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Alain
Fournier
1886 - 1914
Le Grand Meaulnes
-(1)
PREMIÈRE PARTIE
CHAPITRE VI. On frappe
au carreau
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Le Grand Meaulnes Nous avions accoutumé
de juger très vexante une pareille conduite. En été,
ceux qu'on laissait ainsi à la Dans la classe qui
sentait les châtaignes et la piquette, il n'y avait que deux
balayeurs, qui déplaçaient les Je me disposais à
aller près de lui; je lui aurais mis la main sur l'épaule
et nous aurions sans doute suivi Jasmin Delouche, encore
qu'assez petit, était l'un des plus âgés du Cours
Supérieur. Il était fort jaloux du A son entrée,
Meaulnes leva la tête et, les sourcils froncés, cria
aux gars qui se précipitaient sur le poêle, "On ne peut donc pas être tranquille une minute, ici!" - Si tu n'es pas content,
il fallait rester où tu étais", répondit,
sans lever la tête, Jasmin Delouche qui se Je pense qu'Augustin
était dans cet état de fatigue où la colère
monte et vous surprend sans qu'on puisse "Toi, dit-il, en se redressant et en fermant son livre, un peu pâle, tu vas commencer par sortir d'ici!" L'autre ricana: "Oh! cria-t-il. Parce que tu es resté trois jours échappé, tu crois que tu vas être le maître maintenant?" Et, associant les autres à sa querelle: "Ce n'est pas toi qui nous fera sortir, tu sais!" Mais déjà
Meaulnes était sur lui. Il y eut d'abord une bousculade; les
manches des blouses craquèrent et "Tu vas te laisser!" dit-il, les narines gonflées, secouant la tête comme un bélier. D'une poussée
violente, Meaulnes le jeta, titubant, les bras ouverts, au milieu
de la classe; puis, saisissant < page
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