Verlaine

LA BONNE CHANSON

La Bonne Chanson a été publié en juin 1870, soit deux mois après le mariage de Paul Verlaine avec Mathilde Mauté. Toutes les pièces du recueil ont d'abord été envoyées à la fiancée, ce qui fait de ce petit livre la chronique romancée d'un amour qui finira, on le sait, par sombrer dans la méchanceté et la mesquinerie.
Les poèmes de La Bonne Chanson - Verlaine les jugeait d'ailleurs ainsi - se caractérisent par leur simplicité. Il ne faut pas, à ce propos, oublier que la première lectrice de ces pièces n'avait que seize ans. Ainsi le style du recueil est bien moins recherché que celui des Poèmes saturniens ou des Fêtes galantes: l'emploi fréquent des rimes plates, d'alexandrins ou même de rimes telles amour/jour (Verlaine a recours à cette rime à trois reprises) fait que la forme poétique frôle parfois ici la banalité.
Constamment dans le recueil, Verlaine vante la sainteté (cf. VII) et la sagesse (II, III, VIII, IX, XVIII) de sa fiancée. Bien plus que la passion, c'est la raison et la rédemption que le poète cherche. L'univers nocturne des Fêtes galantes est d'ailleurs remplacé, dans La Bonne Chanson, par une atmosphère presque toujours lumineuse.
Verlaine a voulu aller contre sa nature la plus profonde et, en ce sens, il n'est pas difficile de lire dans La Bonne Chanson le récit d'un cruel malentendu dont à la fois Mathilde Mauté et Verlaine lui-même seront les victimes.