Cortège
Un
singe en veste de brocart
Trotte et gambade devant elle
Qui froisse un mouchoir de dentelle
Dans sa main gantée avec art,
Tandis
qu'un négrillon tout rouge
Maintient à tout de bras les pans
De sa lourde robe en suspens,
Attentif à tout pli qui bouge;
Le
singe ne perd pas des yeux
La gorge blanche de la dame,
Opulent trésor que réclame
Le torse nu de l'un des dieux;
Le
négrillon parfois soulève
Plus haut qu'il ne faut, l'aigrefin,
Son fardeau somptueux, afin
De voir ce dont la nuit il rêve;
Elle
va par les escaliers
Et ne paraît pas davantage
Sensible à l'insolent suffrage
De ses animaux familiers.
Les
Coquillages
Chaque
coquillage incrusté
Dans la grotte où nous nous aimâmes
A sa particularité.
L'un
a la pourpre de nos âmes
Dérobée au sang de nos coeurs
Quand je brûle et que tu t'enflammes;
Cet
autre affecte tes langueurs
Et tes pâleurs alors que, lasse,
Tu m'en veux de mes yeux moqueurs;
Celui-ci
contrefait la grâce
De ton oreille, et celui-là
Ta nuque rose, courte et grasse;
Mais
un, entre autres, me troubla.