Le marquis De Sade

1740 - 1814

Lire Sade aujourd'hui

Sade est d’abord un philosophe. Attaquant la morale de son époque, qu’il juge hypocrite, défendant les vices, souvent au mépris de toute logique et en prêtant à la nature les intentions nécessaires pour donner raison à ses personnages libertins, il examine en fait les préjugés, les valeurs, et les conventions sociales, le côté obscur de la philosophie des Lumières. Il s’occupe de sujets faisant l’objet d’un large consensus et attaque systématiquement l’opinion dominante. Les raisonnements des personnages aboutissent souvent à des contradictions flagrantes que l’auteur ne cherche pas à dissimuler, et mettent en évidence le fait que Sade ne cherche pas à convaincre. Lire ses œuvres uniquement sous l’angle du sadisme relève d’une approche superficielle de ses écrits. Le mot sadisme est un néologisme forgé à partir de son nom.

Beaucoup de vices considérés comme tels au XVIIIe siècle sont largement acceptés aujourd’hui, preuve que les conventions, si nécessaires soient-elles à la cohésion sociale, changent avec les époques et les pays.

Dans un style concis, puissant, agressif, souvent drôle, et avec une maîtrise parfaite de la langue française, il alterne dissertations philosophiques et scènes libertines, souvent à la limite extrême du possible, et parfois au-delà.

Longtemps interdit, Sade figure aujourd'hui à juste titre parmi les plus grands écrivains français.

Ces écrits ont eu une influence considérable sur les surréalistes après la première guerre mondiale. Aujourd'hui encore son œuvre inspire de nombreux écrivains tel Philippe Sollers.


Camus a dit de lui
Dans L'homme révolté (1951), Albert Camus dit de Sade qu'il « [...] rassemble en une seule et énorme machine de guerre les arguments de la pensée libertine jusqu'au curé Meslier et Voltaire ».