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Arthur Rimbaud

1854-1890

Biographie Arthur Rimbaud
"L’Enfant de Colère"
"L’Epoux Infernal"
"L’Homme aux Semelles de Vent"

ARTHUR RIMBAUD : UNE VIE, UNE OEUVRE

« On n'est pas sérieux quand on dix-sept ans »

C'est pourtant entre seize et vingt ans que Jean Nicolas Arthur Rimbaud va produire une poésie nouvelle qu'il veut sans entrave, loin des rigueurs académiques.
Il est né le 20 octobre 1854 à Charleville. Sa mère délaissée par son époux a fort affaire avec ses quatre enfants qu'elle dirige d'une main de fer. Arthur, le futur révolté, se démarque au collège par l'excellence de ses notes. Lecteur insatiable, il dévore les ouvrages que lui prête son professeur de rhétorique , Georges Izambard qui l'initie à la poésie.
Mais déjà le génie rêve d'ailleurs. La Commune l'exalte, il cherche à se rendre dans la capitale. A plusieurs reprises, il a envoyé des poèmes aux Parnassiens... sans suite. Jusqu'à ce qu'un certain Paul Verlaine enthousiasmé par « Le bateau ivre » l'introduise dans les cercles poétiques parisiens. Le jeune poète s'y distingue plus par son comportement odieux que par sa poétique. Commence alors l'errance des deux bonshommes : Charleroi, Bruxelles, Londres...
La relation entre les deux hommes est instable et tumultueuse, tant Verlaine est obsédé par une réconciliation avec sa femme Mathilde. L'aventure se finit mal. Pendant cette période, Arthur a écrit « Les Illuminations » et « Une saison enfer » . De ce dernier ouvrage, il obtiendra quelques exemplaires, n'étant pas à même de régler l'éditeur. Les livres s'entasseront dans un grenier.

« L'homme aux semelles de vent »

Si Charleville reste un port d'attache pour cet explorateur qui ne connaît aucune limite tant dans l'écriture que dans l'espace, la petite ville de province est surtout le lieu d'où l'on part.
A vingt ans, le poète génial tourne définitivement le dos à la poésie pour entreprendre une autre aventure qui le clouera sur son lit de mort à Marseille le 10 novembre 1891, à 37 ans.
En 17 ans, il aura traversé l'Europe : Stuttgart, Milan, Gênes, Vienne ; il s'engage dans l'armée hollandaise qui le mène à Batavia. Retour à Charleville puis départ pour Chypre où il travaille quelques mois. Commence alors l'épopée africaine où il sera employé dans des sociétés commerciales.
Ces onze années seront ponctuées par une abondante correspondance avec sa famille. Atteint d'un cancer, il sera amputé d'une jambe. Il est enterré dans le caveau familial à Charleville. Il faudra des années pour qu'enfin le « voyant » soit reconnu comme un véritable poète, précurseur d'une écriture qui inspirera nombre d'artistes.

L'époux infernal


J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable. Je fixais des vertiges.
Extrait d'une saison en enfer. 1873

C'est sur les conseils d'Auguste Bretagne, un employé aux contributions indirectes de Charleville épris de poésie et ami de Paul Verlaine, que Rimbaud envoi, fin août, quelques un de ses poèmes à l'auteur des "Fêtes galantes". Séduit, Verlaine l'invite à le rejoindre à Paris en des termes enthousiastes: "Venez, chère grande âme, on vous appelle, on vous attend ". A la mi-septembre, Arthur part à Paris avec en poche son poème Le Bateau Ivre. Si Verlaine accueil le jeune voyant à bras ouverts, sa belle famille (Verlaine qui vient juste de se marier avec Mathilde Mauté vit encore chez ses beaux-parents) ne supporte pas l'attitude outrageante d'Arthur qui finit par se faire héberger par les amis de Paul comme Banville, Charles Cros ou encore Ernest Cabaner. Verlaine emmène son jeune protégé au dîner des Vilains Bonshommes au cours duquel Rimbaud déclame son poème marin et impressionne la communauté parnassienne. Les deux hommes fréquentent aussi le cercle des poètes Zutiques, fondé par Charles Cros, qui se réunit à l'Hôtel des Etrangers, boulevard Saint-Michel, et collaborent à l'Album collectif du groupe. Cependant, l'attitude méprisante de Rimbaud envers les autres poètes ainsi que sa liaison scandaleuse avec Verlaine vont conduirent peu à peu à son exclusion du milieu littéraire Parisien.

