A
LOUIS LE POITTEVIN
MINISTÈRE
DE LA MARINE
ET DES COLONIES
Paris, ce lundi [1877].
Mon cher Louis,
Quand j'ai dit une chose, cette chose est. Donc : ayant dit que j'irais
te voir, j'y vais. Ah ! vous étiez incrédules, Lucie
et toi ! Eh ! bien, s'il ne fait pas trop mauvais samedi prochain,
je partirai par l'express qui quitte Paris à 6 heures du soir,
pour aller passer la journée du dimanche avec toi. Écris-moi
de suite s'il n'y a pas d'empêchement et si tu seras à
Rouen ou à Bois-Guillaume.
Si tu es à Bois-Guillaume, je me mettrai en route aussitôt
arrivé à Rouen, je ne tarderai pas à te serrer
contre mes fesses, non contre mon sein [suivent plusieurs petits croquis
humoristiques, en ombres chinoises, avec ces légendes : Grande
joie. Le lendemain, promenade au cabaret, etc., etc., etc.].
J'attends immédiatement une lettre de toi qui me dira si rien
ne vient à l'encontre de mon projet. C'est moi qui en ai des
histoires à te raconter sur Étretat et tout ce qui s'y
est passé depuis ton départ.
Amen.
Mes compliments les plus respectueux et affectueux à ta femme
je te prie, et pour toi une bonne poignée de main. Rappelle-moi
au bon souvenir de ton beau-père.
Tout à toi.
GUY DE MAUPASSANT
