N'est-ce
pas ? en dépit des sots et des méchants
Qui ne manqueront pas d'envier notre joie,
Nous serons fiers parfois et toujours indulgents.
N'est-ce
pas ? nous irons, gais et lents, dans la voie
Modeste que nous montre en souriant L'Espoir,
Peu soucieux qu'on nous ignore ou qu'on nous voie.
Isolés
dans l'amour ainsi qu'en un bois noir,
Nos deux curs, exhalant leur tendresse paisible,
Seront deux rossignols qui chantent dans le soir.
Quand
au Monde, qu'il soit envers nous irascible
Ou doux, que nous feront ses gestes ? Il peut bien
S'il veut, nous caresser ou nous prendre pour cible.
Unis
par le plus fort et le plus cher lien,
Et d'ailleurs, possédant l'armure adamantine,
Nous sourirons à tous et n'aurons peur de rien.
Sans
nous préoccuper de ce que nous destine
Le Sort, nous marcherons pourtant du même pas,
Et la main dans la main, avec l'âme enfantine
De
ceux qui s'aiment sans mélange, n'est-ce pas ?
Nous
sommes en des temps infâmes
Où le mariage des âmes
Doit sceller l'union des curs
À cette heure d'affreux orages,
Ce n'est pas trop de deux courages
Pour vivre sous de tels vainqueurs.
En
face de ce que l'on ose
Il nous siérait, sur toute chose,
De nous dresser, couple ravi
Dans l'extase austère du juste,
Et proclamant, d'un geste auguste,
Notre amour fier, comme un défi !
Mais
quel besoin de te le dire ?
Toi la bonté, toi le sourire,
N'es-tu pas le conseil aussi,
Le bon conseil loyal et brave,
Enfant rieuse au penser grave,
À qui tout mon cur dit : Merci !
Donc,
ce sera par un clair jour d'été :
Le grand soleil, complice de ma joie,
Fera, parmi le satin et la soie,
Plus belle encor votre chère beauté ;
Le
ciel tout bleu, comme une haute tente,
Frissonnera somptueux à longs plis
Sur nos deux fronts heureux qu'auront pâlis
L'émotion du bonheur et l'attente ;
Et
quand le soir viendra, l'air sera doux
Qui se jouera, caressant, dans vos voiles,
Et les regards paisibles des étoiles
Bienveillamment souriront aux époux.