Rimbaud et Verlaine hantent les cafés du Quartier Latin se saoulent à l'absinthe et mènent une vie dissolue. En janvier 1872, victime de violences conjugales, Mathilde s'enfuit à Périgueux avec son fils. Affecté par ce départ, Verlaine promet à sa femme de rompre avec Rimbaud, qui repart pour Charleville en mars, et de reprendre la vie conjugale. Elle accepte et revient à Paris, mais Rimbaud aussi. Il loge à l'hôtel rue Monsieur le Prince puis à l'hôtel de Cluny où il écrit Fêtes de la patience et raconte sa vie nocturne dans ses lettres à Delahaye. Agacé par les démêlés conjugaux entre Paul et Mathilde il décide de rompre avec Verlaine et de quitter Paris. C'est en allant poster sa lettre de rupture que Rimbaud rencontre par hasard Verlaine et lui fait part de sa décision, Verlaine abandonne tout et le suit à Bruxelles. En juillet 1872, Mathilde, accompagné par sa mère arrive à Bruxelles pour convaincre Verlaine de rentrer à la maison, celui-ci accepte mais à la gare il leur fausse compagnie et s'enfuit avec Rimbaud.

C'est lors de leur passage à Ostende que Rimbaud voit la mer pour la première fois, ils partent ensuite pour Douvres puis Londres. Ils retrouvent là bas des communards exilés, comme Eugène Vermersh et Félix Regamey qui les aident à s'installer près de Soho, 34 Howland Street. Rimbaud écrit de nombreux poèmes, sans doute les première proses des Illuminations tandis que Verlaine compose ses Romances sans Paroles. Tourmenté par le procès en séparation de corps que Mathilde vient de lui intenter, Verlaine est accablé de remords et en pleine crise de conscience. Arthur fait appel à sa mère qui lui conseil de revenir à Charleville, il rentre fin décembre. Trois semaines plus tard, Verlaine malade appel au secours. Retour à Londres avec la mère de Verlaine cette fois. Paul et Arthur reprennent alors leurs existence précaire faite d'études, de ballades et de cours de français qu'ils donnent pour survivre. Le 4 avril, Verlaine quitte Londres dans l'espoir de se réconcilier avec sa femme, mais elle refuse tout contact. Arthur rentre à Roche le 11 avril. De cette période datent les premiers textes d' "Une Saison en Enfer" qui s'appelle alors Livre Païen, ou Livre Nègre.

Rimbaud qui s'ennuie à Roche va de temps en temps voir Delahaye et Verlaine à Bouillon, à la frontière franco-belge. Début juillet, Verlaine entraîne à nouveau Rimbaud vers l'Angleterre mais rien ne change, le couple infernal est toujours fauché malgrés les cours de français, et leur relation conflictuelle et d'une étrange nature les exclut du milieu communard de Londres. Verlaine est toujours trés préoccupé par la demande de séparation de Mathilde ce qui exaspère Rimbaud et donne lieu à de violentes querelles au cours desquelles ils leur arrive de se battre à coup de poings et de couteaux. C'est à la suite d'une de ces disputes que Verlaine quitte Rimbaud et se réfugie à Bruxelles dans l'espoir d'y faire venir sa femme, sur laquelle il fait peser un chantage au suicide, mais seule sa mère accourt. Il envoie alors un télégramme à Arthur lui disant de venir aussi. Celui ci le rejoint excédé pour lui signifier la rupture.

