Michel Murat, L'Art de Rimbaud,

éditions Corti, 2002.


Michel Murat, L'Art de Rimbaud,

éditions Corti, 2002.

Dans l’histoire des formes poétiques, Rimbaud est l’acteur d’une mutation rapide, que la brièveté de son oeuvre permet de suivre dans le détail. Ces aspects techniques n’ont pas fait jusqu’ici l’objet d’une synthèse. Le présent ouvrage voudrait combler cette lacune. Le mot d’art dans le titre est une prise de position : l’œuvre de Rimbaud, loin d’être “ hors de toute littérature”, s’inscrit dans la poésie du XIXe siècle. La mécanique du vers ou l’agencement du poème en prose, fruit d’un travail savant de subversion et d’invention, rendent lisible cette historicité.
Les deux parties suivent un ordre chronologique. La première traite du vers, puis de la rime ; l’étude des superstructures est limitée à un chapitre sur le sonnet. La seconde étudie les Illuminations en tant que recueil de poèmes en prose. Elle va du genre au recueil comme ensemble ordonné, puis au poème lui-même : découpage typographique, ponctuation, syntaxe, rapport entre vers et prose.

Michel Murat, professeur à la Sorbonne, est l’auteur de livres sur Julien Gracq, ainsi que sur Desnos et le surréalisme..


Sur Fabula.org, un article signé Vincent Debaene dont voici un extrait :
(...)L’ouvrage se présente ainsi comme une entreprise systématique à la fois de description et d’inscription de l’œuvre poétique de Rimbaud dans l’histoire des formes – les termes " œuvre poétique " étant entendus ici au sens strict, ce qui exclut Une saison en enfer. Deux parties donc, la première consacrée aux poèmes en vers, la seconde aux Illuminations, et au sein de chacune d’elle, un découpage analytique et progressif : le vers, la rime, le sonnet, pour les poème en vers ; et pour les Illuminations : le recueil, la disposition du poème, un intéressant chapitre intitulé " Grammaire de la poésie " sur quelques procédés caractéristiques du poème en prose avant une section " Vers et prose " qui s’achève sur une brillante mise au point concernant les cas problématiques des poèmes Marine et Mouvement. Cette organisation systématique présente le double avantage d’une orientation aisée (les chapitres connaissant à leur tour des subdivisions) et surtout de la synthèse, ce qui n’est pas la moindre vertu du livre pour qui ne connaît pas les arcanes de la bibliographie rimbaldienne, puisque si le rôle joué par Rimbaud dans la mutation des formes poétiques a fait l’objet de nombreuses études, celles-ci sont de qualité inégale et surtout (à quelques exceptions près comme la Poétique du fragment d’André Guyaux, 1985), très dispersées, souvent insérées dans le cadre d’un commentaire de texte. Qui plus est, certaines questions classiques comme celle de la rime, objet ici d’un chapitre complet, sont " presque absentes de la bibliographie rimbaldienne ".

PREMIÈRE PARTIE : LES POÈMES EN VERS


Chapitre 1 : Le vers 13
Hypothèses générales et questions de méthode 15
Les alexandrins 32
Évolution métrique de l’alexandrin en
1870 et 1871 33
Les poèmes de 1870 37
Alexandrin binaire et alexandrin ternaire 41
Les épithètes à la césure 51
Les derniers vers de 12 syllabes 57
Les autres vers composés 67
Les décasyllabes 69
Le vers de 11 syllabes 74
Les vers simples 80
L’octosyllabe en 1870 et 1871 82
Les vers simples en 1872-1873 90
1. Maintien d’une métrique littéraire 91
2. Littérarisation d’une métrique de chant 92
3. Déconstruction du cadre métrique 103

Chapitre 2 : La rime 109
Le contexte littéraire 111
CritÈres de description 115
La richesse des rimes 122
Les poèmes de 1870 127
Richesse phonique et richesse graphique 134
Les poèmes de 1871 135
Les poèmes zutiques 138
La correction 142
Variation du timbre vocalique 142
Les consonnes flottantes 144
Les rimes « pauvres » 147
Le bon usage des rimes faibles 149
Rimes stéréotypées 149
Rimes « sourdes » en -té et en -ment 151
Rimes grammaticales 151
La rime ludique 155
Rime et vers 164
L’enjambement et la rime 165
Le « grand » vers 167
Les poèmes de 1870 : incipit et clausules 169
Deux voies de l’invention poétique 175
Rime et citation 177
La rime dans les poÈmes de 1872-1873 186

Chapitre 3 : Un maître du sonnet 197
Le sonnet libertin et son contexte littéraire 198
La structure des sonnets de 1870 207
Les sonnets de 1871 213


DEUXIÈME PARTIE : LES ILLUMINATIONS


Chapitre 1 : Un recueil de poèmes en prose 229
Le genre 229
Poème en prose et poésie non versifiée 232
L’hypothèse du recueil 241
Le titre 248
Les Illuminations et le modèle baudelairien 250
Le recueil 260
L’encadrement 261
Le début du recueil 265
La disposition d’ensemble 274
Les poèmes des feuillets numérotés 276
Les poèmes sur feuillets séparés 279
Les groupements thématiques 282
Le cycle urbain 285
Les suites numérotées 291
Phrases et les textes du feuillet 12 295

Chapitre 2 : La disposition du poème 299
Les types de disposition du poÈme en prose 300
Les poÈmes alinéaires 311
Poèmes à corrélation forte 314
Poèmes à segmentation « logique » 322
Poèmes anaphoriques 327
La ponctuation 333
Problèmes d’édition 333
Le cas de Nocturne vulgaire 339
Poétique du tiret 343
Énumération, amplification 356
Barbare – pour conclure 360

Chapitre 3 : Grammaire de la poésie 367
La mise en évidence de la langue 375
Répétitions 376
Déviations apparentes 378
Le jeu de la phrase 383
Nominalisations 383
Le participe 387
L’autonomie des éléments 391
Les parallélismes 397
Une grammaire fantastique 400
Fairy 402
Ville 405
Sonnet 407
Le Génie de la langue 409

Chapitre 4 : Vers et prose 421
MÈtres virtuels 422
Modules rythmiques 431