ROMANCES
SANS PAROLES
Les quatre parties des
Romances sans paroles ont été, selon toute vraisemblance,
composées entre le mois de mai 1872 et d'avril 1873.
Les Ariettes oubliées, probablement écrites en mai et
juin 1872, révèlent, malgré les accents légers
de la sixième ariette, des sentiments tristes sans doute explicables
par la situation de Verlaine, déchiré entre son amour
pour Rimbaud et l'attachement qu'il éprouve encore pour sa femme,
Mathilde Mauté, dont il venait tout juste d'avoir un enfant.
Les Paysages belges, avec
l'insistance qui y a été mise sur les couleurs, les jeux
de lumière et les décors fugaces, laissent percevoir l'influence
de l'Impressionnisme.
Dans Birds in the night,
c'est du mariage de Verlaine avec Mathilde Mauté, de l'échec
de cette union surtout, qu'il est question. Enfin, les Aquarelles peignent
parfois des paysages londoniens, ce qui n'empêche pas leur créateur
-dans Green et Child Wife notamment- de rappeler encore une fois le
souvenir de Mathilde.
Dans les Romances sans
paroles, en particulier dans ses Ariettes oubliées et Paysages
belges, Verlaine se dégage de façon bien plus radicale
que dans ses recueils précédents de la tradition poétique.
De fait, dans ces deux sections, Verlaine a souvent recours aux vers
impairs et, au contraire de ce qu'exigent les règles de la prosodie,
l'alternance des rimnes masculines et féminines n'est pas systématiquement
appliquée. Dans les Paysages belges, d'ailleurs, Verlaine tord
le cou à l'éloquence et se concentre à capter l'instant
dans ce qu'il a de plus fugitif, alors que dans Beams c'est l'exaltation
devant la beauté que le poète exprime de la manière
la plus directe possible.
Verlaine a longtemps voulu
dédier ses Romances sans paroles à Arthur Rimbaud. Il
va de soi que cela n'aurait été que justice, tant l'influence
du poète d'Une Saison en enfer a été déterminante,
et ce tout autant sur les sentiments et les événements
évoqués par Verlaine dans son recueil que sur la conception
de la poésie qui s'y est fait jour.

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