Alfred de Musset
( 1810 - 1857 )

Citations

Jules Barbey d'Aurevilly

« Alfred de Musset est, de tous les poètes de notre temps, celui qui nous met le plus avant la main dans le cœur. Idéal, charmant, éternellement jeune et frais, même sous les brûlures des passions qui consument… On dirait un bois de lilas foudroyé ! » (Les Œuvres et les Hommes. XXXV. Théâtre contemporain (Dernière série, 1881-1883), Paris, P.-V. Stock, 1896, p. 390)

« Le caractère du génie de Musset, c’est la tendresse – la tendresse jusqu’au fond de la passion la plus ardente et plus forte qu’elle; car elle la fond toujours, cette passion, dans une dernière larme. » (Les Œuvres et les Hommes (3e série). XXIII. Poésie et Poètes, Paris, Lemerre, 1906, p. 283)

« Alfred de Musset, cet épervier de la fantaisie, qui a quelquefois emporté Marivaux sur ses ailes jusque dans le plus bleu du ciel de Shakespeare… » (Les Œuvres et les Hommes (1ère série). IV. Les Romanciers, Paris, Amyot, 1865, p. 208)


Citations
Alfred de Musset
1810-1857

La moitié d'un violent amour, c'est presque une amitié [...]
(Les marrons du feu, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.54)

Qui peut lécher peut mordre, et qui peut embrasser peut étouffer.
(Les marrons du feu, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.54)

La pensée
D'un homme est des plaisirs et d'oublis traversée;
Une femme ne vit et ne meurt que d'amour;
Elle songe une année à quoi lui pense un jour !
(Les marrons du feu, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.58)

La poésie [...] c'est bien. Mais la musique, c'est mieux.
(Les marrons du feu, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.58)

C'est la musique, moi, qui m'a fait croire en Dieu.
(Les marrons du feu, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.58)

[...] j'ai trop connu ce qu'on est convenu d'appeler la vie, pour n'avoir pas trouvé au fond de cette mer le mépris de ce qu'on aperçoit à la surface.
(La nuit vénitienne, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.254)

l'art est constamment au-dessous de la nature, surtout lorsqu'il cherche à l'embellir !
(La nuit vénitienne, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.257)

Prenez garde à un homme qui demande un pardon ; il peut avoir si aisément la tentation d'en mériter deux !
(La nuit vénitienne, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.259)

Laurette: Le premier des biens...
Le Prince: C'est le coeur. L'esprit et la beauté n'en sont que les voiles.
(La nuit vénitienne, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.260)

[...] les deux grands secrets du bonheur : le plaisir et l'oubli.
(La nuit vénitienne, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.260)

Chacun son tour ; c'était hier le tien aujourd'hui tu es passé de mode ; celui qui ne sait pas se conformer à son sort est aussi fou qu'un vieillard qui fait le jeune homme.
(La nuit vénitienne, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.260)

Ah ! Que le coeur est un grand maître ! On n'invente rien de ce qu'il trouve, et c'est lui seul qui choisit tout.
(Il ne faut jurer de rien, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.400)

[...] il n'y a de vrai au monde que de déraisonner d'amour.
(Il ne faut jurer de rien, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.404)

Quel chien vorace est-ce donc que le néant ? Faut-il qu'il nous prenne jour par jour cette vie si courte dont la totalité lui appartient tôt ou tard ?
(Le roman par lettres, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.641)

Immensité, tu as bien fait de te cacher à nous, tu as bien fait de jeter sur notre tête ce voile brodé de perles que nous nommons le ciel. Oh ! Si tu te montrais ! Si, une seule fois, l'intelligence humaine pouvait comprendre ton nom terrible !
He bien, l'espace est sans fin, mais l'homme est grand, puisqu'il le voit sans fin.
(Le roman par lettres, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.642)

On aime les mystères et on les redoute.
(Le roman par lettres, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.643)

Ah ! La raison est sûre d'elle ! Elle approuve, elle dénie ; mais qu'elle se garde d'interroger, de peur que la réponse ne se fasse dans un langage inconnu.
(Le roman par lettres, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.643)

[...] tous les amours ne se ressemblent pas, toutes les maitresses se ressemblent.
(Le roman par lettres, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.644)

Dis-moi un peu d'où vient cette manie de n'être jamais ce qu'on est ?
(Le roman par lettres, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.644)

La Fortune est moins que la vie, la vie moins que l'amour, l'amour moins que la liberté !
(Le roman par lettres, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.645)

Tous les poètes du monde étaient-ils fous lorsqu'ils se sauvaient de la réalité dans le paradis de leur pensée ? [...] Ah ! Malheureux que vous êtes, de n'être pas fous !
(Le roman par lettres, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.645)

[...] où le plaisir ne coûte rien, la jeunesse n'a rien à perdre.
(Lorenzaccio, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.318)

Faire du jour la nuit et de la nuit le jour, c'est un moyen commode de ne pas voir les honnêtes gens.
(Lorenzaccio, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.319)

Ceux qui mettent les mots sur leur enclume, et qui les tordent avec un marteau et une lime, ne réfléchissent pas toujours que ces mots représentent des pensées, et ces pensées des actions.
(Lorenzaccio, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.320)

