Auguste Rodin

1840 ~ 1917

 

Collectionneur

RODIN COLLECTIONNEUR

Claudie Judrin Assemblage : torse féminin agenouillé dans une coupe grecque
vers 1900?
plâtre
23 x 25,7 x 18,5 cm
S.3611
Photo : E. & P. Hesmerg

Le goût d’un artiste pour les oeuvres d’art naît avec son appétit d’inventer. C’est en ayant des modèles sous les yeux qu’il trouve son propre langage. Au début d’une vie, il y a les exemples qu’on vous impose, et Rodin a étudié dans les ateliers, au Louvre. Plus tard, quand sa voie est tracée, quand le succès lui donne quelques moyens et quelques loisirs, l’artiste choisit ce qui l’entoure. Si parfois le public est unanime à en reconnaître la beauté, comme c’est le cas pour le Père Tanguy de van Gogh, il peut en être déconcerté car il s’agit d’un goût très personnel qui tient compte souvent d’une recherche dans un temps donné. Il faut pouvoir en décrypter l’histoire.
Avant de s’installer à l’hôtel Biron en 1908, Rodin achète en 1895 la villa des Brillants à Meudon. Il meuble peu à peu son territoire d’une infinité d’objets qui doublent quasiment son oeuvre.

Franck Bal
Rodin assis au milieu de sa collection
vers 1905
épreuve gélatino-argentique
19 x 27,8 cm
Ph. 7004

La curiosité de son regard couvre les pays, les siècles, les genres, si bien que le fil d’Ariane risque de se rompre. Les antiquaires de toute l’Europe ne cessent de proposer, et Rodin dispose avec un bonheur plus ou moins grand puisqu’il touche à tout.
Si on met de côté l’Extrême-Orient, on a coutume d’embrasser la collection de Rodin sous le vocable d’« Antiques ». Rodin y voyait "son musée" alors qu’aujourd’hui la création de Rodin est seule considérée comme un musée. La donation de 1916 faite à l'Etat comprend Rodin et sa collection. L’art pharaonique est présent dans toute son étendue à travers plus de cinq cents pièces de la Ve à la XXXe dynastie. On rencontre aussi une centaine de tissus coptes. Rodin se plaît à décrire tel faucon ou tel chat qui a sa préférence.
La Grèce et Rome ont à ses yeux une perfection puisée à la source même de la nature et de la vie. Il accumule marbres, moulages, plâtres, bronzes et terres cuites et des centaines de vases. Ces vases grecs touchent le sculpteur de si près qu’il les habite de ses propres figurines en plâtre, de même qu’il aime à acheter des colonnes et des chapiteaux pour les coiffer de ses sujets. C’est sa manière à lui de ne faire qu’un avec l’Antique.

L’auteur des Cathédrales de France n’oublie pas la sculpture du Moyen Age. Quelques mois avant sa mort, il paie six mille francs un pleurant du tombeau de Jean de Berry à Bourges. Il arrive qu’il reçoive des cadeaux. Le poète Rainer-Maria Rilke qui fut aussi son secrétaire, lui offrit au moment de son installation à l'hôtel Biron un Saint Christophe en qui il voit un autre Rodin.

Le sculpteur ne manqua pas de s’intéresser aux peintres de son temps. Il admire l’indépendance de van Gogh dont il achète trois tableaux. Il pose pour Renoir dont il acquiert pour vingt mille francs en 1910 chez Bernheim Jeune la Femme nue de la collection Leclanché. Le Belle-Ile de Monet comme le Falguière, le Thaulow ou le Zuloaga, furent l’objet d’échanges avec des bronzes, plâtres ou dessins. L’ami auquel il voue une profonde admiration est sans conteste Eugène Carrière. Sa Mère et enfant rappelle les marbres volontairement mal dégrossis de la fin de la vie de Rodin.

La présence d’une copie de la Bethsabée de Rembrandt se justifie par un respect infini pour le mystère du maître hollandais. Cette faculté d’émerveillement et d’estime à l’égard des oeuvres d’art est le privilège des artistes et des collectionneurs.

Gustave-Joseph Biot
(1833-1905)
Auguste Rodin
1877
fusain et craie blanche sur papier
60,3 x 46,8 cm
D. 8298

Chat assis
Egypte, Basse époque
bronze
32 x 12,5 x 24,3 cm
Co.212
Photo : L. & L. Joubert

Hercule acéphale
copie romaine d'après un original grec du IVe s. av.J-C
marbre
183 x 103 x 55 cm
Co.1107
Photo : A. Rzepka

Pleurant provenant du tombeau de Jean de Berry à la Sainte Chapelle de Bourges
milieu du XVe s.
albâtre
41 x 12,8 x 11,4 cm
Co.914
Photo : L. & L. Joubert

Auguste Renoir
(1841-1919)
Femme nue
vers 1880
huile sur toile
80,5 x 65 cm
P.7334

Vincent van Gogh
(1853-1890)
Le Père Tanguy
fin 1887
huile sur toile
92 x 73 cm
P.7302

Eugène Carrière
(1849-1906)
Mère et enfant
1891
huile sur toile
79 x 62,5 cm
P.7279