Le 10 juillet, lors de circontances encore mal établies aujourd'hui, Verlaine tire sur Rimbaud deux coups de revolver, dont l'un l'atteindra au poignet. Verlaine et sa mère accompagne Arthur à l'hôpital Saint-Jean pour être soigné, puis, Rimbaud qui veut se rendre à Paris se dirige vers la gare, où il est escorté par un Verlaine armé et de plus en plus exalté. Pris de panique il fait intervenir un agent de police et porte plainte. Verlaine est arrêté puis transféré le lendemain à la prison des Petites-Carmes. Le 19 juillet Rimbaud retire sa plainte mais Verlaine sera quand même condamné à deux ans de prison et 200F d'amende par le tribunal correctionnel de Bruxelles pour coups et blessures. Arthur, désespéré, se retrouve à Roche en août où il termine Une Saison en Enfer.

Ce manuscrit sera le seul qu'il publiera (à compte d'auteur), grâce à sa mère qui assurera les frais d'édition auprés de l'imprimeur J. Poot à Bruxelles. Il porte un exemplaire à Verlaine en prison. Devant l'accueil glacial que lui réserve le milieu littéraire parisien, il laisse quelques exemplaires à ses amis les plus proche et repart dégouté à Roche où il brûle les brouillons et les exemplaires qui lui reste.

En mars 1874, on le retrouve à Londres avec Germain Nouveau, un ancien du cercle zutique qui l'aide à recopier les Illuminations, mais en juin Germain Nouveau repart à Paris. Seul, Rimbaud tente de subsister en donnant des leçons de français. En juillet 1874 il tombe malade et appelle sa famille à la rescousse, sa mère et Vitalie viennent le voir. Soucieux de se mettre en règle avec les autorités militaire, il rentre à Charleville en décembre, pour apprendre qu'il est finalement exempté des obligations militaires.

En 1875, il est précepteur à Stuttgart où, en février il accepte de revoir Verlaine (en pleine crise d'exaltation religieuse) qui vient juste de sortir de prison et veut... le convertir. Rimbaud, dans une lettre à Delahaye, décrit la rencontre en ces termes: "Verlaine est arrivé ici l'autre jour, un chapelet aux pinces. Trois heures après, on avait renié son dieu et fait saigné les 98 plaies de N.S. Il est resté deux jours et demi fort raisonnable et sur ma remonstration s'en est retourné à Paris". Arthur lui confie quand même le manuscrit des Illuminations dans l'espoir que Verlaine finance l'édition. Lorsque celui ci lui fait savoir par courrier qu'il n'a pas l'intention de payer quoi que ce soit, Rimbaud furieux, lui répond par une lettre d'injures et coupe définitivement tous liens avec lui. Les deux anciens amis ne se reverront plus jamais. Seul Verlaine continuera de prendre régulièrement des nouvelles de son ancien compagnon par l'intermédiaire de leurs amis communs.


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1854 >>>>Année de naissance de Jean-Nicolas Arthur RIMBAUD à Charleville (le 20 Octobre). Sa mère, Vitalie Cuif vie seule, son mari et père d'Arthur est Capitaine d'infanterie et ne rentre que peu, jusqu'à abandonner sa femme après lui avoir donné plusieurs enfants : Frédéric (1853), Arthur (1854), Vitalie (1858), Isabelle (1860) ainsi qu'une fille née en 1857 mais qui n'a pas survécu longtemps.

1862 >>>> En octobre, Arthur entre à l'institut ROSSAT, une institution réservée aux bourgeois de Charleville. Ses premiers écrits datent de cette époque.

1865 >>>>Arthur fait sa première communion à la fin de l'année. Une photo le montre posant avec son frère Frédéric. Il est alors en 6ème.

1866 >>>>Les professeurs sont ravis des talents d'Arthur. Sa précocité et la maturité qu'il exprime dans son travail de collégien amènent ses professeurs à le faire entrer en 4ème, le dispensant de la classe de 5ème.

1868 >>>>Dans le plus grand secret, celui de sa propre conscience, Arthur envoie un poème au Prince Impérial pour le jour de sa communion.

