A
GUSTAVE FLAUBERT
CABINET DU MINISTRE
DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
DES CULTES ET DES BEAUX-ARTS
Paris, le 27 mai 1879.
Mon bien cher Maître,
Votre nomination est signée. Vous recevrez incessamment l'avis
officiel ; et le 1er trimestre vient d'être ordonnancé
en votre nom. Vous pourrez donc toucher 750 francs en arrivant ici.
La princesse Mathilde m'a invité à dîner mercredi
dernier et j'y ai été. Elle s'est montrée fort
aimable mais ne m'a point parlé de faire jouer ma pièce
par d'autres que par Mme Pasca. Je crois la chose presque impossible
maintenant. I1 est trop tard d'ailleurs, car la princesse part pour
St-Gratien dans une dizaine de jours.
Je suis en ce moment en pourparlers avec le Voltaire à qui je
donnerais une série d'articles. Mais il me paraît douteux
que la chose s'arrange. J'ai bien peu de temps d'ailleurs, car je viens
d'être repris de tous mes malaises et on m'envoie coucher tous
les soirs à la campagne, on me fait faire des armes etc., etc.
; et, pour finir, je prends de la teinture de colchique, comme un goutteux.
Enfin je vous verrai bientôt, mon bien cher Maître. Je vous
embrasse tendrement en attendant.
Votre
GUY DE MAUPASSANT
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