Jean Baptiste

Carpeaux

1827 - 1875

Sa vie Son Oeuvre

Sculpteur et peintre français (Valenciennes, 1827 — Courbevoie, 1875).


E
n dépit d'un tempérament indépendant, Carpeaux resta toute sa vie très marqué par le style de chacun de ses deux maîtres: Rude, qui l'initia, et Duret, dont il suivit les cours à l'École des beaux-arts. Sans doute doit-il à ces deux influences d'avoir échappé à l'académisme glacé de la sculpture de son temps. Ses toutes premières œuvres, dont le bas-relief de la Soumission d'Abd el-Kader, commandé par Napoléon III en 1853 (aujourd'hui au Louvre), en portent la marque.


Un style «spontané»

Le grand prix de Rome, qu'il obtient en 1854, lui permet de faire le séjour traditionnel à la villa Médicis, au cours duquel il sculpte la Palombella et le fameux Pêcheur à la coquille, caractéristiques de son style «spontané». Avec le groupe d'Ugolin et ses enfants, sujet tiré de Dante mais transposé dans le monde moderne, il affirme sa volonté d'anticlassicisme. Son Ugolin lui vaut un triomphe à Rome, mais de très sévères appréciations à Paris, émanant des critiques d'art et de l'Institut.


À son retour en France, la protection de la princesse Mathilde (qui lui fait modeler son portrait en 1863), puis celle de Napoléon III lui permettent de collaborer au chantier du palais du Louvre et de devenir le portraitiste officiel de la cour. Il doit cependant remanier le Triomphe de Flore, destiné au Louvre, dont on jugeait à l'époque le naturalisme et l'animation trop hardis. Dans le même style, celui d'un art du mouvement dont le rythme léger évoque la manière du XVIIIe siècle, Carpeaux exécute les Quatre Parties du monde (partie centrale de la fontaine de l'Observatoire à Paris) et la Danse , placée sur le parvis de l'Opéra (1869), dont les nudités choqueront le public, et qui sera à l'origine d'un des plus grands scandales du siècle.


Une facilité remarquable

Soumis aux théories conventionnelles de l'art officiel, la critique comme le public contemporains n'ont retenu que les libertés prises par l'artiste avec le néoclassicisme académique. En réalité, l'art de Carpeaux est le juste reflet de l'esthétique de son temps. Il a le goût du «sujet» narratif. Néanmoins, en rompant avec le néoclassicisme, il a montré la voie de la révolte d'où naîtront des tentatives plus novatrices pour l'art moderne. Habitué des fêtes de Compiègne et des Tuileries, il put faire le portrait des personnalités du jour, se montrant un observateur pénétrant (Charles Garnier, Napoléon III, l'impératrice Eugénie, le jeune prince impérial, Alexandre Dumas fils, le marquis de Laborde, Jules Grévy, la danseuse Mlle Fiocre, notamment). Il a excellé dans le portrait: ses bustes, ses crayons et ses toiles (comparables pour leur vigueur à celles de Daumier) surclassent de beaucoup ses monuments allégoriques, pourtant plus connus.


A
insi, Carpeaux avait accompli une carrière inespérée: fils de maçon, il était parvenu aux plus grands honneurs. Mais les dernières années de cet être fiévreux et maladif furent assombries par des déboires familiaux.