1869 >>>>Alors qu'il excèle dans la poésie en vers latins, Jurgurtha, l'une de ses oeuvres remporte le premier prix du concours académique. C'est de cette même année que date Les étrennes des orphelins, le premier poème reconnu.

1870 >>>> Georges Izambard, son professeur de rhétorique lui fait découvrir des auteurs tels que : Rabelais, Victor Hugo, Théodore de Banville. Rimbaud envoie à celui-ci le 24 mai, 3 poèmes; Sensation, Ophélie et Credo in unam (soleil et chair). Espérant ainsi être publié dans Le Parnasse Contemporain. Malheureusement aucune réponse ne fut donné.
Il eut cependant plus de chance avec le journal La Charge qui publia en août Trois Baisers.
En juillet, il compose Mort de Quatre-vingt-douze, un poème patriote. Ce poème passe par les mains d'Izambard.
Les évènements politiques sont alarmants. La France et la Prusse entrent en guerre. Le 29 Août, Arthur part sans autorisation à Paris en passant par Charleroi. Aussitôt arrivé à Paris, il est enfermé à la prison de Mazas, faute de billet de train et craignant qu'il soit un espion. Après quelques jours, Arthur envoie un message d'espoir à Izambard lui expliquant la situation délicate dans laquelle il se trouve. Il parvient à le faire libérer et tente de calmer la mère d'Arthur.
Avant de retrouver Charleville, Arthur passe le mois de septembre chez la famille de son ami Izambard. Il recopie à ce moment, sur de grandes feuilles de papier, des poèmes à l'attention de Paul Demeny, un jeune poète douaisien.
Arthur rentre ensuite chez lui mais à peine revenu il ne songe plus qu'à fuir.
Le 7 octobre, il prend la route de Charleroi, espérant faire du journalisme. Déçu, quelque semaines plus tard, il gagne Bruxelles puis Douai. Il recopie un recueil de 22 poèmes à l'attention de Demeny. La seconde partie du recueil comprend de nouveaux poèmes inspirés de cette fugue : Au Cabaret Vert, La Maline, Ma Bohème.
En Novembre il revient à Charleville, où il fréquentera pendant des mois la bibliothèque. Il lit les socialistes : Proudhon, Babeuf, Louis Blanc et Saint-Simon, ainsi que des livres d'occultisme.
S'inspirant des nombreuses personnes qui consultent assidument la bibliothèque il écrit Les Assis.

1871 >>>> Arthur Arrive le 25 février à Paris. Après quelques jours de vagabondage, il regagne Charleville.
En Mars, La Commune est établie à Paris, Arthur en est fier. On le voyait dans les rues de Charleville, insolent, la pipe au bec, criant "l'Ordre est vaincu" à tout va. Les poèmes résultants de cette période Chant de guerre parisien, Les mains de Marie-Jeanne et Paris se repeuple.
Le 13 et le 15 mai, Arthur écrit deux lettres. La première pour Izambard, s'en prenant à lui, reprochant de "rouler dans la bonne ornière". Arthur a décider de "s'encrapuler". "Pourquoi ? Je veux être poète, et je travaille à me rendre voyant...Il s'agit d'arriver à l'inconnu par le dérèglement de tous les sens."
La seconde lettre est envoyé à Demeny, il s'agit de la lettre du "voyant".
Ces deux lettres sont un tournant important dans l'esthétique rimbaldienne. Arthur demande même à Dememy (10 juin) de brûler tous les poèmes qu'il lui a envoyer en Octobre 1870 et lui envoie de nouveaux poèmes, Les poètes de sept ans, Les pauvres à l'église, et Le coeur du pitre intitulé plus tard Le coeur volé.
Le 15 août, il envoie à Banville, Ce qu'on dit au poète à propos de fleurs, poème qui se moque des poètes parnassiens.
Arthur fait la connaissance de Bretagne, un passionné de poésie et qui a connu Verlaine à Arras. Il lui propose de le mettre en rapport avec lui. Arthur, enthousiaste, rédige alors une longue lettre et joint quelques poèmes. La réponse de Verlaine arrive très vite et celui-ci désire le faire venir au plus vite.
Arthur arrive à Paris à la mi-septembre. Logeant d'abord chez les beaux-parents de Verlaine, il est vite jugé indésirable et trouve refuge chez des amis de Verlaine (Charles Cros, Forain, Banville). Arthur participe aux réunions du cercle zutique. Dans ce cercle où l'on peut boire, lire et chanter, Arthur fera vraisemblablement la découverte du Haschich. Arthur n'est cependant pas apprécié bien longtemps. Son caractère agressif, maussade le font mettre à la porte du cercle.

