Louis Aragon
Neuilly sur Seine, 1897 - Paris, 1982
Poèmes Divers
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Poèmes
Divers ???
Quant aux poètes, passez-moi
l'expression: ce sont des enculeurs de mouches. Ils font de leur mieux
comme on dit, ces vermisseaux. Eh bien moi, je fais de mon pire.
J'étais follement amoureux
d'une femme extraordinairement belle. D'une femme en qui j'avais cru,
comme à la réalité des pierres. D'une femme que
j'avais cru qui m'aimait. J'étais son chien. C'est ma façon.
Il semble que toute idée ait aujourd'hui dépassé sa phase critique. **********
"Celui qui ne croit pas aux sorciers, ne croit pas au diable; celui qui ne croit pas au diable ne croit pas en Dieu; celui qui ne croit pas en Dieu sera damné" : tel est le résumé de la doctrine que prêchait à Leipzig à la fin du dix-huitième siècle l'étudiant en théologie Rau, dont le langage était magnifique et qui disait du tonnerre : Voilà le prince sauvage qui vient. Il égorgea son père
parce que celui-ci ne lui ressemblait pas. Il n'y a pas lieu de penser
qu'il ait été damné car il croyait aux sorciers.
Il faut protester contre l'expression
"Paradis artificiels". C'est un pléonasme.
C'est rue Lafayette, au 120, Qu'à l'assaut des patrons résiste Le vaillant Parti Communiste Qui défend ton père et ton pain.
Pour faire oublier la Commune, Le Sacré-Coeur a vu le jour. Un beau soir, il aura son tour, Ce gâteau blanc comme la lune!
[...]
Tournez vos yeux vers la Russie, Pionniers, plus qu'à saute-mouton Préparez au jeu du bâton L'avenir de la bourgeoisie.
Les trois couleurs à la voirie! Le drapeau rouge est le meilleur! Leur France, Jeune Travailleur, N'est aucunement ta patrie.
C'est le printemps de notre classe dont la fête est au premier Mai Si je meurs qu'on me brûle et passe car c'est la flamme que j'aimais
Mort je n'ai nul besoin de larmes Prends notre enfant et mon fusil Si retentit l'appel aux armes Camarade femme vas-y
Marioles marioles Où donc avez-vous vécu Pour donner ainsi manège Et frapper le sol du cul
ô faiseur de cabrioles
Je suis rentré dans la maison comme un voleur Déjà tu partageais le lourd repos des fleurs
J'ai retiré mes vêtements tombés à terre J'ai dit pour un moment à mon coeur de se taire
Je ne me voyais plus j'avais perdu mon âge Nu dans ce monde noir sans regard sans image
Dépouillé de moi-même allégé de mes jours N'ayant plus souvenir que de toi mon amour au fond de la nuit
Mon secret frémissait qu'aveuglement je touche Mémoire de mes mains mémoire de ma bouche
Long parfum retrouvé de cette vie ensemble Et comme aux premiers temps qu'à respirer je tremble
Te voilà ma jacinthe entre mes bras captive Qui bouge doucement dans le lit quand j'arrive
Comme si tu faisais dans ton rêve ma place Dans ce paysage où Dieu sait ce qui se passe au fond de la nuit
Où c'est par passe-droit qu'à tes côté je veille Et j'ai peur de tomber de toi dans le sommeil
Comme la preuve d'être embrumant le miroir Si fragile bonheur qu'à peine on y peut croire
J'ai peur de ton silence et pourtant tu respires Contre moi je te tiens imaginaire empire
Je suis auprès de toi le guetteur qui se trouble A chaque pas qu'il fait de l'écho qui le double au fond de la nuit
Je suis auprès de toi le guetteur sur les murs Qui souffre d'une feuille et se meurt d'un murmure au fond de la nuit
Je vis pour cette plainte à l'heure ou tu reposes Je vis pour cette crainte en moi de toute chose au fond de la nuit
Va dire ô mon gazel à ceux du jour futur Qu'ici le nom d'Elsa seul est ma signature au fond de la nuit
Que ton poème soit dans les lieux sans amour Où l'on trime où l'on saigne où l'on crève de froid Comme un air murmuré qui rend les pieds moins lourds Un café noir au point du jour Un ami rencontré sur le chemin de croix
Pour qui chanter vraiment en vaudrait-il la peine Si ce n'est pas pour ceux dont tu rêves souvent Et dont le souvenir est comme un bruit de chaîne La nuit s'éveillant dans tes veines Et qui parle à ton coeur comme au voilier le vent |