Louis Aragon
Neuilly sur Seine, 1897 - Paris, 1982
Des mots et des bijoux : un épisode
bref
mais méconnu de la vie du couple
Elsa Triolet-Louis Aragon
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Des mots et
des bijoux : un épisode bref Tu faisais des bijoux pour la ville et le soir Tout tournait en collier dans tes mains d'Opéra J'allais vendre aux marchands de New York et d'ailleurs de Berlin de Rio de Milan d'Ankara Ces joyaux faits de rien sous tes doigts orpailleurs Louis Aragon
Alors en 1930 quand le directeur d'un magazine américain remarque le collier qu'Elsa porte au cou qu'elle a elle-même fabriqué et la recommande auprès des grands couturiers, c'est la possibilité pour eux de gagner de l'argent et pouvoir écrire. Mais c'est aussi de nouveaux métiers qu'il faut vite appréhender : pour elle "parurière" et "façonnière", pour lui : représentant en commerce. Après des débuts
difficiles et laborieux, le succès et les commandes des grands
couturiers Poiret, Molyneux, Lelong, Schiaparelli...
puis des sociétés d'import-export affluent. Elsa travaille
dur. Elle court les fournisseurs, invente de nouveaux modèles,
les essaye elle-même, les propose puis en fonction des commandes,
les façonne. Leur petit appartement se transforme en atelier
d'art, les "perles" sont partout, mais l'argent rentre.
La métamorphose
d'Elsa Dans le domaine de l'histoire de la littérature, les colliers ont permis la naissance d'une nouvelle écrivaine française ; dans celui de l'histoire de la mode, ils paraissent comme novateurs et très originaux. "Ces joyaux
faits de rien" De 1930 à 1933, Elsa Triolet est donc parurière et façonnière. Ses créations se caractérisent par une originalité et une grande diversité des matériaux et des formes : noix de coco, os, pâte à papier mâchée, métal, strass, nacre, porcelaine, perles, bakélite... mais aussi de façon plus inattendue cuir ou boules de cotillon !
C'est en effet en 1949 que Raymonde Lefebvre, jeune militante stéphanaise de l'Union des Femmes Françaises, rencontre Elsa Triolet lors d'un congrès du mouvement à Marseille. C'est l'époque où l'écrivaine se lance dans la "Bataille du livre", mouvement initié par le PCF en faveur de la création de bibliothèques en direction des milieux ouvriers et populaires. Impressionnée par le discours d'Elsa Triolet, Raymonde Lefebvre crée avec au départ 142 livres la toute première bibliothèque de la ville au quartier du Madrillet. Les contacts épistolaires se poursuivent entre les deux femmes. Elsa puis Aragon, après le décès de celle-ci en 1970, ne cesseront de veiller sur l'évolution et les déménagements de cette première bibliothèque Elsa-Triolet, offriront de nombreux livres. En 1981, Jean Ristat au nom d'Aragon remet la fameuse valise et 47 modèles de bijoux à l'uvre de madame Lefebvre. En 1987 la bibliothèque Elsa-Triolet reconstruite de neuf et l'ensemble de ses fonds deviennent municipaux. Ces bijoux ont été exposés de nombreuses fois ; d'abord en 1972 lors d'une grande rétrospective Elsa Triolet à la Bibliothèque nationale à Paris, puis à Saint-Etienne-du-Rouvray à plusieurs reprises en 1987, 1996... Depuis quelques années, ils sont très demandés par les musées. La Ville en a prêté à l'occasion d'une exposition au Musée de la Mode à Paris sur la créatrice Elsa Schiaparelli. Récemment, ils étaient en Belgique au Grand-Hornu pour une autre exposition consacrée aux bijoux de haute couture... Mais les colliers sont fragiles, certains nécessiteraient une restauration... Devant l'intérêt grandissant qu'ils suscitent et dans l'attente de leur présentation, la Ville a souhaité rendre au public son patrimoine grâce à une exposition virtuelle.
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