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Louis Aragon
Neuilly sur Seine, 1897 - Paris, 1982

La Grande Gaîté quelques citations
(1929)



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La Grande Gaîté
(1929)
Opinions et jugements de la critique

A. Rolland de Renéville (1929)

Le dernier livre de Louis Aragon marque un retour de son auteur à un état d'esprit qui avait cours, d'une manière générale, aux environs de 1920, mais qui de nos jours me paraît bien moins signifier une volonté de démoralisation, que le besoin personnel qu'éprouve celui qui le manifeste, de reprendre un instant contact avec les forces purificatrices de la révolte, avant de se remettre aux ordres de la révélation. Et en attendant qu'il nous soit donné de lire les poèmes que nous annoncent implicitement ceux de la Grande Gaîté, nos facultés de méditation restent sollicitées par le problème de l'Humour que ce livre remet en question.

À la faveur de la destruction des concepts logiques, le merveilleux peux s'installer en maître. Et sans doute le plus beau jouet du monde, l'objet le plus bouleversant qu'on puisse imaginer est-il le corps de la femme aimée. Le passage de l'Humour à la Poésie se reconnaît dans la Grande Gaîté aux pages qu'anime une frénésie charnelle pleine de grandeur. [...]
Il existe entre l'humour et la poésie une transition si peu sensible que ce livre, écrit au début avec un dessein négateur, s'achève dans une vibration qui ne peut plus nous tromper. La poésie est magnifiquement présente dans le Poème à crier dans les ruines. C'est elle aussi qui transparaît à la dernière page du livre, et qui éclaire de sa lumière terrible les mots "Plus rien".

Gabriel Bounoure (1931)

Chez M. Aragon cependant, il me semble que ce n'est pas le foie qui est malade. Ce qu'il éprouve, c'est une colère de l'intelligence, une épreinte de la tête. [...] Il y a plusieurs sortes de cynisme: celui d'Aragon n'est pas celui de la nature, - à la Diderot - ni celui de l'artiste, - à la Flaubert. C'est le cynisme inévitable d'une "vie ironique" comme celle qu'avait menée Stavroguine à Pétersbourg, un cynisme radical, métaphysique, absolu. C'est une insolence délibérée et sans limites, la conséquence subversive d'un "raisonné dérèglement" pour instaurer une nouvelle pureté du style. [...] Aragon s'est avisé que le nettoyage le plus efficient était le nettoyage par l'ordure: détourner un grand égout dans les écuries d'Augias. Maise cette entreprise est si visiblement conduite par l'intelligence et le sens satirique des choses de la cité, que le livre, je dois le dire, garde un accent un peu bourgeois.
Cette insolence bio-métaphysique est de la plus grande sonséquence. Voici le divorce irrémédiablement prononcé entre la politesse et la poésie. Jusqu'à présent l'art des vers était un système de bienséance, l'effort pour cueillir un discours n'offrant qu'une fleur de bien-dire, un surchoix de mots et de musique. Avec Mallarmé, Valéry, la poésie est parvenue à l'état de domestication suprême: ses chances mêmes sont comme préformées et attendues. [...] Partis des retraites valéryennes, les surréalistes se sont aperçus que s'accumulait quelque part une poésie douées d'un énorme potentiel, qui jaillit par les vannes crevées et emporte les chemins de halage. Le premier flot inévitablement ressemble à un fleuve de boue.

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