1872 >>>>Verlaine et Rimbaud "trainent" les cafés du Quartier Latin et mène une vie dissolue ce qui provoque la colère de Mme Verlaine. Celle-ci, jeune demoiselle de seize ans, a donné un fils à Paul Verlaine en Octobre mais depuis l'arrivée de Rimbaud, le couple est sujet aux discordes de plus en plus violentes.
En janvier, Mathilde, motivée par les conseils des parents de Verlaine qui habitent avec eux, quitte Paris pour Périgueux. Verlaine ne se fait pas attendre et écrit une lettre à Mathilde, la suppliant de rentrer. Celle-ci lui signifie qu'elle ne fera le chemin de retour qu'avec la certitude que Rimbaud soit renvoyé. En Mars, Arthur Rimbaud rentre dans les Ardennes.
En Mai, à la suite d'une lettre envoyé quelques jours plus tôt et lui demandant de revenir sur Paris, Arthur revient près de son ami. Il y compose ces vers en rupture totale avec la poésie traditionnelle :
- La rivière de Cassis
- Comédie de la soif
- Bonne pensée du matin
- Fêtes de la patience
- Chanson de la plus haute tour

Le 7 juillet, Arthur décide de partir pour la Belgique. Verlaine hésite et finalement décide de partir aussi suite à une lettre de Rimbaud : "Tu vas venir avec moi, autrement nous ne nous reverrons plus."
Les deux amis se retrouvent à Bruxelles. Pendant ce temps, Mathilde découvre avec stupeur les lettres que ce sont échangés Rimbaud et Verlaine et décide d'aller retirer son mari des griffes du "démon".
Verlaine accepte de rentrer mais au dernier s'esquive et part avec Rimbaud le 4 septembre sur un bateau pour l'Angleterre.
Ils étudient l'anglais, errent dans les rues comme des miséreux. Verlaine est tourmenté par les multiples procès de Mathilde. Fin décembre, Rimbaud retrouve les Ardennes.

