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Théodore de Banville
1823 - 1891
1 Les Cariatides (1843)

En habit zinzolin

Vous avez tant d'Iris, de Philis, d'Amarantes...
Molière, Les Femmes sçavantes,
acte V, scène I.

«Sans la justesse de l'expression, pas de poésie.»
Théodore de Banville, Petit Traité de poésie française.

LES CARIATIDES

En habit zinzolin

VII
Rondeau redoublé, A Iris


Quand vous venez, ô jeune beauté blonde,
Par vos regards allumer tant de feux,
On pense voir Cypris, fille de l'Onde,
Épanouir et les Ris et les Jeux.

Chacun, épris d'un désir langoureux,
Souffre une amour à nulle autre seconde,
Et lentement voit s'entr'ouvrir les cieux
Quand vous venez, ô jeune beauté blonde!

S'il ne faut pas que votre chant réponde
Un mot d'amour à nos chants amoureux,
Pourquoi, Déesse à l'âme vagabonde,
Par vos regards allumer tant de feux?

Laissez au vent flotter ces doux cheveux
Et découvrez cette gorge si ronde,
Si jusqu'au bout il vous plaît qu'en ces lieux
On pense voir Cypris, fille de l'Onde.

Car chacun boit à sa coupe féconde
Lorsqu'elle vient à l'Olympe neigeux
Sur les lits d'or que le plaisir inonde
Épanouir et les Ris et les Jeux.

Donc, allégez ma souffrance profonde.
C'est trop subir un destin rigoureux;
Craignez, Iris, que mon coeur ne se fonde
A ces rayons qui partent de vos yeux
Quand vous venez!

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