Jean Baptiste

Carpeaux

1827 - 1875

La Danse - Flore &

La France Imperiale protegeant l'Agriculture et les Sciences

Carpeaux présente une première esquisse à Garnier, en 1865. Elle représentait "Un homme tout nu et tout droit, qui avait l'air de s'appuyer sur une massue, une femme toute nue et toute droite, qui était aussi tranquille de mouvement que l'homme; une espèce de grosse colonne, qui ressemblait à un cippe funéraire, puis au-dessus, les pieds engagés dans la muraille, le corps en avant, les ailes flottant en panache, une sorte de démon, la main contre la bouche, la tête contre celles des autres personnages et qui semblait leur dire un secret à l'oreille. Cette esquisse était étonnante de modèle, mais elle était inacceptable".

Garnier refuse le projet. Le sculpteur et l'architecte s'accordent sur une composition, après plusieurs ébauches, en 1866. La sculpture est remise au moulage deux ans plus tard. Le plâtre est confié à plusieurs sculpteurs qui doivent le réaliser en pierre d'Echaillon. Le budget initial sera largement dépassé et Carpeaux doit en financer une partie. Les groupes sculptés de la façade seront dévoilés successivement. "La Musique Instrumentale" de Guillaume, puis "L'Harmonie" de François Jouffroy précèdent la présentation de "La Danse" de Carpeaux et "Le Drame Lyrique" de Perraud qui seront présentés le dimanche 25 juillet 1869. Le groupe de "La Danse", très différent des trois autres sculptures beaucoup plus académiques, est vivement critiqué. Les journalistes suggèrent qu'il faudrait soit enlever les trois groupes inertes, soit retirer La Danse.

Une bouteille d'encre est lancée sur l'oeuvre sculptée dans la nuit du 26 au 27 août. Elle se brise sur la hanche de la bacchante et le liquide macule les personnages qui l'entourent. Le scandale a un grand retentissement. Des articles paraîtront dans la presse pour témoigner de leur indignation pendant presque un an. Des chimistes mettront au point une solution capable de faire disparaître l'outrage. La tache d'encre sera enlevée le 1er septembre. Le groupe fera l'objet de nombreuses menaces d'enlèvement. L'Empereur Napoléon III est sollicité pour remplacer l'oeuvre décriée. Le projet tombera dans l'oubli du fait de la guerre. Certains photographes, qui feront commerce de la reproduction l'oeuvre souillée, seront poursuivis par Carpeaux au titre du "droit moral de l'auteur". Le groupe original, menacé par la pollution, est aujourd'hui exposé au Musée d'Orsay. Il a été remplacé par une copie réalisée par Paul Belmondo en 1963.