1873 >>>> A la mi-janvier, Rimbaud reçoit une lettre de Verlaine qui se dit mourrant à Londres. La mère de Verlaine contacte Rimbaud et lui délivre suffisemment d'argent pour rejoindre son fils à Londres. Dès son arrivée, Verlaine va mieux mais l'idée de retrouver sa femme le perturbe de nouveau.
En avril, le couple passe en Belgique. Rimbaud, à court d'argent rentre dans la ferme familliale de Roche, et entame la rédaction du livre païen ou encore une saison en enfer. Rimbaud s'ennuie à Roche, il rencontre pourtant de nouveau ses amis Delahaye et Verlaine.
Le 25 mai, verlaine propose à Rimbaud de repartir pour l'Angleterre. Les deux poètes se retrouvent à Londres. Mais ils sont de plus en plus irritables et, à la suite d'une querelle, Verlaine prend l'initiative d'une rupture, et tente de rejoindre sa femme. Il part et laisse Rimbaud, sans le sou, dans le centre de Londres. "Reviens, cher ami, reviens... Nous avons vêcu deux ans ensemble pour arriver à cette heure là !... Si je ne dois plus te revoir, je m'engagerai dans la marine ou l'armée" lui écrit Rimbaud dans le but de le faire revenir.
Dans une lettre, Verlaine explique à Rimbaud son intention de renouer avec sa femme et de rompre avec lui. "Si d'ici à trois jours je ne suis pas r'avec ma femme dans des conditions parfaites, je me brûle la gueule". Rimbaud lui répond cyniquement : " Ta femme ne viendra pas, ou viendra dans trois mois, trois ans que sais-je ? Quant à claquer, je te connais".
Verlaine ne se tuera pas et encore moins sa femme.
Rimbaud, irrité par tous ces problèmes. Verlaine qui entreprend de retrouver sa femme. Tout ceci tourne au vinaigre et la discussion s'envenime. Exaspéré, Verlaine sort un revolver et tire deux coups de feu sur Rimbaud. Une balle le touche au poignet. Il est emmené à l'hôpital Saint-Jean où on lui prodigue immédiatement des soins. Il sort presque immédiatement.
Pendant le trajet jusqu'à la gare du midi, Verlaine porte la main à sa poche où se trouve le revolver. Rimbaud s'affole et trouve la protection d'un agent de police. Bien que Rimbaud n'est pas porté plainte, l'affaire se trouve aux mains de la justice belge qui condamnera Verlaine à deux ans de prison.
La blessure de Rimbaud est très légère. Son bras en écharpe, il peut sortir de l'hôpital le 20 juillet. Il rentre à Roche et termine la fin d'une saison en enfer.
L'oeuvre terminée est confiée à un imprimeur bruxellois, mais faute d'argent l'édition de l'oeuvre est inachevée et seuls quelques rares exemplaires sont envoyés à des amis.
En octobre, il repart pour Bruxelles prend livraison de quelques exemplaires d'auteur. Il dépose un ouvrage pour Verlaine à la prison de Bruxelles.
La fin de l'année 1873 se passe à Roche.
Rimbaud se lie d'amitié avec Germain Nouveau, un jeune poète provençal de vingt-deux ans qui a fréquenté le Cercle Zutique.

1874 >>>> En mars, Rimbaud se retrouve à Londres, en compagnie de Germain Nouveau qui l'aide à recopier des poèmes d'Illuminations. Mais Nouveau ne veut pas lier son destin à celui de Rimbaud et décide en avril de rentrer à Paris. Rimbaud se retrouve seul et désemparé. Il donne des leçons de français dans quelques écoles. Il revient passer la fin de l'année dans les Ardennes.

1875 >>>> Rimbaud part en janvier pour l'Allemagne pour y apprendre la langue. Il trouve un emploi de précepteur à Stuttgart.
Verlaine sort de prison et, tenu au courant des allées et venues de Rimbaud par Delahaye, décide partir pour Stuttgart, où il veut reconquérir son ami.
L'attitude de Verlaine irrite Rimbaud et celui-ci décide de le congédier au bout de deux jours.
En mai, Rimbaud quitte l'Allemagne et va en Suisse puis en Italie à Milan.
En juin, il reprend sa route en direction du sud dans l'espoir sans doute de s'embarquer pour l'Afrique. Terrasé par une insolation sur la route de Livourne à Sienne, Rimbaud est rapatrié à Marseille par le consulat français.
Il veut s'enroler dans l'armée carliste mais ne donne pas suite à son projet et remonte à Paris en Juillet, avant de retrouver Charleville en octobre.
Le 18 décembre, sa soeur Vitalie décède.

1876 >>>> Rimbaud se rend à Vienne mais au cours de ce voyage il se fait dévaliser et se retrouve sans le sou. Il est expulser d'Autriche. Il ne se décourage pas pour autant et repart pour la Hollande et signe le 19 mai un engagement de six ans dans l'armée coloniale hollandaise. Mercenaire étranger, il est chargé d'aller rétablir l'ordre au coeur de Java.
Il s'embarque le 10 juin et arrive à Batavia (aujourd'hui Djakarta) le 19 Juillet. Au bout de quelques semaines, il déserte et s'embarque sur un voilier anglais qui regagne l'Europe. Il est à Charleville à la fin du mois de décembre.