[...] pour dormir tranquille, il faut n'avoir jamais fait certains rêves.
(Lorenzaccio, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.325)

[...] ce que vous dites là est parfaitement vrai, et parfaitement faux, comme tout au monde.
(Lorenzaccio, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.327)

Trouver sur les lèvres d'un honnête homme ce qu'on a soi-même dans le coeur, c'est le plus grand des bonheurs qu'on puisse désirer.
(Lorenzaccio, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.327)

L'enthousiasme est frère de la souffrance.
(Lorenzaccio, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.328)

Je n'appartiens à personne ; quand la pensée veut être libre, le corps doit l'être aussi.
(Lorenzaccio, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.328)

[...] il n'y a rien de si mauvaise digestion qu'une bonne haine. Est-ce que sur deux hommes au soleil il n'y en a pas toujours un qui gêne l'autre ?
(Lorenzaccio, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.335)

Ainsi donc les avalanches se font quelquefois au moyen d'un caillou gros comme le bout du doigt.
(Lorenzaccio, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.336)

Le mal existe, mais non pas sans le bien, comme l'ombre existe, mais non sans la lumière.
(Lorenzaccio, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.340)

Va, cela est facile d'être un grand roi, quand on est roi.
(Lorenzaccio, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.343)

Je puis délibérer et choisir, mais non revenir sur mes pas quand j'ai choisi.
(Lorenzaccio, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.349)

S'il y a quelqu'un là-haut, il doit bien rire de nous tous ; cela est très comique, très comique, vraiment.
(Lorenzaccio, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.351)

Philippe : Tu aurais déifié les hommes, si tu ne les méprisais.
Lorenzo : Je ne les méprise point, je les connais. Je suis très persuadé qu'il y en a très peu de méchants, beaucoup de lâches, et un grand nombre d'indifférents.
(Lorenzaccio, in Oeuvres complètes, Seuil 1963, p.355)
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A défaut du pardon, laisse venir l'oubli.

Ah! Frappe-toi le coeur, c'est là qu'est le génie.

Aimer est le grand point, qu'importe la maîtresse? Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse.

Aimer, c'est se donner corps et âme.

Après avoir souffert, il faut souffrir encore;
Il faut aimer sans cesse après avoir aimé.

Blessures du coeur, votre trace est amère!
Promptes à vous ouvrir, lentes à vous fermer.

De quelque fol amour qu’on ait rempli son coeur
Le désir est parfois moins grand que le bonheur.

Dors-tu content, Voltaire, et ton hideux sourire
Voltige-t-il encor sur tes os décharnés?

Entre presque oui et oui, il y a tout un monde.

Et ne vois-tu pas que changer sans cesse
Nous rend doux et chers les plaisirs passés?

Il faut être ignorant comme un maître d'école
Pour se flatter de dire une seule parole
Que personne ici-bas n'ait pu dire avant vous.

Il y a des femmes que leur bon naturel et la sincérité de leur coeur empêchent d'avoir deux amants à la fois.

J'étais seul, l'autre soir, au Théâtre-Français,
Ou presque seul; l'auteur n'avait pas grand succès.
Ce n'était que Molière ...

Je ne crois pas, ô Christ, à ta parole sainte:
Je suis venu trop tard dans un siècle trop vieux.
D'un siècle sans espoir naît un siècle sans crainte.

L'homme est un apprenti, la douleur est son maître,
Et nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert.

La plus belle fille ne donne que ce qu'elle a et l'ami le plus dévoué se tait sur ce qu'il ignore.

La vie est une rose dont chaque pétale est une illusion et chaque épine une réalité.

La vie, comme l'eau de mer, ne s'adoucit qu'en s'élevant vers le ciel.

Le plaisir des disputes, c'est de faire la paix.

Les plus désespérés sont les chants les plus beaux
Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots.

L’enfant marche joyeux, sans songer au chemin;
Il le croit infini, n’en voyant pas la fin.

L’homme sans patience, c’est comme une lampe sans huile.

Nu comme un plat d'argent, - nu comme un mur d'église,
Nu comme le discours d'un académicien.

On prend toujours le mal pour éviter le pire.

Pour réussir, retenez bien ces trois maximes: voir c'est savoir, vouloir c'est pouvoir, oser c'est avoir.

Qu'est-ce donc qu'oublier si ce n'est pas mourir?

Que les hommes entre eux soient égaux sur la terre,
Je n'ai jamais compris que cela pût se faire.

Rien ne nous rend si grands qu'une grande douleur.

Si je pouvais seulement sortir de ma peau pendant une heure ou deux! Si je pouvais être ce Monsieur qui passe!

Tous les hommes ne sont pas capables de grandes choses, mais tous sont sensibles aux grandes choses.

Tout ce qui était n'est plus; tout ce qui sera n'est pas encore. Ne cherchez pas ailleurs le secret de nos maux.

Une femme, c'est une partie de plaisir! Ne pourrait-on pas dire, quand on en rencontre une: voilà une belle nuit qui passe?

Vous êtes comme les roses du Bengale, Marianne, sans épines et sans parfum.