le poète enfermé

 

Antonin Artaud

1896 / 1948

Ce monde tous les jours se survit, alors qu'autre chose se passe et

que tous les jours aussi l'âme est appelée enfin à naître et être.
Lettre du 17 septembre 1945.

CITATIONS CHOISIS

«Ce que c'est que le Moi, je n'en sais rien. La conscience? une répulsion épouvantable de l'Innommé, du mal tramé, car le JE vient quand le coeur l'a noué enfin, élu, tiré hors de ceci et de cela, contre ceci et pour cela, à travers l'éternelle supputation de l'horrible, dont tous les non-moi, démons, assaillent ce qui sera mon être...» Antonin Artaud, Supplément au voyage des Tarahumaras, 1944.

«Je ne suis né que de ma douleur»
Lettre du 7 septembre 1945

«Ce refus imbécile de s'avancer jusqu'aux idées»
Supplément au Voyage au Pays des Tarahumaras.

«Avec moi c'est l'absolu ou rien, et voilà ce que j'ai à dire à ce monde qui n'a ni âme ni agar-agar.»
Lettre du 9 octobre 1945.

«Je ne commanderai pas à mes désirs et à mes envies, mais je ne veux pas non plus qu'ils me conduisent, je veux être ces désirs et ces envies»
Lettre du 20 septembre 1945.

«Si je suis poète ou acteur ce n'est pas pour écrire ou pour déclamer des poésies, mais pour les vivre [...] Je veux que les poèmes de François Villon, de Charles Baudelaire, d'Edgar Poe ou de Gérard de Nerval deviennent vrais et que la vie sorte des livres» Lettre du 6 octobre 1945.

«J'aime [...] les poèmes des suppliciés du langage qui sont en perte dans leurs écrits, et non de ceux qui s'affectent perdus pour mieux étaler leur science et de la perte et de l'écrit. [...] Tout ce qui n'est pas un tétanos de l'âme ou ne vient pas d'un tétanos de l'âme comme les poèmes de Baudelaire ou d'Edgar Poe n'est pas vrai et ne peut être reçu dans la poésie.» Lettre du 22 septembre 1945.

«On n'a pas le droit d'écrire comme cela, un poème qui est hors du coeur, hors de l'affre et du sanglot coeur, un poème qui n'a pas été souffert comme:
Dites-moi où, dans quel pays
Est Flora la belle Romaine,
La royne Blanche comme un lys
Qui chantait à voix de sirène»
Lettre du 20 septembre 1945.

«Les gens sont bêtes. La littérature vidée. Il n'y a plus rien ni personne, l'âme est insane, il n'y a plus d'amour, plus même de haine, tous les corps sont repus, les consciences résignées. Il n'y a même plus l'inquiétude qui a passé dans le vide des os, il n'y a plus qu'une immense satisfaction d'inertes, de boeufs d'âme, de serfs de l'imbécillité qui les opprime et avec laquelle ils ne cessent nuit et jour de copuler, de serfs aussi plats que cette lettre où j'essaie de manifester mon exaspération contre une vie menée par une bande d'insipides qui ont voulu à tous imposer leur haine de la poésie, leur amour de l'inepsie bourgeoise dans un monde intégralement embourgeoisé, avec tous les ronronnements verbaux des soviets, de l'anarchie, du communisme, du socialisme, du radicalisme, des républiques, des monarchies, des églises, des rites, des rationnements, des contingentements, du marché noir, de la résistance.» Lettre du 17 septembre 1945.


«Les asiles d'aliénés sont des receptacles de magie noire, conscients et prémédités. Et ce n'est pas seulement que les médecins favorisent la magie par leur thérapeutique qu'ils raffinent, c'est qu'ils en font. S'il n'y avait pas de médecins, il n'y aurait pas de malades, car c'est par les médecins, et non par les malades, que la société a commencé. Ceux qui vivent, vivent des morts, et il faut aussi que la mort vive... Il n'y a rien comme un asile d'aliénés pour couver doucement la mort, et tenir en couveuse les morts. Cela a commencé 4000 ans avant J.C., cette technique thérapeutique de la mort longue. Et la médecine moderne, complice en cela de la plus sinistre et crapuleuse magie, passe ces morts à l'électrochoc ou à l'insulinothérapie, afin de bien, chaque jour, vider ces haras d'hommes de leur moi, et de les présenter, ainsi vides, ainsi fantastiquement disponibles et vides, aux obscènes sollicitations anatomiques et atomiques de l'état appelé «bardot». Livraison du barda de vivre aux exigences du non-moi. Le Bardot est l'astre de mort par lequel le moi tombe en flasque, et il y a, dans l'électrochoc, un état flasque, par lequel passe tout traumatisé. Ce qui lui donne non plus à cet instant de connaître, mais affreusement et désespérément méconnaître ce qu'il fut quand il était soi. J'y suis passé et ne l'oublierai pas.» Entrevue radiophonique.

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Textes d'Artaud

Auto-portrait, mai 1946

Petit poème des poissons de la mer

 

Poème à la manière de Lewis Carroll

extrait des Oeuvres complètes d'Antonin Artaud
en vingt-six volumes publiées dans la NRF chez Gallimard

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Visions d'Artaud

 

Artaud selon André Breton

"À jamais la jeunesse reconnaîtra pour sien cet oriflamme calciné. "


1959

Artaud vu par Doc Martine


"un homme qui a écrit des choses fulminantes et suffocantes de VIE"

Rémy Pastor

 

Artaud et le théâtre
"Artaud est tout entier théâtre, dans toute sa vie, dans tout son être."

Antonin Artaud: Qui êtes-vous?
A. et O. Virmaux, édition
La Manufacture, 1986.

 

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