1877 >>>> Rimbaud rêve à de nouvelles évasions. Au printemps, il se rend à Brême puis à Hambourg. La Suède et le Danemark où il est employé au cirque Loisset. Il revient à Charleville puis se rend de nouveau à Marseille d'où il s'embarque pour Alexandrie. Malade à bord, il est débarqué à Civita-Vecchia. Il en profite pour visiter Rome. Il revient passer l'hiver dans les Ardennes.

1878 >>>> Dès le retour du printemps, Rimbaud éprouve une nouvelle fois le besoin de s'évader. Les informations ne sont pas très précises à ce sujet, se rend-il à Hambourg ? Traverse-t-il la Suisse ? Le fait est qu'il est de retour en été à Roche.
Le 20 Octobre, jour de son 24e anniversaire, il part et traverse les vosges à pieds, la Suisse, le Saint-Gothard. En Italie il s'embarque pour Alexandrie. Il gagne l'Ile de Chypre à la fin de l'année, trouvant un emploi de chef de chantier au service d'une maison française. Malgré sa passion pour l'afrique et la chaleur, il est atteint par la fièvre typhoïde.

1879 >>>> En Juin, Rimbaud est si malade qu'il doit précipitemment retourner en France pour se faire soigner. Il travaille à la ferme de Roche. Rencontrant son ami d'enfance Delahaye, Rimbaud lui souligne son détachement de la littérature : " Je ne pense plus à ça ".

1880 >>>>Rimbaud se rend à Chypre au printemps. Il se retrouve embauché dans une entreprise chargée d'édifier un palais sur le mont Troodos pour le gouverneur britannique. Rimbaud démissionne de son poste en Juillet. Il s'embarque pour l'Egypte et Aden où il travaille pour la maison Viannay, Mazeran, Bardey et Compagnie. Cette maison est spécialisé dans le commerce des peaux et du café. Rimbaud accepte de se charger de l'ouverture d'une succursale à Harrar, une ville de l'Islam où très peu de blancs y ont accès.
L'aubaine pour Rimbaud qui rêvait de s'installer en Afrique.

1881 >>>> Rimbaud devient acheteur pour le compte de la maison Bardey. Optimiste à ses débuts, il devient de plus en plus de l'ennui, se plaint du climat et de la jalousie des autres négociants.
" On ne peut s'imaginer une autre vie avec un ennui plus grand que celle-ci ! " se plaint-il à sa mère le 25 mai. Il commande à sa mère de bien vouloir lui expédier des ouvrages techniques, des instruments de mesure, un appareil photographique. Il rêve d'explorations.
En juin et juillet, il participe à une expédition à Bubassa et n'en revient que plus malade. Il se lasse de harrar et a des démélés avec ses employeurs. En décembre, il quitte Harrar pour Aden.

1882 >>>> Rimbaud travaille toujours pour la maison Bardey à Aden. " Je trime comme un âne dans un pays pour lequel j'ai une horreur indicible.".

1883 >>>> Rimbaud repart d'Aden pour Harrar où la maison Bardey le charge d'entreprendre quelques explorations dans le Somal et le pays Galla. Rimbaud décide de reconnaitre la province mal connue de l'Ogadine.
En aout il y pénètre et rédige un imposant rapport sur la région.
Cette étude sera éditée l'année suivante dans le bulletin de la Société de Géographie.

1884 >>>> La maison Bardey, en difficulté financière, se voit contrainte de liquider. Rimbaud reprend la route d'Aden où il reste au chômage, et ses économies s'amenuisant.
Bardey, qui a réussi à remonter une autre affaire reprend Rimbaud pour une durée de six mois.

1885 >>>> Rimbaud signe en janvier un contrat d'un an pour Bardey.
En octobre, il entend parler d'une mirifique affaire d'importation d'armes dans le Choa, il n'hésite pas à annuler son contrat avec Bardey et engage tout son savoir dans cette nouvelle affaire.
Le but est de revendre cinq fois plus cher à Ménélik, Roi du Choa, des armes achetées à Liège. Rimbaud se voit déjà riche mais ce n'était pas sans compter les complications. En novembre et se rendant à Tadjourah afin de récupérer les armes et de les acheminer jusqu'au roi, Rimbaud est bloqué plusieurs mois par une grève des chameliers.

