Paul Verlaine

1844 / 1896

 

POEMES SATURNIENS

Le premier recueil de Verlaine est aussi, cela n'a rien de surprenant, celui où l'imitation de ses maîtres - Baudelaire, Hugo, Banville, Leconte de Lisle - est la plus visible. Par exemple, la thématique urbaine du créateur du Spleen de Paris transparaît dans Nocturne parisien, alors que les rimes rares et le goût pour l'Orient caractéristiques de Banville se retrouvent dans un poème comme Résignation. D'ailleurs, à l'époque de la rédaction des Poèmes saturniens, soit vers 1865, Verlaine se réclamait de l'art rigoureux et peu sentimental des Parnassiens.
Cependant, ces sont les pièces qui échappent le plus au credo parnassien qu'on retient d'abord des Poèmes saturniens. Les demi-teintes de Nevermore, le bégaiement d'Un rêve familier, les vers brefs de Chanson d'automne, voilà ce qui, dans ce recueil de jeunesse, annonce le mieux ce que sera la voix de Verlaine.
Ajoutons enfin que l'allusion que le titre fait à Saturne renvoie à l'influence fatale et au poids de la mélancolie que les astrologues associaient jadis à cette planète.