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Guy De Maupassant
«
Et, dans la suite des temps, ceux qui ne le connaîtront que par
ses uvres l'aimeront pour l'éternel chant d'amour qu'il a chanté
à la vie »
Émile Zola
Correspondance (1880)
A Gisèle D'Estoc
A GISÈLE D'ESTOC Paris,
ce mardi [fin 1880 ou janvier 1881]. Madame, GUY
DE MAUPASSANT P.-S. - Votre lettre après m'avoir suivi du ministère (où je ne vais plus, rue Clauzel (où j'habitais) ne m'est parvenue qu'aujourd'hui à mon nouveau domicile3. 1
Les lettres de Maupassant à Gisèle d'Estoc ont donné
lieu à des controverses. Publiées par Pierre Borel dans
son volume : Maupassant et l'androgyne (Paris, 1944), leur authenticité
n'est pas contestable ; elles ont en effet passé, en vente
publique à Paris, le 24 mai 1967 (le catalogue cite quelques
extraits des lettres et publie le fac-similé d'une d'entre
elle). Cependant des obscurités subsistent, concernant cette
correspondance que P. Borel n'a pas éditée, semble-t-il,
avec une fidélité exemplaire. En outre, la plupart des
lettres n'étant pas datés, le classement chronologique
présente des difficultés parfois insurmontables. Il
se peut enfin que des billets adressés à d'autres personnes
que Gisèle d'Estoc aient été mêlés
à cette singulière correspondance. Nous la publions
donc avec les réserves qui s'imposent. Dans l'ensemble, elle
parait s'étendre sur une période de cinq années
environ, commençant à la fin de 1880 pour s'interrompre
en 1886 ; mais, dès 1882, les rapports se sont espacés.
MM. Armand Lanoux et Pierre Cogny ont fait des recherches sur Gisèle
d'Estoc, qui reste mal connue ; voici l'essentiel des précisions
biographiques qu'ils ont pu rassembler : Marie-Élise Courbe,
dite Marie-Paule Parent-Desbarres, naquit à Nancy le 9 août
1863. Elle n'avait donc que 17 ans lorsqu'elle rencontra Maupassant.
Le pseudonyme de Gisèle d'Estoc n'apparaît guère
avant 1884. Elle se consacre à la littérature et aux
beaux-arts, fut l'élève du sculpteur Chapu et servit
de modèle à Henner pour son Bara (le jeune héros
est représenté nu. Salon de 1882). On signale d'elle
des médaillons, exposés au Salon de 1887. Elle a en
outre publié quelques écrits, notamment Ad majorem Dei
gloriam (1884) ; Les Gloires malsaines (1887), Noir sur blanc, Récits
lorrains (1887). Ce dernier ouvrage est imprimé à Nancy
sous le nom de Gyz-El. Gisèle d'Estoc mourut à Nice,
vers 1906, à l'âge de 44 ans. Il existe d'elle des photographies
qui permettent d'apprécier la minceur des formes de l'«
androgyne ». Une de ces photographies la montre sous le travesti
d'un collégien, ce qui confirme l'anecdote rapportée
par François Tassard, faisant allusion à un dîner
où Maupassant aurait accueilli chez lui, avec deux dames, un
petit collégien qui, en réalité, était
« une demoiselle » (Souvenirs de François, p. 44).
François situe le récit en avril 1885 ; à cette
époque, Gisèle avait 22 ans. (Voir la lettre N°
410). Armand Lanoux a reconnu dans les Récits lorrains, l'influence
de Maupassant ? Quant au Cahier d'Amour, où Gisèle d'Estoc
fait le récit de sa liaison avec l'écrivain, ce texte,
publié deux fois par Pierre Borel, demeure suspect, le manuscrit
original ayant disparu.
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