1886 >>>> En avril, la caravane est prête à prend la route quand Rimbaud apprend l'ordre du gouverneur d'Obock qui signifie qu'à la suite d'accords franco-anglais, toute importation d'armes est désormais interdite dans le Choa. Rimbaud enfouit son stock dans le sable afin d'éviter une saisie. Il se plaint auprès du ministère des affaires étrangères.
Il apprend en juin qu'une expédition scientifique italienne est autorisée à pénétrer dans le pays. Il s'arrange pour la rejoindre. Malgré l'abandon forçé de Pierre Labatut, l'instigateur pricipal et la mort de l'explorateur Soleillet, il prend la tête de la périlleuse expédition.
Une chaleur caniculaire de plus de 70°C pèse sur la route qui mène à la résidence principal de ménélik.
Pendant ce temps, à Paris, La Vogue publie des vers de lui et une grande partie des Illuminations.

1887 >>>> Arthur arrive à Ankober le 6 février. Le roi ne se trouve pas là. Il doit donc regagner Antotto. Le roi le reçoit, accepte les fusils mais fait beaucoup de difficultés au moment de payer. Il désire diminuer du prix des armes le montant de la dette que Labatut avait engagé avant sa mort. Il invite Rimbaud à se faire payer la différence par Makonen le nouveau gouverneur de Harrar. Le montant sera rêglé entièrement mais en tout rimbaud n'aura rien gagné sinon 21 mois de fatigue.
Il se rend au Caire pour prendre un peu de repos. Il se plaint de rhumatismes et de son genou gauche.
Il écrit dans le journal Le Bosphore égyptien un étude traitant de l'intérêt économique du Choa. Ce travail sera remis à la Société de Géographie.

1888 >>>> Arthur est à Aden en début d'année. En mars il accepte de convoyer une cargaison de fusils mais renonce à une nouvelle expédition.
Il fait la connaissance d'un important commerçant d'Aden, César Tian, qui lui offre un poste de représentation à Harrar.
Pendant 3 ans, Rimbaud se livrera à son métier. Il importe, il exporte mais pourtant il s'ennuie beaucoup et n'a pour relation qu'une poignée d'européens résidents ou de passage dans le pays.

1891 >>>> Rimbaud est atteint en Février d'une tumeur au genou droit. Tumeur cancéreuse aggravée par une ancienne siphylis.
Le 15 mars il ne peut plus se lever et se fait transporter à Zeilah sur une civière. Il s'embarque pour Aden d'où il écrit aux siens : " Je suis devenu un squelette : je fais peur ". Le 9 mai, il se fait rapatrier à Marseille où il arrive le 22 mai à l'hôpital de La Conception. Le mal est si grave que l'amputation doit être immédiate. La mère de Rimbaud arrive le 23 mai. Le 25 mai l'opération a lieu. Rimbaud est désespéré.
A la fin du mois de Juillet, Rimbaud qui est a assez de l'hôpital, retourne à Roche où sa soeur Isabelle le soigne avec dévouement.
Sa maladie progresse et l'incite à revenir à Marseille, comptant sur le bienfait du soleil et l'espoir de retourner en Afrique. Il arrive à Marseille fin août, en compagnie d'Isabelle.
Il doit aussitôt retourner à l'hôpital de La Conception. Son état empire. Il connait d'atroces périodes de souffrance. Sa soeur arrive à lui faire accepter le passage d'un aumonier qui conclura bien légèrement à la foi du moribond.
La veille de sa mort, il dicte une lettre adressée au directeur des messageries maritimes : "Je suis complètement paralysé, donc je désire me trouver de bonne heure à bord, dites-moi à quelle heure je dois être transporté à bord."
Rimbaud meurt le 10 novembre. Il est agé de 37 ans. Il sera enterré le 14 au cimetière de Charleville.