A
GISÈLE D'ESTOC
Jeudi
[1881].
Ma
belle amie.
Tout est arrangé, mais d'hier seulement. Je reste fâché
avec la famille de la femme soupçonnée. Nous ne pourrons
aller à la campagne vendredi parce qu'il faut que je sois samedi
à Paris pour mon volume. Veux-tu que je te fasse dîner
avec mon cousin le peintre (Louis Le Poittevin) il est d'une gaieté
folle et je réponds absolument de sa complète discrétion.
Je ne lui dirai pas, si cela te contrarie que nous avons couché
ensemble et il ne sera nullement étonné de voir une
jeune femme dîner chez moi. Cela serait très amusant,
le jeune homme étant très spirituel et fort comique.
Il est marié - ce qui est pour toi un garant de son silence
dont je réponds du reste entièrement. Je connais toutes
ses fredaines et il ne peut ouvrir la bouche.
Je suis sûr que cela t'amuserait. Une réponse vite s'il
te plaît. Mon cousin partirait tout de suite après dîner...
si tu veux.
En tout cas tu viens dîner demain. Mille caresses sur... toutes
tes lèvres.
GUY