, ce qui n'obligeait pas sa présence. Il resta donc à Rome définitivement.

Vers 1645, Nicolas Poussin finit la seconde suite des " Sacrements " et commença deux nouveaux tableaux, " Le Testament d'Eudamidas " et " Le massacre des Innocents ".

Vers 1648, il peignit " Les Funérailles de Phocion ".

En 1657, son cher ami et protecteur italien, le Chevalier del Pozzo mourut, ce qui le plongea dans un état de profonde tristesse et il supporta de moins en moins les infirmités de sa maladie de toujours.

En 1660, il commença quatre tableaux " Les Quatre Saisons " pour le Duc Armand Jean de Richelieu, Petit neveu du Cardinal de Richelieu, qu'il termina en 1664.

En 1664, Anna-Maria, son épouse, mourut. Elle était tombée gravement malade. Une toux et une fièvre d'étisie l'avaient fait garder son lit pendant neuf mois avec Nicolas Poussin à son chevet. Poussin plongea dans un isolement total et un profond chagrin. Ils n'eurent jamais d'enfant. Ses infirmités furent de plus en plus présentes et il décéda le 19 novembre 1665.

Il y a plus de deux cents tableaux recensés de sa main.

Village natale de Nicolas Poussin